dimanche 2 août 2015

ZAE de CHOCO-CHOISY : ECO-ZONE ou ZONE DE DECHETS ?




Lors de la pose de la 1ère pierre, en 2010, le Zone d’Activités Economiques (ZAE) de CHOCO-CHOISY sur le territoire de SAINT-JOSEPH, avait été présentée par la CACEM comme une « Eco-Zone » destinée à accueillir principalement des entreprises du secteur de l’agroalimentaire.

L’aménagement de la ZAE et la commercialisation des parcelles ont été concédés à la Société SEMSAMAR pour une période de cinq ans.

Les élus majoritaires de la CACEM, tous membres de « EPMN » avaient annoncé, lors des campagnes électorales de 2008, 2010 et 2014, un programme de « 17 ZAE », ils doivent admettre que les deux seuls ZAE qu’ils ont lancées (Etang z’Abricots et Choco-Choisy) il y a plus de cinq ans, constituent des échecs retentissants.

En effet, à ce jour, aucune entreprise de production ne s’est installée sur ces zones !

Plus grave encore, des riverains du quartier Choco de Saint-Joseph, nous ont signalé que la construction d’une déchetterie vient de démarrer en plein milieu de la ZAE de CHOCO-CHOISY !

Ils ont également informé l’ASSAUPAMAR…

En allant sur les lieux, on découvre qu’après cinq ans, là où on était sensé voir une « éco-zone », il n’y a que :
- un centre de tri de la Poste
- une station d’essence
- une déchetterie en construction !

Cette déchetterie est réalisée par la SMTVD (Syndicat Martiniquais de Traitement et de valorisation des Déchets) ; Une déchetterie est une « Installation Classée pour la Protection de l’Environnement » (ICPE) qui doit respecter un certain nombre de prescriptions légales pour être autorisée.

Pourtant un permis de construire, ainsi que l’indique le panneau posé cette semaine sur le chantier, été délivré vraisemblablement par le Maire de Saint-Joseph, sans que les prescriptions légales ne soient respectées.

En particulier, les règles d’éloignement, qui prévoient que de telles installations doivent situées à plus de 200 mètres des habitations, ont été bafouées.
Plus grave encore, le site choisi pour la construction de cette déchetterie surplombe une cours d’eau (ravine) qui sera pollué par les eaux de ruissellement, issues de cette installation construite à l’air libre.
Les riverains sont décidés de réagir en se mobilisant contre ce projet réalisé sans aucune concertation ni même d’information.

Il s’agit là, selon nous, d’une véritable agression contre l’environnement perpétrée par des élus politiques « EPMN » :
- Le Maire « EPMN » de Saint-Joseph, Athanase JEANNE-ROSE, délivre un permis de construire d’une ICPE sans informer la population.
- Le président « EPMN » de la CACEM, Athanase JEANNE-ROSE, récupère, au profit de la SMTVD, une parcelle de la ZAE initialement destinée à accueillir des entreprises de l’agroalimentaire.

- Le président rallié « EPMN » de la SMTVD, Sainte-Rose CAKIN, appuyé par son directeur de cabinet « EPMN » David ZOBDA, construit une déchetterie à proximité de joséphins effarés par la désinvolture de leur maire.

- Dans le même, les représentants de l’Etat (Préfecture, DEAL) laissent faire !
En notre qualité d’élu communautaire de la CACEM, je ne manquerai pas d’interpeller le Président sur cette affaire et de faire savoir à la population concernée les réponses qui m’auront été faites.

Le 1er Août 2015-08-01

Daniel MARIE-SAINTE
Conseiller Communautaire de la CACEM



mercredi 15 juillet 2015

Un homme meurt aux urgences du CHU de Pointe à Pitre pendant que la doctoresse papote au téléphone...

Harry Durimel
Un proche de ma famille, prénommé Géraud est décédé hier soir aux urgences du CHU de Pointe à Pitre, après 3 heures d'attente sur une chaise, alors qu'il avait été transféré par ambulance avec une lettre du Dr E. L. signalant l'urgence et le risque d'occlusion intestinale.

