jeudi 5 janvier 2012

Bonne année de révoltes pour la Révolution qui vient...



Comme minuit sonna, je rencontrai, en un carrefour, la Nouvelle Année. Elle sortait d'un égout, et, dans un vieux cabas qui se balançait à son bras maigre, elle portait des pelures d'orange, des pantins brisés, des décorations et des rats. C'était une petite vieille, à la démarche de sorcière, toute ratatinée, cassée en deux, et qui, péniblement, cheminait, s'aidant d'une faux comme d'un bâton. Attifée ridiculement d'étoffes disparates, aux tons criards, sous lesquelles saillaient des os de squelette, elle était couverte de bijoux faux et de fleurs qui se fanaient, plus nauséabondes à mesure qu'elle avançait. Un large, effronté chapeau de fille coiffait sa tête chauve, une tête de mort hideusement barbouillée de fard qui se craquelait sur la sinistre créature. Je m'approchai d'elle et voulus lui souhaiter la bienvenue, mais je m'aperçus qu'elle était sourde, qu'elle était muette, et qu'elle ne voyait pas, ses deux orbites, avivées de kôhl, étaient vides et noires, pareilles à des trous.

Les gens qui passaient la reconnurent, se mirent à la suivre. Bientôt une foule énorme se forma, s'aggloméra derrière la petite vieille, se bouscula avec de grands bruits de multitude, chacun tendant les bras, se haussant pour la mieux apercevoir. Il n'y avait là que de pauvres diables en guenilles, des faces pâles, étirées, ravagées par la faim et par la souffrance, des fronts aux plis amers, des bouches crispées par le désespoir, des dos affaissés sous des fardeaux trop lourds, des poitrines qui montraient des plaies d'où le sang coulait. De cette foule haletante, convulsée, noire comme un cercle de Dante, s'éleva un cri de supplication, déchirant, puis les lèvres lapèrent le vide, les poings cliquetant ainsi que des ossements desséchés étreignirent le néant. Mais la petite vieille ne se retourna pas. Elle continua de marcher de son pas tremblé, n'entendant rien, ne voyant rien, faisant résonner sa faux sur les pavés de la rue, et secouant sur sa robe bigarrée l'éclair des paillons et des fausses parures.

Tout à coup, un homme, sorte de géant à front bas, à face stupide d'idole indienne, tout contrefait avec ses jambes trop longues et ses bras trop courts, apparut au milieu de la rue. Ses genoux cagneux, ses mains déformées, ses lèvres suintantes étaient usés, à force d'avoir été baisés, comme les genoux, les mains et les lèvres des christs de plâtre et des saintes coloriées qui, dans les chapelles des campagnes, opèrent des miracles. Je l'avais rencontré bien des fois, là où la sottise humaine attire de préférence les foules extasiées. Il parcourait les assemblées politiques, les antichambres des ministres, les salons des généraux, les rédactions des journaux, les bureaux des éditeurs, les caisses des banquiers, semant partout à mains pleines les mauvaises oeuvres, distinguant parmi les hommes les plus bêtes et les plus nuisibles, forçant le monde dompté par lui à l'admiration des idiots et des coquins. Bien des gens, pour l'approcher de plus près, pour s'agenouiller devant lui, pour embrasser ses pieds immondes, s'étaient entr'égorgés. On l'appelait le Dieu-Sioniste, et on l'adorait. D'ailleurs, il avait toujours sur son corps l'odeur de l'encens qu'on lui brûlait, et l'humidité des lèvres qui s'étaient collées à lui, avides de lui.

Il commença par chasser à grands coups de fouet les misérables qui continuaient d'implorer la petite vieille, puis il prit celle-ci par la main, et la conduisit sur une place pleine de monde, et que de monstrueux baphomets éclairaient sinistrement. Je le suivis à mon tour et je regardai, ahuri.

Ce monde était fort étrange. De tous les êtres réunis en cet espace et dans cette lumière de torche vomie par les sombres idoles, il n'y en avait pas un seul à qui il ne manquât quelque membre important. Les uns se promenaient sans tête et ne paraissaient pas gênés par cette décapitation ; les autres n'avaient plus de bras ; ceux-ci marchaient privés de jambes ; ceux-là se dandinaient sur des torses absents ; et je remarquais une quantité prodigieuse de ventres ignobles qui s'étalaient, s'épanouissaient, se gonflaient, rebondissaient comme des ballons de caoutchouc. Tous d'ailleurs étaient fort bien vêtus, et il me sembla qu'ils étaient aussi très gais et très méprisants, ne se doutant pas, sans doute, de leurs infirmités terribles ou grotesques. Peu à peu, je reconnus ces figures sans torses, ces troncs sans chefs, ces ventres sans jambes, et je vis que le Dieu-Sioniste avait conduit la petite vieille dans son domaine, parmi ses gloires. Je les comptais toutes, car toutes étaient là. Aucune ne manquait.

