mercredi 19 août 2020

LE SENS DE DÉCENNIES DE LUTTE POUR NOTRE ÉMANCIPATION NATIONALE


La Martinique est une Nation. Dans cette Nation vit un Peuple pluriel : le peuple martiniquais. Ce peuple -comme tous les peuples mais pour des raisons différentes- a une histoire particulière. Celle-ci est fondée sur le système de l’esclavage des Africain.e.s déporté.e.s en Martinique, nos ancêtres. Cette histoire violente et déshumanisante a laissé des séquelles de toutes natures, profondes, singulièrement dans la population Afrodescendante.

L’esclavage et la colonisation, de même que la départementalisation, sous des formes plus insidieuses, ont cherché à anéantir nos racines africaines, par une éducation fondée sur l’afrophobie. On nous a savamment inculqué la haine de nous-mêmes. La voie du « salut », sur les plans culturel, social, spirituel, existentiel, dans la société dite « créole », consistait à « chapé », le plus vite, le plus tôt, le plus loin possible de notre « africanité ».

Mais on ne construit pas un destin de peuple sur une immense falsification et un abîme d’aliénation culturelle. . La déconstruction de l’idéologie suprématiste européenne doit embrasser tous les champs de notre existence : statuaire certes, mais aussi historique, culturel, idéologique, économique, politique... Ceci est vrai pour nous comme pour toutes les sociétés de la Caraïbe et des Amériques formées dans le même moule esclavagiste et colonialiste. Les Tamouls (Dravidiens) arrivés en Martinique à partir de 1853, après l’abolition de l’esclavage, en 1848, n’ont pas eu, sur le fond, un sort plus enviable.

Pour celles et ceux qui, depuis longtemps, se battent pour l’émancipation nationale et sociale du peuple martiniquais ces questions ne sont pas nouvelles. On ne les découvre pas en 2020... Le regretté professeur de philosophie, Henry BERNARD, surnommé « « Rasin », originaire de la Guadeloupe, avait, à ce propos, dans un disque sorti en 1970, donné une brillante analyse intitulée « conscience de race, conscience de classe, conscience nationale ». Tout cela n’est donc pas très nouveau.

L’esclavage et la colonisation sont, structurellement, l’expression d’une idéologie qui divise les êtres humains en « races » dites inférieures ( « personnes de couleur ») et en « races » qui se prétendent supérieures ». Rappelons que c’est un fils d’Haïti, Anténor FIRMIN, qui, en 1885, dans son ouvrage, « De l’égalité des races humaines. Anthropologie positive. », donnait une réplique cinglante à GAUBINEAU, l’auteur de « Essai sur l’inégalité des races humaines » (1853-1855).

La Nation martiniquaise n’est pas ethniquement homogène disions-nous, en introduction de ce texte. Loin de là. Elle est constituée, entre autres composantes, d’Afrodescendant.e.s et d’Indodescendant.e.s qui se sont souvent retrouvé.e.s ensemble dans les révoltes et luttes sociales qui ont marqué notre histoire.

Personne ne doit être nié. L’ambition de l’OJAM, née après les émeutes de décembre 1959, consistait à mobiliser les Martiniquais.es, dans leur diversité, pour débarrasser la Martinique de la présence coloniale française. Les organisations patriotiques et anticolonialistes apparues à la fin des années 60 se sont inscrites dans la même tradition. Une tradition heureuse qui ne fait pas des origines géographiques l’alfa et l’oméga de notre combat. Même si nous savons précisément où se trouvent les abcès à crever.

Il y a donc eu, à travers ces décennies de luttes anticolonialistes, une vision, une perspective, une pensée : éduquer, organiser, mobiliser le peuple martiniquais afin qu’il accède à sa pleine souveraineté, sur le sol de Martinique. C’est cette lutte qu’ont assumée courageusement et dans des conditions extrêmement difficiles, des générations de militant.e.s, de l’OJAM à aujourd’hui, en passant par Daniel BOUKMAN, Guy CABORT-MASSON, Marc PULVAR et bien d’autres. Des décennies d’engagement et de sacrifices ne semblent pas encore, apparemment, avoir payé. En réalité, elles ont profondément contribué à l’évolution du peuple martiniquais

Nous posons comme postulat que c’est la souveraineté nationale seule qui nous permettra de déconstruire définitivement ce système, à condition, bien entendu, qu’elle ne soit pas conçue comme une fin en soi mais comme un outil de transformation radicale du système colonial.

Le colonialisme français a une extraordinaire capacité de flexibilité et un redoutable sens de l’opportunisme : il vous laissera défendre votre patrimoine et vous y aidera même; il vous laissera détruire toutes les statues que vous voudrez (Joséphine cou coupé, statue de De Gaulle brûlée à deux reprises au Morne-Rouge...), aussi courageuses que puissent être ces actions; il vous aidera peut-être à construire les musées où les parquer. Tant que vous ne serez pas en mesure de prendre le pouvoir politique, il ne se sentira pas autrement inquiété.

