mardi 29 décembre 2009

GAZA : 1 AN APRÈS « PLOMB DURCI »

Le 27 décembre 2008, l’armée israélienne lançait l’opération Plomb durci sur la bande de Gaza. Menée en réponse aux tirs de roquettes du Hamas, le conflit avait fait plus de 1400 morts côté palestinien. Le Web commémore le premier anniversaire de cette guerre.
Des activistes palestiniens ont mis en ligne ce photomontage pour rendre hommage aux victimes de ce conflit et appeler les Gazaouis à se relever. Le message : la vie doit continuer.

Mais Gaza est encore un champ de ruine. Dans ce documentaire diffusé en ligne à l’occasion de ce triste anniversaire, une étudiante gazaouie commente la reconstruction qui n’avance guère.



« Nous sommes dans le Nord de la bande de Gaza, et il ne reste plus rien ici. Toutes les maisons ont été détruites pendant la guerre qui a éclaté l’an dernier. Et il n’y en a toujours aucune de reconstruite. »

Le blocus imposé par Israël empêche en effet la reconstruction de Gaza. Des restrictions qu’une ONG israélienne appelle à lever dans ce clip. L’organisation estime en effet que le blocus permet au Hamas de s’enrichir grâce aux taxes prélevées sur les marchandises qui transitent via les tunnels creusés sous la frontière égyptienne.

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samedi 26 décembre 2009

L’Appel des appels Un an après

Décembre 2009

Le malaise en France est bien là, profond, palpable. Misère sociale, crise financière et économique, détresse morale, impasse politique. Le gouvernement navigue entre cynisme et opportunisme. La caporalisation des esprits accompagne la petite musique néolibérale, invitant tout un chacun à la servitude sociale librement consentie de tous. Lorsque le peuple résiste à consentir, on le réquisitionne, on l’opprime, on le licencie, on le « casse », bref le Pouvoir renoue avec les principes premiers de la tyrannie : populisme pour tous et décision d’un seul.

Au nom de « l’efficacité » mesurable érigée en loi suprême, les réformes visent à enserrer les populations dans des dispositifs de contrôle qui les accompagnent du berceau à la tombe. Psychologisation, médicalisation et pédagogisation de l’existence se conjuguent pour fabriquer une « ressource humaine » performante. La sévère discipline d’une concurrence de tous contre tous impose à chacun de faire la preuve à tout instant de sa conformité aux standards de l’employabilité, de la productivité et de la flexibilité. L’idéologie d’une civilisation du profit s’insinue jusque dans les subjectivités convoquées à se vivre comme un « homo economicus&n bsp;», un « capital humain » en constante accumulation. Cette normalisation, à la fois polymorphe et monotone, suppose que tous les métiers qui ont souci de l’humain soient subordonnés d’une manière ou d’une autre aux valeurs de rentabilité et fassent la preuve comptable de leur compatibilité avec le langage des marchés financiers et commerciaux. Convertis en entreprises de coaching psychiatrique, de recyclage psychique, de gestion de l’intime, une trame fine de services d’accompagnement individualisé, forcément bien intentionnés, proposent de nouvelles tutelles sociales et culturelles pour mieux mettre les hommes en consonance immédiate avec les exigences impitoyables des marchés qui nous disciplinent. Cette conversion du service public en contrôle social à la fois souple, constant et généralisé suppose que tous ceux qui concevaient encore leur métier comme une relation, un espace et un temps réservés à des valeurs et à des principes étrangers au pouvoir politique et à l’impératif de profit doivent être eux-mêmes convertis par toute la série de réformes qui s’abat sur la justice, l’hôpital, l’école, la culture, la recherche, le travail social. Contrôler les contrôleurs des populations, normaliser les normalisateurs des subjectivités, c’est la condition indispensable du bouclage des sociétés. Lorsque cela ne suffit pas, c’est à la santé que l’on recourt pour alarmer les populations sans leur donner véritablement les moyens de la préserver : à propos de la pandémie récente des professeurs de médecine parlaient du « management par la panique ».

Comme la quête illimitée de la performance ne cesse de produire ses anormaux, ses exclus, ses inutiles et ses inefficaces, elle engendre un appareil répressif proliférant, à la mesure de la peur sociale et des paniques subjectives qu’elle provoque. L’auto-alimentation de la peur et de la répression paraît sans limites. Elle produit l’espoir suprêmement dangereux pour les libertés d’une société parfaitement sécurisée, dans laquelle serait repérée et éliminée de la naissance jusqu’à la mort la dangerosité de tout individu. L’homme indéfiniment traçable par la surveillance génétique, neuronale et numérique n’est plus une figure de science-fiction, c’est un programme scientifique et politique en plein développement. La société de demain sera animale ou ne sera pas ! N’est-ce pas d’ailleurs ce que dit la « science » sur les résultats de laquelle tous les « tyrans » font cuire leur petite soupe pour justifier leur Pouvoir sans avoir à le soumettre au débat politique : c’est la Nature ou le Marché qui veut ça et on ne peut pas faire autrement que de s’y prendre comme l’on peut. Avec la Neuro-économie d’ailleurs on sait bien que la Nature et le Marché c’est du pareil au même et que le Cerveau fonctionne comme un actionnaire et réciproquement ! Il reste à apporter cette « Bonne Nouvelle » aux populations qui l’ignorent encore et les « corps intermédiaires » sont « réquisitionnés » entre deux pandémies et deux « spectacles » au cours desquels on a pu vendre à Coca-Cola un peu de temps disponible ! Entre les deux scènes le « risque » encore le « risque », vous dis-je, menace l’apathie sereine des populations managées par la peur et distraites par la télécratie.

