mardi 31 août 2010

Amine, «l’Auvergnat» d’Hortefeux, rejoint le parti de Villepin

Le jeune militant UMP d’origine maghrébine raillé en 2009 par le ministre de l’intérieur, Brice Hortefeux, qui avait été condamné pour injure raciale à la suite de ces propos, a annoncé, lundi 23 août, sa décision de quitter le parti majoritaire.
Amine Benalia-Brouch, qui a...nnonce sa décision sur son profil Facebook, confie ses motivations au Monde.fr : «Je ne suis plus d’accord avec la politique menée par Nicolas Sarkozy.» «Cette orientation totale sur la sécurité fait qu’aujourd’hui on mélange tout et on s’en prend par exemple à une origine, comme celle des Roms.»

Il affirme avoir décidé de rejoindre le parti créé par Dominique de Villepin. Mais assure que ce n’est pas l’ancien premier ministre «qui est venu le chercher» : «C’est un choix personnel.»
Le divorce avec l’UMP a été progressif, dit encore Amine Benalia-Brouch, jusqu’aux annonces sécuritaires récentes : «C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase.» «Je m’étais déjà opposé farouchement au débat sur l’identité nationale. Je me sentais déjà aussi mal quand j’ai su que Philippe de Villiers rejoignait la majorité», ajoute-t-il.
source 
 

Quand Brice Hortefeux dérape
envoyé par lemondefr. - L'info video en direct.

samedi 28 août 2010

D'origine étrangère ou non, nous sommes tous français

"Nous sommes tous égaux, mais certains plus que d’autres", disait Coluche.

C’est ce que l’on pourrait se dire, à l’heure où l’on parle de déchéance de nationalité et à l’heure où les Français subissent des différences de traitement, selon leur niveau social et professionnel.

Au bout de combien d’années devient-on un vrai français? Combien faut-il de générations pour qu’un individu puisse être appelé "Français", et pour qu’on ne le présente plus systématiquement comme un "Français d’origine étrangère"?
En piochant dans notre passé, celui de nos amis, ou celui des personnalités d’hier et d’aujourd’hui (comme dans la vidéo ci-dessous), on trouve des ancêtres qui ont été heureux d’acquérir la nationalité française et qui nous l’ont transmise, tout comme ils nous ont transmis leurs origines.

Naturalisés français ou nés français, d’origine étrangère récente ou éloignée, Français d’hier, d’aujourd’hui ou de toujours, nous sommes tous français et tous égaux.

Stop à la stigmatisation des personnes "d’origine étrangère".

jeudi 26 août 2010

Grande manifestation

Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité

... Le nécessaire respect de l'ordre public n'a pas à être utilisé pour créer des distinctions entre les habitants de ce pays et désigner des boucs émissaires. Ni pour instituer des peines de prison automatiques, contraires aux principes fondamentaux du droit pénal, à l'indépendance de la justice et à l'individualisation des peines.

La Constitution d...e la France, République laïque, démocratique et sociale, assure « l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion ».

Nul, pas plus les élus de la nation que quiconque, n¹a le droit de fouler au pied la Constitution et les principes les plus fondamentaux de la République.
Notre conscience nous interdit de nous taire et de laisser faire ce qui conduit à mettre en péril la paix civile.

Nous appelons à une manifestation le samedi 4 septembre 2010, place de la République à Paris, à 14h00, et partout en France, afin de fêter le 140e anniversaire d'une République que nous voulons plus que jamais, libre, égale et fraternelle.


« Face à la xénophobie et à la politique du pilori : liberté, égalité, fraternité ! »


Auch : samedi 4 septembre, place de la libération, à 10h30.

Agen : samedi 4 septembre, boulevard de la République/ place Jasmin, à 10h00.

Aix-en-Provence : samedi 4 septembre, rassemblement place de la Rotonde, à 11h00 (à confirmer).

Ajaccio : samedi 4 septembre, rassemblement devant la préfecture de Corse, à 17h00.

Alès : samedi 4 septembre, devant le théâtre, à 17h00.

Angers : samedi 4 septembre, rassemblement place du Général Leclerc devant le palais de Justice, à 10h30.

Avignon : samedi 4 septembre, boulevard Limbert devant la préfecture, à 10h30.

Bayonne : samedi 4 septembre, place de la Liberté, à 11h00.

Beauvais : samedi 4 septembre, place Jeanne d’Arc, à 14h00.

Bordeaux : samedi 4 septembre, rassemblement place de la République / ou / sur le parvis des droits de l’Homme, devant le palais de justice, à 10h30 (à vérifier).

Bourg-en-Bresse : samedi 4 septembre, au carrefour des rues Charles Robin, Foch, et du Bd de Brou, 14h00.

Bourges : samedi 4 septembre, manifestation devant le monument de la Résistance, place du 8 mai, à 11h00.

Bressuire (79) : samedi 4 septembre 2010, place Notre-Dame Bressuire 10h30 cercle de silence, 11h00 rassemblement citoyen, prises de paroles des organisations participantes, 11h30 défilé jusqu’à la sous-préfecture avec dépôt d’un communiqué commun.

Brest : samedi 4 septembre, place de la Liberté, à 10h30.

Brive : samedi 4 septembre, devant la sous-préfecture, à 10h30.

Cannes : samedi 4 septembre, rassemblement devant le monument aux morts et la mairie, à 14h30.

Chalon-sur-Saône : samedi 4 septembre, place de l’Hôtel de ville, à 14h00.

Chambéry : samedi 4 septembre, place Caffe, à 15h00.

Châteauroux : samedi 4 septembre, place de la République devant l’arbre des droits de l’Homme, à 17h00.

Clermont-Ferrand : samedi 4 septembre, place Delille, à 14h00.

Colmar : samedi 4 septembre, avenue de la République, devant l’entrée administrative de la Préfecture du Haut-Rhin, à 14h30.

Dijon : samedi 4 septembre, place Darcy, à 14h00.

Grenoble : samedi 4 septembre, manifestation avec deux points de départ la gare de Grenoble (à 14h30) et la place du marché de la Villeneuve (à 14h00), point de jonction des deux cortèges est à la place André Malraux.

Hénin-Beaumont : samedi 4 septembre 2010, rassemblement devant l’Hôtel de Ville d’Hénin-Beaumont à 16h30. Manifestation dans les rues du centre de la ville. Retour devant l’Hôtel de Ville pour rassemblement militant et festif qui fera alterner des prises de parole et des chansons républicaines.

Le Havre : vendredi 3 septembre, manifestation devant la sous préfecture du Havre + départ en car pour aller manifester à Paris le 4 septembre.

Lille : vendredi 3 septembre, rassemblement sur le Parvis des droits de l’Homme, à 18h00.

Limoges : samedi 4 septembre, place de la République, à 14h00.- Lyon : samedi 4 septembre, place des Terreaux, à 14h00.

Lorient : samedi 4 septembre, place Aristide Briand, à 11h00.

Lyon : samedi 4 septembre, place Gabriel Péri, à 14h00.

Mantes-la-Jolie : samedi 4 septembre, devant le palais de Justice, à 11h00.

Marseille : samedi 4 septembre, rassemblement unitaire sur le Vieux Port, à 14h30.

Montpellier : samedi 4 septembre, place de la Comédie, à 10h00.

Metz : samedi 4 septembre, rassemblement place de la République, côté rue Winston Churchill, à 14h30.

Mont-de-Marsan : samedi 4 septembre, place Saint Roch, à 11h00.

Mulhouse : samedi 4 septembre, place de la Réunion, à 14h00.

Nancy : samedi 4 septembre, manifestation place Stanislas, devant la préfecture, à 14h00.

Nantes : samedi 4 septembre, place du Commerce, à 15h00.

Nevers : samedi 4 septembre, place de la Résistance devant la préfecture, à 15h00.

Nice : samedi 4 septembre, Place Garibaldi, à 14h00.

Nîmes : samedi 4 septembre, rassemblement devant la médiathèque/Maison carrée, à 14h00.

Orléans : samedi 4 septembre, place d’Arc, 15h00.

Paris : samedi 4 septembre, place de la République, à 14h00.

Pau : samedi 4 septembre, place de l’Hôtel de ville, à 11h00

Périgueux : samedi 4 septembre, devant l’arbre de la Liberté (poste centrale), à 11h00.

Poitiers : samedi 4 septembre, devant le palais de Justice, à 14h00.

Privas : samedi 4 septembre, devant la préfecture, 10h30.

Reims : samedi 4 septembre, rassemblement devant la fontaine de la Solidarité, place d’Erlon, à 14h00.

Rennes : samedi 4 septembre, place de la Mairie, à 14h00.

Roanne : samedi 4 septembre, devant la sous-préfecture, à 10h00.

Rodez : samedi 4 septembre, devant la préfecture, à 10h00.

Rouen : samedi 4 septembre, à l’église Saint-Sever, à 14h00 (ou 14h30) (à vérifier).

Saint-Brieuc : samedi 4 septembre, départ de la manifestation en haut de la rue Saint-Guillaume, près du manège, à 11h00.

Saint-Denis de La Réunion : samedi 4 septembre, sur la place des droits de l’Homme Champ Fleuri, à 14h00.

Saint-Nazaire : samedi 4 septembre, esplanade des droits de l’Homme, centre République, à 15h00.

Saintes : samedi 4 septembre, rassemblement place Bassompierre, à 11h00.

Salon-de-Provence : samedi 4 septembre, devant l’Hôtel de ville, à 10h00.

Strasbourg : samedi 4 septembre, place Kleber, à 16h00.

Toulon : samedi 4 septembre 2010, manifestation place de la Liberté, à 10h00.

Toulouse : samedi 4 septembre, manifestation esplanade des droits de l’Homme, place du Salin, à 10h30.

Tourcoing : samedi 4 septembre 2010, rassemblement devant le Parvis de l’Hôtel de Ville de Tourcoing, à 11h00, avec prise de parole des organisations. Le défilé se poursuivra jusqu’au Parvis de l’église Saint-Christophe.

Tours : samedi 4 septembre, place Jean Jaurès, à 15h00.

Tulle : samedi 4 septembre, devant la préfecture, à 15h30.

Ussel : samedi 4 septembre, devant la sous-préfecture, à 15h00.

Total : 62.


En attente d’informations : Aurillac, Mende, Perpignan, Saint-Etienne (place Jean- Jaurès), Niort, la Rochelle/Rochefort, Royan, Aix-en-Provence, Pau, Chaumont, Valence (devant la Tour de l’Europe – quartier Fontbarlettes).

Grande manifestation
Mise à jour le 26 août 2010.

mercredi 25 août 2010

La soirée Orientale d'HANDIPLUS

La soirée Orientale d'HANDIPLUS se déroulera bien le 24/09/2010 dans la Salle des Rencontres de la Mairie de Montpellier.
Nous espérons 200 personnes autour d'un dîner spectacle dont le programme sera le suivant :
- prestations de plusieurs danseuses orientales,
- couscous aux deux viandes (agneau + poulet Halal)
...- pâtisseries orientales + thé à la menthe
- soirée dansante.

Nous avons modulé le prix des places en fonction de l'âge :
- enfants de 6 ans à 15 ans (1€ par année),
- de 15 ans à 18 ans (20€)
- 18 ans et plus (30€).

Ces montants constituent bien sûr un minimum , chacun étant libre de se montrer très généreux, compte tenu de l'aspect caritatif de cette manifestation.

Nous allons faire notre maximum pour que cette soirée soit le prélude à d'autres rencontres festives au cours desquelles les gens de tous âges et de toutes conditions physiques pourront s'amuser ensemble, dans le respect des différences qui doivent nous enrichir et non nous diviser.