Francis CAROLE
Vendredi 7 août 2020

LES EVEILLES ROUGE, VERT, NOIR



Rien ne peut plus nous étonner. Et voilà nos insurgés du dimanche se réclamant de A. Césaire, de F. Fanon et de Koko René-Corail, qui se coulent dans le modèle anglo-saxon en vogue, le très controversé « woke attitude», traduire « rester éveillé » (de veille informatique). Le terme d’origine argotique afro-américain, popularisé il y a une dizaine d’années par la chanteuse Erykah Badu a été repris sur les campus des grandes universités états-uniennes. Son usage s’est étendu, parallèlement, dans les milieux mondains et marketing (woke-washing)”.
. L’Urban Dictionnary qui fait autorité pour les parlers argotiques le définit comme suit: « The act of being very pretentious about how much you care about a social issue » (comportement très prétentieux sur le fait que vous vous préoccupez d'un problème social).

Pour ses adeptes, le « woke » serait une attitude d’éveil face à toutes inégalités (de classe, de genre, de race…) et aux questions environnementales. Bon nombre d’observateurs soulignent toutefois une recherche effrénée de la visibilité. Elle est consubstantielle à la « woke attitude » et se traduit par l’hystérisation scénarisée de l’indignation; relayée en cela par les réseaux sociaux. Nous en avons eu in vivo une illustration ces derniers temps avec des séquences de destructions frénétiques de statues et l’inflation de vidéos qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux. Un des autres traits observables de ce mode d’engagement c’est l’indifférence à toute solution. Ce qui a fait dire au Président Barack Obama lors du sommet annuel de la Fondation Obama à Chicago le 29 octobre 2019 : "Il y a parfois ce sentiment que la façon (de) changer les choses, c’est de juger autant que possible les autres, et ça suffit ». C’est que l’indignation est a elle même sa propre fin. Nul besoin donc de projet, de cohérence. Ces notions n’ont aucun sens dans cette logique narcissique. On peut ainsi passer sans transition dans un court laps de temps de l’environnement au mémoriel, au compassionnel; d’une sommation à la destruction à une invitation à la restauration puis se raviser et faire un appel à la distribution de repas pour les SDF; tout cela en moins de deux jours. Qu’importe, ce qui compte c’est la visibilité et pas tant ces injustices dont on se targue d’être les seuls et les premiers à combattre.

On saisi mieux l’incompréhension du Maire de Fort-de-France à la réception du deuxième ultimatum alors qu’il pensait avoir donné des gages d’ouverture au dialogue et de bonne volonté: « je ne comprends pas ce qu’ils veulent » avait-il avoué dépité… Ils ne veulent rien d’autre, Monsieur le Maire, que de faire un étalage tapageur de leur indignation de circonstance. A moins que l’égérie des « éveillés rouge, vert, noir » ne soit, comme certaines autres éveillées danoise, américaine ou française de grande notoriété, dans une logique marketing dont les « grands frères rouge, vert, noir, éveillés » pensent pouvoir tirer un profit politique.

Marie-Laurence DELOR
le 05/08/2020

jeudi 13 août 2020

La Martinique parle le présent. Ce qui va là », tribune libre par le poète martiniquais Monchoachi.


« A travers l’action RVN (Rouge Vert Noir) de ces dernières semaines, la Martinique parle le présent. Elle le parle doublement : elle parle le présent de son histoire coloniale. Elle parle en même temps le présent de la terre entière dont l’espace est au même titre dévasté par un technicisme productiviste débridé et le temps embrigadé dans l’historiographie, pressuré par l’exigence d’un développement (d’un progrès) dont la seule destination est la marchandisation complète du monde, son nivellement et son engloutissement dans le totalitarisme technologique. Elle le fait dans un langage qui lui est propre faisant écho à un contexte qui lui est propre : celui d’un colonialisme qui s’exaspère avec la cristallisation de deux phénomènes parallèles : d’un côté une jeunesse émigrée massivement, en quête d’emplois vers la métropole coloniale (un peuple une nouvelle fois déraciné, désertant sa terre, mué en ombre) ; d’un autre côté, une active colonisation de peuplement qui ne cesse de se renforcer depuis deux décennies. S’ajoute à cela, le resserrement colonial d’un encerclement administratif et répressif.


Par conséquent, s’entêter de renvoyer à tout prix à l’histoire et à ses chères études ce qui parle le présent avec une telle insistance, c’est, contre toute évidence, prendre option de tourner la tête, de se voiler la face pour ne pas voir la présence de ce présent certes suffoquant, continuer de s’abuser à bon compte et préférer en quelque sorte se raconter des histoires. Bien plus et surtout, prendre le parti (sollicité par quoi et/ou par qui?) de s’interposer, de faire écran ainsi devant ceux qui en premier ressort auraient eu à en répondre, c’est s’ériger en protecteurs et gardiens zélés de cette réalité accablante.


On est surpris de trouver dans les rangs de pareils gardiens et protecteurs, des esprits sensés plus « éclairés », mais qui se révèlent à l’épreuve du feu plongés dans d’invraisemblables ténèbres, englués dans les notions qui articulent depuis si longtemps la mainmise conquérante et dévastatrice de l’Occident sur la planète.