Magistrats, enseignants, universitaires, médecins, journalistes, écrivains, travailleurs sociaux, acteurs culturels, tous doivent plier devant de nouveaux préfets qui, au nom des « risques » divers et variés, normalisent et évaluent leurs pratiques professionnelles selon des critères idéologiques de contrôle social des populations et de conformisation des individus : nouveaux préfets de santé, les directeurs des Agences Régionales de Santé contrôlent non seulement les établissements hospitaliers, les réseaux sanitaires, mais absorbent également tout le secteur social. Nouveaux inspecteurs d’université, les experts des Agences d’Évaluation (AERES et ANR) visitent les laboratoires et les équipes de recherche pour vérifier qu’en matière de pro duction scientifique ils obéissent bien à la politique de marque des publications anglosaxonnes. Ces nouveaux préfets du savoir, descendants des inspecteurs d’université créés par Napoléon Premier et des services de marketing publicitaire des industries de l’édition et de l’information scientifique vérifient que les acteurs de la production des connaissances courbent suffisamment l’échine sous le poids de leur nouvelle civilisation. Prônant la guerre de tous contre tous, ils chantent les louanges d’une performance d’autant plus proclamée qu’elle s’avère réellement inefficace. Pour les magistrats et les éducateurs, on supprime les relais intermédiaires et les procédures qui pouvaient potentiellement assurer leur indépendance. C’est le contenu même des programmes d’éducation et de soin, de justice, de recherche et d’information que l’on modifie en définissant de nouvelles formes par lesquelles ils s’exercent ou se transmettent. Comme le pouvoi r actuel n’est pas à une contradiction près, les réformes qu’il impose peuvent dans le même mouvement désavouer les débats qu’il propose : on diminue l’importance de l’histoire et de la géographie au moment même où s’ouvre un soi-disant débat sur l’identité nationale !

Pour faire oublier les inégalités sociales redoublées et délibérées, la peur de l’étranger est attisée et exploitée sans vergogne. La traque au clandestin favorise les passions xénophobes, installe insidieusement des dispositifs de vidéosurveillance des populations et de traçabilité des individus. A partir de la traque des « anormaux » et des « illégaux », par la manipulation de l’opinion par la peur, par les effets d’annonces, avec des dispositifs de contrôle, le Pouvoir prépare insidieusement et obscurément le quadrillage en réseau des populations dites « normales » et « nationales ». Cette infiltration progressive du « cancer » sécuritaire s’exerce au nom des risques que feraient courir les terroristes étrangers, les schizophrènes dangereux, les pédophiles en cavale, et ces sans domicile fixe que nous risquons tous, plus ou moins, de devenir dans la construction d’un État néolibéral qui fait de chacun d’entre nous un intérimaire de l’existence et un intermittent de la Cité. C’est cette civilisation dont nous ne voulons pas que démonte secteur professionnel par secteur professionnel le mouvement de l’Appel des appels. Civilisation de la haine qui invite à traiter les hommes comme des choses et à faire de chacun le manageur solitaire de sa servitude sociale et le contrôleur de gestion de sa faillite citoyenne.

De l’asphyxie à l’insurrection des consciences

Face à l’irresponsabilité des gouvernements, l’insurrection des consciences s’étend. Désobéissance individuelle, protestations, grèves, contestations multiformes : le refus d’obtempérer est la réponse de tous ceux qui ne se résignent pas au monde de la guerre économique et à cette civilisation d’usurier qui « financiarise » les valeurs sociales et psychologiques et « calibre » les individus comme la Commission Européenne calibre les tomates.

Dans le cours de ce vaste et divers mouvement de refus, il y a un an l’Appel des appels était lancé. Au mensonge de réformes qui, partout, font pire quand elles prétendent améliorer, des dizaines de milliers de professionnels de multiples secteurs, depuis le soin jusqu’à la justice en passant par la culture, le travail social, l’éducation et la recherche, ont dit non. Non, il n’est nulle part écrit que la concurrence de tous contre tous, que le management de la performance, que la tyrannie de l’évaluation quantifiée doivent détruire les uns après les autres nos métiers et l’éthique du travail qui lui donne son sens. Non, il n’est écrit nulle part que les ravages provoqués par un capitali sme sans limites doivent se poursuivre de crise en crise et que l’idéologie de la rentabilité doive modifier jusque de l’intérieur toutes les institutions, surtout celles qui constituent les derniers remparts à la dictature absolue du profit. Non, il n’est écrit nulle part que nous devions rester isolés et désolés face aux désastres en cours dans le monde du travail et dans le lien social.