Alors le Dieu-Sioniste présenta à ses élus la petite vieille.

- Mes amis, dit-il, pendant que tous les ventres, tous les torses, toutes les jambes le regardaient, charmés et respectueux, mes amis, voici la Nouvelle Année. Vous la voyez, elle est en tous points semblable à l'ancienne. Regardez ses yeux, elle ne voit pas, ses oreilles, elle n'entend pas, sa bouche, elle ne parle pas. Morte en naissant, les heures, les jours, les mois qui passeront sur son corps de squelette ne la ressusciteront pas. Elle ira de son pas machinal, toujours pareil, et je serai là pour diriger sa marche. Vous n'avez donc rien à craindre d'elle ; elle vous sera douce, et ce n'est pas dans le sommeil de son règne que la révolte peut germer. Continuez de vivre comme vous viviez hier, comme vous avez éternellement vécu, et laissez, sans remords et sans honte, venir à vous tous les triomphes. Sa faux n'est la menace que pour les petits et les imprudents qui voudraient violenter mes décisions. C'est moi qui suis le vrai créateur du monde, et mon souffle est partout. J'inspire le politique, le religieux, le soldat, et je courbe à ma domination les multitudes opprimées et abêties par moi. Mes bons amis, le jour où les imbéciles et les coquins ne seraient plus les maîtres, ce serait fini de moi. Par conséquent, ne craignez rien, et riez aux Années qui passent et se succèdent. Elles sortent de ma fabrique éternelle, et elles portent, marquées sur leurs épaules, mes initiales qui resplendissent dans la création, font pâlir l'éblouissante lueur des astres, et éteignent la clarté douce des étoiles.

Alors il se fit un grand tumulte. Les hourras montèrent jusqu'au ciel, puis l'on n'entendit plus que le bruit des lèvres qui claquaient sur le corps du géant étendu sur son trône, comme on entend les lèvres des dévotes, dans les chapelles mystérieuses, claquer sur l'image vénérée des petits Jésus.

[d'après "Le conte de la nouvelle année" d'Octave Mirbeau (1886)]

lundi 2 janvier 2012

Haïti: 208 ans d'indépendance


L'Etat d'Haïti fut créé le dimanche 1er Janvier 1804. A ce moment précis, les femmes et les hommes qui avaient lutté contre l'esclavage et gagné, à Vertières le 18 novembre 1803, leur droit à la liberté, à l'égalité, à la fraternité et à l'Indépendance ont donné vie à la nouvelle République d'Haïti. Ils ont porté notre pays sur les fonts baptismaux et créé notre patrie, le premier jour de 1804, la nouvelle année qui suivit la Victoire de Vertières. Le 1er janvier est le jour le plus important de notre belle et fière histoire. C'est notre Jour à nous tous, notre anniversaire de naissance, notre fête nationale, la date à laquelle notre pays est né en tant que nation libre, indépendante et indivisible.
Ce premier jour de l'année avait une symbolique universelle très forte, mais aussi un potentiel émotionnel si grand que la fête du nouvel An s'est, au fil du temps, confondu avec la dynamique historique de notre jour de l'Indépendance, au point de capter la majeure partie de l'attention du public, au détriment de la fête nationale. Nous nous devons donc d'oeuvrer civiquement, pour que ce dimanche 1er janvier 2012 soit vraiment honoré et commémoré, comme anniversaire de naissance de la République d'Haïti, notre cher et merveilleux pays, et pas seulement comme jour de l'An. Le 1er janvier, c'est notre « independance day », notre date historique majeure, notre point de départ.