L’histoire


Si l’homme ne peut échapper au temps, l’histoire quant à elle est la modalité selon laquelle la civilisation occidentale dès sa naissance dans la Grèce antique a conformé le temps avec la prétention de lui assigner ainsi un certain sens. Ce sens est ce qu’on nomme le progrès, autrement dit l’accumulation sans fin de techniques, de savoirs et de richesses. Cette vision du monde s’est emparée de la planète entière avec les résultats que nous avons aujourd’hui sous les yeux. 

Tout converge dans cette vision, savoirs et techniques, vers l’extorsion et l’accumulation de richesses, la conversion de la planète entière en fabrique de marchandises et déversoir de déchets. Ce serait un leurre de se figurer que l’homme commande à une telle fabrique : Il est lui-même et depuis un long temps transformé en marchandise.

Ce rapide survol de la question de l’histoire pour dire, puisqu’il en est tant question ces temps ci, que si nous avons à revendiquer un temps, et à partir en quête du rythme qui convient à l’homme pour son accomplissement propre, ce n’est certes pas dans ce que l’on nomme couramment l' »histoire » qu’il faudrait s’orienter, mais vers un temps qui nous accorde avec la terre. Avec notre terre, car la parole humaine a besoin d’un sol natal pour s’enraciner et s’épanouir.

Nous appartenons au temps, nous en sommes partie pour croître et nous accomplir quand l' »histoire » nous usurpe et nous missionne.


La démocratie

Pourquoi vouloir commettre la parole, la mettre sous un joug (« en commission », avec des spécialistes détenteurs du savoir) quand elle se donne libre cours, au risque certes d’emprunter des voies de traverses, mais loin de l’historiographie à quoi l’on voudrait la contraindre et la réduire ?


La démocratie que l’on invoque ici et là, si elle a été à son origine une assise pour fonder la vie en commun d’un peuple (la Grèce et Athènes d’il y a 2 500 ans) n’est plus depuis fort longtemps qu’une technique de domination accompagnant le dispositif de conquête planétaire de la civilisation occidentale. Son rôle est de faciliter et d’être le garant du déploiement de ce dispositif. C’est pourquoi elle est invoquée et mobilisée chaque fois que ce déploiement risque d’être contrarié ou perturbé. Ce déploiement a en Martinique, le visage France. La démocratie est donc convoquée dès qu’il y a risque que ce visage soit égratigné.


L’une des fonctions essentielles de la démocratie (par quoi elle s’apparente à ce qui fait l’essence même de la technique) est de diviser en organisant et en animant des joutes artificielles et sans enjeu réel qui opèrent comme des leurres diffusant la liberté comme simulacre. La liberté que l’on agite dans cette société n’est de toute manière jamais qu’un simulacre, telle la « liberté » de voyager quand le dispositif requiert absolument la « libre » circulation des personnes…comme des marchandises.


Pendant longtemps la démocratie s’est avancée et continue de le faire en brandissant la menace : démocratie ou dictature. Il apparaît déjà, et il apparaitra de plus en plus clairement, que la démocratie escorte le dispositif technique de dévastation de la planète et nous convoie vers un monde totalitaire certain. La véritable violence se dissimule là. C’est elle qui dessèche la terre et qui vitrifie les humains. Soit dit en passant, cette stigmatisation de prétendue « violence » à l’encontre du marbre sur lesquels les colonialistes inscrivent et surajoutent leur présence dominatrice supposée éternelle, jointe à la référence de la démocratie ouvre grand un espace dans lequel se précipitent tous les faux-semblants, tous les double-jeux, toutes les jongleries, bref en un mot, toutes les pantalonnades, style : « d’accord avec le fond mais pas avec la forme »! Or, la forme est tout. C’est elle qui présentifie et ouvre ce que l’on voudrait clore et renvoyer au passé. La forme est tout : elle ouvre à la parole ce qui autrement serait lettre morte. Passons.


L’alternative est donc dès aujourd’hui, pour chaque peuple d’inventer des modalités de sa vie commune qui lui soient propres et dont chacun trouvera à coup sûr des éléments dans sa tradition.


Mais enfin « Que veulent-ils » ?


Question étrange dans la bouche de ceux qui par ailleurs parlent de démocratie. Faut-il encore qu’en notre lieu et place ils soient notre vouloir? N’est-ce pas déjà beaucoup que ce présent que leur action dévoile et tel un don dépose entre nos mains? Encore faut-il savoir l’accueillir. Car le présent est en premier lieu ce qui accorde les hommes entre eux et les destine à la terre qui les porte et les abrite. Car le présent en outre, dès lors qu’on le laisse parler et qu’on se prend à l’écouter est ce qui ajointe le temps et, entre passé et avenir, fait entendre le murmure de son rythme propre loin de l’encagement historiographique et ses joutes stériles, nous tourne vers une terre qui attend que l’homme l’habite en vérité, c’est à dire la laisse resplendir et s’incorpore à son resplendissement. Ce qui implique de s’arracher à la rage d’extorquer qui gouverne et régente la présente civilisation.


