Affichage des articles dont le libellé est BLÉ GOUDÉ. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est BLÉ GOUDÉ. Afficher tous les articles

lundi 21 janvier 2013

Affaire Blé Goudé/ D’Accra à Abidjan : Au cœur d’un « deal trahi »


Il s’attendait à un transfèrement direct à la Cour pénale internationale (CPI). Mais Charles Blé Goudé, ex-leader des "jeunes patriotes" proches de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, a été extradé, discrètement, à Abidjan, vendredi après son arrestation à Accra au Ghana. A sa grande désillusion. Autour de ce que l’on est désormais tenté de baptisé "le dossier Blé Goudé" dans les services de sécurité territoriale et judiciaire ivoiriens, les langues commencent à se délier sur les conditions d’arrestation et d’extradition de ce dernier. "Il y avait un deal, mais le deal a été trahi au dernier moment", lâche une source proche du dossier.

Arrestation à Tema

Tout commence à Tema dans la matinée de ce fameux jeudi (17 janvier 2013), dans la banlieue de la capitale ghanéenne, où l’ancien chef de la galaxie patriotique accompagné de certains "camarades de lutte" est appréhendé par une demi-douzaine de policiers ghanéens. Selon des proches de l’homme, il se rendait à un rendez-vous avec un média étranger pour une interview. Il est tout de suite embarqué dans un véhicule, sous l’œil médusé de ses compagnons qui ne comprennent rien à ce qui se passe. Dans l’heure qui suit Charles Blé Goudé arrive au siège du Bureau of national investigation (BNI), l’équivalent ghanéen de la Direction de la sécurité territoriale (DST) en Côte d’Ivoire. Il est 10 H (locale et GMT).

Zadi Gbapê Grégoire, comme l’appellent ses intimes, ne comprend pas ce qui lui arrive, mais garde sa sérénité tout en demandant des explications à cette arrestation brusque aux agents du BNI. Mais personnes ne lui répond. "Vous serez situé sur votre cas d’ici peu", lui répond-on. A sa grande surprise, en début d’après-midi, il est conduit dans une pièce du bâtiment où quatre officiers de police ivoiriens l’attendent. Ces derniers se présentent à lui et l’informent qu’ils sont là dans le cadre d’une procédure ordonnée par Interpol. A ce moment, le "génie de Kpô" lâche un soupire, et demande la permission d’appeler son avocat. "Nous n’en sommes pas encore à ce niveau lui répond l’un des agents ivoiriens qui lui promet toute de même que ses droits seront respectés.

Camarades de lutte désemparés

Entre temps, les amis de Blé Goudé sont arrivés au BNI, avec eux un avocat ghanéen représentant son principal avocat basé à Paris. Ils veulent voir leur compagnon de lutte, mais impossible. L’avocat est quant à lui reçu par un officier ghanéen qui le laisse entendre que Blé Goudé pourrait être visé par un mandat d’arrêt de la CPI. "Il le sait lui-même (Blé Goudé), et il s’est déjà engagé à collaborer avec la CPI… mais nous attendons nous-mêmes d’avoir plus de précisions puisqu’il s’agit d’une action d’Interpole", explique l’officier.

"Charly savait que tôt ou tard il pouvait être arrêté et transféré à la CPI. Il s’était préparé psychologiquement pour ça et nous en parlait souvent", confie un proche de Blé Goudé vivant à Accra, joint au téléphone par La diplomatique d’Abidjan (LDA) depuis Abidjan. "Mais, poursuit-il, il n’a jamais voulu tomber aux mains du gouvernement ivoirien. Il préférait la CPI à la justice ivoirienne". A son avocat principal, qui ne cessait d’appeler depuis Paris, la justice ghanéenne affirme qu’elle agit conformément à un mandat de la CPI.

A 18 H, Blé Goudé est situé sur son sort, il doit être transféré à La Haye. Il est calme, manifestement affaibli, la mine triste. Plusieurs sources concordent à l’hypothèse qu’un " deal " existerait entre Blé Goudé et certains officiels ghanéens pour que ceux-ci ne le livrent jamais à la Côte d’Ivoire mais plutôt à la CPI au cas où cela devrait arriver. En contrepartie, Il se serait engagé à ne rien faire pour déstabiliser le régime ivoirien. "Aujourd’hui le constat est clair, les ghanéens n’ont pas respecté le deal. Ils ont trahi le deal", dénonce ce proche de Blé Goudé avec un ton de colère.

Retour au fait. Il est minuit passé de quelques minutes. Aux quatre officiers ivoiriens s’ajoutent quatre autres officiers ghanéens. "Monsieur Blé Goudé, il est l’heure de partir maintenant", lui dit un des policiers ivoiriens. Le petit monde s’engouffre dans des véhicules et se dissimulent dans la pénombre de la nuit. Direction ? Seuls les officiers le savent. Charles, lui n’en sait rien. Et une fois la colonne hors d’Accra, Blé Goudé comprend tout. Il sait qu’il est en route pour son pays natale. Il ne peut rien faire d’autre à part se résigner à son sort.

"Option discrétion" pour banaliser le "colis"

Au bout de quelques heures de route, arrivée à Noé, première ville ivoirienne à la frontière avec le Ghana. Des agents de la DST, encagoulés pour la plupart, sont déjà sur place pour les accueillir. Le "colis" est livré vendredi à 3 H du matin. Les quatre officiers Ghanéens ont juste le temps de faire signer la décharde de la "livraison" par leurs confrères ivoiriens avant de prendre le chemin du retour.

