vendredi 17 janvier 2020

Manque de diversité aux Victoires de la musique


J’ai entendu aujourd’hui le coup de gueule de Jacob Desvarieux qui dénonce à juste raison l'absence des musiques du monde et des musiques urbaines aux Victoires de la musique, ainsi que le manque de diversité parmi les nominés. Du coup, le guitariste et chanteur de Kassav songe à faire sa propre cérémonie pour valoriser les artistes et musiciens afro antillais. Comme on le comprend !!

Faudra-t-il aussi dans le même élan faire notre propre chaîne nationale pour diffuser cette cérémonie et bien d’autres choses qui nous ressemblent dignement ??

En 2015, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, estimait, elle-même, que le petit écran était occupé par les "hommes blancs de plus de 50 ans". Que dire aussi du grand écran ??


Les acteurs noirs sont rares et servent souvent de faire valoir. Et pour peu qu’ils protestent, il se trouvera toujours quelqu’un dans leur milieu, comme Charlotte Rampling en 2016, pour parler de racisme anti blanc, ou de communautarisme, si ces contestataires viennent à réagir en faisant des films entre eux.

La liste est infinie des secteurs où l’invisibilité des Noirs est criante voire organisée. Même Stéphane Martin, l’ex directeur du musée du Quai Branly, déclarait début janvier, dans une formule malheureuse: "Je souhaite que le musée se colorise, nous sommes trop blancs".

Aujourd’hui, c’est simple, nous avons le choix entre deux voies.

1/ Continuer à nous plaindre en attendant qu’on nous fasse l’aumône et une (toute) petite place.

2/ Monter nos propres affaires et n’attendre rien de personne... Le jour où nous aurons développé une économie parallèle, autonome et puissante, ce jour-là on nous prendra en compte. En vérité, celui qui est en position de force ne respecte que les forts et quand il ne contrôle plus la totalité du jeu il finit par faire de vraies concessions pour ne pas être perdant.

Serge Bilé

mercredi 15 janvier 2020

DÉCLARATION DE FRANCIS CAROLE SUR LES ÉVÉNEMENTS DU LUNDI 13 JANVIER À FORT-DE-FRANCE



Dans l’après-midi et la nuit du lundi 13 janvier, des événements graves se sont produits à Fort-de-France, à l’occasion du procès des sept militants anti-chlordécone.

La lucidité politique doit nous conduire à ne pas analyser ces faits sous l’angle caricatural, simpliste, voire irresponsable d’une violence organisée par des « voyous armés et dangereux ».

Les Martiniquaises et Martiniquais qui étaient dans la rue, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, militants syndicaux et anti-chlordécone, ne sont ni des « voyous » ni des individus « dangereux ».

Ils n’ étaient pas non plus « armés ».

Ils demandent, légitimement, justice face au crime absolu de l’empoisonnement de notre peuple au chlordécone . Il s’agit là de la réaction saine d’un peuple encore vivant, encore conscient et qui a le droit d’espérer un avenir digne.

Là est l’essentiel.
Là est la cause d’une révolte qui se nourrit, en outre, d’une intolérable et longue surdité de l’Etat sur ce sujet.

Qu’on ne s’y trompe pas ! L’écrasante majorité des Martiniquais, même s’ils peuvent diverger sur les formes de mobilisation à mettre en œuvre, partagent ce sentiment d’injustice et de révolte.

La violence coloniale n’est pas seulement dans la matraque. Elle est tout autant dans le déni du crime et dans ce qui ressemble fort -trop- à du mépris.

La réponse politique ne réside pas dans la répression de celles et de ceux qui dénoncent le crime et qui réclament justice.

Elle tient en deux mots : RESPECT-RÉPARATION.

Francis CAROLE

MARTINIQUE

Mercredi 15 janvier 2020