La Martinique en même temps que le présent qui est sien parle le présent de la terre entière . Et sur la terre entière des voix lui font écho. Toutes disent le refus d’une terre ravagée, d’un temps séquestré, désapproprié, assigné au progrès. Toutes disent le refus du nivellement, du formatage, de la marchandisation de la terre et des humains. Toutes veulent retrouver la voix de l’homme, loin d’une parole qui se dégrade et sombre dans le langage unique de la computation sur fond d’individus atomisés, formatés, pressurés pour fonctionner. Toutes font entendre les prémisses de la fin de l’âge de la résignation.

Monchoachi

(11 aout 2020) »

dimanche 2 août 2020

L'histoire de l'ancien l'hôpital colonial et de la porte du tricentenaire à l'entrée du Parc Floral. L’actuel parc correspond à l’emprise de l’ancien hôpital militaire de Fort-de-France.


En 1698 le sieur Villamont, habitant de Fort-Royal – ancien Fort-de-France, donne aux religieux de la Charité un terrain de 3 ha pour l’établissement d’un hôpital.
Commencé en 1709, l’hôpital est terminé en 1722. Louis XVI en fait don aux religieux et le place sous le vocable de Saint-Louis.


Dès la fin du XVIIIe siècle, l’hôpital est à l’étroit dans ses murs, et l’on songe à le déplacer, mais cela n’interviendra qu’en 1935.

Toutefois, les aménagements d’usages et fonctionnels se poursuivent comme la construction de la chapelle à l’entrée du parc, du côté de la rivière. Celle-ci sera détruite en 1960.
Lors des fêtes du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France, en 1935, plusieurs spectacles et commémorations se déroulent dans le parc de l’hôpital sous la direction de l’architecte Robert Haller qui est chargé de l’organisation générale.
À cette occasion est construite une porte triomphale qui fait l’objet d’un concours d’architecture au cours duquel douze projets sont en concurrence.


Deux projets sont primés, le premier prix a été attribué de justesse à M. Gouart et Roseau de la société d’entreprise coloniale et le deuxième à M. Caillat et Dormoy.

La construction est finalement confiée à la Société Antillaise de Construction, représentée par Emmanuel Roseau, ingénieur formé à l’École Centrale.

Le budget préalablement fixé à 100 000 F. est ramené à 50 000 F., d’autre part, des primes de 1 000 F. et de 500 F. sont offertes pour les projets lauréats.

La porte est réalisée pendant le mois de novembre 1935 et sera utilisée ensuite comme guichet d’entrée lors de spectacles.

Quoi qu’il en soit, l’hôpital est provisoirement transformé en caserne portant le nom de Quartier Galliéni et, en 1971, le site est abandonné par les militaires et rétrocédé à la ville de Fort-de-France.

À l’instigation de l’association Soroptimist, le parc est devenu « Parc Floral » en organisant les premières floralies internationales du 20 au 31 janvier 1973. En 1976, la mairie y installe son service culturel (SERMAC).

Mes commentaires :

Cet espace a servi les intérêts coloniaux de la France a une époque reculée, mais a servi à soigner des milliers de martiniquais en plus des équipages des navires transatlantique.
La ville de Fort-de-France, donc le peuple foyalais s'est dès 1971 réapproprié l'endroit.
Des générations de jeunes martiniquais ont depuis profité de ces lieux au travers des actions militantes du SERMAC.

Vouloir s'en prendre à une porte dont très sincèrement pas grand monde ne connait l'origine et qui ne peut être assimilé à un symbole du colonialisme est pour le moins "surprenant" (pour rester politiquement correct).

Où s’arrêtera cette folie ? Ces personnes voudront-elles s'attaquer au Fort Saint-Louis, emblème s'il n'en faut de la puissance coloniale à son apogée?

Des routes, des tunnels ont été construits à l'époque coloniale, faut-il aussi les détruire?


Jean Yves Bonnaire

mercredi 1 juillet 2020

Qui sont les maires originaires des Outre-mer élus dans l'Hexagone ?



Nicole Bristol à Montesson



A Montesson, dans les Yvelines, Nicole Bristol, originaire de Martinique, a été élue dès le premier tour le 15 mars dernier, sur une liste divers droite. C'est son premier mandat de maire, même si elle était déjà élue au conseil municipal lors de la précédente mandature.



Cédric Pemba-Marine à Port-Marly


Dans les Yvelines, la commune de Port-Marly a élu dès le premier tour Cédric Pemba-Marine, sous l'étiquette Modem. Il est originaire du Gros-Morne, en Martinique.



Rolin Cranoly à Gagny

A Gagny, en Seine-Saint-Denis, Rolin Cranoly, originaire de Guadeloupe, a été élu avec 58,5% des suffrages dès le premier tour. Le Guadeloupéen était déjà maire de la commune depuis août 2019, après le décès de Michel teulet. Tête de liste Les Républicains, Rolin Cranoly est le premier Guadeloupéen maire d'une grande commune de la région parisienne. Gagny compte près de 40.000 habitants.