Alors venez nombreux et prévoyez un foulard : ça va chauffer !!!!!!

Ps : merci d'établir et d'adresser vos chèques à l'ordre d'Handiplus - 80, rue Alfred JARRY, 34070 Montpellier - avant le 16 septembre 2010 en précisant le nombre de personnes et l'âge du ou des enfants le cas échéant.
Bonjour à toutes et à tous,
La soirée Orientale d'HANDIPLUS se déroulera bien le 24/09/2010 dans la Salle des Rencontres de la Mairie de Montpellier.
Nous espérons 200 personnes autour d'un dîner spectacle dont le programme sera le suivant :
- prestations de plusieurs danseuses orientales,
- couscous aux deux viandes (agneau + poulet Halal)
- pâtisseries orientales + thé à la menthe
- soirée dansante.

Nous avons modulé le prix des places en fonction de l'âge :
- enfants de 6 ans à 15 ans (1€ par année),
- de 15 ans à 18 ans (20€)
- 18 ans et plus (30€).

Ces montants constituent bien sûr un minimum , chacun étant libre de se montrer très généreux, compte tenu de l'aspect caritatif de cette manifestation.

Nous allons faire notre maximum pour que cette soirée soit le prélude à d'autres rencontres festives au cours desquelles les gens de tous âges et de toutes conditions physiques pourront s'amuser ensemble, dans le respect des différences qui doivent nous enrichir et non nous diviser.

Alors venez nombreux et prévoyez un foulard : ça va chauffer !!!!!!

Ps : merci d'établir et d'adresser vos chèques à l'ordre d'Handiplus - 80, rue Alfred JARRY, 34070 Montpellier - avant le 16 septembre 2010 en précisant le nombre de personnes et l'âge du ou des enfants le cas échéant. 

lundi 23 août 2010

Titre original : « Discorde sur le Musée de la tolérance »

Désormais, les Nations unies sont le seul recours. Le 10 février, après avoir épuisé toutes les possibilités d'appel devant la Cour suprême d'Israël, les opposants au projet de construction d'un Musée de la tolérance/Centre pour la dignité humaine au coeur de Jérusalem, sur l'emplacement d'un ancien cimetière musulman remontant au XIIe siècle, ont déposé une plainte auprès de l'ONU : la profanation des lieux, estiment-ils, relève d'une "violation des droits de l'homme par l'Etat d'Israël".

Les 60 signataires sont issus des quinze plus vieilles familles de Jérusalem, dont les ancêtres ont été enterrés au cours des siècles dans le cimetière Ma'man Allah (ou Mamilla). Parmi elles, les Husseini, Dajani, Imam, Khalidi et Nusseibeh, qui ont contribué à l'histoire de la Palestine. Leur démarche, soutenue par de nombreuses organisations de défense des droits de l'homme, palestiniennes et israéliennes, est une ultime tentative pour faire prévaloir un droit moral sur une procédure juridique.

Ses chances d'aboutir sont minces. Depuis sa création en 1948, l'Etat juif a ignoré nombre de décisions et recommandations de l'ONU, y compris une résolution du Conseil de sécurité du 30 juin 1980 déplorant la persistance d'Israël à vouloir "changer le caractère physique, la composition démographique, la structure institutionnelle et le statut de la ville sainte de Jérusalem".

Les signataires disent les choses plus crûment : le projet de construire un Musée de la tolérance sur l'emplacement historique du cimetière Mamilla participe d'une politique de judaïsation de Jérusalem, qui se poursuit aujourd'hui avec les nombreuses expulsions de familles palestiniennes dans la partie orientale de la ville. La polémique juridique de plus en plus âpre qui oppose le Centre Simon-Wiesenthal, promoteur du projet, à ses détracteurs, est donc aussi politique : le différend touche aux racines du conflit israélo-palestinien.

"Ce qu'ils veulent, insiste Adnan Husseini, gouverneur de Jérusalem-Est, c'est effacer toute l'histoire musulmane de Jérusalem. Ils construisent un Musée de la tolérance sur nos tombes et sur nos corps !" Situé au coeur de Jérusalem-Ouest, l'emplacement du futur Centre pour la dignité humaine est ceinturé d'une palissade métallique de 5 mètres de haut, protégée de barbelés. Des caméras de surveillance et des projecteurs placés à intervalles réguliers permettent de repérer d'éventuels intrus. Lorsqu'on frappe, un gardien entrebâille la porte pour confirmer qu'il est strictement interdit d'entrer.

Depuis janvier 2006, le projet n'a cessé d'alimenter les controverses. Celles-ci ont été relancées avec la décision de l'architecte américain Frank O. Gehry, prise le 14 janvier, de se retirer. Officiellement, le père du Guggenheim de Bilbao n'était pas d'accord avec la volonté du Centre Simon-Wiesenthal de réduire de plus de moitié (de 250 à 100 millions de dollars) l'ampleur d'un projet conçu comme la réplique du Musée de la tolérance de Los Angeles, ville où cette organisation internationale juive de défense des droits de l'homme a son siège.

Une visite du site permet d'envisager d'autres explications. Quelques mètres à peine séparent cette enceinte sous haute sécurité des tombes musulmanes à moitié détruites. Le lieu est à l'abandon : les autorités israéliennes n'entretiennent pas les tombes et les familles palestiniennes n'ont ni la liberté d'en prendre soin ni celle d'y enterrer leurs morts. Le musée devrait occuper la limite nord du cimetière musulman, sur l'emplacement d'un ancien parking. A l'ouest, c'est le parc de l'Indépendance. Au milieu du cimetière se cache l'impressionnante Mamilla pool, un ancien réservoir d'eau construit à l'époque du roi Hérode.

Toute cette zone était comprise dans le périmètre originel du cimetière. Pendant les soixante dernières années du règne ottoman, les trente années du mandat britannique et les vingt premières de l'Etat juif, le cimetière est resté inviolé, explique le professeur Yehoshua Ben-Arieh, expert réputé d'histoire-géographie à l'université hébraïque de Jérusalem. En 1948, les autorités israéliennes avaient rassuré le gouvernement jordanien qui s'inquiétait d'une possible profanation : "La Mamilla est considérée comme l'un des plus importants cimetières musulmans, où 70 000 guerriers des armées de Saladin ont été enterrés, en compagnie de nombreux érudits musulmans. Israël saura toujours protéger et respecter ce site." Cette promesse n'a pas été tenue.

Avec l'extension urbaine de Jérusalem-Ouest, une partie importante du cimetière a été annexée. Le rabbin Marvin Hier, directeur du Centre Simon-Wiesenthal, n'a pas d'états d'âme : "Le site du parking, qui a été utilisé pendant cinquante ans, nous a été donné en 2001 par le gouvernement et la municipalité, qui est à 100 % derrière nous." Le porte-parole du maire de Jérusalem, Nir Barkat, précise : "La mairie soutient le musée mais c'est une question qui relève d'un projet privé, décidé bien avant que le maire prenne ses fonctions."

D'autres services officiels ne se sentent pas si à l'aise avec l'interprétation des tribunaux. La propre présidente de la Cour suprême, Dorit Beinisch, a renoncé à mettre en place une cour de district à proximité du site, parce que des ossements y avaient été découverts. Quant à ceux retrouvés dans le sous-sol du parking, il était de la responsabilité du Centre Simon-Wiesenthal d'en opérer la translation. Le rabbin Hier nous a indiqué qu'ils ont été réenterrés "au printemps 2009, dans le cimetière musulman voisin", tout en refusant de préciser l'endroit.

A écouter le rabbin Hier, les choses sont simples : le 23 décembre 2009, la Cour suprême a rejeté un nouveau recours et condamné les plaignants à une amende, estimant que ceux-ci n'avaient d'autre but que de "retarder la construction du musée". Le rabbin Hier entend manifestement diaboliser ses opposants en soulignant que Cheikh Raëd Salah, chef du Mouvement islamique israélien, considéré comme proche du Hamas, a pris la tête de cette croisade, ce qui revient à faire fi de la mobilisation des vieilles familles de Jérusalem, comme celle de Sari Nusseibeh, homme politique et intellectuel réputé, président de l'université Al-Qods.

Son fils, Jamal Nusseibeh, rappelle que ses ancêtres sont enterrés au cimetière Mamilla. Il dénonce "une tentative d'enterrer l'histoire" et rappelle que, dans le dossier de la Cour suprême, l'opinion de l'expert archéologue Gideon Suleimani, pourtant nommé par l'Autorité des antiquités israéliennes (AAI), a été édulcorée. Or son expertise est gênante pour les partisans du musée. Selon lui, des fouilles archéologiques n'ont été achevées que sur 10 % du site concerné. Un total de 250 squelettes ont été exhumés et 200 autres tombes ont été découvertes mais non exhumées.

Il estime que quelque 2 000 autres tombes, datant pour certaines du XIe siècle, sont encore présentes, entreposées sur au moins quatre niveaux. Malgré ces conclusions, il a dû s'incliner devant l'opinion de la direction de l'AAI. Le rabbin Hier souligne que dans les années 1960, un cadi (juge islamique) de Jaffa a donné son accord à la construction du parking. Mais celui-ci, rétorque Gershon Baskin, directeur du Centre israélo-palestinien pour la recherche et l'information, était "un fonctionnaire israélien qui, l'année suivante, a été condamné pour fraude et corruption".

Dans cette bataille d'apparence juridique, chaque argument avancé par l'une des parties est immédiatement récusé par l'autre. Le rabbin Hier s'est félicité que le Jerusalem Post du 17 février rappelle qu'en 1945 le Conseil suprême musulman avait prévu de construire un centre commercial sur l'emplacement du cimetière. "Ce que les musulmans font dans un cimetière musulman est une chose, réplique Gershon Baskin, ce que les juifs y font a une tout autre portée, parce que nous prétendons que les juifs, les musulmans et les chrétiens peuvent vivre ensemble."

La vraie question, insiste le professeur Yehoshua Ben-Arieh, n'est pas de savoir quelle a été l'attitude du mufti de Jérusalem en 1946, mais bien "comment nous, société israélienne, juive et sioniste, allons traiter un cimetière musulman d'importance historique qui est sous l'entière souveraineté de l'Etat d'Israël".

Au fond, le principe du Musée de la tolérance n'est pas en cause, même si la conception de la tolérance du rabbin Hier ne rassure pas totalement : "Notre projet n'exclura personne, assure-t-il, mais nous n'allons pas enseigner aux musulmans l'histoire palestinienne. Nous utiliserons, en tant que juifs, notre expérience. La tolérance ne peut s'enseigner qu'aux gens qui respectent les autres, qui ne croient pas au terrorisme, mais à la dignité humaine. Le musée marche bien à Los Angeles, pourquoi en irait-il différemment à Jérusalem ?"

Peut-être est-ce là que réside le divorce. La ville sainte de Jérusalem n'est pas la Californie. Longtemps, la capitale contestée d'Israël a été un modèle de tolérance. Si elle l'est encore, dans une certaine mesure, pour la coexistence des trois religions monothéistes, elle ne l'est plus sur le plan politique. La violence y est à fleur de peau : en 1996, l'ouverture d'un tunnel à proximité de l'esplanade des Mosquées avait entraîné de sanglantes émeutes.

C'est l'avertissement qu'a voulu lancer, dans une lettre adressée, le 3 mars, au président du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur du Yémen et président du groupe des Etats arabes, Abdulla Alsaidi. La construction du Musée, écrit-il, serait "une mesure dangereuse et irresponsable (qui) suscitera des sentiments de rage dans le monde arabe et musulman".


mercredi 17 mars 2010 - 14h:55
Laurent Zecchini - Le Monde

Condamné à être paralysé par un tribunal saoudien

Ce régime est immonde, quand est-ce l'Arabie Saoudite se comportera en pays civilisé et responsable ?
 

