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dimanche 2 août 2020

L'histoire de l'ancien l'hôpital colonial et de la porte du tricentenaire à l'entrée du Parc Floral. L’actuel parc correspond à l’emprise de l’ancien hôpital militaire de Fort-de-France.


En 1698 le sieur Villamont, habitant de Fort-Royal – ancien Fort-de-France, donne aux religieux de la Charité un terrain de 3 ha pour l’établissement d’un hôpital.
Commencé en 1709, l’hôpital est terminé en 1722. Louis XVI en fait don aux religieux et le place sous le vocable de Saint-Louis.


Dès la fin du XVIIIe siècle, l’hôpital est à l’étroit dans ses murs, et l’on songe à le déplacer, mais cela n’interviendra qu’en 1935.

Toutefois, les aménagements d’usages et fonctionnels se poursuivent comme la construction de la chapelle à l’entrée du parc, du côté de la rivière. Celle-ci sera détruite en 1960.
Lors des fêtes du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France, en 1935, plusieurs spectacles et commémorations se déroulent dans le parc de l’hôpital sous la direction de l’architecte Robert Haller qui est chargé de l’organisation générale.
À cette occasion est construite une porte triomphale qui fait l’objet d’un concours d’architecture au cours duquel douze projets sont en concurrence.


Deux projets sont primés, le premier prix a été attribué de justesse à M. Gouart et Roseau de la société d’entreprise coloniale et le deuxième à M. Caillat et Dormoy.

La construction est finalement confiée à la Société Antillaise de Construction, représentée par Emmanuel Roseau, ingénieur formé à l’École Centrale.

Le budget préalablement fixé à 100 000 F. est ramené à 50 000 F., d’autre part, des primes de 1 000 F. et de 500 F. sont offertes pour les projets lauréats.

La porte est réalisée pendant le mois de novembre 1935 et sera utilisée ensuite comme guichet d’entrée lors de spectacles.

Quoi qu’il en soit, l’hôpital est provisoirement transformé en caserne portant le nom de Quartier Galliéni et, en 1971, le site est abandonné par les militaires et rétrocédé à la ville de Fort-de-France.

À l’instigation de l’association Soroptimist, le parc est devenu « Parc Floral » en organisant les premières floralies internationales du 20 au 31 janvier 1973. En 1976, la mairie y installe son service culturel (SERMAC).

Mes commentaires :

Cet espace a servi les intérêts coloniaux de la France a une époque reculée, mais a servi à soigner des milliers de martiniquais en plus des équipages des navires transatlantique.
La ville de Fort-de-France, donc le peuple foyalais s'est dès 1971 réapproprié l'endroit.
Des générations de jeunes martiniquais ont depuis profité de ces lieux au travers des actions militantes du SERMAC.

Vouloir s'en prendre à une porte dont très sincèrement pas grand monde ne connait l'origine et qui ne peut être assimilé à un symbole du colonialisme est pour le moins "surprenant" (pour rester politiquement correct).

Où s’arrêtera cette folie ? Ces personnes voudront-elles s'attaquer au Fort Saint-Louis, emblème s'il n'en faut de la puissance coloniale à son apogée?

Des routes, des tunnels ont été construits à l'époque coloniale, faut-il aussi les détruire?


Jean Yves Bonnaire

mercredi 7 septembre 2011

Afrique : le Bloc occidental veut rattraper son erreur des années 60 !



La Chronique de Hassane Magued
La Révolution Permanente N°0077/09/11


Ils se sont trompés. Ils viennent de s’en rendre compte. Une erreur qui leur aura coûté cher. Trop cher. C’est pourquoi ils ont décidé de faire vite, très vite pour rattraper cette grossière erreur appelée “Indépendance”.

C’est vrai. Le Bloc colonialiste aujourd’hui réuni au sein de l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) a compris qu’il n’aurait jamais dû autoriser les Etats africains à devenir indépendants. Parce que l’Occident des six siècles passés, s’est construit avec des trésors volés en Afrique, la commercialisation de l’Homme noir, l’utilisation des Noirs et des Arabes comme des animaux de trait pour développer leur industrie du 14ème au 20ème siècle.