L’Appel des appels, un an plus tard, est connu comme un des points de ralliement, de croisement et de coordination des résistances. Le travail continue. Il est double : transversalité et réflexion commune. D’abord, établir des liens concrets entre des activités qui subissent toutes la même normalisation professionnelle. Cela se fait dans les comités locaux, et par toutes les alliances locales et nationales tissées entre associations, syndicats et collectifs. Ce qui lie dans ce que nous vivons est plus fort que ce qui sépare nos activités spécialisées.

Ensuite, approfondir la réflexion commune. L’Appel des appels, c’est désormais un premier livre collectif[1] qui propose des analyses précises des réformes et des politiques en cours, et qui te nte une compréhension globale de la situation. Pas de lutte efficace possible si l’on ne saisit la particularité du moment, tel est le sens de l’ouvrage conçu comme un outil de transversalité et un point de départ possible d’un travail collectif mené par celles et ceux qui s’inscrivent dans la démarche de l’Appel des appels.

Ici, ce ne sont pas des « intellectuels » qui s’adressent à des « travailleurs ». Ce sont des professionnels qui forment un collectif de pensée et d’action, un « nous raisonnable » qui traverse les frontières des métiers et des disciplines. Intellectuels transversaux, plutôt que spécifiques, professionnels voulant exercer en toute connaissance de cause, tels se veulent les acteurs de ce mouvement à beaucoup d’égards original. Enoncée du cœur de nos métiers notre parole est citoyenne et c’est aux citoyens sans exclusive qu’elle s’adresse pour qu’en retour elle soit non seulement entendue mais encore relancée et redéfinie pour construire cet espace d’un dialogue dans l’espace public d’où émerge la démocratie.

L’Appel des appels, sa force, il la tient de notre conviction partagée que la division subjective et la division sociale ne peuvent être liquidées quels que soient les efforts déployés par les pouvoirs. Réduire aujourd’hui l’homme à l’unité de compte d’une anonyme « ressource humaine », à une force enrôlée dans la mobilisation générale au service de la performance et de la compétitivité, asservie par des dispositifs de management des plus sophistiqués et souvent des plus persécutifs, ne peut qu’engendrer souffrance, révolte sourde, éclats demain qui diront l’insupportable de la négation de l’humain et du social. Nul pouvoir technique, scientifique, économique, quelles que soient ses prétentions à l’instrumentalisation totalitaire, ne saurait supprimer le sujet et le conflit, acquis anthropologiques de la démocratie. C’est la raison de l’Appel des appels. C’est pourquoi, partout où nous sommes, nous ne céderons pas, nous refuserons l’humiliation et le mépris sans le demander pour l’autre. Pari difficile pour chacun d’entre nous, dont seul le « Nous raisonnable » constitue l’assurance que nous pouvons encore et encore le gagner, pas contre mais avec l’autre, à condition et à condition seulement d’autoriser, d’accueillir et de prendre soin du conflit. Faute de quoi la reproduction de l’espèce finira par anéantir son humanité.



Pour le Bureau de l’Appel des appels

Roland Gori et Christian Laval, Le 22 Décembre 2009

[1] Roland Gori, Barbara Cassin, Christian Laval (sous la dir. de), 2009, L’Appel des appels Pour une insurrection des consciences. Paris : Mille et une nuits.

vendredi 25 décembre 2009

L’identité nationale française ? Sarkozy la bafoue tous les jours


On y a eu droit en 2007, ca recommence et on y aura encore droit en 2012.

Puisque notre avis et notre outrance sont sollicités, sur cette identité nationale, je vais vous les donner.

L’identité nationale, c’est ce que Sarkozy piétine tous les jours.

La France, c’est un pays frondeur et cocardier. C’est le pays de Voltaire, de gavroche et des chansonniers. Les puissants, on les raille, on les défie : on ne leur sert pas la soupe. C’est le pays de Cyrano de Bergerac, pas celui des petits arrangements entre amis.

La France, c’est un pays passionnément attaché à la liberté et à l’égalité. Elle rétrécit les monarques. Elle se révolte contre l’injustice.

La France c’est le pays de Montesquieu et de l’Esprit des lois. C’est le pays des Lumières. Avec l’Angleterre, et les Etats-Unis, elle a donné au monde la démocratie moderne. La France c’est l’Etat de droit et la séparation des pouvoirs. Ce n’est pas le confusionnisme actuel, les clans et les petites affaires entre oligarques.

La France c’est un pays de littérature. Un pays de discours et de poésie. Celui de Louise Labé. Un pays qui aime avoir été celui des grands rois (même si, une fois encore, il faut parfois les rétrécir). Tellement loin des familiarités, des présidents qui "font le job" et des sarcasmes envers la princesse de Clèves.

La France, c’est le pays de Pasteur. Et de Marie Curie C’est un pays de science et de pionniers. C’est un pays de respect du savoir et de la recherche. Pas un pays de mépris et de violence envers ceux qui n’ont pas embrassé les voies du fric et de l’exploitation.

C’est le pays où Freud rencontre son maître Charcot et pas celui des délires sur le patrimoine génétique des uns et des autres.

C’est l’amour de l’esprit, un pays qui a choisi de se reconnaître comme origine mythique, sa défaite devant la civilisation romaine. Pas cette violence satisfaite d’elle-même.