Amnesty International a exprimé son indignation aux autorités saoudiennes après qu’un homme a été condamné à être paralysé pour avoir causé le même sort à un individu.
Abdul-Aziz al-Mutairi, âgé de 22 ans, avait été poignardé dans le dos durant une rixe en 2008. Son agresseur lui ayant sectionné la moelle épinière, le paralysant à vie, la victime a demandé au juge que sa sanction soit identique à la peine infligée. Une possibilité offerte dans certains cas par la charia, dont le droit saoudien est en partie inspiré.
Le journal Okaz rapporte que le juge a envoyé des missives à de nombreux hôpitaux afin de savoir si une opération visant à paralyser un homme était envisageable. Si l’un des plus réputés a immédiatement fait savoir qu’il n’en était pas question d’un point de vue de l’éthique médicale, au moins un autre aurait donné son accord, selon la publication saoudienne.
Une décision qui révolte Amnesty International. Le responsable du Moyen Orient et de l’Afrique du Nord de l’organisation déclare ainsi à CNN:
«Ce n’est rien de moins que de la torture [...]. Bien qu’aucun crime ne doive rester impuni, paralyser délibérément un homme de cette manière serait de la torture, et constituerait une violation des obligations internationales du pays en matière de droits de l’homme.»
L’ONG se fonde notamment sur la convention contre la torture et les principes de l’éthique médicale votés par l’ONU, et dont l’Arabie Saoudite est signataire, ajoutant par ailleurs que l’accusé ne disposait pas d’assistance juridique durant le procès. Et d’énumérer des exemples de l’utilisation de la loi du Talion dans le pays: énucléation, extraction de dent, ou encore exécution en cas de meurtre.
L’indignation a également gagné certains blogs locaux, révélant pour CNN la fracture entre les tenants d’une ligne dure partisans d’une justice tribale et les progressistes, pour qui de tels verdicts nuisent profondément à l’image du pays. Une tendance relativement récente, le pouvoir judiciaire étant traditionnellement considéré au-dessus de tout reproche.

source

Nouvelle confirmation de l’effondrement de l’économie du pays 5.700 postes supprimés en 2009

Alors qu’en France, le nombre de suppression d’emplois a atteint en 2009 un total sans précédent, la situation est deux fois pire à La Réunion. 5.700 postes de travail ont été supprimés, dont 4.260 dans le BTP. Pôle Emploi explique cette aggravation par « l’abandon du projet Tram-train et le report de nombreux projets (…) tout comme le ralentissement des constructions de logements à la suite des incertitudes autour de la LODEOM ».

« Après 2008, l’année 2009 confirme la rupture de la croissance de l’emploi salarié à La Réunion avec une perte de 5.700 salariés sur un an », soit -4,2%, indique Pôle emploi. Il s’agit de la deuxième baisse consécutive après 15 années ininterrompues de hausse de l’emploi salarié. Principal secteur touché, le BTP avec une baisse de 21,6% en 2009, soit 4.260 emplois en moins (contre -2,4% en 2008 et une croissance de 75,4% entre 2002 et 2007). “L’achèvement de grands chantiers (route des tamarins), l’abandon du projet Tram-train et le report de nombreux projets ont engendré une forte baisse d’activité, tout comme le ralentissement des constructions de logements à la suite des incertitudes autour de la LODEOM et au resserrement de l’accès au crédit”, peut-on lire dans le document fourni par Pôle emploi. Le secteur tertiaire est quant à lui relativement épargné puisqu’il connaît une baisse de 0,5% soit 520 salariés en moins. « Le recours aux entreprises de travail temporaire diminuant, les activités de services administratifs et de soutien enregistrent une baisse de 880 postes (–6,6%). Les autres activités de services perdent 7,3% de leurs effectifs, soit –580 postes. De même, le commerce-réparation d’automobiles et de motocycles diminue de 1,9%, soit une perte de 560 postes », ajoute l’organisme. Ce sont principalement le commerce automobile (due en partie à des restructurations et à la baisse des ventes de voiture) et les magasins de bricolage qui sont touchés par cette baisse. L’industrie présente une diminution de 5,5% du nombre de ses salariés (–900 postes) notamment dans les activités rattachées au BTP. Enfin, le secteur primaire perd également 1,1% en 2009, soit un peu moins de 30 postes.
Dans les Départements d’Outre-mer, l’emploi a progressé en Guyane (+ 1,2%) et en Guadeloupe (+0,3%). Il a diminué en Martinique (-4,8%) et à La Réunion (-4,2%).

Une catastrophe sans précédent depuis 65 ans en France

250.100 emplois détruits en 2009, c’est un record jamais observé depuis 1945 en France, indique un communiqué de Pôle emploi que nous reproduisons ci-après.

Après une année 2008 en léger recul (–0,5%), 2009 se caractérise par des pertes d’emploi en très forte accélération : les effectifs salariés chutent de 256.100 personnes entre fin décembre 2008 et fin décembre 2009, soit -1,5%. Ce résultat avoisine celui de l’année 1992 (–1,6%, soit –214.100 postes), année correspondant à la précédente récession enregistrée par l’économie française. Cette baisse de l’emploi ramène à 16.287.700 le nombre de salariés des secteurs concurrentiels au 31 décembre 2009.
Baisse du nombre d’établissements
Le nombre d’établissements ayant au moins un salarié cotisant au 31 décembre 2009 est en diminution de 0,5%, soit 7.620 unités en moins. À cette date, il s’établit à 1.603.000. Contrairement à l’an passé, la baisse concerne l’ensemble des tailles d’établissement. L’emploi dans les établissements de 10 salariés ou plus, qui représente 75,2% des salariés, connaît en 2009 une très forte diminution (–2,0%), concentrant ainsi 98,5% des pertes nettes d’emploi.
L’emploi salarié baisse dans les trois grands secteurs
En recul depuis 2001, l’emploi du secteur industriel perd 168.200 postes en 2009 (–5,2% en un an). Après onze années de hausse ininterrompue, le secteur de la construction enregistre en 2009 des pertes d’effectifs (–2,9%, soit –43.800 emplois). Le tertiaire affiche une diminution d’emploi de 0,4%, détruisant ainsi 44.200 postes en 2009, essentiellement dans le “ commerce, réparation d’automobiles et de motocycles” (–1,8%, soit –55.500 salariés). Quant au secteur de l’intérim, son emploi s’inscrit en très légère hausse (+1,5% en un an).
Moindre recul de l’emploi féminin
Pour la première fois depuis 1993, l’emploi féminin chute en 2009 (–0,7%, soit –51.400 postes), mais résiste mieux que l’emploi masculin (–2,2%, soit -204.700 postes). La part des femmes dans l’emploi salarié continue ainsi de progresser (+0,4 point), atteignant 44,5% fin décembre 2009. Depuis 1981, cette proportion a gagné 7,6 points.
L’arc méditerranée-atlantique au-dessus de la moyenne nationale
En 2009, hormis la Corse (+1,7%), seule région à enregistrer une hausse de ses effectifs, toutes les autres régions perdent des emplois salariés. Huit régions enregistrent des pertes limitées par rapport à la moyenne nationale (– 1,5%) : Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Midi-Pyrénées (– 0,4% chacune), Aquitaine (–0,7%), Basse-Normandie (–1,1%), Limousin (– 1,2%), Bretagne et Île-de-France (–1,4% chacune). À l’opposé, les huit régions les plus touchées sont la Picardie (–3,8%), la Haute-Normandie (–3,0%), la Lorraine (–2,6%), le Centre (–2,3%), l’Alsace (–2,2%), Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne et la Bourgogne (–2,1% chacune).

dimanche 22 août 2010

Violences et licenciements au Cambodge et aux Mexique

A l'usine de Johnson Controls Interiors au Mexique, une bande de nervis a caillassé et matraqué une équipe de travailleurs avant de tabasser leurs responsables syndicaux et les obliger à signer des lettres de démission. Leur syndicat nous demande d'envoyer des messages de protestation. Merci de cliquer ce lien pour en savoir davantage et envoyer votre message.

Au Cambodge, plusieurs dizaines de travailleurs de l'entreprise de construction K.C. Gecin ont été licenciés pour avoir adhéré à un syndicat et participé à un séminaire d'information. Leur syndicat demande notre aide pour les faire réintégrer. Vous pouvez envoyer un message de protestation en cliquant ce lien.

La répression antisyndicale n'a pas pris de vacances. Si ce n'est déjà fait, vous pouvez participer aux campagnes en ligne de l'été en cliquant ici.
Merci et à bientôt.
 

jeudi 19 août 2010

Les mouvement sociaux des Amériques exigent une coopération solidaire avec Haïti

L’annulation inconditionnelle de la dette et le respect de la souveraineté nationale

 Les mouvements sociaux des Amériques se prononcent pour une coopération solidaire avec la république d’Haïti, qui respecte sa souveraineté nationale et annule inconditionnellement le service de la dette.

“Nous nous solidarisons avec la lutte du peuple d’Haïti, qui n’a besoin ni d’une intervention militaire ni d’une occupation économique pour sa reconstruction” [après le séisme du 12 janvier 2010], affirment les différents délégués au IVe forum social des Amériques, dans une déclaration en date du 15 août 2010 émise à Asuncion et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Tout en rejetant “le nouveau processus d’endettement illégitime” [dans lequel Haïti serait entré], les participantes et participants au 4e forum social des Amériques se penchent plutôt pour une coopération solidaire avec Haïti dans les domaines de la santé, de l’éducation, de l’agriculture et d’autres branches de l’économie que le pays caribéen requiert.

Ils accusent l’Union européenne (Ue), qualifiée d’ “autre puissance néocoloniale qui opère en Amérique latine et dans les Caraïbes” d’encourager une stratégie de continuation d’une offensive en faveur de “la vague d’accords de libre commerce dans toutes ses variantes”.

Les bras exécutifs de cette offensive sont les institutions financières internationales, comme la banque mondiale (Bm), le fonds monétaire international (Fmi), les banques régionales dites de développement et les groupes bancaires privés “ qui sont en train de créer de nouveaux et d’énormes processus d’endettement, avec des impacts directs sur les peuples et l’environnement”.

“Toutes ces menaces sont véhiculées à travers le même modèle de développement primaire exportateur, spoliateur et d’exclusion, qui s’approfondit sur beaucoup de territoires, expulse les populations, provoquant le déracinement et les migrations”.

Un front commun contre le capitalisme vert et pour une justice climatique

Face à ce qu’ils considèrent comme une menace de guerre nucléaire de la part des États-Unis d’Amérique, les représentantes et représentants du IV e forum social des Amériques insistent sur un renforcement d’un front commun [de plus d’organisations populaires et de mouvements sociaux] pour la défense des biens naturels contre le capitalisme dévorant, contre la destruction de l’environnement et contre les fausses solutions d’un “milieu ambiant de marché” et du “capitalisme vert”, tels les marchés de carbone, les agrocombustibles, les produits transgéniques et la géoingénierie”, lesquels risquent de favoriser davantage le changement climatique.


Voilà pourquoi, au lieu de promouvoir la mercantilisation et la privatisation des forêts ainsi que la perte de souveraineté sur les territoires, ils exigent la constitution d’un tribunal international de justice climatique.


“Nous sommes d’accord avec les propositions de l’accord de Cochabamba, résultat de la conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et pour les droits de la Terre mère, lesquels reconnaissent, comme solutions réelles face au réchauffement global, la justice climatique, la souveraineté alimentaire, la souveraineté énergétique, la souveraineté des femmes sur leur corps et leur vie et pour la reconnaissance de la diversité sexuelle, la récupération des territoires, l’agriculture paysanne, l’intégration et la solidarité entre les peuples”, disent les mouvements sociaux des Amériques.