Nous devons agir résolument pour entretenir la ferveur patriotique et l'esprit d'appartenance à une nation unie et ainsi fêter notre pays dignement. Il nous faut nous réveiller en tant que peuple, raviver la flamme qui brûle en nous, galvaniser notre sens de la créativité, communiquer notre vision de nous-mêmes, de notre pays, de notre destin. Nous devons puiser dans la richesse de notre culture pour faire jaillir l'étincelle qui saura et pourra faire émerger, dans l'union, la force citoyenne capable de réunir dans un même élan et en tout temps toutes les composantes de la mosaïque sociale haïtienne. Notre destin est lié à notre passé glorieux. Il continue d'être soudé, aujourd'hui encore, à notre histoire et le sera davantage dans le futur, confrontés que nous sommes aux énormes défis, qu'il nous convient, aujourd'hui, de relever.
L'heure est venue de confirmer notre foi en notre pays, en son futur, en notre devenir et en l'avenir. L'heure a sonné pour nous de vibrer de tout notre être et créer ensemble une mouvance collective de valorisation continue et permanente de notre histoire, ce patrimoine indestructible, ce trésor impérissable, ce ciment puissant que nous ont légué nos aïeux. Nous avons tous et chacun l'obligation de remplir ce devoir de mémoire vis-à-vis de nos illustres ancêtres.

Nous sommes tous concernés par la fête nationale, tous invités à nous dire, mutuellement, bonne fête. Femmes, enfants, hommes vivant sur l'île d'Haïti ou à l'extérieur chacune, chacun de nous est convié à créer en soi et autour de soi une ambiance festive pour cette grande journée. Fêtons en notre coeur, à la maison, sur la cour, dans le camp, sur la place, près du port, fêtons à la radio, la télé, sur internet, etc. Envoyons des voeux par SMS, par lettre, ou par courriel, postons poèmes, souhaits, dédicaces sur « bonfetayiti@sakgenla.com », fêtons sur tous les tons. Disons-nous bon anniversaire au téléphone, dans la rue, le taxi, à pied, en voiture, au théâtre, à la plage, à la montagne, partout.
Le 208e anniversaire de notre Indépendance se veut un moment rassembleur, intégrateur et promoteur des valeurs qui nous tiennent à coeur. A travers nos voeux, notre musique, nos poèmes, nos déclamations, nos chants, nos déclarations, nous pouvons être les hérauts qui vont réveiller les consciences de tous et de chacun, face à la gravité de l'heure, aux convoitises et menaces. Il nous revient de convier les citoyennes et les citoyens à dynamiser, au quotidien, notre quête d'idéaux de fraternité, d'unité, et de solidarité, pour qu'ensemble nous assumions nos responsabilités, élevions nos voix et chantions en choeur , à la gloire d'Haïti. Célébrons la fête nationale d'Haïti dans la paix, l'amour du prochain, l'espoir d'une année prospère et invitons nos amis du monde entier à célébrer avec nous. En ce jour, nos artistes pourraient aller chanter leur amour pour Haïti devant les caméras et les micros de nos médias. Ce seraient l'occasion de se rencontrer dans les studios, sur des podiums et entonner en choeur notre hymne national.
Dans le cadre de la fête nationale, ce 1er janvier 2012, les filles et fils de notre pays sont interpellés et invités à s'acquitter de leurs devoirs envers la patrie et à veiller à la réussite de cette mission qui nous incombe à tous : Aimer notre pays comme nous nous aimons nous-mêmes et même encore plus. Donnons à Haïti le meilleur de notre talent, de nos connaissances, de nos possibilités, de nos moyens et solennellement prenons le temps de lui dire, en chantant, bonne fête Haïti, bonne fête mon pays, bonne fête ma Patrie, mwen Renmen Ou, pou la vi. Ayiti, Ou se' Manman'm, ou se nanm anm, se sanm, si nou mete têt n'ansanm, na va fè w vin pi janm, Bonfêt Ayiti.
Alors, à la lumière de ces considérations, il serait heureux d'instituer, ensemble, un événement qui deviendrait une tradition, une manifestation patriotique, culturelle et artistique permanente placée dans une optique de dynamisation et d'amélioration de l'image de notre pays. La célébration de la fête nationale peut attirer, sous le soleil de notre pays et dans la chaude ambiance de notre musique, des touristes fuyant l'hiver de leur coin de terre et assurés de trouver un havre de paix dans les ports sécurisés et partout dans notre pays. Invitons-les à découvrir notre hospitalité. Trouvons en nous l'énergie vitale pour lancer la célébration de la fête nationale et bêchons joyeux pour fêter magnifiquement notre pays. C'est une action civique d'envergure, un acte de solidarité qui nous grandira, nous rassemblera dans la paix, la joie et l'union qui fait la force. C'est un pas positif qui nous unira. Nous serons plus forts pour affronter les défis de ce siècle et atteindre nos objectifs de paix, de bien-être pour tous, de croissance, de développement durable, ainsi que les O.M.D. des Nations unies, qui célèbrent, en ce 1er janvier, le 1er anniversaire d'ONU- FEMME. - BONNE FêTE, à TOUTES et à TOUS. - * DIEU BENISSE HAITI

Pierre Jacques Chéry - déc. 2011

samedi 31 décembre 2011

Bonne année 2012


La crise s'est installée dans l'économie et quelque part la peur domine l'année à venir, contrairement à l'an 2000 où l'on percevait une grande inquiétude, à l'aube de 2012 c'est la peur qui prévaut. Nous ressentons que le monde que nous connaissons s'effondre et nos valeurs avec...