Hélène Geoffroy à Vaulx-en-Velin


A Vaulx-en-Velin, la maire sortante, Hélène Geoffroy a été réélue malgré un second tour particulier : il y avait encore cinq listes présentes. L'ancienne Secrétaire d'Etat de François Hollande, a été réélue avec 44,3% de svoix mais l'absention a été très forte : elle avoisine les 76%. Originaire de Guadeloupe, Hélène Geoffroy était soutenue par le Parti Socialiste et LREM. Elle est élue municipale à Vaux-en-Velin depuis 2001 et maire depuis 2014.


Dieunor Excellent à Villetaneuse


Le 15 mars dernier, Dieunor Excellent a été élu à la tête de Villetaneuse mettant fin à un siècle de gestion communiste. Il était candidat sans étiquette mais soutenu par La France Insoumise, le PS, Générations et le Parti radical de gauche Le maire a grandi en Guyane jusqu’à ses 18 ans.

Angèle Louviers

samedi 20 juin 2020

AFFAIRE DU TERRAIN DE SEGUINEAU :


Par un courrier, daté du 12 Juin 2020 et arrivé à la CTM le 18 Juin, le Président de la SAFER, qui est un représentant des agriculteurs, a fait savoir au Président Alfred MARIE-JEANNE son opposition à ce que le terrain agricole de 3 hectares de Séguineau sur la Commune du Lorrain, appartenant à Mr Bernard Bally, soit acheté par la CTM à un prix supérieur à 50 centimes d’euros le mètre carré !
La raison, je cite un extrait de la lettre de la SAFER : « … afin d’éviter la création d’une référence hors norme, ce qui conduirait la SAFER à faire jouer son droit de régularisation… » !

Ce qui signifie : 15.000 € au maximum pour la parcelle nécessaire à l’installation d’une canalisation définitive de 800 mm de diamètre, posée en dehors de la zone du grand glissement de terrain !

Le 19 Juin 2020
Daniel MARIE-SAINTE

jeudi 21 mai 2020

FAUT IL SUPPRIMER L OCTROI DE MER ?


Un rapport commandé par Bercy, donc par le gouvernement demande la suppression de l’octroi de mer .
Rappelons nous qu’il y a un an Edouard LECLERC avait dit qu’il allait intervenir auprès de Bercy pour supprimer l’octroi de mer.
Le gouvernement n’a pas tardé de suivre ses recommandations et commander un rapport pour essayer de justifier techniquement une décision purement politique.

QUE DIT CE RAPPORT :
Sur la forme ce rapport dit des choses justes
Choses que le CIPPA a signalé dès 2015 dans son opuscule : « Pour une gestion juste, transparente et démocratique de l’octroi de mer ».
En effet la gestion de l’octroi de mer
• N’est pas transparente, elle est même opaque. A part quelques initiés personne ne connait les taux. D’ailleurs impossible de les connaitre vu la multitude des taux
• N’est pas juste, car, quelquefois des produits de 1ere nécessité comme l’huile sont fortement taxés. Il a fallu le grand mouvement social de 2009 et les négociations sur les prix pour que le taux sur l’huile passe de 15 à 7%.
Actuellement, l’eau du robinet ce liquide si précieux est taxée de l’octroi de mer interne. Et cette délibération scandaleuse a été votée par nos propres élus.
Enfin le rapport à le mérite de mettre l’accent sur le caractère scandaleux des exonérations. En effet, se sont les lobbies, qui décident dans les faits des exonérations. Ce n’est pas un hasard, s’ils sont en nombre au niveau de la commission ad hoc de l’octroi de mer, qui décide des exonérations
Ainsi nous avons vu accorder, fin 2019, une exonération de plus de 600 000 euros à l’entreprise Ormat , actuel propriétaire de la centrale géothermique de Bouillante
L’octroi de mer a beaucoup de défauts : manque de transparence, taux trop nombreux , gestion calamiteuse des exonérations etc..

Ce n’est pas une raison pour jeter le bébé avec l’eau du bain
LES ARGUMENTS de FOND AVANCER PAR LE RAPPORT NE RESISTENT PAS A L ANALYSE.
• Le rapport dit : la suppression de l’octroi de mer va faire baisser le cout de la vie : FAUX.
Actuellement le total de l’octroi de mer : taux moyen 7%+ octroi de régional 2,10% + TVA 8,5%, soit un total de 17, 60% est inférieur au taux de TVA ordinaire en France : 20%
Deux rapports très officiels, celui de l’Autorité de la concurrence et celui du Sénat disent très clairement que : « ce n’est ni le transport, ni l’octroi qui sont responsables de la vie chère, mais les MARGES ABUSIVES DES IMPORTATEURS.
En réalité la suppression de l’octroi de mer ( recette des collectivités) par la TVA ( recette de l’ETAT) aura comme conséquence, la récupération par l’Etat de la totalité des recettes fiscales à l’importation., dont environ 280 millions d’euros pour les collectivités guadeloupéennes.
Bien sûr il aura beau jeu de donner une compensation globale aux collectivités pour compenser les pertes de recette de l’octroi de mer. Qui perdront ainsi le peu d’autonomie fiscale qu’il leur reste.
C’est pour cette raison la proposition du rapport FERDI proposant sa suppression n’est pas une bonne idée.
• Surtout si elle consiste à remplacer l’octroi de mer par une TVA qui est une recette de l’Etat et dont le TAUX VA AUGMENTER, pour s’aligner sur celui de la France : 20%