Ils préconisent des alternatives qui partent d’actions de résistance et de diverses perspectives anticapitalistes, antipatriarcales et antiracistes, mais d’autre modèle centré sur l’égalité et le bien vivre.

A leur avis, les dix dernières années ont culminé sur la chute de certains gouvernements néolibéraux, un questionnement radical du système capitaliste, dans le continent des Amériques, par les mouvements sociaux et les mouvements indigènes, à partir de leurs connaissances ancestrales et de leur mémoire historique.


Comme résultat, il y a eu “l’émergence de gouvernements qui ont conduit des réformes positives, comme la nationalisation de secteurs vitaux de l’économie et des redéfinitions de transformation constitutionnelle”.


Toutefois, relèvent-ils, depuis le forum social, tenu en 2008 au Guatémala, il se profile un “effort systématique de déstabilisation de la démocratie” dans le continent, avec des tentatives “de répression et de criminalisation des mouvements sociaux, d’installation (sous forme d’accords) de bases militaires américaines et de manœuvres de la IVe flotte étasunienne dans les mers des Amériques”.

Dans la déclaration du 15 août 2010 d’Asuncion, les représentantes et représentants des mouvements sociaux des Amériques soulignent leur solidarité et leur engagement dans le processus de changements profonds que cherche à implanter le peuple du Paraguay “jusqu’à la récupération de sa souveraineté sur son territoire, les biens communs, les ressources énergétiques, dans la concrétisation d’une réforme agraire [pertinente] et de la démocratisation de la richesse”.

Les participantes et participants au IV e forum social des Amériques dénoncent aussi ce qu’il appellent “l’illégitimité du président de facto de Honduras, Porfirio Lobo”, tout en reconnaissant la lutte du peuple de ce pays centroaméricain pour une “refondation constitutionnelle qui établisse une vraie démocratie”



Ronald Colbert


P-au-P, 19 août 2010 [AlterPresse] --- 
 

’ONU reconnaît (enfin) l’accès à l’eau potable comme un droit de l’Homme

L’eau est enfin un droit fondamental. L’ONU a en effet voté mercredi 28 juillet en faveur d’une reconnaisance de l’accès à une eau de qualité comme un droit humain. Une "avancée historique", a salué Chantal Jouanno ce jeudi 29 juillet.
Après plus de 15 ans de débats sur la question, 122 pays ont voté une résolution rédigée par la Bolivie et consacrant ce droit. Plus précisément, ce texte déclare "que le droit à une eau potable propre et de qualité et à des installations sanitaires est un droit de l’homme, indispensable à la pleine jouissance du droit à la vie".
"Cela implique que tous les pays qui ont une ambition démocratique doivent maintenant essayer de se donner les moyens (...) pour répondre à cette attente", a déclaré Chantal Jouanno. "Ce n’est pas le manque d’eau qui tue, c’est l’eau sale. C’est le fait qu’on ait pas organisé l’entretien des puits et l’assainissement autour des communautés locales", a ajouté la secrétaire d’État à l’Écologie.
Ce sont ainsi 884 millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à une eau potable de qualité, dénonce la résolution. Plus de 2,6 milliards ne disposeraient pas d’installations sanitaires de base.
Environ deux millions de personnes, pour la plupart des jeunes enfants, meurent chaque année des suites de maladies causées par une eau impropre à la consommation et l’absence de sanitaires.
Le texte presse donc les États et les organisations internationales "de fournir des ressources financières, de renforcer les capacités et de procéder à des transferts de technologies (…..) afin d’intensifier les efforts faits pour fournir une eau potable salubre et propre et des services d’assainissement qui soient facilement accessibles et financièrement abordables pour tous".
Dans un communiqué de presse émanant du Ministère de l’Écologie, "la France se félicite de ce vote qu’elle a vivement encouragé et salue cette avancée considérable dans le droit international. Elle salue la décision prise de demander à l’experte indépendante des Nations unies de faire un rapport chaque année à l’Assemblée générale sur les avancées observées".
La mise en œuvre de ce droit sera un des enjeux majeurs du prochain forum mondial de l’eau qui se déroulera en France, à Marseille, en mars 2012. Cette résolution constituera une référence importante lors du Sommet des Chefs d’État relatif aux Objectifs du Millénaire pour le Développement prévu en septembre prochain.
Selon le communiqué du Ministère, "le gouvernement français entend défendre prochainement devant le Parlement, une proposition de loi visant à rendre ce droit pleinement effectif en corrigeant les inégalités sociales et territoriales. Le traitement des impayés d’eau pourrait ainsi être complété par un dispositif préventif pour soulager les personnes dont le poids de la facture d’eau pèse sur leurs faibles revenus".

jeudi 29 juillet 2010

mercredi 18 août 2010

Désormais, la Nouvelle-Calédonie a son hymne, sa devise et ses billets

Douze ans après la signature de l'accord de Nouméa, trois des cinq signes identitaires prévus sont mis en place.


Un hymne, une devise et des billets de banque : douze ans après la signature de l'accord de Nouméa, la Nouvelle-Calédonie s'est dotée mercredi 18 août de trois des cinq signes identitaires - les moins controversés - prévus dans ce texte fondateur.

Dans son article 1 consacré à l'identité kanak, l'accord de Nouméa stipule que des signes identitaires - nom, drapeau, hymne, devise, graphisme des billets - "seront recherchés pour exprimer l'identité kanak et le futur partagé entre tous". 

Le sujet est tellement sensible que les débats sur le nom et le drapeau ont été reportés à une date ultérieure. "Ce sont deux signes identitaires déterminants, il est prématuré de les examiner", a justifié le député Rassemblement-UMP (RUMP) Pierre Frogier lors de l'explication de vote au Congrès de Nouvelle-Calédonie.

En revanche, hymne, devise et graphisme des billets sont prêts depuis 2008. Mais en raison de divergences politiques, notamment dans les rangs du RUMP, il a fallu attendre deux ans pour qu'ils soient soumis au vote.

"Terre de parole, terre de partage"
La devise "Terre de parole, terre de partage" n'a guère suscité de controverses. Le mot terre traduit "l'enracinement tant des Kanak que de tous ceux dont les ancêtres y sont enterrés ", a expliqué Jean-Pierre Djaïwé, rapporteur Front de libération national kanak et socialiste (FLNKS) du projet de loi du pays.
La parole, fondement de la société kanak, est aussi celle de la parole donnée par les accords de Matignon et Nouméa, tandis que le partage, invoqué dans la devise, se réfère autant à la reconnaissance interculturelle qu'au rééquilibrage de la distribution des richesses.
Pour Rock Wamytan, signataire de l'accord de Nouméa au nom du FLNKS, cette devise est une parole qui engage et elle ne doit pas rester "un vœu pieux".
Car au-delà du consensus qui s'est dégagé pour approuver ces signes, les points de divergences restent nombreux. L'hymne "Soyons unis, devenons frères" en est un exemple.
Ses paroles ont été jugées "désuètes" et pouvant donner "l'impression d'une Nouvelle-Calédonie renfermée sur elle-même" par Pierre Frogier. Rock Wamytan a regretté qu'il faille chercher l'identité kanak dans la musique, mais il a reconnu "qu'être parvenu à ce stade était un grand pas de franchi sur la voie de l'émancipation".

"Une forme d'acceptation partagée"
Le graphisme des billets de banque (francs pacifiques), où apparaissent notamment des poissons de lagon, devra être revu pour raisons techniques par l'Institut d'émission d'Outre-Mer. Sa mise en œuvre est sujette à l'accord de la Polynésie française, dont les signes identitaires figurent au dos de chaque billet, mais aussi à l'éventuelle adoption de l'euro.

Le drapeau, autre symbole prévu par l'accord de Nouméa, fait débat. Calédonie Ensemble, parti du président du gouvernement Philippe Gomes, milite pour l'élaboration d'un drapeau qui "marie les différentes légitimités et constitue un élément fédérateur d'un peuple et du destin commun".

Il a été pris de court par la proposition de Pierre Frogier de hisser côte à côte le drapeau français et le drapeau kanak, officialisée par le Premier ministre François Fillon lors de son déplacement en Nouvelle-Calédonie en juillet. "C'est un aboutissement, une forme d'acceptation partagée", a acquiescé Charles Pidjot, président de l'Union calédonienne indépendantiste, lors de la cérémonie qui s'est déroulée au haut-commissariat.

Depuis 1988, la Nouvelle-Calédonie est lancée dans un difficile processus de décolonisation par étapes, censé déboucher en 2014 ou 2018 sur un référendum d'autodétermination.


(Nouvelobs.com avec AFP)

mardi 17 août 2010

Déchéance de la nationalité française pour certaines catégories de personnes : les amalgames odieux de Sarközy



« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit ; je n’étais pas communiste. Quand ils ont jeté en prison les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit ; je n’étais pas social-démocrate. Quand ils sont venus chercher des catholiques, je n’ai pas protesté ; je n’étais pas catholique. Quand ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester. »
Pasteur Martin Niemöller déporté (1892-1984)


Le discours sécuritaire de Grenoble du président Sarközy a secoué le landerneau en France en provoquant un tollé pour certains et une approbation militante pour d’autres. De quoi s’agit-il ? Pour la première fois, il est fait appel à la notion de déchéance de la nationalité, non pas à des Français, d’une façon indifférenciée, mais pour certaines catégories de Français d’origine immigrés. Cette distinction ouvre le débat sur la notion d’identité française acquise d’une façon provisoire ou définitive. Il est vrai que cette dichotomie du refus de ces éléments allogènes au corps social a toujours existé sous les différents gouvernements. N’est-ce pas en effet, le général de Gaulle qui s’écriait : « (...) Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? » N’est ce pas aussi le président Mitterrand qui parlait du seuil de tolérance ? Jacques Chirac, lui, parle de bruit et d’odeur pendant que Jean-Pierre Chevènement traite les jeunes beurs de sauvageons comme aux plus belles heures du mythe des races supérieures cher à Jules Ferry, et du langage zoologique dont parle si bien Frantz Fanon.

Un article pertinent du Journal Le Monde analyse les points forts du discours de Grenoble : (...) Lutte contre la délinquance, encore et toujours. (...) Après un train d’annonces répressives concernant les gens du voyage et les Roms, ce sont cette fois les jeunes délinquants qui sont dans le collimateur du chef de l’Etat, mais aussi l’immigration. « Le Parlement examinera la possibilité d’étendre les peines plancher aux auteurs de violences aggravées. » (...) La nouveauté serait ici de les mettre en application dès la première condamnation, ce qui correspond à une revendication des syndicats policiers. La nationalité française doit pouvoir être retirée à toute personne d’origine étrangère qui aurait volontairement porté atteinte à la vie d’un policier, d’un gendarme. On se souvient du provocateur « la France, tu l’aimes ou tu la quittes », lancé par Nicolas Sarközy en 2006. Avec cette proposition de retrait de nationalité en cas d’agression sur un policier, le chef de l’Etat ne fait que reprendre une idée évoquée dans le programme de 2007 du Front National.(...) « Je souhaite que l’acquisition de la Nationalité française par un mineur délinquant au moment de sa majorité ne soit plus automatique. » (...) « Je souhaite que l’on évalue les droits et prestations auxquelles ont accès les étrangers en situation irrégulière. Une situation irrégulière ne peut conférer plus de droit qu’une situation régulière et légale. » Nicolas Sarközy renoue ici avec une vieille thématique, aussi utilisée par l’extrême droite. (...) « Réforme profonde du droit pénal appliqué aux mineurs et saisine immédiate du tribunal pour enfants. » « Les parents manifestement négligents pourront voir leur responsabilité engagée sur le plan pénal. »(1)
La République mise à mal

Pour rappel, selon l’article 1er de la Constitution française « La République assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ». Du point de vue du droit, pour Le professeur Guy Carcassonne, toute déchéance qui laisserait un individu apatride ou qui serait basée sur le mode d’acquisition de la nationalité serait inconstitutionnelle ! M. Sarközy s’attaque ainsi à deux principes juridiques considérés comme intangibles depuis la Libération : le droit à la nationalité et le refus de toute distinction entre les Français « de souche » et ceux ayant acquis récemment la nationalité.

