vendredi 29 octobre 2010

MOTION DE SOUTIEN A L’UGTG

Nous soussignés militants syndicalistes de Seine et Marne avons pris connaissance des faits qui se sont produits le 14 septembre 2010 à la cours d’Appel de Basse Terre et du traitement infligé à une déléguée syndicale de l’Union générale des Travailleurs de Guadeloupe (U.G.T.G.). Nous dénonçons en cela des mesures vexatoires, humiliantes, contraires au respect élémentaire dû à chaque citoyen. 

Cette attitude que nous estimons scandaleuse de la part d’un représentant du service public de la justice s’inscrit malheureusement dans une chaîne de tentatives d’intimidation dont les militants de l’UGTG, leurs représentants et leurs avocats, font l’objet. 

Avec toute la gravité que requiert cette situation nous élevons la plus vive protestation contre cette pratique qui tente de criminaliser l’activité des militants syndicaux dans le but de faire taire le mouvement syndical lui même. 

Alors que les pouvoirs publiques en France n’hésitent pas à mettre en cause le droit de grève en réquisitionnant arbitrairement les travailleurs des raffineries et dépôts de pétrole en grève contre la “réforme” des retraites (et notamment à la raffinerie de Grandpuits dans notre département), nous estimons de notre devoir d’assurer l’UGTG de notre solidarité et décidons d’alerter tous ceux qui sont attachés à l’exercice des libertés individuelles et collectives sur les faits dont nous avons été informés afin qu’il y soit mis un terme. 

Défendre aujourd’hui le droit des travailleurs guadeloupéens et de leurs syndicats, c’est nous défendre nous mêmes.


Claude Charmont FNEC-FP-FO (Seine-et-Marne)
Jean-François Gloess SN-FO-LC (Seine-et-Marne)
Alain Aucouturier CE de l’UD CGT (Seine-et-Marne)

QUELLE PLACE POUR LES ARTISTES NOIR/ES ET MÉTIS/SES LGBT DANS LA CULTURE FRANÇAISE ?

Secondes Rencontres culturelles de Tjenbé Rèd - Débats, projections, lectures, performances d’artistes

Communiqué de presse n°TR10SOC19
Paris, mardi 26 octobre 2010
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Les artistes noir/es et métis/ses assumant une orientation sexuelle ou une identité de genre minoritaires sont peu nombreux/ses en France. Quelle est leur place dans les cultures LGBT (lesbiennes, gaies, bi & trans) ? Dans les cultures afro-caribéennes ? Dans la culture «tout court» ? Le contexte politique ou idéologique influence-t-il leur expression ?

Mardi 23 novembre de 19h30 à 22h30 avec ses partenaires, la commission aux affaires sociales & culturelles de Tjenbé Rèd proposera au public d’aborder ces questions au cours des secondes Rencontres culturelles de l’association, intitulées : «Place des artistes noir/es et métis/ses LGBT dans la culture française». Lors de deux tables-rondes, des écrivain/es, chanteur/euses, comédien/nes ou organisateur/trices de soirées échangeront et dialogueront avec le public.

Les Rencontres précédentes, le 21 mars 2009 au Centre LGBT Paris Île-de-France, avaient rassemblé une centaine de personnes.

RDV : Théâtre du Temps, Paris XIème, 9, rue du Morvan (métro Voltaire ou Père-Lachaise). Entrée gratuite, verre de l’amitié offert, bar payant. Salle ouverte au public à partir de 18h30 (réservation recommandée par courriel à zami@tjenbered.fr ou par téléphone au 06 59 35 87 23).

Pour Tjenbé Rèd (Association de lutte
contre les racismes, les homophobies & le sida),
le vice-président, secrétaire aux affaires sociales & culturelles, Jann HALEXANDER
culture@tjenbered.fr | +33 (0)6 21 53 64 76

Annexes :

[1] Liste des intervenant/es (par ordre alphabétique, à jour au 25 octobre) : Vincent BYRD LE SAGE (comédien), Maïk DARAH (comédienne et doubleuse), Rudee LA RUE (réalisateur), Harry LOUISERRE (entrepreneur de spectacles), Bertrand NGUYEN MATOKO (écrivain), Gwladys PALLAS (organisatrice de soirées), Bruno RODRIGUEZ HANEY (réalisateur) ; sous réserve : un/e représentant/e du PIR (Parti des indigènes de la République)

[2] 25 octobre 2010 - Dossier de présentation des secondes Rencontres culturelles Tjenbé Rèd

[3] 25 octobre 2010 - Visuel de présentation des secondes Rencontres culturelles Tjenbé Rèd

Que vive le Forum Social au Togo !