La France ce sont des soldats humbles et courageux qui donnent leur sang pour la République. C’est le pays du général Leclerc. C’est une armée qui a fait, finalement le choix de la République et qui reste digne dans un monde de fric et de corruption. Ce n’est pas ce pays où l’ex planqué humilie ses troupes dans un accès de caprice.

La France, c’est l’élitisme républicain. C’est le respect du savoir, du travail et de l’éducation. Le respect des maîtres et de la République. Ce n’est pas le népotisme et les puissances d’argent. Ce n’est pas le show bizz et les paillettes.

La France, c’est la laïcité. La religion renvoyée dans la sphère de l’intime. Ce n’est pas la religion pour abrutir les masses laborieuses et moins encore la funeste complaisance envers les sectes.

La France, c’est une terre de corsaires, de saints et de héros, et pas de flagorneurs et de flatteurs. C’est une terre d’ouvriers et de paysans et pas ce pays d’héritiers dodus et jouisseurs.

La France c’est un pacte social et républicain fondé autour des valeurs du Conseil national de la Résistance. C’est le drapeau et la sécurité sociale, c’est De Gaulle et les communistes. Ce n’est pas cet effort constant et méthodique pour détricoter toutes les solidarités.

La Résistance, c’est celle des martyrs des Glières, et de Lucie Aubrac, pas celle où un agité vient sur les Glières se vanter de sa dernière conquête et réprimer des fou-rires nerveux. La Résistance, c’est Vercors et Jean Moulin, pas la miévrerie de carton-pâte de celui qui veut "émouvoir" avec la lettre de Guy Môquet.

La France, c’est la commune et le mur des fédérés, et Louise michel. Ce n’est pas celle de Thiers et du Fouquet’s. C’est le Saint Just de la Constituante et un Robespierre qu’il faudra bien réhabiliter. Ce n’est pas cette nouvelle Restauration que nous vivons.

La France ce sont d’immenses voix. Hugo et Zola. Péguy et Jaurès. Un souffle d’universel. Un désir de prendre en charge l’avenir de l’humanité. Tellement loin des courtisans à Rolex et des philosophes de cour.

La France c’est même Barrès si vous vous voulez. C’est l’humus des siècles. Des paysages et des villages qui sédimentent des siècles de travail de la terre. Des vallons ombreux. Des labours et des pâturages. Des monastères psalmodiant depuis mille ans. Des silences et des fidélités. Tellement loin des yachts et du bling bling.

La France c’est un pays qui s’est cru le dépositaire exclusif des droits de l’homme et qui a cherché à en être digne. Un pays - parfois attendrissant - qui ne cesse de vouloir donner des leçons au monde mais qui s’efforce de le mériter. Un pays qui a voulu accueillir tous les opprimés. Un pays qui a été l’espoir des écrivains et des penseurs du monde entier. Tellement loin de Sangatte et de la "jungle" de Calais.

La France c’est la patrie de ceux qui ont fuit l’oppression et la misère, riche de ses Espagnols, Italiens, Polonais, Algériens, Tunisiens, Marocains, Viet-namiens, Cambodgiens, Congolais, Sénégalais et de tant d’autres qui sont venus parce qu’ils ont cru à nos rêves et les ont épousés.

Et aujourd’hui c’est une jeunesse décontractée, ouverte et accueillante, voyageuse et connectée, qui ne perd pas son temps à bâtir des murs mais prend joyeusement sa part dans la construction du monde.

L’identité nationale française ? C’est ce qui est foulé aux pieds depuis le mois de mai 2007.

Pour combien de temps encore ?




Djamal Benmerad
Journaliste, écrivain
Bruxelles
Blog : http://euromed.skyblog.com

mardi 22 décembre 2009

Les dates importantes de la revendication autonomiste ...

- Le 24 décembre 1959, suite aux émeutes des 20, 21 et 22 décembre, le Conseil Général votait à l'unanimité une motion dans laquelle les élus demandaient "que des conversations soient entamées immédiatement entre les représentants qualifiés des Martiniquais et le Gouvernement pour modifier le statut de la Martinique en vue d’obtenir une plus grande participation à la gestion des affaires martiniquaises".

- Le 14 février 1960 le PCM (Parti Communiste Martiniquais) adopta un nouveau projet de statut pour la Martinique. Son mot d'ordre est l'autonomie, autrement dit la Martinique doit devenir un territoire fédéré à la République Française. Les pouvoirs du territoire seraient exercés par une Assemblée Législative et par un Conseil de Gouvernement.

- Création en avril 1961 à Paris du F.A.G.A (Front Antillo-Guyanais pour l'Autonomie) autour des martiniquais Edouard Glissant, Marcel Manville, Ephraïm Marie-Joseph, du guyanais Justin Catayée et du guadeloupéen Albert Béville (Paul Niger). En juillet 1961, dissolution du F.A.G.A par le général De Gaulle et saisie de la brochure Les Antilles et la Guyane à l’heure de la décolonisation rédigée par Albert Béville.

- Lors du IIIe Congrès du Parti Progressiste martiniquais, les 12 et 13 août 1967, le PPM adopta le mot d'ordre d'autonomie pour la Martinique. Aimé Césaire dans son discours de clôture déclarait : "nous préconisons dès maintenant l'institution d'une assemblée délibérante martiniquaise souveraine dans un certain nombre de domaines lesquels sont à délimiter et d'un exécutif martiniquais".