EN CONCLUSION :
L’octroi de mer tel qu’il est conçu maintenant est devenu un mécanisme lourd et complexe.
Par contre, le nouvel instrument que veut mettre en place le gouvernement est l’expression logique de la mise en œuvre de l’intégration des DOM dans l’Union Européenne
NOUS PENSONS AU CIPPA, qu’il faut remettre toute la fiscalité à plat. C’est –a dire une nouvelle fiscalité, pensée et mise en œuvre par les guadeloupéens.
C’est pour cette raison, qu’il faut que les guadeloupéens imaginent leur propre système fiscal et douanier
Cette fiscalité aura un double objectif : Procurer des recettes aux collectivités et protéger la production guadeloupéenne .
L’octroi de mer ne peut pas utiliser pour obtenir de recettes et en même temps protéger la production guadeloupéenne.
Il faut un instrument pour les recettes et un autre instrument pour protéger la production guadeloupéenne.
Le CIPPA vient d’éditer un important ouvrage sur «les voies et moyens de l’autonomie de l’archipel guadeloupéen ». Dans cet ouvrage, une large part est consacrée à la compétence fiscale et douanière dans une Guadeloupe autonome ( PTOM).
Alain Président du CIPPA

samedi 4 avril 2020

Mon ami Patrick Francfort (alias Patrick Gibson) est décédé ce matin du COVID19



The GIBSON BROTHERS est un groupe né en 1976 C’est en 1976, que Chris GIBSON, Kool GIBSON, Patrick GIBSON et Alex GIBSON, quatre frères originaires de Martinique, décident d’allier leur talent pour former une seule et même entité, nommée The GIBSON BROTHERS.

Le succès de The GIBSON BROTHERS se fera dès le premier single en 1979, avec le titre "Cuba", produit par Daniel VANGARDE et qui se classera numéro 1 dans plusieurs pays européen, et obtiendra une très jolie neuvième place aux Etats Unis.

Par la suite le groupe tentera de refaire de même avec "Oooh What a Life", "Qué Será Mi Vida" ou bien encore "Mariana" mais le succès ne sera pas au rendez vous.

En 1985, The GIBSON BROTHERS prend le pari de produire un artiste que personne ne souhaite, il s’agit de Laroche VALMONT et son tube "T'as le look coco" et c’est le carton.

Deux ans plus tard The GIBSON BROTTHERS sort sans trop de succès l' album "Emilie", qui leur permet tout de même de devenir groupe de l'année en Angleterre.

En 1990, la Belgique fond avec la sortie d'un single avec David CHRISTIE "Let’s All Dance" et sera encore de même en 1996 avec "Fire" qui devient également un hit aux Pays Bas.

En 1997, The GIBSON BROTHERS dévoilera "Move On Up" son nouvel album.

Jeff Lafontaine

mercredi 11 mars 2020

« Enfants de la Creuse »




 Notre histoire jusqu'au Japon, c'est une histoire universelle De Matthieu Bonhomme journaliste à Asahi Shimbun que nous remercions pour son soutien

L’introduction précise que 2015 enfants ont été déplacés de l’ile de la Réunion aux régions rurales hexagonales à plus de 9000km. Certains ont subi des discriminations et des maltraitances. Aujourd’hui encore, ils souffrent de la perte de leurs origines.

1ère partie sur l’histoire de Valérie Andanson

En 1966, à 3 ans, elle a été déplacée de la Réunion à la Métropole. Elle a un flash : le souvenir d’un avion plein d’enfants. Elle est arrivée dans la Creuse, une région rurale. Dans sa première famille d’accueil, elle a subi des violences et maltraitances de la part de l’homme de cette famille. Elle se cachait sous une table par peur de lui. 
Quatre ans plus tard, une famille, l’a adopté dans la Creuse. On lui a dit alors que c’étaient ses parents biologiques. Sa pièce d’identité de l’époque affiche qu’elle est née dans la Creuse. Elle a souffert d’harcèlement scolaire, de discrimination raciale, elle était la seule personne de couleur. 
A 16 ans, elle a cherché un document demandé par sa mère, et par hasard, elle a trouvé un document attestant de son adoption. A ce moment, elle a appris qu’elle était originaire de l’île de Réunion. Désespéré, elle a pleuré mais elle a aussi appris qu’elle avait des frères et sœurs. Elle les avait vu dans la ville sans le savoir. 
A 32 ans, elle visite l’ile de la Réunion, son lieu de naissance, pour la première fois. Cette visite lui a donné l’impression d’une nouvelle voie pour sa vie. 
En 2003, elle part à la Réunion, à la recherche de ses origines en passant un appel à témoins à la radio locale. Une personne la contacte et lui annonce être son parrain. Malheureusement, il lui dit de trouver ses origines elle-même. Le tabou est trop fort à la Réunion. 
En 2016, elle apprend que son père biologique est toujours en vie. 
Elle vit aujourd’hui à Cavaillon et retournera cette année sur l’ile. Elle essayera de voir cet homme, de confirmer s’il est son véritable père et de connaitre les raisons de cet abandon. Elle se bat aussi pour « retrouver ma véritable identité : ça sera ma troisième naissance ».