« L'oppression se nourrit du silence et de l'inaction. »C'est cette pĥrase que les auditeurs attentifs retiendront peut-être du dernier morceau d'Elom 20ce, dans le titre qu'il a consacré à la mémoire de ce mouvement du 5 octobre 90 qui voyait le jour il y a maintenant 20 ans. C'est aussi un des messages qui sera envoyé demain samedi 30 octobre pour clôturer un mois d'activité bien chargé, avec un événement qui trouve naturellement sa place au Centre Mytro Nunya : Arctivism Chapitre 7.
Consacré pour cette 7ème édition au leader panafricaniste marocain Ben Barka, disparu à Paris le 29 octobre 1965, il y a aujourd'hui tout juste 45 ans, il s'agira encore une fois de faire un maximum de bruit pour étouffer le silence qui nous étourdit parfois...
 Rendez-vous à 18h précises !
« Les peuples africains doivent se réveiller pour mettre fin à l'impunité. »
C'est ce que nous disez Norbert Zongo peu de temps avant son assassinat. En Afrique, comme dans le reste du monde, les peuples entrent en action depuis plus de 10 ans au sein du mouvement altermondialiste pour une nouvelle phase historique de contestation mondiale de l'ordre néolibéral dominant. En février 2011, Dakar accueillera la 11ème édition du Forum Social Mondial. Un rendez-vous attendu, d'autant plus que les précédentes éditions africaines - Bamako 2006 - et - Nairobi 2008 - n'ont pas su satisfaire pleinement les attentes des participants. Il est fort probable que certaines des grandes erreurs inadmissibles soient corrigées à - Dakar 2011 - mais sur le fond, certaines critiques demeurent, pourtant formulées de longue date à l'égard des "organisateurs" du Forum Social Mondial, et en particulier concernant sa branche africaine : "le secrétariat africain du Forum Social Mondial" aussi appelé "Forum Social Africain". (*)La transparence, en particulier, celle que le mouvement social mondial réclame aux dirigeants (gouvernements et multinationales) de ce monde n'est toujours pas au programme des organisateurs de ce prochain rendez-vous.
« Au Togo, en novembre 2010, il y a Forum Social et Forum Social
... »
Au Togo, ce Forum Social Africain a ses représentants attitrés, fidèles, qui annonçaient le 20 octobre dernier la tenue imminente du 1er Forum Social du Togo, à Lomé, du 19 au 21 novembre. Selon eux, plus de 1000 organisations pourraient être présentes ! Pourtant, dans la grande salle du CESAL, on avait du mal à sentir une quelconque dynamique autour de cette initiative. Le thème ressemble d'ailleurs à un vieux plat qu'on a déjà consommé toute l'année, et qu'on nous propose de réchauffer une dernière fois à la sauce "sociale" : "Le bilan social de 50 ans d'indépendances du Togo". On reste sceptique, mais donnons leur une chance : nous verrons bien ce qu'il sortira de ce 1er Forum Social du Togo ! 

Plus concret, une initiative intéressante tiendra sa troisième édition (après 2004, et 2008), le "Forum Solidarités Sociales des Travailleurs/euses du Togo", à Kara du 7 au 10 novembre. Le clin d'oeil aux forums sociaux est évident, pourtant, tel que définit dans sa charte, ce forum n'est pas un démembrement du Forum Social Mondial. Au programme, un thème explicite : "Les travailleurs, et la réalité du Dialogue Social au Togo" et un ensemble cohérent et complet d'activités avec des intervenants de premier plan, et des cas d'études concrets sur la responsabilité sociale des entreprises togolaises (TogoTélécom, ICAT, Zone Franche, etc...). Cela promet !Votre Centre Mytro Nunya sera présent à ces différents rendez-vous, et des comptes-rendus seront bien sûr disponible en ligne sur votre site http://www.mytronunya.info . 
Nous finissons ce message par une citation de 
Firoze Manji, éditeur de Pambazuka News
 (**) qui conclue à l'occasion de la parution du 500ème numéro :
« 
Un mouvement efficace en faveur de la justice et la liberté est nécessaire aujourd’hui comme jamais dans l’histoire.
 » Ce mouvement ne se fera pas sans vous ! Rejoignez les associations, mobilisez-vous, ayez les yeux ouverts ! On compte sur vous !