- Lors de la « Convention du Morne-Rouge », les 16, 17 et 18 août 1971, les partis et organisations autonomistes de la Réunion, de la Guyane, de la Guadeloupe et de la Martinique, réunis en convention, réclament dans une déclaration finale l'autonomie pour les 4 départements d'outre-mer.

- La « Déclaration de Basse-Terre », signée le 1er décembre 1999. Les Présidents des trois Régions (Guyane, Guadeloupe et Martinique) proposent au Président de la République et au Gouvernement, une modification législative voire constitutionnelle, visant à créer un statut nouveau de Région d'Outre-mer doté d'un régime fiscal et social spécial pour la Guadeloupe, la Guyane et la Martinique, dans le cadre de la République Française d'une part, et de l'Union Européenne d'autre part (article 299-2 du Traité d'Amsterdam).

- Le 2 décembre 2000, Alfred Marie-Jeanne lançait le "Projet Martinique", un projet de développement de la Martinique à l'horizon 2015. Le "Projet Martinique" proposait sur le plan politique, la transformation de la Martinique en "Région d'Outre-Mer autonome" avec un régime fiscal et social adapté à nos spécificités.

- Le 18 décembre 2008, lors du congrès des élus départementaux et régionaux de la Martinique, les élus des 2 assemblées ont voté pour une évolution statutaire de l'île fondée sur l'article 74 de la Constitution française qui permet l'accès à l'autonomie. Cette proposition a été adoptée par 64 voix sur 86 soit 74,41% des suffrages. Les 8 élus de la droite se sont abstenus.

- Le 18 juin 2009, lors du congrès des élus départementaux et régionaux de la Martinique, les élus des 2 assemblées ont voté à l'unanimité 4 résolutions dont une relative à l'organisation et au fonctionnement de la future Collectivité de Martinique régie par l'article 74. Cette résolution précise que la Collectivité de Martinique sera constituée d'un Conseil Exécutif de 7 à 13 membres, d'un Conseil Territorial de 75 membres élus pour 6 ans au scrutin de liste à la représentation proportionnelle à 2 tours, d'un Conseil Économique, Social, Culturel, de l'Éducation et de l'Environnement et d'un Conseil des Communes.

André Adenet-louvet

lundi 21 décembre 2009

Nous voici à la veille de Noël.

Je saisi cette occasion pour adresser au nom de notre Conseil d’Administration et à titre personnel nos souhaits de joyeux noël à tous nos adhérents, sympathisants et au delà à tous ceux qui aiment la France et l’Outre-mer.

Noël, c’est habituellement un moment de paix et de retrouvailles en famille. Un moment où l’on souffle et respire un air de fête. Ne le qualifie-t-on pas couramment du doux nom de « trêve de noël ».

Et pourtant, cela risque encore d’être un moment de stress pour nous qui habitons la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane. En Guadeloupe, les mêmes qui ont initiés cette action politique, (transformé ensuite par l’Etat et les pouvoirs publiques en crise sociale, puis en crise institutionnelle), n’arrivant pas relancer leur mouvement, multiplient les « grèves » dures dans les entreprises, privant régulièrement la population d’électricité et créant une atmosphère d’insécurité.

En Martinique, la campagne dérape avec des agressions verbales dures, et même racistes. Les partisans du 74 n’admettant pas que les Martiniquais rejettent cette éventualité par … 74% des intentions de vote. Un pied de nez de l’histoire ! !

En Guyane, l’incarcération de l’ancien Ministre du Tourisme et Maire de Saint-Laurent du Maroni jette un froid à droite.

C’est la deuxième fois en quelques années, que les Martiniquais seront ainsi consultés sur un éventuel changement de statut ou d’institution. Chacun sent bien que les résultats de ces consultations des 10 et 24 janvier prochains auront une influence déterminante sur les relations entre la France et tout son Outre-mer. Ce ne fut pas le cas en 2003 où les deux départements des Antilles françaises furent consultés simultanément et répondirent toutes deux par un « NON » bruyant. Avec un coté particulièrement rocambolesque pour la Guadeloupe : en effet, bien que les deux communes guadeloupéennes de Saint-Martin et Saint-Barthélemy aient été consultées sur une question spécifique pour chacune d’elles, leurs voix furent décomptées avec le reste des voix de la Guadeloupe. De telle sorte que, si le score avait été serré comme en Martinique, un parfait imbroglio aurait été crée: les « Oui » cumulés de ces deux îles, auraient pu faire basculer de façon décisive la Guadeloupe dans une situation qu’elle ne souhaitait aucunement, et ceci à l’heure même où ces îles choisissaient de se séparer du reste de la Guadeloupe. Fort heureusement le seul effet de ces suffrages discordants fut de réduire à 72.98% le score des « NON », qui aurait été de 75% sans elles.

Ajoutons que l’érection de Saint-Martin et Saint Barth en COM ne fit pas grand bruit. Pour le comprendre il suffit d’ailleurs de jeter un œil sur le tableau ci-dessous.

Résultats de la consultation du 7 décembre 2003



Ce tableau montre assez bien le poids limité de ces deux COM dans l’Outre-mer.