Mais ce choix de l’Occident qui aura duré plus de 5 siècles n’est pas fortuit. Suivons ensemble le rappel historique.

“On a beau chasser le naturel, il revient au galop”

Ce naturel chez l’homme blanc a été développé depuis des millénaires. Il suffit pour s’en convaincre de regarder à l’histoire des grands Empires occidentaux. L’Empire romain, l’Empire grecque, l’Empire germain, l’Empire gaulois, l’Empire austro-hongrois, l’Empire britannique, l’Empire russe, etc. L’histoire de tous ces empires se résume à des mots simples : invasion, conquête, domination, exploitation, révolte, libération, formation d’un nouvel empire et le cycle reprend.

Les civilisations occidentales ne se sont pas construites avec des outils démocratiques. Elles ont toutes été bâties par la violence, le pillage, le vol, la guerre, les conquêtes, les dominations. Un politique occidental normal ne peut admettre ou concevoir le Développement en dehors de l’idée de conquête et de domination.

C’est pourquoi pendant des siècles, les occidentaux ont développé les techniques et les technologies pour fabriquer des armes de guerre les plus redoutables pour conquérir des nations faibles ou pour dissuader des voisins prédateurs. Ils ont aussi cherché à développer les moyens de déplacement rapides sur l’eau, dans l’espace et sur terre pour explorer de nouveaux horizons à conquérir pour financer leurs économies, leurs industries et leurs empires.

A l’époque, la barbarie qui les caractérise s’exprimait entre eux Blancs. Puis avec la découverte de l’Inde, de l’Amérique, de l’Afrique, ils ont décidé de s’unir pour aller conquérir ces nouveaux peuples.

L’Occident ne peut se développer sans voler

L’histoire des grands empires, brièvement évoquée ci-dessus, est la même, d’un empire à un autre. L’enjeu, c’est de conquérir des terres, capturer des hommes et des femmes, disposer de leur patrimoine sous la forme d’un butin de guerre puis, exploiter leur force de travail en créant les conditions pour que cette exploitation soit la plus meurtrière possible.

Cela permet de réduire le nombre de bras valides capables de conduire une révolte. Mais aussi, il permet d’affaiblir sociologiquement le peuple conquis afin de se donner des raisons de conquérir d’autres peuples. Par ailleurs, l’exploitation abusive de la force de travail permet d’atteindre des résultats comme celui des Amériques avec le génocide des Indiens d’Amérique morts presque tous au travail.

Oui. L’Occident devient fragile et s’appauvrit s’il arrête la conquête et l’exploitation des autres peuples. Comme vous le voyez, les pays membres de l’OTAN qui s’appauvrissent le plus vite sont ceux qui ont construit essentiellement leur économie à partir de la Traite Négrière, de l’Esclavage et de la Colonisation. La Grèce, l’Italie, l’Espagne, la France, les Etats-Unis, le Portugal, etc. Tous ont bâti leur puissance à partir du vol, du pillage, de la vente d’être humains, de l’exploitation d’esclaves qui ont travaillé sans être rémunérés. Ce qui enrichit à coup sûr.

L’erreur des années 60 sera rattrapée entièrement

Sortis traumatisés des guerres de 14-18 et 39-46, que Hitler leur aura imposées dans son projet de créer le Grand Empire Germain (Le Grand Reich), ils se sont vu obligés de tenir les promesses faites en 44 aux Noirs à la Conférence de Brazzaville.

Mais en donnant cet accord, ils avaient conçu le concept de parrainage des Chefs et des sociétés multinationales hégémoniques dans les nouveaux Etats africains, comme moyen de maintenir le contrôle économique et politique desdits Etats en évitant d’avoir une présence politique directe.