Retrouvez ci-dessous l'agenda de novembre 2010, et quelques nouvelles sur le mois qui vient de s'écouler...
L'équipe d'animation du Centre Mytro Nunya
http://www.mytronunya.info

http://www.dakar2011.org
** http://www.pambazuka.org/fr/category/editorial/68066

mardi 19 octobre 2010

Corruption : La Finlande devrait mieux sensibiliser ses entreprises à leur responsabilité pour faits de corruption transnationale, selon l’OCDE


La Finlande doit rapidement prendre des mesures pour mieux sensibiliser ses entreprises à la responsabilité pénale qu’elles encourent en droit finlandais lorsqu’elles corrompent elles-mêmes, ou par l’intermédiaire d’agents locaux ou de filiales, des agents publics dans le cadre de leurs activités à l’étranger. Tel est le principal message d’un nouveau rapport du Groupe de travail de l’OCDE sur la corruption.
 
Dans le cadre de son cycle régulier d’examens, le Groupe de travail de l’OCDE sur la corruption, qui rassemble 38 pays, vient d’achever l’examen de l’application, par la Finlande, de la Convention sur la lutte contre la corruption d’agents publics étrangers dans les transactions commerciales internationales et des instruments qui s’y rattachent.
 
Les principales autres recommandations sont les suivantes :
 
-        modifier la définition que donne le Code pénal de l’agent public étranger, de façon à couvrir les personnes exerçant des fonctions législatives dans un pays étranger ;
-        instaurer la responsabilité des personnes morales pour les infractions comptables et les infractions en matière de vérification des comptes ;
-        faciliter le signalement, par les agents publics, de suspicions de faits de corruption aux autorités chargées de l’application des lois ;
-        remédier au manque de protection des donneurs d’alerte en mettant en place les mécanismes nécessaires pour que les salariés du secteur public ou privé qui signalent certains faits de bonne foi et sur la base de motifs raisonnables soient protégés contre toute action discriminatoire ou disciplinaire.

Le Groupe de travail a également souligné le caractère positif de l’action menée en Finlande pour lutter contre la corruption transnationale. Il a noté en particulier les efforts méritoires d’application des lois, avec six affaires de suspicion de corruption transnationale faisant actuellement l’objet d’une enquête en Finlande, une approche volontariste pour obtenir la coopération des autorités étrangères compétentes dans le domaine du recouvrement d’avoirs, et les travaux bilatéraux de lutte contre la corruption avec la Chine et la Fédération de Russie.
 
Le rapport concernant la Finlande est le premier à être adopté par le Groupe de travail dans le cadre de la nouvelle troisième phase de ses travaux de suivi. Il peut être obtenu, en anglais, à l’adresse www.oecd.org/daf/nocorruption. Il contient toutes les recommandations (pages 32 à 36) du Groupe de travail et fait le point sur les mesures récentes de mise en œuvre des lois ainsi que sur les spécificités du droit et de la politique de la Finlande en matière de lutte contre la corruption d’agents publics étrangers. Dans un an, la Finlande rendra compte oralement des mesures clés prises pour appliquer certaines des principales recommandations du Groupe de travail. De plus, la Finlande soumettra au Groupe de travail, dans les deux ans, un rapport écrit qui servira de base pour l’évaluation  par le Groupe de travail de l’application des recommandations par la Finlande, qui sera rendue publique.

mardi 5 octobre 2010

Le lobby pro-OGM infiltre l'Agence européenne de sécurité alimentaire - [News Of Tomorrow]