En revanche, les résultats de la Martinique seront regardés à la loupe. Le Non a, aujourd’hui, toutes les chances de l’emporter à la première consultation du 10 janvier (passage à l’article 74). Ce n’est qu’alors que s’engagera véritablement la bataille pour la consultation du 24 janvier (maintien de l’article 73, modifié par la mise en place d’une assemblée unique, en dérogation du droit commun actuel). Même si la classe politique martiniquaise est très engagée pour ce « Oui » à l’article 73 modifié, l’opinion publique reste sur son quant à soi, et peut ménager une surprise de dernière minute : ce fut le cas en 2003.

Enfin, en cette fin d’année les partis politiques affutent leurs armes. Ils ont bien compris que la bataille des régionale se jouera entre les partisans du statut quo et ceux du changement institutionnel. Et ils ont bien compris que la population ne veut pas de statut spécifique, sachant combien le droit commun garantit ses intérêts et son avenir dans le cadre français et européen. Aussi assiste-t-on à des contorsions de langage des partisans du changement, pour faire croire que finalement ce n’est pas la question qui se pose aujourd’hui. Mais la population n’est ni folle, ni sans mémoire. Elle a parfaitement à l’esprit que se sont nos hommes politiques qui ont réclamé à Jacques CHIRAC les modifications de constitution qui nous jettent aujourd’hui dans une instabilité institutionnelle permanente (la quête continuelle de spécificités et modifications institutionnelles ou statutaires, comme si le fait de changer d’habits suffisait à rendre efficace et compétent). Et Elle a bien compris que se sont les mêmes qui ont amené Nicolas SAKOZY à proclamer « que le statut quo n’était plus possible ». La question à laquelle nous, guadeloupéens, auront donc à répondre pour ces élections régionales de 2010, sera de faire le tri entre qui est crédible et qui ne l’est pas.

D’ici là, et malgré nos agitateurs permanents, tâchons de passez les meilleures fêtes possibles de fin d’année.

Bonnes fêtes de Noël à chacun et chacune d’entre vous.

Amédée ADELAIDE
Président du CSLR
19 décembre 2009

dimanche 20 décembre 2009

HONTE A CEUX QUI MANGENT DANS MÊME MANGEOIRE QUE CES PROFITEURS

Rappelons-nous, ceux qui ne veulent pas que les Martiniquais s'organisent aujourd'hui pour "prendre en compte leurs intérêts propres" de Martiniquais, ce sont ceux-là qui se sont toujours opposés à la moindre avancée favorable à notre pays et notre peuple; et cela tout au cours de notre histoire:

- en 1848, ils se sont violemment opposés à la suppression de l'esclavage;

- en 1946 ils étaient contre la suppression de l'institution coloniale;

- en 1948, ils sont dressés, avec leurs nervis armés, contre l'instauration de la sécurité sociale:

- en 1982, ils ont combattu, avec leurs supporters politiciens, l'instauration d'une collectivité unique pour mieux gérer nos affaires Martiniquaise;

- en 2003, ils ont agité et financé grassement une lourde propagande de peur pour empêcher toute évolution;

- en 2009, ils se sont proclamés "maitres de la Martinique" en dénigrant notre race sur canal plus;

- en 2009, ils ont voulu casser notre mobilisation contre la vie chère avec des nègres de service sur des tracteurs;

- depuis des années, ils ont pourris notre sol, notre lieu naturel de nourriture, avec les pesticides;

- ils se targuent d'être Martiniquais mais ils vivent entre eux, procréent entre eux, se partagent notre économie entre eux. Combien parmi eux font parti de nos associations culturelles, de nos équipes sportives ...etc. ?

- une seule chose les intéressent vraiment, notre porte monnaies

Le plus attristant, c'est qu'aujourd'hui, les néo-PPM, les socialistes et certains intellectuels ennemis du pays les ont rejoints dans leur combat séculaire contre les intérêts suprêmes de notre Martinique, en semant la confusion et la zizanie et en appelant à voter Non à "une assemblée particulière prenant en compte [nos] intérêts propres" de Martiniquais! Ceux-là dont le référent perpétuel, Aimé Césaire, ne cessait d'appeler à la responsabilité martiniquaise.

L'Histoire appréciera!

Quant à nous, c'est en tant que Martiniquais, et fiers de l'être, que nous voterons OUI le 10 janvier 2010. Nous appelons le peuple martiniquais à voter OUI à une collectivité martiniquaise "dotée d'une assemblée particulière prenant en compte ses intérêts propres". En toute confiance et dignité!