2ème partie sur l’histoire de Marie-Céline MARCOU

En 1965, c’est à l’âge de 15 ans que Marie-Céline, 69 ans aujourd’hui, quitte le foyer dans lequel elle était placée sur l’ile de la Réunion. Elle vit maintenant en Corrèze. A son arrivée en métropole, elle a suivi l’enseignement ménager dans un établissement religieux. Elle a écrit une lettre aux autorités pour dire qu’elle souhaitait rentrer sur l’île, mais cette lettre est restée sans réponse. Elle était vraiment désespérée de ne jamais revoir son île. Elle a été accueillie plus tard dans une famille de Corrèze. Elle a ensuite rencontré son futur mari. Aujourd’hui, elle a aujourd’hui 2 enfants et 4 petits-enfants. Fonder une famille l’a aidé à combler le vide dans son cœur. 
Elle est allée pour la première fois, trentenaire, à la Réunion. Lui est alors revenue l’odeur des fruits et des fleurs, c’était incroyable. Mais elle avait vécu trop longtemps en métropole et se sentait étrangère là-bas : ni métropolitaine, ni réunionnaise. L’Etat l’a déraciné, selon elle. Pendant longtemps Marie-Céline confie qu’elle « a eu peur qu’on lui enlève ses enfants ». 
En 1999, son père biologique est soudainement venu à elle, mais cela n’a pas suffi pour combler sa quête d’identité. « C’était trop tard » selon elle. 

3ème partie consacrée au rôle de l’Etat / évolution après les années 2000

A partir des années 2000, l’affaire a été commencé à se faire connaitre au niveau national. Un ancien mineur transplanté a porté plainte contre l’Etat, histoire qui fut relayée par les médias à l’époque. 
En 2014, l’Assemblée Nationale a fini par adopter une résolution en 2014 reconnaissait que l’Etat a manqué à sa responsabilité morale. 
En 2018, l’Etat a publié un rapport de 688 pages. Dans le contexte de l’époque, la population d’un pays était vu comme un facteur de puissance. La politique menée alors est justifiée pour lutter contre le chômage sur l’île de la Réunion et le manque de main d’œuvre dans l’Hexagone. 
Certains enfants ont été exploités dans les champs agricoles, dans les familles d’accueil pour les taches ménagères. Toutefois, le rapport précise qu’il n’y a pas de preuve juridique d’enlèvement. 
Selon Mme Andanson, également membre de l’association, les points communs de tous ces enfants était leur condition de pauvreté. Certains parents ne savaient pas lire et dans certains cas, on ignore toujours si un accord financier a pu exister. 
L’association demande aujourd’hui des excuses officielles de l’Etat, la déclassification totale des archives et l’inscription de cette histoire dans les manuels scolaires. 
En 2017, le Président de la République Emmanuel Macron a écrit que cette politique était une « faute » mais n’a pas fait d’excuse publique. En France, l’Histoire est un terrain sensible. Comme par exemple lorsque Emmanuel Macron avait qualifié la colonisation de l’Algérie de « crime contre l’humanité », certains politiciens avaient protesté jugeant ces propos « insultant contre la France ». 

Encadré sur les mineurs transplantés : 2015 enfants entre 1962 et 1984, sous prétexte de sauver les enfants de la pauvreté, mais en réalité beaucoup d’entre eux ont souffert de discrimination, du désespoir de ne plus rentrer à l’Ile. Ces ex-enfants sont communément appelés « enfants de la Creuse », département où beaucoup ont été transplantés.


21 Février 2020

mercredi 19 février 2020

LES LIMITES DU DISCOURS AFFECTIF.


Ce discours consiste à dire : "..Nous sommes Guadeloupéens, il faut manger, comme nos anciens, des produits locaux" ; c’est à la fois bon pour notre santé et c’est aussi bon pour notre économie. Nous partageons ce discours.

Malheureusement, ce discours se heurte à deux écueils :

1. En économie mangé local, ne veut rien dire. En effet « Manger local ne veut pas dire manger un produit made in Guadeloupe. Rien ne ressemble plus à un balaou, qu’un autre balaou, ou une igname qu’une autre igname, une madère d’une autre madère, ou un citron d’un autre citron… 

D’ailleurs, notre cuisine traditionnelle est faite de plus en plus avec des produits importés venant des pays tropicaux : Igname de Costa-Rica, vivaneau du Venezuela, sans compter les queues de cochon salés venant de France… Les importateurs connaissent bien le marché, ils connaissent ce désir de manger la cuisine traditionnelle, mais comme ils sont animés avant tout par le profit maximum, ils vont satisfaire le consommateur en lui offrant les produits qu’il aime, en même temps il vendra une marchandise qu’il s’est procuré, à meilleur coût, sur le marché international. Le consommateur est content et lui encore plus.