Dans l'adversité et la difficulté nous devons toujours conserver une lueur d'espoir et ne pas verser dans la haine ou le mépris, afin de pas nous altérer et continuer d'aimer et de vivre.

Bonne et heureuse année 2012, souhaitons la paix, la santé et l'amour.

vendredi 30 décembre 2011

Côte d'Ivoire: Soro déclare la guerre au PDCI !


Le député de Ferkéssédougou, Guillaume Kigbafory Soro, ne serait plus trop chaud pour le Perchoir et semble être désormais candidat à sa propre succession à la primature. Surtout avec cette situation de Frci «incontrôlables» à la gâchette facile, le chef de l’ex-rébellion est en passe de conserver son fauteuil, histoire de garantir un assainissement dans les rangs des Frci, majoritairement composés des ex-rebelles sous son autorité.

Il y a des personnes qui estiment qu’une tenue leur va à merveille à telle enseigne qu’elle ne pourrait être assez bien pour une tierce personne. Et le premier ministre Guillaume Soro et son entourage sont de ces personnes-là. Selon eux, la primature doit demeurer l’affaire exclusive du chef de l’ex-rébellion, parce que la Côte d’Ivoire serait loin d’être sortie de l’ornière. Et le seul Ivoirien à même de faire face à cette situation post-crise est bien l’homme-providence Guillaume Soro.

Et les arguments ne leur manquent pas pour soutenir cette thèse. Alors qu’Alassane Ouattara, au lendemain du 11 avril, avait promis de rétablir la sécurité et de débarrasser Abidjan et les villes de l’intérieur de tous ses combattants en armes en deux mois, huit mois après, on en est à la case départ. Les Frci jouissant d’une impunité tatouée, parce qu’ayant été élevés au titre de sauveurs par le procureur de la République, Simplice Kouadio, ont continué de faire subir toutes sortes d’exactions, de chantage et de persécutions aux populations.

Les événements de Vavoua et de Sikensi (lundi dernier) ont fini par convaincre la communauté nationale et internationale que les éléments des Frci, majoritairement des ex-rebelles constituent un véritable problème pour le régime Ouattara. Parce qu’indisciplinés, insubordonnés et complètement déconnectés des réalités d’une armée régulière.

Primature coûte que coûte

Curieusement, cette succession d’incidents gravissimes surviennent après les législatives et au moment où il est de plus en plus question d’un nouveau gouvernement. Et surtout, du respect de la promesse d’attribuer la primature au Pdci de Bédié. C’est en ce moment là que l’entourage de Guillaume Soro mène une offensive pour justifier une éventuelle prolongation de leur mentor à la primature.

Motif invoqué, il est le seul à même de maitriser la situation encore fragile. Bizarre tout de même, puisque c’est un remake de sa primature sous Gbagbo, où Soro a rusé jusqu’à ne point atteindre le désarmement de ses forces, pour se maintenir à la primature. Aujourd’hui encore, même scénario, l’encasernement est loin de s’être effectué dans les normes souhaitées, encore moins un début de désarmement des combattants, supplétifs des Frci et autres milices du régime, comme les dozos. Un de ses conseillers, de surcroit son jeune frère, Alphonse Soro, est à fond dans la campagne pour le maintien de son aîné à la primature.

Extrait de son plaidoyer : «Il faut qu'on soit réaliste. Premièrement, lorsque vous prenez la situation sécuritaire du pays, qui est mieux placé pour la gérer ? Deuxièmement, qui peut suivre et achever le processus de réinsertion pour permettre à ceux qui veulent être démobilisés de l’être et ceux qui veulent embrasser une carrière militaire de le faire… On peut prendre quelqu’un d’autre. Mais on aura un Premier ministre « flêkê-flêkê ». Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés. Il s’agit d’installer un système, de sécuriser un régime et de créer les conditions pour qu’il perdure afin de permettre au président de la République qui a bien commencer de continuer à travailler pour le bonheur des populations». Pour l’entourage de Soro et pour le concerné lui-même, il n’y a pas meilleur cheval que lui pour diriger la primature.
Intriguant tout de même. Si Soro est l’homme providence, combien d’années lui faut-il encore à la tête du gouvernement pour arriver à une Côte d’Ivoire normale. Il aura fait quasiment 5 ans à la primature, sans que ses ex-rebelles n’aient été désarmés ni réinsérés convenablement.