Depuis les bureaux du ministre ivoirien de l’Intérieur et de la Sécurité, le voyage nocturne est suivi de bout en bout. Des rapports sont régulièrement transmis par les "convoyeurs" au ministre Hamed Bakayoko himself. Il tient à ce que tout se passe sans bruit, dans la discrétion la plus totale. "Le ministre ne voulait pas qu’on accorde trop d’importance à cette affaire dans l’opinion. Médiatiser l’extradition de Blé Goudé comme on l’a fait lors de celle de Lida Kouassi serait trop lui donner de l’importance. On ne pouvait pas se permettre de la brandir comme un trophée de guerre. Il fallait le banaliser au maximum. Pas de journaliste, ni photographe ni caméraman. C’était les consignes, et elles se voulaient strictes", révèle une source proche du dossier.

Une fois à Noé, Charles, vêtu d'un pentalon jeans bleu et d'une chemise pagne jaune sans bouton aux motifs rouges, a désormais changé de statut. Il est désormais considéré comme "suspect" conformément à la loi ivoirienne, étant sous le coup d’un mandat d’arrêt émis à son encontre par la justice de Côte d’Ivoire. Un policier lui lit ses droits, un autre lui porte des menottes aux bras. Il s’exécute à toutes les injonctions sans faire de résistance. Et le cap est mis sur Abidjan. A 8 H 30, le "convoi" est sur les bords de la lagune Ebrié. "Il a été conduit droit à la DST. On lui a fait des photos mais le ministre (Hamed Bakayoko) a insisté toute la journée pour qu’aucune image ne filtre de là", rapporte notre source.

Pendant ce temps, le sujet domine les débats sur les réseaux sociaux. Mêmes les proches de Blé Goudé ne sont pas encore certains de son extradition vers la Côte d’Ivoire, malgré le fait que l’information est dévoilée depuis la mi-journée par le site internet de la radio britannique BBC, citant des officiels ghanéens. Des rumeurs circulent toute l’après-midi annonçant une intervention du ministre de l’Intérieur sur le sujet sur le plateau du journal de 20 H de la RT1, la télévision nationale. A l’heure du journal, point d’Hamed Bakayoko. "Banalisation" oblige ! Mais en revanche, un communiqué émanant du ministère de la Justice est lu par Ali Diarrassouba, le présentateur du journal télévisé de ce jour. Ce document annonce la détention de Charles Blé Goudé à Abidjan, après son extradition vers Abidjan par les autorités ghanéennes. Qui met ainsi fin à la polémique.

Après une première nuit passée à la DST, l’homme qui continue de garder sa sérénité, souhaite tout de même savoir à quand son transfèrement à La Haye. Aucune réponse pour le moment. Il est ensuite conduit dans un endroit gardé secret, où il est détenu depuis vendredi. En attendant sa prochaine destination. Probablement au nord du pays.

Armand Tanoh

mercredi 29 août 2012

ACCUSÉ DE MONTER UNE RÉBELLION : BLÉ GOUDÉ REPOND A SES DÉTRACTEURS




Depuis la crise post-électorale, les Ivoiriens vivent dans un climat sécuritaire qui laisse à désirer. Leur quotidien est rythmé par des attaques meurtrières menées ces dernières semaines par un commando non encore identifié. A la recherche des auteurs et co-auteurs de ces attaques, les Frci procèdent à des opérations d'enlèvements et d'arrestations ; ce qui rend la situation sécuritaire beaucoup plus délétère.

Ces enlèvements sont pour la plupart du temps consécutifs à des dénonciations calomnieuses et fantaisistes qui s'apparentent plus à des règlements de comptes. C'est certainement dans cette optique que depuis quelques jours, une certaine presse se fait l’écho d'une prétendue enquête qui me présente comme le cerveau d'une rébellion qui se préparerait depuis le Libéria voisin. Cette enquête menée par monsieur Venance Konan et publiée par le quotidien dont il est le Directeu
r général, à été reprise par un autre quotidien du même bord politique.

Face à cette alchimie qui tient forcément à m'associer aux attaques de ces dernières semaines, je voudrais interpeller les auteurs de ces articles et les tenir pour responsables de ce qui pourrait arriver à ma famille et à mes proches, dans une Côte d'Ivoire où l'on est à la recherche de bouc-émissaire. Est-il encore important de vous rappeler que je suis opposé à l'usage des armes comme moyens de conquête du pouvoir. Je demeure attaché à cette philosophie qui est le fondement de mon action politique. Et vous ne réussirez pas à me transformer en putschiste. Pour moi, le règlement de nos différends politiques doit se faire par le dialogue et la paix.

Mieux, faire la paix dans un pays qui a été déséquilibré par une crise liée à des élections, n'est pas une option, c'est un impératif pour le peuple de Côte d'Ivoire. Je reste convaincu que le dialogue pose les balises d'une lisibilité et d'une visibilité politiques durables dont notre pays a besoin. C'est pourquoi, je considère que ceux qui inventent des histoires et les montent de toutes pièces, dans le seul objectif de se rendre utiles aux yeux du pouvoir ne rendent pas service à la Côte d'Ivoire.

Comme une plaie qui a besoin de toutes les cellules du corps pour cicatriser, la Côte d’Ivoire a besoin de toutes ses filles et fils pour reprendre le chemin de la reconstruction et du développement. Pour y arriver, notre pays a besoin de discours et d'actes d’apaisement. Tous ceux qui, au lieu d'y contribuer, attisent plutôt les braises, seront un jour montrés du doigt par le tribunal de l'histoire. Car le tableau analytique du climat politique de notre pays appelle à des inquiétudes. 

Charles Blé Goudé