Mais 50 années après, ils se sont rendus compte que ce système d’exploitation en sous-main n’est pas bon pour eux pour leur survie. Car ils se sont tous appauvris ou sont sur le point de l’être. Du coup, ils n’ont plus d’autre choix que de reprendre là où ils l’avaient laissé, leur honteux projet de domination coloniale et de conquête du monde par la violence. Comme le dirait l’autre, une erreur, ça se rattrape. Et celle historique des années 60 sera rattrapée entièrement. Aucun pays, même sans intérêt stratégique ne sera épargné ; ce n’est qu’une question de temps et de priorité ! Pour l’heure, la priorité, ce sont les pays pétroliers. Le reste suivra.

Mais l’erreur des années 60 est rattrapée de la pire des manières

A l’époque, pour pouvoir commercer et avoir des interlocuteurs lettrés, l’Occident a décidé de créer une élite africaine, intellectuelle, capable de créer des castes de bourgeoisie qui d’une main de fer, dirigeraient les anciens Etats coloniaux d’Afrique tout en restant aux ordres et en maintenant les peuples dans la pauvreté et un simulacre de développement.

Mais aujourd’hui, c’est sur des bandits de tout acabit que l’Occident s’appui pour conduire son projet de recolonisation. S’il opère ainsi, ce n’est point parce qu’il a complètement perdu la tête. C’est tout simplement parce qu’il s’est engagé dans une dynamique de déconstruction.

Or pour atteindre cet objectif, il n’y a pas de meilleurs alliés que des bandits, des hors-la-loi, des hommes non méritants, armés et instrumentalisés pour contribuer au pillage des économies modernes et pleines d’avenir des anciennes colonies d’Afrique.

Alors partout où cela arrivera, ce sera des renégats, des individus tirés de la pègre, qu’on va armer, encadrer, soutenir pour prendre le contrôle des pays et foutre le chaos partout.

C’est donc la recolonisation nouvelle version baptisée “Révolution”. Oui, il y a en effet une Révolution. C’est la “Révolution des Renégats”. La “Révolution des hors-la-loi” qui avec quelques coups de canons, des tirs de missiles et un peu de massacres perpétrés parmi ceux qui ont une conscience nationale, quittent brutalement leur statut de sans abri ou de vagabonds pour devenir Ministres, Chefs d’Etat Major, Commandants d’Armées, Directeurs Généraux de sociétés dans des Etats complètement déstructurés et en plein pillage.

Et croyez-moi, ils ne lâcheront pas le bon bout qu’ils tiennent aujourd’hui avec des Chefs d’Etat finis, qui croient se mettre à l’abri, en collaborant avec les prédateurs affamés. Eh oui, ils n’abandonneront pas, tant qu’ils ne seront pas convaincus que l’Afrique est devenue un tas de ruine ou qu’aucun espoir, aucune volonté d’émerger ne serait encore exprimée au sein du peuple africain.

Sauf que sur ce dernier point, l’Occident se trompe pour la deuxième fois. Parce que les dignes fils de l’Afrique ont décidé de se dresser contre cette énième humiliation, contre ce projet d’appauvrissement de trop !

A très bientôt.

Hassane Magued

mercredi 10 août 2011

La France, puissance coloniale


Avec la guerre en Libye dont la France a eu, pour l'essentiel, l'initiative, le masque tombe : nous restons une puissance coloniale dont la politique internationale n'a de sens que de servir ses intérêts, géopolitiques ou économiques et même, dans ce cas précis, un calcul électoral hasardeux de son président, Nicolas Sarkozy.

Il convient de le dire haut et fort : cette intervention guerrière telle qu'elle se prolonge n'est ni légale, ni légitime. Elle n'est pas légale car la résolution de l'ONU indiquait un objectif précis et modeste, éventuellement acceptable : protéger une population d'une possible (je dis bien possible) répression sanglante de la part de M. Kadhafi dans un conflit interne à la nation libyenne. Or, par des glissements successifs dont la grande majorité de la presse et de la classe politique s'est faite scandaleusement la complice, l'intervention a changé de nature et s'est donné pour objectif d'éliminer, politiquement, sinon physiquement (cela a été fait pour l'un de ses fils), le chef d'Etat libyen, contredisant radicalement le mandat juridique initial.