Même au sein de la rébellion qu’il dirigeait, l’indiscipline a toujours été de mise. On en veut pour preuve l’impunité dont jouissent les braqueurs des agences de la BCEAO en zones Cno, et les guerres intestines suivies de mort d’hommes et le racket caractérisé, au moment où, curieusement, la primature de Soro pilotait l’opération d’unicité de caisse de l’Etat, annoncée à grand renfort de publicité. Résultat des courses, les anciens rebelles ont continué de garder par devers eux les recettes de l’Etat jusqu’à ce jour. Soro gagnerait donc à se trouver une autre occupation, parce que les arguments sécuritaires ne tiennent plus la route. A moins qu’il accepte d’être ministre de la Défense, pour mieux juguler les problèmes qu’il brandit pour «subtiliser» la Primature au PDCI-RDA, le dindon de la farce.

Soro au Pdci d’Henri Konan Bédié : « Un parti, c’est pas pour revendiquer la primature »


Les observateurs de la scène politique ivoirienne tablaient sur un retrait de Soro Guillaume au perchoir de l’assemblée nationale, à l’issue du scrutin législatif du 11 décembre 2011. Mais ce poste, le chef de la rébellion armée qui a défiguré la Côte d’Ivoire pendant toute une décennie n’en veut apparemment pas. Alors, pas du tout. A l’analyse, c’est cela qui justifie la montée fulgurante de l’insécurité ces derniers temps. Pour lui, s’il quitte la primature dans le contexte actuel, le pays court un grave danger sécuritaire. Ce chantage honteux, Soro Alphonse, le jeune frère et conseiller de l’autre, par ailleurs député RDR, a le mérite de le porter sur la place publique. A travers une interview accordée au confrère Le Patriote.

Si ses propos dévoilent son manque de culture démocratique, il faut reconnaitre à cet autre Soro le mérite de dire tout haut ce qui se trame dans les officines du RDR, particulièrement au cabinet du premier ministre. Ce ne sont pas ses dénégations qui changeront quelque chose, il est bel et bien dans le rôle du porte-parole occulte qu’il a toujours été pour son ainé qui tient le pays en otage depuis la nuit du 18 au 19 septembre 2002. Pour Soro Alphonse, c’est Soro Guillaume et lui seul qui peut gérer aujourd’hui la primature ; «à moins qu’on ne (lui) souhaite la Charybide-en-Scylla !» «On peut prendre quelqu’un d’autre (à sa place). Mais on aura un premier ministre ‘’flêkê flêkê’’. Dans ce cas, il faut s’attendre à payer les pots cassés», prévient le membre des forces nouvelles et député RDR. Au PDCI, doit-on comprendre, il n’y a pas de cadres compétents pour occuper valablement la primature et mettre le pays à l’abri d’un putsch. Ainsi, la sortie du désormais député RDR/Forces nouvelles est un message clair au PDCI d’Henri Konan Bédié auquel le candidat Alassane Ouattara avait promis la primature lors du deuxième tour de la présidentielle.

S’ils prennent le soin de décoder ce message, les dirigeants du parti sexagénaire avec à leur tête le président Bédié devraient normalement savoir à quoi s’en tenir. «Démocrate» et certainement «politologue» lui également, Soro Alphonse leur montre la voie dans tous les cas : «On est dans un processus qui évolue et les conditions se créent au fur et à mesure. Que le Pdci sache que le faiseur de roi n’est pas le roi. Il faut qu’au PDCI, on intègre cela. Le président de la république, c’est Alassane Ouattara. On ne crée pas un parti politique pour revendiquer la primature. On crée un parti pour diriger un pays en conquérant le poste de président de la République».

Et de continuer : «Le PDCI doit tirer les leçons de ses échecs successifs. Ils ont perdu l’élection présidentielle. Ils viennent de perdre les législatives. Ce sont des messages clairs. Car s’ils n’y prennent garde, ils perdront plus aux élections municipales qui arrivent». Bédié et ses partisans gagneraient, continue-t-il, à «engager la réflexion sur leur appareil pour trouver des solutions à cette cascades d’échecs». Le temps des querelles de postes est dépassé, enseigne-t-il, et le Pdci doit cesser ses récriminations contre Ouattara et le RDR. «C’est vraiment dommage, d’autant plus que cela vient d’un parti comme le PDCI», peste Soro… Alphonse.