Le lobby pro-OGM infiltre l'Agence européenne de sécurité alimentaire - [News Of Tomorrow]: "Le lobby pro-OGM infiltre l’Agence européenne de sécurité alimentaire

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mercredi 29 septembre 2010 par NewsOfTomorrow

(Source : Coulisses de Bruxelles, UE)

La Commission européenne a toujours été l’amie des OGM, comme en témoignent les Banane-OGM 125 autorisations d’importation accordées depuis 1998. Mis à part les six dossiers retirés par les industriels eux-mêmes, on ne compte absolument aucun refus en douze ans ! Les instances communautaires écartent systématiquement les objections avancées tant par les scientifiques que les autorités sanitaires nationales ou les associations de défense de l’environnement. La création, en 2002, de l’Agence européenne de sécurité alimentaire (AESA), au lendemain du scandale de la vache folle, n’a strictement rien changé à ce biais favorable aux champions des biotechnologies. Et pour cause : la Commission a peuplé l’AESA de personnalités acquises à la cause des OGM quand elles ne sont pas directement issues de l’industrie elle-même.


José Bové, eurodéputé vert et vice-président de la commission agriculture du Parlement européen, vient ainsi de lever un beau lièvre : la présidente du conseil d’administration de l’AESA, la Hongroise Diána Bánáti, a dissimulé qu’elle avait été membre du comité des directeurs de la branche européenne de l’International Life Science Institute (Ilsi), le « lobby de l’agrobusiness », comme le qualifie Bové.

Satellite Cet organisme prétend donner des conseils scientifiques indépendants dans tous les domaines agro-alimentaires, alors qu’il ne fait que reprendre à son compte les données fournies par ses membres, au rang desquels on compte tous les grands des OGM que sont Monsanto, Syngenta, Bayer, BASF, etc. L’Ilsi s’est par exemple illustré aux Etats-Unis en fournissant des études « scientifiques » sous-estimant les dangers du tabac, ce qui a conduit la justice américaine à s’intéresser à son fonctionnement. A la suite de cette affaire, l’Organisation mondiale de la santé l’a retiré de sa liste d’organisations « partenaires ». On retrouve aussi l’Ilsi dans l’affaire du Teflon créé par le groupe DuPont : son étude prouvant l’innocuité de cette matière ne reposait sur aucune base sérieuse…

Nommée membre du conseil d’administration en 2006, sur proposition de la Commission et décision du Conseil des ministres, Diána Bánáti a été élue présidente de l’Agence européenne de sécurité alimentaire en 2008, puis réélue en juillet cette année. C’est en épluchant sa « déclaration d’intérêt » que José Bové a découvert le pot aux roses. Elle avait simplement mentionné qu’elle avait été « membre du comité scientifique de l’Ilsi » et juré aux députés européens « [qu’]elle n’a jamais été approchée par des lobbyistes ».
Topbanner_left_en efsa « Un conflit d’intérêts scandaleux », s’emporte José Bové, qui exige sa « démission immédiate ». « J’ai averti la Commission le 14 juillet, j’attends toujours une réponse. » L’ancienne ministre de l’Environnement Corinne Lepage, elle aussi députée européenne, est sur la même longueur d’ondes : « Il est choquant qu’aucun contrôle des déclarations d’intérêts ne soit effectué par la Commission européenne. Si des gens représentent l’industrie, qu’ils se présentent en tant que tel. »

Nous avons joint la semaine dernière le porte-parole du commissaire à la santé et à la politique des consommateurs, John Dali, qui n’a pas jugé bon de nous répondre. Et, aujourd’hui, en salle de presse, il s’est évertué à minimiser le rôle de Bànàti qui, à l’écouter, ne s’occupe que de la machine à café et non du fonctionnement de l’agence... Nous avons cherché à connaître son salaire pour un rôle aussi mineur, mais il nous a renvoyé sur le site internet de l’AESE. Pour lui, il n’y a aucun 'conflit d’intérêts' qui tienne. Curieusement, pourtant, Bànàti a modifié, hier après-midi, sa 'déclaration d’intérêt' afin de préciser son rôle au sein de l’ILSI, reconnaissant ainsi qu’elle avait bien dissimulé un élément important de sa biographie.

