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vendredi 12 août 2011
Entre Noirs et Mulâtres à l'instar de droite et gauche
Haïti: L'accession de Michel Joseph Martelly à la première magistrature de l'Etat et les choix successifs de Daniel Gérard Rouzier et Bernard Honorat Gousse comme Premiers ministres désignés ne seraient pas sans conséquences dans les débats sur les problèmes noirs et mulâtres qui ont toujours suscité de vives polémiques dans les rapports politiques entre groupes et classes sociales dans notre pays. A la Chambre des députés aussi bien qu'au Sénat de la République, les échanges sont constants sur ce terrain épidermique depuis la désignation de Daniel Gérard Rouzier. La réplique du sénateur Edwin Zenny à son collègue Joseph Lambert qui expliquait son attachement et ses liens privilégiés avec les affranchis du Sud-Est traduit le degré de méfiance des uns et l'agressivité des autres sur ce dossier litigieux.
Le retrait du sénateur Zenny du Groupe des parlementaires pour le Renouveau (GPR) et également du Parti INITE est davantage perçu comme un soutien de classe qu'un choix idéologique. Depuis la révolution de 1946 et surtout avec l'arrivée au pouvoir de François Duvalier en 1957 sous le label du noirisme, la question de couleur est toujours présente. Si aux élections de 1987, 1990, 1995, 2000 et 2006 et 2010 elle n'était pas à l'ordre du jour, parce que les vocables droite et gauche ont acquis droit de cité depuis le départ de Jean-Claude Duvalier en 1986 (avec le retour de l'exil d'une pléiade de militants politiques qui se réclament de la gauche et pour la plupart ont occupé le devant de la scène pendant toute la transition démocratique), la question de couleur n'a jamais disparu.
Dans sa lettre responsive adressée à Bernard Gousse, le groupe des seize sénateurs qui ont rejeté son choix comme Premier ministre dit prendre acte qu'un pouvoir de droite occupe l'espace exécutif depuis le 14 mai 2011. Il s'agit d'une stigmatisation d'hommes de gauche contre un pouvoir de droite. S'il en est ainsi, le groupe des 16 devrait déjà proposer au président Michel Martelly un pacte de gouvernabilité avec un consensus sur le choix d'un nouveau Premier ministre accompagné des axes programmatiques de bonne gouvernance conséquemment aux problèmes de chômage, de logement pour les sans-abri, de production de biens et services, d'infrastructures scolaires et universitaires et autres. Si ces soi-disant hommes de gauche vont s'aligner sur le discours des vingt dernières années de la plupart d'hommes de gauche qui prônent la répartition équitable des richesses du pays à l'opposé de la droite qui propose la multiplication de la richesse, nous avons un choix à faire.
Actuellement, où en sommes-nous ? Va-t-on faire l'expérience d'un pouvoir de droite éclairée et pragmatique ou allons-nous sombrer dans une droite démagogique, sans vision après vingt ans d'une gauche anarchique et maladroite ?
Lemoine Bonneau
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