Gérard Koné / Emmanuel Akani in Le nouveau courrier

La Vice-Presidente de la Banque mondiale appelle à la retenue et au respect de la Constitution

Le chef de la Marine José Américo Bubo Na Tchuto


La Vice-Presidente de la Banque mondiale appelle à la retenue et au respect de la Constitution
Washington – 29 décembre 2011 - La Banque mondiale partage les graves inquiétudes déjà exprimées par les amis de la Guinée-Bissau sur la situation actuelle dans ce pays, a déclaré, jeudi à Washington, la Vice-Presidente de la Banque mondiale pour la région Afrique, Obiageli Ezekwesili.
Elle a ajouté que le Rapport mondial 2011 sur le Développement sur « Conflit, sécurité et développement » - et l’expérience même de la Guinée-Bissau pendant ces dernières décennies – « montrent à quel point l’insécurité freinent le développement et met les pays dans le piège des cycles de violence, avec des conséquences dévastatrices sur les générations futures, notamment les jeunes, les femmes et les enfants. » 
« Nous appelons les dirigeants bissau-guinéens à résoudre pacifiquement leurs différends et à renouveler leur efforts pour mettre en place des institutions fortes et crédibles qui donneront la priorité aux besoins essentiels des citoyens pour renforcer les opportunités économiques, notamment à travers de meilleurs systèmes d’éducation et de santé et la création d’emplois», a dit la Vice-présidente de la Banque mondiale pour la région Afrique.   
La crise actuelle comporte de multiples risque, a-t-elle indiqué en rappelant que pendant ces deux dernières années, la Guinée-Bissau avait commencé un nouveau cycle économique marquée par une annulation de sa dette extérieure  et par l’adoption d’une stratégie de développement économique et social apte à sortir des milliers de personnes de la pauvreté au cours des dix prochaines années.
Mme Obiageli Ezekwesili a renouvelé l’engagement très fort de la Banque mondiale à appuyer le développement économique de la Guinée-Bissau et a encouragé ses dirigeants et ses citoyens à respecter la Constitution du pays et ses lois.  
«Nous espérons une résolution rapide de cette crise pour que le peuple bissau-guinéen puisse continuer à travailler pour un avenir inclusif, pacifique, stable et prospère », a –t- elle conclu.


Statement of the World Bank Vice-President for the Africa Region, Obiageli K. Ezekwesili, on the latest developments in Guinea-Bissau
The World Bank shares the grave concern, already expressed by other friends of Guinea Bissau, about the current situation in the country.  The 2011 World Development Report on Conflict, Security and Development—and indeed Guinea Bissau's own experience over decades—shows how insecurity disrupts development and traps countries in cycles of violence, with devastating consequences for generations of citizens, including young people, women and children.   
 “We call on all leaders to peacefully resolve their differences, and to renew their effort to build strong and credible institutions of governance that put first the fundamental need of citizens for improved economic opportunity, for example, through better education and health services, and jobs.” said Obiageli Ezekwesili, World Bank Vice President for Africa.
The current crisis puts a lot at stake.  Over the last two years, the country began an economic turnaround, received international debt relief, and adopted a strategy that could lift thousands out of poverty over the next decade.  
The World Bank remains strongly committed to supporting the economic development of Guinea Bissau, and therefore encourages all leaders and citizens to respect the constitution and the rule of law. We look forward to a speedy resolution of the unrest so that the nation can continue working toward an inclusive, peaceful, stable and prosperous future.
Guinée-Bissau

jeudi 29 décembre 2011

Haïti Choléra MINUSTAH



Déjà plus de 7000 MORTS (chiffre officiel sous-estimé) et l’Épidémie continue lentement mais surement son cours vers 2012 mais les campagnes de dénonciations s’affaiblissent ! Allons nous vivre ,sans broncher ,avec le choléra durant les 20 prochaines années suivant les prédictions et le Plan de la Communauté des faux "Amis" d’Haïti ?

jeudi 15 décembre 2011

Dictature en Côte d’Ivoire, le silence des ivoiriens qui en dit long


En décembre 2010 dernier, l’élection présidentielle, tant attendue, a finalement eu lieu en Côte d’Ivoire. Ce fut le scrutin le plus mémorable de sa jeune histoire. Cette élection aura eu le mérite de susciter les plus grands espoirs chez les ivoiriens. Et son aboutissement, devrait permettre de ressouder les fissures du tissu social d’un pays fragilisé et de se tourner résolument vers l’avenir.