Depuis l’origine, les écologistes dénoncent le mode de fonctionnement de l’AESA : elle ne mène aucune étude elle-même, mais s’appuie sur les dossiers transmis par les industriels à qui il appartient de démontrer l’innocuité de leurs produits. Autre lacune de taille : aucune évaluation des risques à long terme n’est exigée. Alors que pour les pesticides, les industriels doivent tester leurs substances sur des rats durant deux ans, pour les OGM, trois mois suffisent.

La composition de l’AESA explique sans aucun doute cette coupable inclination. Car Diána Bánáti n’est pas un cas isolé. En avril, l’ancienne directrice du département OGM de l’AESA, Suzy Renckens, a été embauchée par l’agrochimiste Syngenta… L’actuel président du comité scientifique OGM de l’agence, le professeur Harry Kuiper, est, par ailleurs, le coordinateur d’Entransfood, un projet soutenu par l’UE visant à « favoriser l’introduction des OGM sur le marché européen et rendre l’industrie européenne compétitive ». On comprend mieux pourquoi les avis de l’agence sont toujours positifs. Quelles que soient les objections, elle ne change pas d’avis. Ainsi, dans le cas du maïs MON 810 de Monsanto, la Commission lui a demandé à trois reprises son avis, des études récentes, notamment de l’Institut Pasteur, ayant mis en avant les incertitudes existantes sur les effets à long terme de cet OGM. L’AESA n’a pas revu sa copie.

Or, les avis de l’agence sont cruciaux, la Commission s’y rangeant dans tous les cas. Le Conseil des ministres, sur proposition de la France, a demandé à la Commission de revoir le fonctionnement de l’AESA. C’était en 2008. On attend encore.

N.B. : Il s’agit de la version actualisée d’un papier paru aujourd’hui dans Libération et écrit avec Julie Majerczak.

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dimanche 3 octobre 2010

Les Inrocks : Humiliation, dépression, démission: l'offre triple play de France Télécom

Les Inrocks : Humiliation, dépression, démission: l'offre triple play de France Télécom: "sommes.”

Pour virer les dix ingénieurs, Philippe annonce :

“On va leur faire comprendre que l’entreprise est en guerre et que dans toute guerre, il y a des morts. Et que bouger, accepter le changement, c’est la vie. – C’est ça qu’on t’a appris dans le stage ? – Entre autres.'

Devenu manager, Philippe applique dans son équipe le plan Next. L’open-space qu’il anime est tourneboulé comme un cube. Stéphane, invisible ingénieur d’une équipe commerciale, dirige soudain Rodolphe, qui était son supérieur la veille. Thierry, un cadre qui refuse la promotion qu’on lui impose, se voit rétrogradé et placé sous l’autorité d’un de ses subalternes. Philippe ordonne, place et déplace les employés. Dans l’openspace, on commence à se regarder de travers. Des camps se forment. On se parle moins à la cantine. Dans son bureau, Christian reçoit des appels de sa direction parisienne.

“On me conseille de fixer des objectifs inatteignables, pour pouvoir dire au collaborateur : ‘Je suis désolé, mais là, on ne peut plus continuer avec toi’…”

Peu à peu, des infos lui parviennent des boutiques, des centres d’appels, des open-spaces chamboulés par le plan Next : ça va mal. Les salariés commencent à faire des dépressions. Des formules comme “au bout du rouleau”, “envie de suicide” remontent jusqu’à lui. Il décide d’alerter Paris et envoie des e-mails à la DRH du groupe.

Christian ne reçoit aucune réponse. Jusqu’à ce matin de 2006 où Simone, membre de son équipe d’encadrement, débarque en trombe dans son bureau pour lui déclarer que sa hiérarchie ne veut plus de lui.

A dater de ce jour, des cadres sous les ordres de Christian passent devant lui sans le regarder. Il se demande comment Philippe, bon et solidaire, a pu devenir en dix jours un manager capable de muter, tel un pion, un collègue avec qui il déjeune à midi. Il imagine de redoutables techniques de lavage de cerveau. Il en parle à Oscar, un cadre de la direction parisienne du groupe, qui lui a gardé son amitié. Christian ne peut pas mieux tomber : Oscar a participé au fameux stage où l’on a formé Philippe aux techniques pour mobiliser les employés et leur “faire accepter le changement”.