Mathurin Sé Mwen Menm

vendredi 18 décembre 2009

"Identité nationale"

Edito de Mgr Bagnard : "Identité nationale"

A l’ini­tia­tive du Pré­si­dent de la Ré­pu­bli­que, les fran­çais sont in­vi­tés à ré­flé­chir sur l’iden­ti­té na­tio­nale, comme l’an­née der­nière, ils ont été in­vi­tés à le faire sur la bio­éthi­que. Les Pré­fets sont char­gés de me­ner à bien cette large con­sul­ta­tion et d’en re­met­tre, le mo­ment venu, les con­clu­sions. Les évê­ques sont eux aus­si as­so­ciés à ces échan­ges. C’est ain­si que, le 11 dé­cem­bre, je par­ti­ci­pe­rai à l’une de ces réu­nions dont huit sont pro­gram­mées dans no­tre Dé­par­te­ment. La der­nière se tien­dra à la Pré­fec­ture même le 15 dé­cem­bre.
Si l’on s’in­ter­roge sur l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est que l’on ne sait plus ce que l’ex­pres­sion re­cou­vre exac­te­ment. La cause en est due d’abord à l’im­pact de l’Eu­rope sur no­tre pays ! En de­ve­nant mem­bres de l’Union Eu­ro­péenne, les fran­çais voient plus ou moins s’ef­fa­cer le sen­ti­ment de leur ap­par­te­nance à la Na­tion. De ce fait, la no­tion de na­tio­na­li­té, sans vrai­ment dis­pa­raî­tre, passe au se­cond plan. On se dit fa­ci­le­ment ci­toyen de l’Eu­rope et même par­fois, plus ra­di­ca­le­ment en­core, "ci­toyen du monde." Que de­vient alors le lien qui unit à son pro­pre pays ?
L’une des au­tres cau­ses qui en­toure d’un brouillard l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est l’ar­ri­vée dans note pays d’un grand nom­bre d’ « étran­gers ». Un seul exem­ple : quand l’équipe de foot­ball qui dé­fend les cou­leurs de la France, se pré­sente avec une ma­jo­ri­té de joueurs d’ori­gine afri­caine dans ses rangs - ce qui n’est en rien cri­ti­qua­ble, bien en­ten­du ! - on se pose la ques­tion :"Que veut dire exac­te­ment l’ex­pres­sion : "équipe de France" ?
Or, c’est au mo­ment où se brouille la con­science de ce que l’on croyait être jus­qu’alors, que l’on s’in­ter­roge sur la réa­li­té de ce que l’on était vrai­ment ! Qu’est-ce qui fait que l’on est fran­çais ?
A n’en pas dou­ter, l’un des che­mins qui ou­vre à l’iden­ti­té na­tio­nale passe par l’his­toire. C’est dans l’hé­ri­tage reçu des siè­cles que se re­flète le vi­sage d’une na­tion. "Qu’avons-nous que nous n’ayons reçu ?" Que pour­rions-nous dire de nous-mê­mes et de no­tre pays si, faute de mé­moire, nous ne par­ve­nions pas à nous si­tuer dans le pro­lon­ge­ment d’une his­toire ? Ce se­rai le si­lence ou l’ar­bi­traire d’une pa­role ti­rée de l’im­mé­diat !
Ain­si, comme évê­que de Bel­ley-Ars, je ne peux pas igno­rer que la pré­sence d’un évê­que, iden­ti­fiée avec cer­ti­tude par l’his­toire dans la Ville de Bel­ley, re­monte à l’an 412. Il s’ap­pe­lait Au­dax. L’Evê­que ac­tuel est le cen­tième d’une li­gnée qui en comp­te qua­tre-vingt-dis neuf avant lui. Ain­si, de­puis seize siè­cles, le chris­tia­nisme est pré­sent - de fa­çon or­ga­ni­sée - sur no­tre ré­gion. Com­ment, sur une aus­si lon­gue du­rée, l’Évan­gile n’au­rait-il pas fa­çon­né le com­por­te­ment de ses ha­bi­tants, leur mode de pen­sée, leur cul­ture, leur vi­sion de l’exis­tence ?
On peut dis­cu­ter sur le bien fon­dé de cet im­pact, mais on ne peut con­tes­ter les don­nées ob­jec­ti­ves de l’his­toire. Les tra­ces de cet hé­ri­tage sont là sous nos yeux. Il suf­fit de voir "ce long man­teau d’égli­ses et de ca­thé­dra­les qui re­cou­vre no­tre pays pour com­pren­dre que les va­leurs chré­tien­nes ont dû quand même y jouer un rôle", dé­cla­rait Ni­co­las Sar­ko­zy, le 13 dé­cem­bre 2007. Pour­quoi s’en ex­cu­ser ? Pour­quoi s’en dé­fen­dre puis­que nous som­mes tout sim­ple­ment de­vant une don­née de fait ?
La cul­ture is­sue de cette im­pré­gna­tion des siè­cles est si pro­fon­dé­ment en­ra­ci­née qu’elle est de­ve­nue comme une se­conde na­ture ; elle fait si bien corps avec cha­cun d’en­tre nous qu’elle a ce grave in­con­vé­nient de ne plus s’in­ter­ro­ger sur les ori­gi­nes où elle a pui­sé sa sève.