Malheureusement, les armes néocoloniales se sont substituées au droit légitime des ivoiriens à choisir eux-mêmes leur dirigeant. Certains soutiennent que les armes ont, au contraire, fait respecter le choix des ivoiriens. Et ce choix serait Alassane Ouattara. Alors nous leur demandons: depuis quand la démocratie s’impose t-elle par les armes ? A moins qu’il ne s’agisse ici d’une nouvelle forme de ‘’démocratie’’ conçue, et mise en œuvre depuis l’Elysée. Car la danse de sorcière de la France autour de ce scrutin, le rôle de l’armée française, ne peuvent passer inaperçus. Ces manœuvres typiquement françaises, marquent dans l’esprit des uns et des autres, que cette France n’était pas là, comme elle l’affirme, pour accompagner la démocratie. Il fallait dégager Gbagbo l’insoumis, et installer Ouattara le docile, au nom de l’intérêt supérieur de l’état français.

Un an après ces élections, la grave crise qui ronge le pays est loin d’avoir régressée, bien au contraire. Et comme il fallait s’y attendre, lorsqu’on tient sa légitimé que par la seule force des armes : en lieu et place d’une démocratie apaisée, la Côte d’Ivoire, avec Alassane Ouattara, se retrouve plongée dans une ère de dictature sans précédent.

Ainsi, faut-il savoir que les armes ne sont pas et ne seront jamais un moteur de cohésion sociale. Elles auront certes le mérite d’intimider et de maintenir les gens dans la terreur, mais elles ne peuvent, en aucun cas, constituer un gage d’autorité et de légitimité permanente.

Vous n’aurez pas besoin d’être un expert pour le constater. En Côte d’Ivoire, les déclarations tonitruantes tranchent nettement avec la réalité du terrain. En d’autres termes, les gens au pouvoir ne vous diront que ce qu’ils veulent que vous croyez.

En Côte d’Ivoire, les vainqueurs (sans gloire) de la guerre font à eux seuls la pluie et le beau temps. Les autres, ceux qui ont choisi de rester aux côté d’une Côte d’Ivoire digne et souveraine, ceux qu’on brime et qu’on pourchasse pour avoir une opinion différente. Ceux-là, restent silencieux. Forcés à accepter sans broncher les humeurs pro-Ouattaristes. Ces personnes-là ont choisit de garder le silence devant les bombes qui ont porté Ouattara au pouvoir. Face à la bande de tueurs pompeusement appelée ‘’forces républicaines de Côte d’Ivoire’’, en mission commandée pour continuer le sale boulot entamé par l’armée française.

Ces ivoiriens restent silencieux devant le harcèlement de la presse libre à travers les suspensions fantaisistes du CNP ; la tentative ‘’d’assassinat’’ du FPI ; la mascarade d’élections législatives en cours ; la confiscation des maisons, des champs, des voitures et autres biens personnels par les hommes armés de Ouattara ; le dégommage d’autorités municipales et préfectorales soupçonnés de soutenir Gbagbo ; les propos méprisants et arrogants des nouvelles autorités grisés par un pouvoir inespéré…. Mieux, ces ivoiriens sont restés silencieux devant l’arrestation et la déportation récente du président Laurent Gbagbo à la CPI.

A ce sujet, les rumeurs les plus alarmistes avaient circulé. L’on a cru que ce serait la goutte d’eau qui ferait déborder le vase. Mais rien n’y fit. Ces hommes, ces femmes, ces jeunes ivoiriens n’ont toujours fait aucun bruit. Face à toutes ces provocations, pourtant dignes de révoltes, ces ivoiriens ont choisi d’observer un moment durant lequel ils ne font aucun tapage.

Un silence intriguant, quand on connait l’histoire passée et récente du peuple ivoirien. Comment ne pas se rappeler que ces ivoiriens se sont brillamment illustrés à travers de grands moments de sursauts et de mobilisations sans pareil ? Les années 90 avec les mouvements grèves et de revendications sociales. Ces mouvements populaires qu’on a appelé ‘’pression de la rue’’ ont contraint Houphouët Boigny, le premier président de la Côte d’Ivoire, à accepter le multipartisme. Puis en 2000, ce fut le temps du putschiste Robert Guei, chef de la junte militaire au pouvoir, de prendre la poudre d’escampette, face à la rue, malgré ses fidèles soldats lourdement armés. Puis suivirent les différentes mobilisations contre la tentative de hold-up de Linas Marcoussis...

Ce silence, cette absence de réaction, étonne donc plus d’un et donne à réfléchir. Est-ce de la peur, de la léthargie ou du repli stratégique ?