Les réactions sont vives à Gauche « Le président de la République a pris la lourde responsabilité de faire des étrangers et des personnes d’origine étrangère ceux et celles qui seraient responsables de l’insécurité », déclare la Ligue des droits de l’homme dans un communiqué. « Ce qui est en cause, ce n’est plus le débat légitime en démocratie sur la manière d’assurer la sécurité républicaine, c’est l’expression d’une xénophobie avérée. Quelle que soit la légitimité que confère l’élection, aucun responsable politique ne détient le mandat de fouler aux pieds les principes les plus élémentaires de la République, et de désigner à la vindicte des millions de personnes. Le président de la République et son gouvernement mettent ainsi en oeuvre une stratégie de la tension, en espérant sans doute retrouver un électorat perdu, au risque de mettre en péril la paix civile. (...)Le Parti socialiste comme les Verts ont insisté sur "l’échec" de la politique de sécurité du président. (...) Pour Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), la nationalité acquise ne doit pas être remise en cause pour des raisons de droit commun sauf à créer une catégorie nouvelle de sous-Français conditionnels. (...) »(2)

A Droite, le discours ultra-sécuritaire de Grenoble est salué par la « droite populaire », un collectif de députés UMP qui assume vouloir reconquérir l’électorat FN. Ils revendiquent des valeurs très ancrées à droite : travail, famille, patriotisme, nation, sécurité, liberté d’entrepren-dre...Il s’agit, selon le député Lionnel Luca (Alpes-Maritimes), qui est l’un des initiateurs de ce rassemblement, de « revenir aux fondamentaux » du Sarközysme. Ce même Lionel Lucas, émigré de la deuxième génération, dont le père est roumain, avait défrayé la chronique en s’associant dans sa tentative de diaboliser le film de Bouchareb à deux autres personnalités, le député Emile Aboud d’origine libanaise et le secrétaire d’Etat aux anciens combattants Hubert Falco d’origine italienne qui, on l’aura compris, ne sont pourtant pas français de souche ! Mystère ! à moins de faire appel à un autre paramètre, la culture et surtout, le culte qui berce l’imaginaire de chacun même en terre de laïcité.

François Sergent résume l’importance du message du président Sarközy : « Ce sont, dit-il, des mots pour faire mal, des mots pour discriminer. Après sa sortie sur le "comportement des gens du voyage et des Roms", le président s’attaque aux étrangers et aux fils et filles d’étrangers. Ce président qui se dit féru d’histoire revient aux mesures pratiquées aux heures les plus honteuses du passé français : la déchéance de la nationalité, pour la dernière fois utilisée par le régime de Vichy contre les Juifs. Il veut ainsi créer deux catégories de Français, ceux de souche, aussi vaine que soit cette définition, et ceux de naturalisation récente, donc suspecte et suspensive. Dans un amalgame odieux, il assimile ainsi la délinquance à l’immigration. (...) On ne saurait mieux ratisser sur les terres de l’extrême droite. Mais, ce n’est pas de l’angélisme de dire que la force et la répression ne peuvent résoudre la délinquance et le mal-vivre dans les quartiers. Il existe des solutions républicaines, mélange de prévention, d’éducation et de maintien de l’ordre et de la loi. »(3)

Il reste cependant, à lever une ambigüité dans l’idéologie du président Sarközy. On s’aperçoit qu’elle évolue du tout au tout en fonction des circonstances. Comme l’écrit Julien Martin de Rue 89 : « Le chef de l’Etat veut déchoir de leur nationalité les délinquants d’origine étrangère. En 2006, il refusait toute forme de double peine. (...)Nicolas Sarközy semble bien éloigné de l’égalité républicaine...et de son ancienne « conviction ». Une « conviction » pourtant couchée noir sur blanc lorsque, après deux années passées au ministère de l’Intérieur, il écrit en 2004 : « La réforme de la double peine a procédé de la même conviction : à chaque délit, à chaque crime, il doit y avoir une réponse pénale ferme. Mais celle-ci ne peut varier selon que l’on est, sur sa carte d’identité, Français ou non. Lorsqu’il a passé toute son enfance en France ou qu’il y a fondé une famille, le second n’a pas à subir une seconde sanction en étant expulsé dans son pays de nationalité et coupé de sa famille. » Si le chef de l’Etat s’éloigne aujourd’hui de cette position, il se rapproche en revanche du programme du Front national.(4).

En définitive sur quelle vision de l’histoire doit reposer l’identité nationale en France ? Celle d’une France gauloise, continuée par les rois, accomplie définitivement avec la République ? Ou celle d’une France métissée, faite de diversités culturelles et ethniques, ouverte sur l’avenir ? Qu’est-ce qu’être français au XXIe siècle ? Doit-on comme le réduit le débat actuel, tenir à distance le musulman au point qu’à la 4e génération on parle encore de l’origine des beurs ? Qu’est-ce qu’un Français de souche ? (5) Dans un de ses discours, le président Sarközy déclarait : « (...) Mais je veux leur dire aussi que, dans notre pays, où la civilisation chrétienne a laissé une trace profonde, où les valeurs de la République sont partie intégrante de notre identité nationale, tout ce qui pourrait apparaître comme un défi lancé à cet héritage et à ces valeurs condamnerait à l’échec l’instauration si nécessaire d’un Islam de France [...] » Les musulmans doivent-ils comprendre, explique Evariste, que « la France, tu l’aimes chrétienne ou tu la quittes » ? (...) Ce serait oublier que la République s’est construite en rupture avec la France chrétienne, (...) qu’il aura fallu qu’un sang impur abreuve nos sillons (que le sang bleu des forces monarchistes et cléricales soit versé).(6)
L’immigré Sarközy

Nous donnons la parole à Jean Baubérot qui répond magistralement et avec humour au président Sarközy : « Tu as écrit une tribune dans Le Monde (9 décembre) qui a retenu toute mon attention. En effet, tu t’adresses à tes "compatriotes musulmans", et c’est mon cas, moi Mouloud Baubérot, frère siamois de celui qui tient ce blog. Avant, par politesse, il faut que je me présente très brièvement. Ma famille provient de Constantine,. Nous sommes donc d’anciens Français. D’autres nous ont rejoint peu de temps après et sont devenus Français, en 1860, tels les Niçois et les Savoyards. Et au siècle suivant, d’autres sont encore venus. Certains de l’Europe centrale, bien différente de notre civilisation méditerranéenne. Mais, comme tu l’écris très bien, nous sommes très "accueillants", nous autres. Alors nous avons donc accueilli parmi eux, un certain Paul Sarközy de Nagy-Bosca, qui fuyait l’avancée de l’Armée rouge en 1944. Nous sommes tellement "accueillants" que nous avons fait de son fils, ton frère siamois, immigré de la seconde génération, un Président de notre belle République. Comment être plus accueillants ? Mais faudrait quand même pas tout confondre : entre lui et moi vois-tu, c’est moi qui accueille, et lui qui est accueilli. Je suis d’accord, moi Mouloud qui t’accueille, je dois te faire "l’offre de partager (mon) héritage, (mon) histoire (ma) civilisation), (mon) art de vivre". Tiens, je t’invite volontiers à venir manger un couscous avec moi. (...) »(7)

« Contrairement à moi, puisque tu n’es en France que depuis une seule génération, tu as encore beaucoup de choses à apprendre quant aux « valeurs de la République (qui) sont partie intégrante de notre identité nationale ». (...) D’abord, la laïcité, ce n’est nullement « la séparation du temporel et du spirituel » comme tu l’écris. Le « spirituel » et le « temporel », ce sont des notions théologiques, et cela connotait des pouvoirs. (...) Pour être concret, je vais te raconter l’histoire de France en la reliant à ma propre histoire d’ancien Français, du temps où toi, tu ne l’étais pas encore. Pendant la guerre 1914-1918, mon arrière-grand-père est mort au front, comme, malheureusement, beaucoup de Français, de diverses régions : Algérie, Savoie, ou Limousin,...car nous avons été environ 100.000, oui cent mille, musulmans à mourir au combat pour la France. Nous étions déjà tellement « arrivés » en France, que nous y sommes morts ! Ces combats avaient lieu dans cette partie de la France appelée « métropole » ». (7)

« Ma famille y était venue, à cette occasion, et elle y est restée. A Paris, précisément. Comme nous commencions à être assez nombreux, et provenant, outre la France, de différents pays, la République laïque a eu une très bonne idée : construire une mosquée, avec un beau minaret bien sûr. Elle avait décidé, en 1905, de « garantir le libre exercice du culte ». « Garantir », c’est plus que respecter. (...) De plus, et je vais t’étonner Nicolas, les laïques, ils aimaient bien les minarets. Quand on a posé la 1ère pierre de la mosquée, le maréchal Lyautey a fait un très beau discours. Il a déclaré : « Quand s’érigera le minaret que vous allez construire, il montera vers le beau ciel de l’Ile de France qu’une prière de plus dont les tours catholiques de Notre-Dame ne seront point jalouses. »(7)

Un feu mal éteint ! C’est ainsi que l’on pourrait qualifier les combats incessants et récurrents post-révolution algérienne du pouvoir français actuel à l’endroit des Algériens toutes générations confondues. Le tsunami dans les consciences suite à l’invasion du 5 Juillet 1830 par l’armée d’Afrique continue d’avoir des répliques près de 180 ans plus tard sans qu’il y ait de solde de tout comptes. Les beurs, à leur corps défendant, continueront à servir de variable d’ajustement - rhétorique connue dans les périodes difficiles. Souvenons-nous des attaques contre les Italiens coupables de manger le pain des Français, dans les années 20 du siècle dernier. Comme précédemment avec le concept « d’immigration choisie », on assiste à une dérive vers une société d’apartheid où la naissance, le privilège, la bonne fortune, la distinction de classe est tout, la citoyenneté, rien ! Dans ce discours, une catégorie d’humains est supérieure aux autres. Celle des Français de souche par rapport aux étrangers devenus français le temps d’une NDD - Nationalité à Durée Déterminée - qui peut se transformer au bout d’un temps long en NDI, si le citoyen du deuxième collège se tient à carreau avec toujours l’épée de Damoclès au-dessus de sa tête. Mutatis mutandis la citation du pasteur Niemöller peut s’appliquer à la situation actuelle ; les Français épris de justice qui refusent les amalgames pourraient méditer les prémisses de situation analogue comme l’écrit un internaute :

« Ils sont venus chercher les jeunes de banlieue : j’ai approuvé ce sont des voyous. Ils sont venus chercher les gens du voyage : normal ce sont des voleurs de poule. Ils sont venus chercher mon voisin : normal ses parents sont nés au Mali. Ils sont venus chercher le copain de ma fille : normal ses grands-parents sont nés en Algérie. Ce matin on a tapé à ma porte.Je ne me souviens plus du lieu de naissance de mes grands-parents. » Dont acte !

