jeudi 31 août 2017

« Mon coup de gueule où j’adresse une missive aux élus de Martinique ainsi qu’à son préfet !



POURQUOI VOUS ETES RESPONSABLES DE LA MISE A MORT DE LA MARTINIQUE.


Lettre ouverte aux élus locaux, ainsi qu’au Préfet de Martinique.


Le gouvernment d’Edouard Philippe l’a annoncé : la suppression des emplois aidés est entamée, le dispositif étant jugé « inefficace » et « trop coûteux » par la ministre du travail, Murielle Pénicaud. C’est légitimement que l’un de nos parlementaires, Serge Letchimy, s’en est indigné au sein du Palais Bourbon. Par cette tribune, je veux dire aux Martiniquais que cette intervention de Serge Letchimy, largement félicitée ici et là, n’a fait que mettre en lumière les incohérences de l’homme sur la question de l’emploi local. Mais pas que.
Je m’appelle Ismaël Boudjekada, et je réagis ici en ma qualité d’essayiste politique. Arrivé en Martinique en novembre 2016, je suis venu dans le but d’y investir dans la création de deux entreprises.

La Martinique se meurt, s’engouffre dans la morisité, fait fuir les touristes par son manque de dynamisme, son insécurité, et parfois même son insalubrité. J’ai pris le parti de voir l’île comme une page blanche, où tout reste à faire. Je veux y prendre des risques, redonner de l’emploi à mes concitoyens par la mise en avant de flux économiques courts, et le financement inter-entrepreneurs à des fins de créations de postes. En bref, le montage financier des projets que je porte prévoit de placer 5 à 10% de mon bénéfice mensuel sur un compte voué à être un fonds d’investissement octroyant des prêts à taux zéro aux jeunes créateurs d’entreprises rejetés par le système bancaire, mais pourtant porteurs de projets d’avenir qui rendraient attractive cette île aux atouts inestimables.

En reconnaissant ces qualités certaines à Madinina, comment expliquer ce taux de chômage record, ces commerces existants qui mettent la clé sous la porte à n’en plus finir et cette destruction du tissu économique local ?
Cette tribune se veut être, quoi qu’on en pense, une missive à destination de Messieurs Le Prefet de Martinique, le Député Letchimy, D. Laguerre et A. Marie-Jeanne. Mon message est clair : prenez vos responsabilités !

UNE COMMUNICATION INEXISTANTE ENTRE LES DIFFERENTES ADMINISTRATIONS

Pour commencer, j’aimerais faire état de ma petite expérience personnelle où j’ai dû faire face à une situation aberrante qui en aurait fait fuir plus d’un, d’entrepreneur ! Il y a six mois, je présentais un projet de restaurant de plage – club privé à la SEMAFF, entreprise privée en lien avec la municipalité chargée de dynamiser le capitale Martiniquaise. Balancé de service en service, on me propose un terrain à quelques mètres seulement de la plage de la Française, aux pieds du Fort Saint-Louis. Six longs mois, où je dépense des sommes folles dans le cadre de mes démarches sur ce terrain que l’on me proposait alors. Six longs mois à faire patienter mon investisseur, pour une entreprise permettant la création de 22 postes CDI à temps plein ! Pour qu’on final, l’architecte des bâtiments de France m’annonce d’une voix grave que « de (son) vivant, jamais rien ne sera construit ici ! ». Monsieur Laguerre, Maire de Fort-de-France, en était pleinement conscient, et n’a pas cessé les appels à projets sur cette zone, apparemment très prisée de Martinique pour son potentiel. Un projet dont les financements sont à dispositon et qui paradoxalement reste en stand-by depuis plusieurs mois, faute de communication entre les différents services concernés.

UNE DESTRUCTION MASSIVE D’EMPLOIS A COUPS D’ARRETES PREFECTORAUX

A defaut de vouloir conserver des subventions pour permettre aux employeurs de créer des postes, nos élus locaux devraient s’entretenir fermement avec notre Prefet qui, sur ces seuls derniers deux mois, a saigné des enseignes phares de Madiana, à coups d’arrêtés préfectoraux.
Et voilà que le New Corner fut fermé plusieurs semaines et peine à retrouver sa clientèle d’antan, tout comme le Black Pearl, rare établissement servant les locaux et touristes jusqu’à 1h30, fermé une quinzaine de jours ou encore le Lili’s Beach Bar, fermé pour le comportement irresponsable de deux de ses prétendus clients. À chaque fois, les mêmes arguments viennent expliquer ces folles decisions : le non-respect de la législation sur certains points.
A elles trois, ces enseignes représentent pourtant une bonne soixantaine d’emplois, tous mis sur la scelette à cause de la fermeté, pour ne pas dire l’inconscience, de M. Le Prefet ! À l’heure où les touristes fuient l’île, lui préférant Saint-Barthélemy, Saint-Martin ou Sainte-Lucie, ces sanctions disproportionnées démontrent Ô combien la responsabilité des autorités et élus locaux est engagée dans le manque de dynamisme, d’attractivité ou de lieux de fêtes en Martinique. Mais aussi et surtout dans la destruction massive d’emplois.

C’est ici la raison majeure pour laquelle je ne veux pas croire à cette envolée lyrique de Serge Letchimy à l’Assemblée sur la suppression des emplois aidés, qui n’a jamais dit mot face à ces fermetures successives sur la volonté du Prefet. Parce que vouloir des emplois aidés, c’est bien ! Mais aider les entrepreneurs à conserver les emplois qu’ils ont créés, c’est mieux ! Et cela passe par l’existence d’un climat favorable pour les entrepreneurs, autant dans leur accompagné de pré-ouverture que post-inauguration !

En Martinique, il semblerait que l’on soit plus complaisant avec les habitants conduisant sans casques leurs deux-roues, les spécimens sous drogues dures pourrissant la stabilité de nos commerces et l’attractivité de l’île, que compréhensif vis-à-vis des entrepreneurs qui, face à la complexité et parfois-même l’incohérence de certains textes, se mettent parfois en porte-à-faux avec les autorités.

En Martinique, toujours, il semblerait que l’on attende tout des plus hautes sphères de l’état en adoptant une position victimaire, plutôt que de voir nos élus s’acharner à faire baisser le coût de la vie de ses enfants en subventionnant les achats locaux, ou prenant position pour des accords commerciaux avec les pays d’Amérique Latine notamment. L’extrême pauvreté ronge l’île, et on applaudit encore de belles interventions pleines de bonne volonté qui ne sont jamais suivies d’initiatives véritablement efficaces sur le terrain.

On me dira forcément, en réponse à ce billet, que le monde des bisounours ne se trouve pas aux Antilles. Que mon discours est plein d’utopies. Laissez moi reprendre à mon compte une citation de Edouard Herriot : » ‘Une utopie est une réalité en puissance' »
Ismael Boudjekada


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