Sa sœur Geneviève, qui l'accompagnait, m'a contacté en sanglot hier soir après qu'une dame médecin l'ait envoyée paître en lui disant qu'il n'y avait "pas de boxe disponible, je ne vais pas pousser les murs". Le pauvre Géraud, la victime, l'a implorée, voyant qu'elle parlait de ses vacances au téléphone. Elle a rétorqué "ce que je dis dans mon téléphone ne vous regarde pas !!!!!"

Géraud n'a eu cesse de gémir et de vomir, indiquant qu'il ne pouvait pas respirer. Sa famille a décidé de porter plainte. Toutes les défaillances du service ont été consignées, des patients et des agents écœurés ont promis de témoigner, de sorte que l'enquête devrait être facilitée.

Je ne souhaite à quiconque d'avoir à subir ce que cet homme a enduré. Mourir après 3 heures d'attente et de souffrance pendant qu'un médecin papote au téléphone dans un service d'urgence d'un hôpital (CHU!!!), c'est un comble! 

C'est plus que de la non assistance à personne en danger, c'est un homicide!!! 

Je mettrai toute mon énergie et toute ma détermination pour que JUSTICE soit rendue à cette famille!!!


Harry Durimel
source

mercredi 24 juin 2015

Le remboursement de la subvention régionale accordée au Club Med de Ste-Anne

L'actuel président de région Martinique a tenté de m'opposer un texte que j'ai publié en 2013 !

En effet, je posais une question en 2013 : "Quelle serait la position de l'Etat dans l'affaire du Club Med de Ste-Anne (Martinique) au sujet de subventions européennes accordées à cette entreprise, par le préfet de Martinique?" (Voir l'article publié sur le site bondamanjak.com ci-dessous)

Nous avons eu la réponse, lors de la séance plénière du Conseil Régional de Martinique du 23 juin 2015 dans un document transmis aux élus par les services régionaux.

Le ministère des finances, par le biais du Directeur de Finances Publiques, par une décision de juillet 2014, a renoncé à réclamer le remboursement des subventions européenne accordée en 2004 !

En 2004 , le président de la république, s'appelait Nicols Sarkozy (UMP).

En 2014, le président de la république, s'appelle François Hollande (PS)

Aujourd'hui, une dizaine d'années après 2004, l'actuel président de région , veut exiger le remboursement de la subvention régionale accordée au Club Med de Ste-Anne, en prenant le risque de mettre en péril les centaines d'emplois existants dans cette entreprise !

Le 23 juin 2015.

Daniel Marie-Sainte

lundi 22 juin 2015

APPEL SOLENNEL AU PEUPLE MARTINIQUAIS.

Notre pays est arrivé à un stade de voyoucratie, de délinquance en col blanc et de pratiques mafieuses jamais atteint à ce jour. Tout cela est couvert, toléré et parfois soutenu par les différents pouvoirs publics, tant nationaux que locaux, par des mafias de toutes sortes qui ont infiltré l'Université, la Justice, la Haute administration, le monde économique et même culturel. TROP C'EST TROP.

La Martinique est devenue une petite Sicile où les mafieux règnent en maître, insultant et menaçant ouvertement les citoyens honnêtes, ceux qui n'ont jamais détourné de fonds publics ni pratiqué le népotisme ou le clientélisme. Ces mafieux estiment pouvoir agir en TOUTE IMPUNITE parce qu'ils ont le soutien actif des pouvoirs évoqués plus haut et parce qu'ils sont persuadés qu'il n'y a personne en face d'eux en mesure de les arrêter.

Je me permets donc de lancer UN APPEL SOLENNEL à toutes les couches sociales de la Martinique, à toutes les catégories socio-professionnelles, à tous les groupes ethniques, religieux et autres, pour organiser dans les plus brefs délais une véritable INTIFADA (sans pierres pour l'instant) contre ce que l'on peut qualifier de "VAKABONNAJRI" généralisée. IL NOUS FAUT DIRE : STOP !

Et cela pas sur Facebook seulement, pas sur les ondes des radios ou les plateaux de télévision, mais de manière concrète c'est-à-dire DANS LA RUE. Que ceux qui sont prêts à agir en ce sens me contactent par tous les moyens possibles.

Nou pé ké moli ba sé vakabon-an !