1.S.Laurent : Délinquance, immigration : Sarközy poursuit son virage. Le Monde 30. 07.2010

2.Vives réactions après les propos de Nicolas Sarközy sur la sécurité. Le Monde.fr 30 07 2010

3.François Sergent Suspect. Libération 31/07/2010

4.Julien Martin : Déchéance de la nationalité : Sarközy contredit Nicolas Rue89 30/07/2010

5.Chems Eddine Chitour : Comment être français au XXIe siècle. Site Alterinfo 18 12 2009

6.Évariste : Nicolas Sarközy et la boîte de Pandore. Respublica n°630. 13 décembre 2009

7.Lettre de Mouloud Baubérot à Nicolas Sarközy : Site Oumma.com 14 décembre 2009

Pr Chems Eddine CHITOUR


Ecole Polytechnique Alger enp-edu.dz
source

lundi 16 août 2010

IMPOSSIBLE NEGOCIATION AVEC RAJOELINA

Andry Rajoelina affirmmait «...je suis ouvert à toute proposition, tant que cela n’allonge pas la période transitoire. Pour conclure, je suis disposé à signer l’accord politique ...».

Ces mots ont été prononcés lors de la concertation des partis à Iavoloha. On a vu même un groupe parlementaire TIM qui ont decidé de vendre leur âme pour un salaire de traître, des 4x4 et des privilèges personnels.. .

Rajoelina voulait absolument dompter ce conclave pour que leur demarche aille dans le sens de la HAT.il dira tout pour se faire accepter: Mais c est un bébé qui ne connait pas la valeur de la parole donnée et encore moins les accords signé: Personne ne veut jouer avec lui, ce jeu de gamin mal-élevé.

Effectivement, cette concertation s’est soldée par le projet de la HAT : les organes unilatéralement désignés par la HAT : les ray amandreny mijoro, le CENI etc.. auront la charge de l’organisation de la conférence nationale, andry rajoelina sera le président, le premier ministre sera désigné après sa consultation. .. bref, ce n’est pas prenable. Le conclave est, en fait, des pro-Rajoelina éparpillés en plusieurs noms, donnant l’impréssion que c’est toute une population, alors que la plupart sont des petits partis dont on sait à peine leurs membres dont la quantité ne dépassent même pas les 50 personnes. Leurs noms sont à peine connu. Ces partis politiques se lancent en politique, en espérant avoir un poste et des privilèges.

Le membres du parti TIM venus à cette concertation sont venus à leurs noms propres et leurs intérêts personnels.

Dans cette réunion avec le dictateur andry rajoelina, il n’était pas du tout question du retour de Marc Ravalomanana, de la libération des prisonniers politiques, des responsables de vol de bois de rose, de bois d’ébène et de palissandre. ..c’était juste une distribution d’intérêt entre putschites et traîtres.

Effectivement, à Iavoloha, il a été décidé que :

- La Transition inclura toutes les forces vives malgaches, notamment, les Raiamandreny, les politiciens, les membres de l’actuelle transition, la société civile, la communauté religieuse et les opérateurs économiques.
- Andry Rajoelina demeure Président de la Transition.
- L’espace de concertation avec le PHAT désigneront ensemble le Premier Ministre. Ce dernier désignera les membres de l’exécutif.

- La société civile consultera l’espace de concertation en vue de l’organisation de la conférence nationale.
- Les textes de la Constitution de la IVème République sortiront de la conférence nationale.
- L’actuel HAT sera élargi pour laisser place à la Chambre Législative.
- Les membres des institutions désignés par ordonnance comme la CENI et la HCC seront renouvelés inclusivement et consensuellement.
- Le CNR sera instauré et les membres seront désignés inclusivement et consensuellement.

Pour les membres de la HAT et l’UDR la proposition ne sert presque à rien, le ray amandreny mijoro avec la société civile organise déjà le dialogue national, nous avons pour seul objectif, l’organisation des élections pour mettre un terme à la Transition.

L’intérêt du peuple Malgache n’est pas le premier souci de la HAT. A aucun moment, le muselage des mass-media, les intimidations des militaires, les grèves des magistrats et de l’université.. n’ont été evoqué.

Le régime rajoelina ne cède rien dans sa dictature, parce qu’il est soutenu par l’armée. Seule une intervention militaire etrangere pourrait neutraliser ces hommes en armes et en treillis et qui font regner la terreur à Madagascar en ce moment. Alors, Nous reclamons à corps et à cri l’intervention militaire de la SADC, non pour mettre fin à la crise mais pour désarmer les mutins et milices armées auteurs d’exactions et d’intimidations diverses et assurer la tenue d’élections libres et transparentes. Car le putschiste rajoelina n’est plus atteignable par le dialogue. Il est venu par la force et sera explusé de la même manière.

L’INTERVENTION MILITAIRE DE LA SADC, C’EST NOTRE SALUT.
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MANOHANA NY ARADALANA

Kofi Annan calls for united effort to accelerate African Green Revolution


Accra, Ghana, 12 August 2010 - African heads of state, industry representatives, the international donor community and farmers will meet in Ghana at the African Green Revolution Forum (AGRF) in the first week of September. Delegates will create an action plan on the acceleration of a Green Revolution in Africa. Chaired by Kofi Annan, chair of the Alliance for a Green Revolution in Africa (AGRA), this is the first time the forum will be held in Africa. It is expected to be one of the continentâs major gatherings of both public and private players to focus solely on agriculture development.

âWe will be looking to governments for leadership to create an environment that will enable agriculture to prosper and grow and we will be looking to the private sector to drive and sustain that growth,â says Kofi Annan. âWorking together we can achieve a food secure and prosperous Africa.â

The AGRF promotes investments and policy initiatives that will drive income growth for African farmers in an environmentally sustainable way. The AGRF will also show progress in unlocking Africaâs agricultural potential and facilitating sustainable economic growth thanks to new investment and public-private partnerships.

âAs Secretary General of the United Nations, I called for a uniquely green revolution in Africa to meet the Millennium Development Goal of halving hunger by 2015. And six years later, I am encouraged to see that the Green Revolution has taken hold and is gaining momentum. We have reached global consensus that agriculture is Africaâs lifeline and, from that realization, we are gaining global support and funding commitments as well as the support of African governments and the attention of the private sector. But we need an action plan to translate this momentum into tangible support for Africaâs famers,â says Mr. Annan.

To substantially increase food production in Africa requires a comprehensive and integrated approach to improve the productivity, profitability and sustainability of smallholder farmers. The new expansion must take into account its effect on climate change â the warming planet is expected to reduce yields by 20-30 percent by 2050 if left unchecked.

A number of private players will take leading roles at the AGRF.

Jørgen Ole Haslestad, Chief Executive, Yara International ASA, says: âAt the African Green Revolution Forum in Ghana we expect to continue the momentum from other recent summits. We need both the entrepreneurship attitude from business and political leadership to create environments that enable financing and smallholder farmers to flourish.â

Clive Tasker, Chief Executive, Standard Bank Africa, says: âCommercially viable agriculture can yield food for millions and eliminate hunger. Farmers, NGOs, public and private partners will sit at the same table at the African Green Revolution Forum. Together we will support the real progress on the ground.â

The NEPAD Agency Chief Executive Officer, Dr. Ibrahim Assane Mayaki, says âAfrica has the potential to become a major food producer ensuring food security on our continent and beyond. This opportunity can only become reality if systemic transformation takes place at the farmer, NGO, policy and continental level. Moving AGRF to Africa, is a clear statement on the need for rooting the Green Revolution on the ground, and will be a key driving force, in eliciting stakeholdersâ commitments to transformation.â

"Governments must create the right policy environment to allow for appropriate investments in research and development to enhance productivity and increase production" says Kanayo F. Nwanze, President of the International Fund for Agricultural development (IFAD).

Judith Rodin, President, The Rockefeller Foundation, says âThe Rockefeller Foundation is proud to continue our almost century long commitment to food security around the world. As we look back on the lessons of our own Norman Borlaug and his colleagues, we are proud to now work with dedicated partners to bring a Green Revolution to Africa. The African Green Revolution Forum is an enormous opportunity to connect partners from governments, foundations, NGOs and the private sector to find new ways to increase food security in an era of climate change and establish Africa as a thriving and innovative global agricultural market.â

The Ministers, private sector partners and donor representatives at the AGRF will launch national breadbasket projects for Ghana and Mali. The projects, which enable agricultural areas with high production potential to gain access to new markets, are a model for delivering on the AGRFâs aims to achieve food security through sustainable agriculture and to reduce poverty in Africa.

The AGRF will also review progress of the Beira Agricultural Growth Corridor in Mozambique, and the second corridor project in Tanzania.

About the AGRF

· Brings together high profile African heads of state, ministers, farmers, private agribusiness firms, financial institutions, NGOs, civil society and scientists to an African-led event.

· It is supported by public and private institutions including the following strategic partners: African Green Revolution Alliance (AGRA), Yara, New Partnership for Africaâs Development (NEPAD Agency), Standard Bank, the Rockefeller Foundation and the International Fund for Agricultural Development (IFAD).

· The AGRF runs from 2-4 September in Accra. It will be chaired by former UN Secretary-General, Kofi Annan, and hosted by H.E. John Atta Mills, President of Ghana.

· Confirmed speakers include heads of state, CEOs and leaders in donor and development finance, including: Jakaya Mrisho Kikwete, President of Tanzania; Olusegun Obasanjo, former President of Nigeria; Kanayo Nwanze, President, IFAD; Judith Rodin, President, Rockefeller Foundation; Dr Ibrahim Assane Mayaki, Chief Executive, NEPAD Agency; Rhoda Peace Tumusiime, Commissioner for Rural Economy and Agriculture, African Union.

For full details of the program and speakers list, visit: www.agrforum.com

samedi 14 août 2010

Le préfet ne voulait pas naturaliser l'aïeul de Nicolas Sarkozy


PARIS - Le préfet de police de Paris ne voulait pas naturaliser en 1924 le grand-père maternel étranger de Nicolas Sarkozy, immigré provenant de la ville grecque de Salonique, en raison d'une politique d'immigration "choisie" ou sélective, révèle jeudi Le Nouvel observateur.

Le préfet de police de Paris ne voulait pas naturaliser en 1924 le grand-père maternel de Nicolas Sarkozy, immigré provenant de la ville grecque de Salonique, selon Le Nouvel observateur. Aron Benedict Mallah avait finalement été naturalisé sur décision du ministère de la Justice. (Reuters/Philippe Wojazer)

Né en 1890, Aron Benedict Mallah avait abandonné sa confession juive après son arrivée en France en 1905 et servit comme médecin militaire pour la France lors de la Première Guerre mondiale.

Il voulait devenir Français et son dossier administratif de naturalisation retrouvé par l'hebdomadaire, et jamais publié jusqu'ici, comporte une lettre du préfet de police de Paris en 1924 ajournant sa demande.

On y lit: "Bien que les renseignements recueillis sur M. Mallah ne soient pas défavorables, j'estime qu'en l'absence de titres sérieux à la faveur sollicitée, il convient d'ajourner l'examen de sa demande et celle de sa femme".

La publication du document intervient alors que le débat sur l'identité nationale, soutenu par Nicolas Sarkozy, est critiqué en raisons de propos jugés racistes sur les immigrés. Les procédures exigées pour le renouvellement de documents de nationalité française font aussi l'objet de critiques.

La femme de Benedict Mallah, Adèle Bouvier, était française à l'origine mais, à l'époque, on perdait cette nationalité en épousant un étranger. Le refus de la préfecture de police, non motivé, semble fondé par une préoccupation de l'époque, la volonté de choisir les immigrés suivant leur profession.