Les moyens ont alors changé : on ne s'est pas contenté de neutraliser l'espace aérien, on est intervenu directement ou indirectement au sol (ne soyons pas hypocrites !) et, sous prétexte d'éviter un possible massacre, on a soi-même perpétré un massacre bien réel contre la population soutenant M. Kadhafi : y aurait-il de bons morts et de mauvais morts ?
Par ailleurs, malgré l'accord initial de l'ONU, je n'aperçois aucune légitimité de fond dans ce qu'on croit justifier par un droit d'ingérence qui n'a pas de statut officiel et dont l'application, qui se prétend  généreuse en invoquant le respect des "droits de l'homme", est curieusement à géométrie variable. Car jusqu'à preuve du contraire, les nations sont souveraines : intervenir comme on le fait ici (mais aussi en Afghanistan et hier en Irak), c'est violer ce principe essentiel qui nous interdit dedécider à la place des peuples, même quand le régime politique qui les régit les dessaisît de leur souveraineté, faute de démocratie.
C'est aux peuples de forger leur destin national et l'Occident n'a pas à s'ériger en gendarme du monde, même si l'on doit souhaiter que son modèle politique (je ne dis pas économique) gagne progressivement la planète. Mais ce qui prouve bien l'hypocrisie de ce droit d'ingérence moralement invoqué, c'est la manière totalement partiale dont on l'applique : qu'attend-on pour intervenir en Syrie ou en Arabie saoudite, qui sont des dictatures féroces ? Et qu'attend B.-H. Lévy, si actif dans ce domaine, pour demander qu'on intervienne dans son pays ami, le Maroc, où il ne voit point les atteintes multiples aux libertés qui s'y perpétuent ?
On voit donc que derrière les grands principes invoqués, ce sont des intérêts économiques qui sont en jeu, comme l'accès au pétrole, ou géostratégiques comme la présence de la France et, plus largement, des puissances occidentales dans cette région du monde qui risque d'émerger comme sujet historique indépendant et d'échapper ainsi à la maîtrise néo-coloniale dont elle est l'objet sans que personne s'en indigne. Enfin, quelle autre immense hypocrisie il y a à découvrirbrusquement les injustices terribles qui affectent la plupart des régimes arabes alors qu'il y a un an, avant les récents événements, non seulement on faisait semblant de ne pas les voir, mais on faisait l'apologie de ces régimes et on les soutenait honteusement de toutes sortes de manières.
C'est ici qu'apparaît le calcul politicien de Sarkozy, ce président qui fait et dit tout et son contraire, sur fond d'ambition personnelle exacerbée. Il avait déroulé un tapis magnifique à Kadhafi dans la cadre de sa politique panafricaine et en songeant lui aussi au pétrole. Et le voici qui le transforme en tyran sanguinaire surgi brusquement des eaux, pour se donner le droit de l'éliminer ! Au surplus, il se permet d'ignorer la complexité du conflit libyen, dont quelques observateurs, mais de plus en plus nombreux, commencent à s'apercevoir : la dimension clanique, voire tribale du conflit, le caractère minoritaire des rebelles, la présence parmi eux d'éléments dont les motivations ne sont pas clairement démocratiques – autant de facteurs qui commandent la prudence quand il s'agit de prendre parti sur un plan indissociablement moral et politique.
Ce qui reste évident, c'est que notre président entend faire oublier sa complicité récente avec le dirigeant libyen et tenter de redorer son image publique en vue de 2012. Son comportement d'ensemble correspond exactement à celui du "moraliste politique", tel que Kant le nommait, qui "se fabrique une morale à la convenance des intérêts de l'homme d'Etat". On aimerait bien que ceux qui le soutiennent aveuglément se rappellent que c'est l'inverse qui doit se produire : c'est à la morale, dans ses grands acquis universels, de commander à la politique et de condamnertout ce qui y contrevient – à commencer par le néo-colonialisme dans lequel la France s'enfonce.

Yvon Quiniou est aussi membre du conseil de rédaction de La Pensée, soutien du Front de gauche et l'auteur de L'ambition morale de la politique. Changerl'homme ? (L'Harmattan, 2010).