Raphaël Confiant

"JOURNALISTES" OU "BANDE DE LACHES ET DE VENDUS" ?


Depuis, maintenant cinq jours, on sait que des rejetons de certains élus politiques et pas des moindres ont été arrêtés par la police pour trafic de drogue et transport de grosses coupures (600.000 euros). BONDAMANJAK n'a eu de cesse d'en informer la population, mais aucun journaliste, aucun média, ne bouge. NI ne pipe mot ! SILENCE TOTAL ET GENERAL. Peut-on appeler ces gens-là des journalistes au plein sens du terme ? Les mots "lâches" et "vendus" ne leur conviendraient-ils pas mieux ? Car qu'est-ce qu'ils s'imaginent ces gens qui vivent grâce à nos impôts (et là, qu'on ne viennent pas nous parle de "télé indépendante" car quand une télé est payée pour retransmettre les plénières de la Région ou du Conseil général, cet argent vient de nos impôts !), qu'est-ce qu'ils s'imaginent ? Que ce sont des "blogs privés", comme ils disent avec mépris, qui vont donner les noms des trafiquants de drogue ? Ils s'imaginent qu'on va faire leur boulot à leur place peut-être ? Il y a les lâches, mais aussi les vendus qui sont à la solde du pouvoir politique local et qui voulant protéger ce dernier, ferment leur gueule. Par contre si c'était un de mes fils qui était mouillé, vous auriez immédiatement lu en Une du quotidien et des divers JT des télés : "Le fils de Raphaël Confiant arrêté ! etc...".

Les personnes arrêtées sont apparentés à des élus du PPM ! Point barre.

Journalistes lâches et vendus, nous vous attendons au tournant. nou ké réglé tjou-zot ba zot ! Le moment venu...

Raphaël Confiant
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Dans la presse italienne le nom des personnes impliquées dans cette affaire de trafic de drogue

lundi 11 mai 2015

APPEL A MOBILISATION

Les juges du tribunal de FDF ont condamné un Martiniquais, membre de l'ASSAUPAMAR, à arracher et couper les arbres de sa propriété située au Morne Bigot, dans une zone naturellepour une bonne partie . Le prétexte pris serait que ces arbres empêcheraient les locataires du lotissement résidentiel voisin, dont certains sont membres du tribunal, d'avoir une vue sur la mer!

Ces locataires, jugement en main, exigent la DEFORESTATION du site et la destruction de sa biodiversité. C'est proprement SCANDALEUX et INTOLERABLE! Mardi prochain 12 mai 1015, après un 1er renvoi, les juges doivent décider de l'exécution de ce jugement inique qui ne peut pas être appliqué!

L'ASSAUPAMAR APPELLE ses militants et sympathisants, ainsi que les Martiniquais conscients, à se rassembler en masse devant le tribunal de FDF, le MARDI 12 MAI 2015 dès 9 HEURES.

Il s'agit de soutenir un Martiniquais digne, décidé à ne pas courber le dos devant les malversations de ces magistrats et de préserver la biodiversité d'un site magnifique!

Bonne réception et à Mardi.

vendredi 3 avril 2015

Les ayatollahs de la mémoire.


« Je n’ai jamais autant entendu parler en Guadeloupe de Nègres, de Blancs, de racisme, d’esclavage, de mémoire ! Que se passe-t-il ? Est-on passé de la lutte de classes à la lutte de races ? Parce qu’un jeune blanc majeur et écervelé, qui porte le nom de Chaulet, dans une dispute avec un jeune noir prononce selon certains témoins des propos racistes –chose que nous avons fermement condamnée- et voilà qu’on fait monter la pression, que déferlent sur le net des propos tout à fait insensés. La famille Chaulet est sommée de se justifier. On oublie cependant que Philippe Chaulet –qui n’est pas du tout de ma famille politique- est le seul homme politique de droite ayant accepté de signer un tract exigeant la libération de Luc Reinette quand il était emprisonné, suite à des attentats ayant fait beaucoup de bruit à l’époque. Une amie, professeure de philosophie et mulâtresse, m’informe qu’hier, attendant dans le cabinet d’un médecin je ne sais plus quel papier, s’est faite agresser verbalement par une patiente incriminant la couleur de sa peau. Le même jour, le soir, un chien errant s’étant réfugié à la Casa del tango, une tanguera s’interrogeait sur la couleur de sa peau qu’elle trouvait bizarre. Le lendemain au réveil elle me téléphone pour me dire que toute la nuit elle a rêvé du chien en se demandant s’il était chaben ou mulâtre ! Quelqu’un que je connais, chef d’entreprise, détesté par ses ouvriers par ailleurs et amateur de champagne de très grande qualité, se plaignait devant moi que des syndicalistes l’avaient vilipendé parce qu’il était venu à la veille de noël à 4 heures du matin faire ses courses dans un supermarché connu. Comme je défendais les syndicalistes il m’a fait cette sortie : « Ce n’est pas de ma faute, c’est la faute à l’esclavage ! »