La campagne publicitaire récente d’un grossiste, spécialisée dans le surgelé, nous apprends qu en plus des traditionnels Ignames de Costa-Rica , vivaneaux du Venezuela, de la dorade de Chine... c’est la gamme complète de l’alimentation « peyi » ou local ou encore « manjé an nou » qui est importée. En effet se sont des bananes vertes, nos fameux poyo, ce sont des malangas, des christophines, et même les légumes pour le fameux bébélé,  qui sont vendus en sachet d 1kg et prêts à cuire.

On ne saurait mieux dire quand on affirme que les capitalistes s’adaptent au marché, en récupérant avec beaucoup de cynisme le slogan, cé tan nou.

2- Le capitalisme répond à des règles et les bonnes intentions (l’enfer est pavé de bonnes intentions) ne suffiront pas à faire reculer les importateurs dans leur soif de profit.

Pour éviter la disparition totale de notre production et la reconquête du marché intérieur, le CIPPA propose de mettre en place des mécanismes douaniers et fiscaux pour promouvoir la production agricole, artisanale et industrielle de la Guadeloupe.

Ces mécanismes sont bien décrits, dans notre ouvrage : La PREFERENCE GUADELOUPEENNE.

Alain PLAISIR
Président du CIPPA

vendredi 17 janvier 2020

Manque de diversité aux Victoires de la musique


J’ai entendu aujourd’hui le coup de gueule de Jacob Desvarieux qui dénonce à juste raison l'absence des musiques du monde et des musiques urbaines aux Victoires de la musique, ainsi que le manque de diversité parmi les nominés. Du coup, le guitariste et chanteur de Kassav songe à faire sa propre cérémonie pour valoriser les artistes et musiciens afro antillais. Comme on le comprend !!

Faudra-t-il aussi dans le même élan faire notre propre chaîne nationale pour diffuser cette cérémonie et bien d’autres choses qui nous ressemblent dignement ??

En 2015, la nouvelle présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, estimait, elle-même, que le petit écran était occupé par les "hommes blancs de plus de 50 ans". Que dire aussi du grand écran ??


Les acteurs noirs sont rares et servent souvent de faire valoir. Et pour peu qu’ils protestent, il se trouvera toujours quelqu’un dans leur milieu, comme Charlotte Rampling en 2016, pour parler de racisme anti blanc, ou de communautarisme, si ces contestataires viennent à réagir en faisant des films entre eux.

La liste est infinie des secteurs où l’invisibilité des Noirs est criante voire organisée. Même Stéphane Martin, l’ex directeur du musée du Quai Branly, déclarait début janvier, dans une formule malheureuse: "Je souhaite que le musée se colorise, nous sommes trop blancs".

Aujourd’hui, c’est simple, nous avons le choix entre deux voies.

1/ Continuer à nous plaindre en attendant qu’on nous fasse l’aumône et une (toute) petite place.

2/ Monter nos propres affaires et n’attendre rien de personne... Le jour où nous aurons développé une économie parallèle, autonome et puissante, ce jour-là on nous prendra en compte. En vérité, celui qui est en position de force ne respecte que les forts et quand il ne contrôle plus la totalité du jeu il finit par faire de vraies concessions pour ne pas être perdant.

Serge Bilé

mercredi 15 janvier 2020

DÉCLARATION DE FRANCIS CAROLE SUR LES ÉVÉNEMENTS DU LUNDI 13 JANVIER À FORT-DE-FRANCE



Dans l’après-midi et la nuit du lundi 13 janvier, des événements graves se sont produits à Fort-de-France, à l’occasion du procès des sept militants anti-chlordécone.

La lucidité politique doit nous conduire à ne pas analyser ces faits sous l’angle caricatural, simpliste, voire irresponsable d’une violence organisée par des « voyous armés et dangereux ».

Les Martiniquaises et Martiniquais qui étaient dans la rue, jeunes et moins jeunes, femmes et hommes, militants syndicaux et anti-chlordécone, ne sont ni des « voyous » ni des individus « dangereux ».

Ils n’ étaient pas non plus « armés ».

Ils demandent, légitimement, justice face au crime absolu de l’empoisonnement de notre peuple au chlordécone . Il s’agit là de la réaction saine d’un peuple encore vivant, encore conscient et qui a le droit d’espérer un avenir digne.

Là est l’essentiel.
Là est la cause d’une révolte qui se nourrit, en outre, d’une intolérable et longue surdité de l’Etat sur ce sujet.

Qu’on ne s’y trompe pas ! L’écrasante majorité des Martiniquais, même s’ils peuvent diverger sur les formes de mobilisation à mettre en œuvre, partagent ce sentiment d’injustice et de révolte.

La violence coloniale n’est pas seulement dans la matraque. Elle est tout autant dans le déni du crime et dans ce qui ressemble fort -trop- à du mépris.

La réponse politique ne réside pas dans la répression de celles et de ceux qui dénoncent le crime et qui réclament justice.

Elle tient en deux mots : RESPECT-RÉPARATION.

Francis CAROLE

MARTINIQUE

Mercredi 15 janvier 2020