Jean-Paul II avait jus­te­ment osé dire au Bour­get, le 1er juin 1980 : "On sait la place que l’idée de li­ber­té, d’éga­li­té et de fra­ter­ni­té tient dans vo­tre cul­ture, dans vo­tre his­toire. Au fond, ce sont là des idées chré­tien­nes." S’in­ter­ro­ger sur l’iden­ti­té na­tio­nale, c’est donc re­trou­ver le che­min des ori­gi­nes et les as­su­mer comme un creu­set qui, au fil des siè­cles, a for­gé l’iden­ti­té de no­tre pays.
Cette in­ter­ro­ga­tion con­duit à re­con­naî­tre que l’un des fac­teurs ma­jeurs de cette iden­ti­té, c’est bien le chris­tia­nisme. Ni­co­las Sar­ko­zy avait dit au La­tran : "Les ra­ci­nes de la France sont es­sen­tiel­le­ment chré­tien­nes... Une na­tion qui ignore l’hé­ri­tage éthi­que, spi­ri­tuel, re­li­gieux, de son histoire com­met in crime con­tre sa cul­ture.. Ar­ra­cher la ra­cine, c’est per­dre la si­gni­fi­ca­tion, c’est af­fai­blir le ci­ment de l’iden­ti­té na­tio­nale et des­sé­cher da­van­tage en­core les rap­ports so­ciaux qui ont tant be­soin de sym­bo­les de mé­moire."
Il est vrai que le siè­cle des Lu­miè­res a con­tes­té cet hé­ri­tage, mais il en est res­té, mal­gré lui, pro­fon­dé­ment im­pré­gné. Le ca­dre men­tal dans le­quel il ex­pri­mait ses "idées nou­vel­les" con­ti­nuait à s’ali­men­ter sou­ter­rai­ne­ment à la Source qu’en sur­face il re­je­tait !
Sans ce ré­fé­ren­tiel fon­da­men­tal, il n’au­rait pas pu éla­bo­rer la Dé­cla­ra­tion uni­ver­selle des Droits de l’homme, dont l’un des prin­ci­pes fon­da­men­taux est le res­pect dû à tout être hu­main. Car tous les hom­mes sont égaux en di­gni­té. Cha­cun a donc le droit d’être re­con­nu pour lui-même, qu’il soit croyant, non croyant, li­bre pen­seur, etc...
Et jus­te­ment, l’es­prit de la laï­ci­té s’en­gage à ré­unir les con­di­tions per­met­tant aux croyants et aux in­croyants de vi­vre ensem­ble, la base de cette con­vi­via­li­té étant le res­pect de la con­science de cha­cun. Nous som­mes ty­pi­que­ment de­vant la ver­sion sé­cu­lière du mes­sage évan­gé­li­que !
Aus­si quand, sur l’ho­ri­zon qui nous est fa­mi­lier, sur­gis­sent d’au­tres cul­tu­res - is­sues d’au­tres re­li­gions - nous nous in­ter­ro­geons lé­gi­ti­me­ment sur leur com­pa­ti­bi­li­té avec no­tre pro­pre iden­ti­té na­tio­nale. Et c’est aus­si l’oc­ca­sion d’avoir une plus claire con­science de ce que veut dire être fran­çais. Au nom de cette iden­ti­té, nous in­ter­ro­geons l’Is­lam. Ac­cepte-t-il, dans les faits, la li­ber­té de con­science ? In­tè­gre-t-il, dans le champ so­cial, l’éga­li­té en­tre l’homme et la femme ? Le res­pect des con­scien­ces va-t-il jus­qu’à ac­cueillir le chan­ge­ment de re­li­gion sans crainte de re­pré­sailles ? Peut-on être tran­quil­le­ment adepte d’une au­tre re­li­gion dans un pays mu­sul­man ? Si la ré­ponse est "oui" pour tel pays, et "non" pour tel au­tre, alors y a-t-il un or­ga­nisme of­fi­ciel qui dé­fi­nit la juste pen­sée de l’Is­lam ? Où se trouve la vé­ri­ta­ble in­ter­pré­ta­tion ? Le fran­çais a be­soin de le sa­voir au mo­ment où son pays ac­cueille cette cul­ture sur son ter­ri­toire et cela au nom de l’iden­ti­té na­tio­nale.
Car voi­ci, par exem­ple, ce que je lis sous la plume d’un Père Jé­suite égyp­tien, le Père Bou­lad, bon con­nais­seur de l’is­lam : "Quand un mu­sul­man me dit : l’is­lam est la re­li­gion de la to­lé­rance, je lui ré­ponds : par­mi les 57 pays mu­sul­mans de la pla­nète, cite m’en un seul où la li­ber­té re­li­gieuse existe. Si bien que le non-mu­sul­man n’a pas sa place. Il est to­lé­ré, tout juste, comme dhim­mi, mais à part ça, non. La to­lé­rance, pour l’is­lam, c’est que vous êtes to­lé­ré comme ci­toyen de deuxième zone en tant que chré­tien ou juif. Mais en de­hors de ça, si vous êtes boud­dhiste ou hin­douiste, vous n’êtes plus to­lé­ré. Vous êtes un ka­fir, c’est-à-dire car­ré­ment un apos­tat, un im­pie. [...]"
N’est-ce pas le rap­pel de l’exi­gence d’un dia­lo­gue en vé­ri­té, au mo­ment où l’on s’in­ter­roge sur l’iden­ti­té na­tio­nale ? Et cette exi­gence dé­passe lar­ge­ment la dis­cus­sion sur la hau­teur des mi­na­rets, même si celle-ci est à pren­dre aus­si en con­si­dé­ra­tion.
† Père Guy-Ma­rie Ba­gnard
Évê­que de Bel­ley-Ars
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