Benedict Mallah était en effet médecin et les ordres professionnels redoutaient une immigration de ces professions. Finalement, le couple a obtenu la nationalité française sur décision du ministère de la Justice. Il a dû se cacher ensuite pour fuir les persécutions antisémites sous l'Occupation.

Quand sa fille Andrée a voulu épouser Pal Sarközy Nagy-Bocsa, immigré hongrois arrivé en France en 1928, Benedict Mallah a posé, en vain, la condition que ce dernier prenne la nationalité française, raconte la mère de l'actuel chef de l'Etat dans un entretien au Nouvel observateur.

"Mon père aurait préféré qu'il soit Français. Pal était d'une très bonne famille hongroise, il imaginait pouvoir retourner là-bas", dit-elle. Ce n'est finalement qu'en 1975 que Pal s'est fait naturaliser français, car tous ses enfants étaient français, rappelle l'hebdomadaire.

Immigré pauvre fuyant le stalinisme, Pal Sarközy ne parlait pas initialement le français et a dormi dans la rue et dans le métro avant de faire fortune dans la publicité.

Nicolas Sarkozy n'a pas souhaité répondre aux questions du Nouvel observateur sur ses origines, dit le magazine. Le président ne fait que de très rares allusions à cette identité de fils et petit-fils d'immigré. "La Hongrie est le pays de mon père", a-t-il dit lors d'un voyage officiel à Budapest en 2007.


Par Reuters, publié le 18/02/2010 à 16:34

mardi 10 août 2010

L'Oraison funèbre interdite de Célestin Monga à Feu Pius N. Njawe



Voici l'oraison funèbre que le Gouverneur de la Province de l'Ouest a empêché à Monga de prononcer

Je suis arrivé au Cameroun il y a quelques jours avec dans mon bagage à main un petit colis, pourtant le plus lourd et le plus encombrant que j’aie jamais eu à transporter de ma vie. C’était une boîte noire et rectangulaire à peine plus grande qu’une boîte de cigarettes. On me l’avait confiée à Washington. Je ne pouvais pas refuser de la prendre, et pourtant mon premier réflexe était de me tenir bien loin d’elle. L’ayant acceptée contre mon propre instinct, j’ai immédiatement mesuré son caractère à la fois faussement ordinaire et sacré. Elle semblait banale mais elle me brûlait les mains.

Pendant les quelques jours où j’ai eu à conserver cette petite boîte à mon domicile, je n’ai d’ailleurs pas su à quel endroit de la maison il fallait la conserver : au chevet de mon lit ? Non, je n’aurais pas pu survivre aux cauchemars qu’elle m’infligeait. Sur la table de la cuisine ? Non, car un enfant aurait pu la prendre et la jeter par inadvertance. Fallait-il la garder précieusement à côté de mon passeport ou au contraire la tenir loin de ma vue ? Je savais une seule chose avec certitude : pas question que j’oublie de la prendre avec moi au moment d’aller à l’aéroport.

Cette boîte qui m’a torturé pendant plusieurs jours de Washington à Douala via Paris, c’était la clé du cercueil de Pius Njawe. Sa famille m’avait infligé la responsabilité étouffante et l’honneur douloureux de ramener au pays le sésame d’acier par lequel la nation allait accéder, une dernière fois, à cet homme qui aura marqué de manière indélébile la conscience collective. La charge a lourdement pesé sur mes épaules.

L’incongruité de la situation dans laquelle je me suis trouvé était manifeste à chaque étape de mon voyage à travers les continents. Cette clé était minuscule mais particulièrement incommodante. Elle était trop importante pour que je la mette dans ma valise enregistrée et envoyée à la soute de l’avion. Car si mon bagage se perdait au cours du trajet comme cela arrive presque systématiquement sur les vols africains, nous aurions tous eu l’air pas très intelligents ici, avec entre les bras un cercueil sans les moyens de l’ouvrir. Il aurait alors fallu fracasser le cercueil pour libérer le corps de Pius et lui faire violence une fois de plus, par-delà sa mort. Ayant visualisé mentalement cette hypothèse, je l’avais immédiatement écartée. Il ne me restait alors qu’à prendre la clé dans mon bagage à main, entre mes documents les plus précieux.

Mais là aussi, les choses se sont révélées bien compliquées : à chacun des aéroports par lesquels je transitais, les officiers de sécurité aérienne qui analysaient le contenu de mon bagage à main sursautaient d’y trouver cette clé en acier qui ressemblait étrangement, à leurs yeux, à une arme blanche. Il fallait alors leur expliquer que je n’étais pas un terroriste irakien ou afghan, et qu’il s’agissait simplement d’une clé précieuse que je devais garder constamment par devers moi-même si l’idée ne me plaisait pas forcément. Ces négociations permanentes et souvent ardues et macabres, avec des agents de sécurité et des douaniers formés et payés pour être soupçonneux, m’ont plongé dans un état de fébrilité et de colère silencieuse. A force de manipuler la clé, de lire et relire les documents mortuaires à chacune des escales de mon voyage, j’ai dû, même malgré moi, contempler l’absurdité de l’existence, la fragilité des ambitions humaines, et la permanence du destin. J’ai dû aussi, évidemment, retourner en boucle dans ma tête les circonstances de cette mort, et tenter sinon de comprendre, du moins d’en mesurer la violence, l’injustice, et la tragique banalité. J’ai dû essayer de faire sens-si tant est que cela soit possible-de l’implacable mécanique qui a conduit au désastre.

Pius Njawe est décédé dans un accident de la circulation survenu le lundi 12 juillet à 14 heures 55 minutes sur l’autoroute 664 qui relie les villes de Newsport News et Chesapeake, en Virginie. Avec son chauffeur Eric Wande, il se rendait à Chesapeake, chez son ami et frère Lucas Kameni qui élève Justice, sa fille de dix ans. C’était un après-midi ensoleillé d’été avec un ciel bleu, une visibilité parfaite et une circulation légère. Le trajet Washington-Chesapea ke qu’Eric connaît bien dure en moyenne 3 heures et ils se trouvaient à 9 minutes seulement de leur destination.
La voiture dans laquelle les deux hommes roulaient était une Lexus et l’autoroute une des plus belles situées non loin de Washington, la capitale du pays le plus industrialisé du monde. Quelques secondes seulement après l’accident, un autre usager de la route qui passait par là avait contacté la police locale en appelant le numéro de secours 9-1-1. Moins de 8 minutes après ce coup de fil, des pompiers et policiers très bien équipés étaient sur les lieux et avaient bouclé l’autoroute dans les deux sens pour secourir les victimes et procéder à une première enquête préliminaire. Travaillant sous les ordres du sergent R. W. Walker de la police de l’Etat de Virginie, ils avaient constaté le décès instantané de Pius qui, bien qu’ayant sa ceinture de sécurité, avait étendu son siège passager à l’arrière pour s’assoupir pendant la dernière demi-heure du voyage. Il est donc fort possible qu’il soit passé de vie à trépas sans voir venir la mort.
Le chauffeur du camion qui a percuté de plein fouet son véhicule et l’a traîné sur plusieurs centaines de yards, aux dire de la police américaine, est un certain John Moore (64 ans) qui travaille depuis des années pour la société de transport Canaday Trucking, une entreprise de transport de taille moyenne basée depuis de nombreuses années à Providence, Virginie.
La journaliste Kirstin Davis du quotidien The Virginian-Pilot a écrit que la police croyait que le véhicule qui conduisait Pius Njawe s’était peut-être arrêté en plein milieu de l’autoroute, ce qui expliquerait que le chauffeur du camion semi-remorque, qui venait à toute allure derrière eux, n’ait pas eu le temps d’arrêter son meurtrier véhicule. Eric Wande, le chauffeur de Pius, explique pour sa part qu’il roulait simplement plutôt lentement, à vitesse raisonnable- car il devait se préparer à quitter l’autoroute pour emprunter la sortie vers Chesapeake.

L’enquête et la reconstitution de l’accident, y compris avec l’exploitation d’images de caméras et des images satellitaires, détermineront qui avait tort dans cette maudite affaire. Pour l’instant, les deux chauffeurs s’accordent sur l’idée qu’il s’agissait d’un terrible, malheureux et banal accident. Les autorités policières de l’Etat de Virginie en ont été si convaincues qu’elles n’ont jamais ni sollicité l’intervention de la police fédérale américaine (le FBI), ni demandé une autopsie-chose qui se fait obligatoirement dès qu’il existe un soupçon de doute chez les enquêteurs sur les circonstances de la mort d’une personne sur le territoire américain. D’ailleurs moins de 3 heures après l’accident, elles avaient remis le corps de Pius Njawe à la morgue de l’hôpital de Norfolk, et à la disposition de sa famille. Celle-ci n’a pas non plus demandé d’autopsie.

Si telle est la vérité-Njawe était un des journalistes les plus appréciés par ses confrères du monde entier et les fins limiers de la presse d’investigation aux Etats-Unis et ailleurs ont dû mener leur travail d’investigation pour élucider les circonstances de cette mort et valider les résultats préliminaires de la police-ce tragique accident illustre surtout le prix à payer pour être un homme d’action, et l’ampleur du sacrifice qu’il faut parfois consentir pour se défaire d’une existence banale, d’une sous-vie.

Je n’insisterai pas sur les détails de sa biographie et sur les divers éléments de son itinéraire, disponibles dans tous les journaux du monde entier qui lui ont consacré des oraisons funèbres. Je me contenterai de commenter quelques éléments de cette vie exceptionnelle qui fut la sienne, et d’en tirer des significations. Pius Njawe est né ici même à Babouantou, au sein d’une humble mais grande famille appartenant à une civilisation de vieille souche. Il était d’ailleurs un vénérable notable du village et un digne représentant de cette riche culture dont il arborait avec joie les attributs, parfois les plus spectaculaires. Je l’ai vu par exemple se promener en hiver à Washington, vêtu de grands boubous africains fort encombrants et trop légers pour le climat, parfois coiffé de chéchias colorées, et m’intimant l’ordre de m’habiller de la même manière pour l’accompagner à je ne sais quelle manifestation culturelle des ressortissants de son village.

Malgré la fierté que les membres de cette famille peuvent légitimement éprouver devant son parcours et son oeuvre, Pius Njawe était aussi et surtout un Camerounais au sens le plus noble du terme, un Africain, et un citoyen du monde. Babouantou l’a peut-être vu naître mais l’homme a grandi ailleurs, et il appartenait au monde entier. La puissance de son réseau international d’amitiés et l’impact qu’il aura eu sur notre conscience collective en témoignent, de même que l’énorme vague d’émotion suscitée à travers la planète par la nouvelle de sa mort. Il y a quelques jours à Washington, son confrère Eric Chinje observait fort justement qu’aucun chef d’Etat africain n’avait bénéficié d’une telle couverture médiatique internationale, ni de son vivant, ni à sa mort.

Pius Njawe a été un autodidacte. Très tôt, il s’est mis à lire des livres et des journaux, et décidé dès l’âge de dix-sept ans de ce qu’il voulait faire du reste de sa vie-beaucoup d’entre nous, à vingt, trente ou même quarante ans, ne savent toujours pas ce qu’ils souhaitent devenir. A dix-neuf ans, Pius Njawe était journaliste à La Gazette du Béninois Abodel Karimou. Y ayant appris les rudiments du métier, sans argent ni soutien quelconque, armé de sa seule volonté et de sa passion pour l’écriture et le besoin de vérité, il a créé lui-même son journal. Le Messager est né à Bafoussam en 1979.

Pius Njawe a prouvé que le destin n’existe pas.