Certes, il y eu des réactions. Mais l’on s’est contenté de déclarations écrites ou de simples communiqués, puis, on en est resté-là.

Alors les supputations vont bon train. Pour certains, notamment proches du pouvoir, il s’agit du vieil adage : « qui ne dit rien consent ». Pour eux, il cette absence de réaction est un acte de reconnaissance de la légitimité d’Alassane Ouattara. Un « signe de symbiose manifeste entre un chef d’état et son peuple ».

Dites donc ! Le peuple ivoirien serait-il devenu masochiste au point de se complaire dans sa propre douleur ? Quelle injure ! Même pour les plus fidèles suiveurs d’Alassane Ouattara les faits sont là, implacables : le pays est loin d’être un havre de paix et un exemple de démocratie. Les dérives grossières du pouvoir leur font quelques fois honte, avouent-ils. D’autre part, Ouattara, devrait savoir qu’il est de ces silences-là, qu’on ne peut acheter. Ni à coups de pluies de milliards, ni de relance économique et de promesses démagogiques.

Pour d’autres, il s’agit tout simplement de la peur. Un genre d’omerta ivoirienne. Eu égard la barbarie sauvage de l’attaque dont la Côte d’Ivoire a été victime. La violence inouïe à travers laquelle s’illustrent les forces combattantes d’Alassane Ouattara et dont eux seuls en détiennent le secret. Le tout, dans une quasi impunité, au vue et au su des nouvelles autorités. Cela expliquerait donc l’appréhension d’éventuels indignés et candidats aux manifestations populaires.

On rencontre aussi ceux qui sont impatients. Ceux qui s’insurgent contre ce silence. « Jusqu’à quand les ivoiriens accepteront-ils de subir le mépris, l’arrogance de Ouattara et de ses alliés ? », s’indignent-ils.

Malgré tout, les ivoiriens restent silencieux. Un silence doublé d’une patience à toute épreuve.

Silence et patience, deux vertus de la sagesse divine. Ce silence souverain, qu’on a du mal à cerner, a manifestement un caractère qu’on pourrait qualifier de divin. Tant il échappe au contrôle du commun des mortels et aux prévisions des analystes les plus chevronnés.

Ce n’est ni le signe d’une abdication ni une indifférence. Connaissant les ivoiriens, pour nous-mêmes en être, ce silence est loin d’être une fin en soi. C’est un « élément dans lequel se façonnent les grandes choses » (Thomas Carlyle).

Ne nous leurrons pas, la tempête ivoirienne n’est pas passée, elle est encore là, devant nous, furieuse et menaçante. Avec Ouattara, nous le disions tantôt, la Côte d’Ivoire n’est pas sortie de l’auberge. Mieux, Gbagbo à la CPI ; le FPI écarté du jeu politique ; des ivoiriens maintenus en exil, certains pourchassés, contraints de se terrer ; la presse libre en danger ; des populations entières subissant jour et nuit les pires exactions des FRCI à la solde de Ouattara ; des policiers, gendarmes et miliaires relégués au second plan, au profit d’analphabètes notoires ; des cadres rétrogradés ou tout simplement dégommés du fait de leurs accointances avec le camp de Gbagbo ; des paysans spoliés de leurs terres, vivants dans la terreur…

Non, c’est un silence sur lequel Ouattara et consorts ne doivent se méprendre. Un silence nourrit par la colère sourde, la rage étouffée, l’indignation contenue, la douleur endurée par des cœurs meurtris.

Ce silence là, est semblable à celui qui précède les grands bouleversements, qui annonce le tsunami.

Et lorsque viendra le temps de briser ce silence, ce sera une réaction qui surprendra plus d’un par son caractère spontané et inattendu. Lorsque viendra cette heure, le monde entier en sera plus que surpris, se demandant s’il s’agit bien de ces mêmes ivoiriens d’aujourd’hui. Ce jour-là, ni armes, ni chars, ni fusils, ni roquette, ni aucune armée quelconque ne pourront rien y faire. Ce sera un processus irréversible, née pour atteindre son objectif : libérer la Côte d’Ivoire, et partant, l’Afrique du joug néo-colonialiste.

Ceci n’est point un appel à la révolte, comme aiment à le crier ces derniers temps, les nouvelles autorités se sachant assis sur des braises. Nous n’en avons même pas la prétention. Nous nous en remettons simplement à celui qui a dit : « à moi la vengeance, à moi la rétribution », pour que de ce silence qui en dit long, jaillisse la liberté et la dignité du peuple souverain de Côte d’Ivoire.


Marc Micael