mercredi 19 février 2020

LES LIMITES DU DISCOURS AFFECTIF.


Ce discours consiste à dire : "..Nous sommes Guadeloupéens, il faut manger, comme nos anciens, des produits locaux" ; c’est à la fois bon pour notre santé et c’est aussi bon pour notre économie. Nous partageons ce discours.

Malheureusement, ce discours se heurte à deux écueils :

1. En économie mangé local, ne veut rien dire. En effet « Manger local ne veut pas dire manger un produit made in Guadeloupe. Rien ne ressemble plus à un balaou, qu’un autre balaou, ou une igname qu’une autre igname, une madère d’une autre madère, ou un citron d’un autre citron… 

D’ailleurs, notre cuisine traditionnelle est faite de plus en plus avec des produits importés venant des pays tropicaux : Igname de Costa-Rica, vivaneau du Venezuela, sans compter les queues de cochon salés venant de France… Les importateurs connaissent bien le marché, ils connaissent ce désir de manger la cuisine traditionnelle, mais comme ils sont animés avant tout par le profit maximum, ils vont satisfaire le consommateur en lui offrant les produits qu’il aime, en même temps il vendra une marchandise qu’il s’est procuré, à meilleur coût, sur le marché international. Le consommateur est content et lui encore plus.

La campagne publicitaire récente d’un grossiste, spécialisée dans le surgelé, nous apprends qu en plus des traditionnels Ignames de Costa-Rica , vivaneaux du Venezuela, de la dorade de Chine... c’est la gamme complète de l’alimentation « peyi » ou local ou encore « manjé an nou » qui est importée. En effet se sont des bananes vertes, nos fameux poyo, ce sont des malangas, des christophines, et même les légumes pour le fameux bébélé,  qui sont vendus en sachet d 1kg et prêts à cuire.

On ne saurait mieux dire quand on affirme que les capitalistes s’adaptent au marché, en récupérant avec beaucoup de cynisme le slogan, cé tan nou.

2- Le capitalisme répond à des règles et les bonnes intentions (l’enfer est pavé de bonnes intentions) ne suffiront pas à faire reculer les importateurs dans leur soif de profit.

Pour éviter la disparition totale de notre production et la reconquête du marché intérieur, le CIPPA propose de mettre en place des mécanismes douaniers et fiscaux pour promouvoir la production agricole, artisanale et industrielle de la Guadeloupe.

Ces mécanismes sont bien décrits, dans notre ouvrage : La PREFERENCE GUADELOUPEENNE.

Alain PLAISIR
Président du CIPPA