A priori, il semblait mal parti dans la vie, n’ayant ni une collection de diplômes universitaires, ni une fortune, ni le pouvoir de faire peur ou de brutaliser son voisin, ni même un réseau de complicités mystiques. Erreur : l’ambition et la foi seules lui ont suffi à changer le cours de l’Histoire. Car c’est bien ce que Le Messager, vénérable institution sociale et politique, est parvenu à réaliser pendant les trente-deux ans dont Pius Njawe a assuré la direction. Comme quoi ce qui compte dans la vie, ce ne sont pas les conditions dans lesquelles l’on commence son existence. C’est la manière dont on la mène et le bilan que l’on affiche au moment où elle est achevée.
Les choses n’ont cependant jamais été faciles pour lui. Aucun obstacle, aucun piège, aucune brimade, aucun supplice ne lui a été épargné. Pourtant, rien ne l’a arrêté sur son chemin. Ni l’agitation, ni la haine, ni la calomnie, ni la violence, ni l’injustice, ni la prison, ni la douleur suprême de devoir perdre des êtres chers dans les conditions les plus atroces. Pius Njawe s’était tiré indemne de toutes ces épreuves. Vous chercherez en vain le moindre gramme d’aigreur ou le moindre désir de vengeance dans son propos et son comportement, y compris à l’égard des personnes qui ne méritaient pas sa compassion. Pius Njawe croyait comme Antoine de Saint-Exupéry qu’un homme se découvre lorsqu’il se mesure à l’obstacle et que l’adversité rend chaque personne encore plus solide.

Depuis notre étrange procès de janvier 1991, mon nom est associé dans l’imaginaire de beaucoup de personnes au sien et au journal Le Messager. Or, lui et moi, nous ne nous connaissions vraiment pas avant cette affaire. Un jour de décembre 1990, alors que je travaillais comme banquier à Douala, j’avais écrit en quelques minutes cette fameuse lettre ouverte au Président de la République et l’avais fait parvenir à son journal. Je peux vous révéler aujourd’hui que Pius Njawe n’était même pas au Cameroun à ce moment-là. Un de ses collaborateurs avait réceptionné l’article et m’avait téléphoné pour m’annoncer sa publication immédiate. Dès la parution de l’article, le journal avait été saisi et je m’étais retrouvé dans une cellule de prison. Pius Njawe était revenu au Cameroun quelques jours plus tard et s’était fait convoquer immédiatement par la police judiciaire. C’est donc en détention que nous avions véritablement fait connaissance. Au départ, je me demandais s’il allait me sauter dessus et me rouer de coups de poing pour le motif que j’avais fait fermer son journal et bouleversé sa vie. Non, pas du tout.

Le plus extraordinaire dans cette affaire est que lors de son interrogatoire, les services de sécurité lui avaient offert la possibilité de se tirer d’affaire et de me laisser seul dans le pétrin. La police savait évidemment qu’il avait été absent du pays pendant plusieurs semaines et que le pauvre n’était pas personnellement responsable de la décision de publier mon sulfureux article. Le commissaire de police principal qui l’interrogeait lui a dit clairement : ‘Nous savons que vous n’avez rien à voir dans cette affaire et que c’est Célestin Monga qui doit répondre de son acte. Nous savons que vous étiez en voyage à l’étranger. Il suffit de l’indiquer dans le procès-verbal et vous serez immédiatement hors d’ennui.’ Njawe avait écouté attentivement cette offre alléchante, m’avait regardé intensément-de son regard intense et incandescent- et avait dit à l’officier : ‘Non, Monsieur le Commissaire, lorsque Monsieur Monga m’a apporté son article, je l’ai lu attentivement et ai constaté qu’il correspondait exactement à la ligne éditoriale du Messager. J’ai décidé de le publier.’ Il était comme cela, l’homme Njawe, capable de grandeur morale, de solidarité et de loyauté au-delà de l’imaginable.

Sa mort est un choc mais elle offre aussi l’occasion à la communauté de se réunir, comme ici aujourd’hui, pour faire le point sur elle-même. Les énergies et les offrandes du deuil réaffirment la richesse de la collectivité et son goût de la solidarité. La mort est donc l’occasion de faire preuve de santé sociale, sinon une démonstration de force. Elle est donc une cérémonie de régénération génésique qui nous permet de nous fortifier, même si au passage, elle requiert des sacrifices et de la douleur. La mort est une pause : le temps s’arrête pour que la communauté se redynamise. Les rites qui nous rassemblent célèbrent la vie de Pius Njawe et ambitionnent de faire renaître à jamais les souvenirs que son image nous ont inspirés. La mort est une opération cosmique qui nous permet de réfléchir à nos habitudes et de nous libérer de certaines normes arbitraires de vie que nous nous sommes imposées.

Face à une mort comme celle de Pius Njawe, qui rassemble les Camerounais de tous bords politiques, de toutes confessions religieuses, de toutes conditions sociales, les hiérarchies fantaisistes habituelles s’évaporent, les distinctions sociales et ethniques apparaissent véritablement pour ce qu’elles sont : des artifices ridicules. La fraternité et la camaraderie redeviennent promiscuité. Chacun arrache son masque et son déguisement. Nous sommes alors vêtus de notre seul costume de chair et de sang, et nous apparaissons à chacun pour ce que nous sommes véritablement : des êtres fragiles dont le temps précieux est compté. Avec un minimum de lucidité, nous pourrions même sortir tous purifiés et régénérés de ce chaos psychologique. A condition d’avoir chacun la dose suffisante d’humilité pour mesurer le temps qui passe, à condition de penser à préparer chacun notre mort. Au-delà de la douleur, des pleurs, des déchirements, le deuil prépare donc la résurrection.
‘Notre mort illumine notre vie’, dit Octavio Paz. La mort est un miroir grossissant dans lequel nous analysons nos propres actes, nos souvenirs partagés, nos succès, mais aussi nos erreurs et nos omissions. Devant elle, notre vie se dessine et cherche sa propre explication, sa propre justification. La mort de Pius Njawe nous interpelle donc à plusieurs égards. Elle nous secoue, nous attrape à la gorge, nous bouscule, nous brutalise et nous force à faire le point sur nous-mêmes-ne fût-ce qu’un point silencieux. Elle interroge ceux d’entre nous qui se croient immortels parce qu’ils jouissent d’un pouvoir qui les grise et les rend ivres. Elle questionne ceux qui ne veulent rien faire ni prendre aucun risque pour changer le Cameroun, qui se contentent de se demander ‘on va faire comment alors’, et acceptent le masochisme d’une vie au rabais. La mort est implacable, inévitable, et plus forte que n’importe quel pouvoir ou lâcheté. La mort est un créancier fourbe et inexorable.
Pius Njawe aurait pu mourir banalement dans son lit dans sa maison à Douala, de maladie, de vieillesse, de sénilité ou même de jouissance. Mais il avait choisi d’être un homme d’action, et de mener une vie en mouvement. Son parcours exceptionnel devait forcément se terminer d’une manière qui frappe nos imaginations endormies et nous force à nous poser des questions sur nos propres existences. D’autres grands de ce monde sont tombés, comme lui, sur la route du devoir. La mort les a immortalisés dans nos

‘Ah, insensé qui croit que je ne suis pas toi !’, écrivait Victor Hugo. Oui, en effet, nous sommes tous aujourd’hui des Pius Njawe. Sa mort doit donc nous interpeller. Où en-sommes-nous individuellement, dans nos plans d’existence, dans nos véritables objectifs personnels ? ‘Sois en règle un jour avant ta mort, aujourd’hui même’ disait le sage. Sommes-nous prêts ? Face à la possibilité et même à la certitude de la mort, où en sommes-nous en tant que famille ? Où en sommes-nous en tant que société ? Où en sommes-nous dans le combat pour les droits et libertés fondamentales et le bien-être de chacun, dans cette nation où des égoïsmes artificiellement fabriqués continuent de maintenir l’obscurantisme ? Où en est-on dans ce pays où 99 pourcent de la population de toutes origines confondues font face aux mêmes problèmes et partagent les mêmes rêves, mais où l’on parvient à entretenir des divisions sociales abstraites, futiles et suicidaires ? Oui, la mort de Pius Njawe est l’occasion de nous interroger sur la fragilité de nos relations au sein du corps social, et de notre apparente incapacité à vaincre nos démons.

Sa mort est aussi l’occasion pour nous tous de méditer sur la signification de son action comme acteur primordial de la société civile camerounaise. Et pour ceux qui l’ont combattu violemment et parfois injustement, de se repentir et non de verser des larmes de crocodiles. Car la liberté d’opinion et la liberté de presse constituent des composantes essentielles des droits de l’homme. L’on ne saurait, en plein 21ème siècle et dans un monde ‘globalisé’, construire une société efficace avec des citoyens illettrés et mal informés.

Pius Njawe était un défenseur intrépide de la société civile dont il savait qu’elle était la principale source de création de capital social et le moteur du développement politique et économique. Mais il n’était ni dupe ni naïf. Il savait que la société civile est aussi parfois un fourre-tout, dans lequel l’on retrouve aussi bien des organisations qui se battent pour faire affirmer notre humanité collective que des groupes mafieux se dissimulant derrière le label d’organisations non-gouvernementales et produisant du capital social négatif. Après tout, même la mafia italienne est une association que l’on peut classer comme faisant partie de la société civile. Osama Ben Laden et Al Qaeda pourraient eux aussi revendiquer l’appellation de société civile’¦
Parce que nous sommes ici aujourd’hui pour l’accompagner à sa dernière demeure, nous nous contenterons de saluer la mémoire du grand homme que fut Pius Njawe. Mais demain se posera la question de son héritage intellectuel, et notamment celui de la survie du journal Le Messager comme institution indépendante de tout pouvoir. De ce point de vue, les défis qu’il nous laisse sont nombreux, car peut-être à cause de la dureté du combat qu’il menait quotidiennement simplement pour survivre, Pius Njawe n’a pas eu le temps de gérer son journal de la façon la plus orthodoxe.

Ceux qui prendront le relais devront se surpasser pour maintenir et élever les standards d’excellence que méritent les lecteurs du Messager.

L’émotion et l’énergie manifestées à travers la planète depuis l’annonce de sa mort et incarnées dans les milliers de personnes qui se pressent ici aujourd’hui, devraient être catalysées vers la véritable tâche dont il faut s’acquitter pour que l’œuvre et l’héritage de Pius Njawe ne meurent jamais. Pour cela, chacun d’entre nous devra jouer pleinement son rôle, mais rien que son rôle.
Un mot, pour terminer, à la famille de Pius Njawe qui a essayé au mieux de gérer le traumatisme et les dynamiques parfois contradictoires de sa mort pour organiser dignement ses obsèques. Je voudrais saluer notamment l’élégance, la patience et le leadership du patriarche Jonas Ngandeu et des enfants Njawe, au-delà de la douleur. A ces enfants-là, j’aimerais transmettre un message qu’un de mes mentors, le cardinal Christian Tumi, m’avait dit lorsque j’ai perdu moi aussi mon père dans un accident de la circulation.

J’étais très troublé par ce que je considérais comme une injustice absolue et en colère contre la vie. Le cardinal m’avait alors dit une chose qui m’avait paru étrange : il m’avait dit qu’aucune mort ne peut survenir si elle n’est pas autorisée par Dieu, et que les êtres humains ne doivent pas juger le Jugement de Dieu. Cela m’avait d’abord un peu choqué. Mais j’y ai réfléchi, et cela m’a aidé progressivement à survivre à la mort de mon père. Peut-être cette petite pensée du cardinal vous aidera-t-elle aussi dans les jours difficiles à venir, lorsque tout le monde sera parti, et qu’il faudra faire face à l’absence quotidienne de Pius Njawe.

Célestin Monga
Babouantou, 7 août 2010


Jean-Marc Soboth/Journaliste