Les choses sont graves ! C’est comme si en Guadeloupe on était passé d’une quête identitaire nationaliste politique (car le nationalisme est une idéologie politique qui tend à confondre culture et politique) à une sorte de revendication d’identité pré-politique renvoyant à la race ou à la couleur de la peau, à une sorte de nouveau noirisme ou de négrisme. C’est comme si on était passé du « nous Guadeloupéens » au « nous Nègres », comme si enfin le moi se faisait peau. Le phénomène n’est pas propre à notre pays. Un peu partout dans le monde, on assiste à un délitement du politique sous le poids de la mondialisation capitaliste (chose que nous ne pouvons pas analyser ici). Cela renvoie à des crispations identitaires primaires car au fond, pulsionnelles, liées à l’instinct de mort, à des logiques identitaires qu’on peut qualifier de meurtrières. Dans un tel climat, des esprits fragiles peuvent passer à l’acte, de part et d’autre, et tel est le danger qui nous menace en ce moment. Ceci renvoie incontestablement à l’échec du mouvement indépendantiste mais plus largement aussi à celui de l’incapacité de notre collectivité à élaborer un authentique projet politique de société. C’est dans ce vide politique que ne comble pas l’agitation politicienne dominante, que s’engouffrent de telles dérives.

Comme le dit Dany Ducosson dans un texte que je mets en ligne et citant Fanon : « le colonisé est un persécuté qui rêve de devenir persécuteur ». Ainsi, il fallait à des persécuteurs, se prenant pour des policiers de la pensée, un bouc-émissaire et il est tout trouvé : un « blanc France » et intellectuel. C’est de cela dont Jean-François Niort est le nom. Au fond les militants de ces problématiques identitaires ne supportent ni la culture ni la vie intellectuelle. Les actes des groupes islamistes en sont l’horrifique exemple. Ce que dit pourtant Jean-François Niort n’est pas une nouveauté. Il y a plus d’une quinzaine d’années, avec un groupe de mes amis de Chemins Critiques (Revue haïtiano-caribéenne), nous nous sommes interrogés sur le fait que lors de la révolte des Noirs de Saint-Domingue, des groupes d’esclaves déclaraient qu’ils voulaient suivre les troupes du Roi. Bien sûr, on pouvait expliquer cela par la méfiance des Noirs vis à vis des colons autonomistes, mais nous avons découvert aussi qu’en l’an 1788, il y eut à Saint-Domingue –Malouet était alors gouverneur de la colonie- un procès retentissant intenté par certains Noirs à leur maître et le procureur du Roi avait reçu la plainte ce qui avait provoqué la révolte des colons contre ce qu’ils appelaient « le despotisme ministériel ». Yves Bénot, qui était collaborateur de notre revue, a écrit des choses intéressantes à ce sujet. Les esclaves à l’évidence s’appuyaient sur le fameux article du Code Noir stipulant que l’esclave pouvait porter plainte contre leurs maîtres.

Alors qu’une situation historique doit être pensée dans sa totalité, dans les années 80 (JF. Niort était alors un jeune homme), un professeur de philosophie de Toulouse, Sala Molins, d’une démagogie redoutable, décida de faire du Code Noir le symbole même de l’inhumanité esclavagiste. Il eut du succès auprès des étudiants noirs. Certains se proclamaient même « fils de Cham ». (Qui a dit que Cham était noir ?) Tout de suite, Laënnec Hurbon, Yves Bénot et moi décidions de mener une lutte contre ces idées très réductrices de Sala Molins. En 1989, j’ai invité Sala Molins à un colloque que l’Association des professeurs de philosophie de Guadeloupe, dont j’étais le président, organisait à Basse-Terre, sur la révolution française et les colonies d’Amérique. Nous eûmes une vive discussion avec Sala Molins et ses thèses furent sévèrement critiquées. Personne ne nous avait accusés à l’époque, ni Laënnec Hurbon, ni Yves Bénot ni moi, d’être des révisionnistes ni des négationnistes ! Il est vrai que nous n’étions pas dans ces délires identitaires mémoriels prenant la souffrance et la concurrence des victimes comme fondement ni au temps du triomphe des réseaux sociaux. La discussion intellectuelle était encore possible. Aujourd’hui, nous assistons à un retour des thèses de Sala Molins. Curieux non ?

Jean-François Niort ne prétend pas rendre compte de toute l’histoire de l’esclavage. Historien du droit, il tend à expliquer simplement et en toute rigueur la fonction de ce texte, le Code Noir, et l’articulation de ses articles. Qu’y-a-il de mal à cela même si la chose peut-être scientifiquement discutée ? Le Code Noir dit explicitement que l’esclave peut se marier et porter plainte contre son maître. Pour les ayatollahs de la pensée, il ne faut pas le dire, il faut taire la vérité historique, car cela risque d’atténuer l’inhumanité de l’esclavage et cela favoriserait la thèse de ceux qui disent que la shoah est le plus grand crime contre l’humanité, ce qu’a affirmé d’ailleurs François Hollande de façon très maladroite. On a du mal à penser que les crimes contre l’humanité sont divers et que le génocide n’est que l’une des formes de ces crimes. Les hommes, hélas, n’ont pas fini d’inventer d’autres sortes de crimes contre l’humanité. Le chef de l’Etat français parle devant un parterre de rescapés directs des camps de concentration (nous, nous sommes des victimes indirectes car il y a 170 ans que l’esclavage est aboli). Il parle ensuite des crimes des XX° et XXI° siècles, qui sont donc d’une éminente actualité (des Juifs sont régulièrement assassinés en France) et l’on peut douter que l’esclavage comme système de production puisse revenir avec l’évolution des forces productives capitalistes même s’il peut ressurgir des formes d’esclavage domestique comme avec Boko Haram. Cela dit, les conséquences du passé esclavagiste redoublées avec la continuation de la domination coloniale et surtout de la théorisation du racisme qui se met en place au XIX° siècle en produisant une image nettement dévalorisée du noir est ce qu’il faut analyser. Mais depuis 1848, avec l’accès à la citoyenneté, les Guadeloupéens et les Martiniquais sont aussi en partie responsables de l’histoire car ils accèdent à la liberté politique. Comprendre nos errements actuels c’est mieux connaître les espaces de liberté dont jouissaient les esclaves leur permettant malgré tout de créer du vivre ensemble. Quelle est l’histoire de ce « vive ensemble » ? Voilà pourquoi j’avais écrit un texte : « Nos responsabilités quant à nos pays devenus ».

Or, c’est ce que fait Jean-François Niort et on ne l’a pas compris. Il l’avait bien fait lors d’un de nos cafés-débats à la Casa del tango sur le thème Du Code Noir au chlordécone. Il voulait montrer que l’exception qu’avait obtenue Eric de Lucy pour poursuivre l’épandage aérien de ce dangereux pesticide aux Antilles-Guyane, pourtant interdit en France métropolitaine, ne peut être comprise que si on la rattachait à toute l’histoire de l’exception coloniale dont le Code Noir est le premier moteur. Quel ce principe d’exception ? L’opposition entre des principes juridiques français et la réalité coloniale. Lorsqu’est édité le premier CodeNoir, l’esclavage est interdit en France contrairement à l’Espagne et au Portugal. Certains rois de France avaient du mal à admettre que l’on instaurât l’esclavage sur un territoire gouverné par la France. On est à une époque où l’absolutisme royal en France est le moment historique d’une affirmation de l’autorité de l’Etat sur tout le territoire régi par lui et c’est le moment de la construction de la nation française contre l’empereur et contre la papauté mais aussi contre les pouvoirs régionaux. L’Etat français veut donc contrôler le pouvoir des colons dans les colonies, lesquels ne cessent de s’opposer au « despotisme ministériel ». Il y a donc une contradiction entre les principes juridiques royaux de l’époque et les intérêts des colons lesquels ne cessent d’argumenter en affirmant que l’intérêt de l’exploitation esclavagiste est l’intérêt de la France. Le Code Noir est la solution, toujours remaniée, de cette contradiction. Il y a d’ailleurs une évolution du XVII° au XIX° siècle concernant ce conflit entre les exigences morales et les intérêts économiques que Caroline Bastide et Philippe Steiner analysent dans leur dernier livre Calcul et Morale.

C’est à partir de mon texte « Nos responsabilités quant à nos pays devenus » que Jean-François Niort m’a demandé de participer à la rédaction d’un ouvrage intitulé du Code Noir au chlordécone. Je n’ai pas eu le temps de m’y consacrer mais ce qui m’intéressait, c’est l’hypothèse que je formulais à savoir que le Code Noir et l’esclavage étaient la première tentative d’un pouvoir biopolitique, ce que n’aurait pas vu Michel Foucault. (On sait que pour celui-ci, ce qui distingue le capitalisme traditionnel du capitalisme néolibéral c’est que ce dernier se fait biopolitique.) Bref ce ne sont là que des hypothèses de travail mais voilà ce qui m’avait intéressé dans les analyses que fait Jean-François Niort du Code Noir.

Qu’un Dannick Zandronis, avec une arrogance insoutenable, puisse s’exprimer en ces termes à un historien qui fait des recherches sérieuses, le même Zandronis qui à chaque parution de son journal en ligne fait de la propagande pour Marthély, président néo-duvaliériste d’Haïti que combattent mes amis du camp démocratique haïtien (rappelons que le totalitarisme duvaliériste s’appuyait sur une problématique identitaire noiriste), voilà ce qu’en tant qu’intellectuel guadeloupéen je ne peux supporter de ce tonton- macoute de la pensée. En quoi un camp dit patriotique, minoritaire par ailleurs dans l’opinion, peut-il s’arroger le droit d’intimider de la sorte les intellectuels dans leur travail de recherche. Plus grave, comment comprendre qu’un Elie Domota, pour qui on pouvait avoir encore une estime malgré nos divergences, peut-il dans le Journal France-Antilles accuser publiquement Jean-François Niort d’avoir affirmé que le Code Noir avait de bons côtés –ce qui est un mensonge éhonté- et comment son syndicat peut-il déclarer dans un tract publié sur Mediapart –Je crois qu’il a été supprimé depuis- que notre ami historien était à ranger dans la catégorie de ceux qui ne reconnaissent pas l’esclavage comme crime contre l’humanité ? Comment être à ce point incapable de distinguer entre l’approche morale et idéologique impliquant forcément des jugements de valeur et l’approche scientifique nécessitant une neutralité axiologique privilégiant la compréhension des phénomènes dans leur complexité et leur contexte même si les deux démarches peuvent coexister dans une société ? Moi-même, j’avais écrit dans plusieurs articles que : « le Code Noir, tout inhumain qu’il fut, introduisait une médiation entre le maître et l’esclave ». Va-t-on m’accuser encore une fois d’être un « Négre à blanc » ? Je ne dirai pas comme Césaire : « Le Nègre vous emmerde ! ». J’affirme ici solennellement que je suis un mauvais nègre car je n’aime pas les bons nègres , ni les bons blancs, ni les bons guadeloupéens, ni les bons français, ni les bons allemands, ni les bons Aryens, ni tout ce qui, horriblement s’ensuit. Quant à tous ceux qui, frôlant le degré zéro de la pensée, croient qu’ils vont instaurer dans notre pays on ne sait quelle police de la pensée, qu’ils sachent que nous ne nous laisseront pas faire. Que chacun prenne ses responsabilités. J’espère à ne pas avoir à écrire un jour Du Code Noir au clan qui déconne. » !

Jacky Dahomay