Un soir, loin des bureaux, Oscar lui donne les fiches pédagogiques qu’il a reçues comme Philippe lors de leur stage parisien dans les locaux d’Obifive, une société internationale de coaching en management. Il découvre un curieux schéma. Un plan de la bataille d’Angleterre de 1940, qui vante la “précision” et la force de “l’exécution conf¡orme” des avions de chasse allemands. Intrigués, nous demandons un rendez-vous à Céline Lerenard, la directrice associée d’Obifive :

“Ce n’est pas un peu bizarre, de comparer les concurrents de France Télécom à des avions allemands ? – Vous avez mal compris. On voulait faire ressortir la solidarité qui existait entre les pilotes et les mécaniciens de la Royal Air-Force. – Pardon, mais ça, ça n’est écrit nulle part. Ce qu’on voit, ce sont des avions de la Luftwaffe bombardant des villes en Angleterre. – Alors vous avez mal compris.”

Des témoins, des employés de France Télécom qui ont participé au stage, racontent une autre histoire :

“Les formateurs expliquaient que nous étions en guerre. D’abord, on nous montrait l’Angleterre prise en tenailles par les nazis. Ensuite, on nous montrait Orange prise en tenailles par Free, par Bouygues et par Nokia…”

Nous rencontrons Bruno Diehl à Paris. Conseiller en management de l’équipe du pdg de France Télécom jusqu’en 2007, il a écrit en mai 2010 un livre montrant comment, à partir de l’an 2000, un management déshumanisé a plombé l’entreprise. Diehl était en relation avec des formateurs qui animaient les stages de management. Il nous décrit des stages efficaces et vivants, concrets, pleins d’exercices pratiques inspirés de la réalité.

Par exemple, on proposait aux stagiaires de réduire de moitié les effectifs de leur plate-forme : vingt-cinq personnes à faire partir. Sur ces vingt-cinq, l’une avait une mère atteinte d’une maladie grave. Il va la voir chaque jour et sa mutation doit l’envoyer à plus de 100 kilomètres. Exercice : “Comment vous y prenez-vous pour le faire partir ?” Après quoi, le formateur donnait la réponse. Il faut, disait-il, faire comprendre avec humanité l’importance de ce choix : soit le collaborateur emmène sa mère avec lui, soit il démissionne pour rester auprès d’elle.

“Culpabilisé, le collaborateur prendra lui-même la bonne décision : démissionner.”

Christian découvre un second document. Celui-là prouve que France Télécom savait que ses employés allaient inévitablement perdre leurs repères, puis leur moral. C’est une belle courbe, signée Orange et Orga Consultants, une autre société de coaching en management. Elle s’intitule “Les phases du deuil”. Cet outil devait permettre au manager de comprendre l’état psychique du salarié qui subit une mutation forcée dans une ville éloignée ou dans un autre service.

La “courbe du deuil” définit six étapes : l’annonce de la mutation, le refus de comprendre, la résistance, la décompression, la résignation et, pour finir, l’intégration du salarié. Le manager est averti : en phase 3, la “résistance”, l’employé peut se livrer à des actes de sabotage. Puis en phase 4, la “décompression”, il va chuter dans le désespoir et la dépression. La légende, sous la courbe, conseille au manager de faire entendre à son employé dépressif que “l’évolution des besoins est à la source du changement”. En français, que sa mutation est inévitable.

Ces dépressifs programmés, Christian en a repéré plusieurs au sein de la boîte. Ce que les dirigeants n’avaient pas prévu, c’est que cinquante-huit d’entre eux, au lieu de se laisser accompagner par leur manager jusqu’en phase 6, celle de “l’acceptation du changement”, iraient jusqu’au suicide ou à la tentative de suicide. Dans son bureau, à Arcueil, Val-de-Marne, nous interrogeons la directrice exécutive adjointe du groupe France Télécom Orange, Delphine Ernotte.

“Qu’est-ce qu’un outil comme la ‘courbe de deuil’ vient faire entre les mains d’un manager ? – Ce qu’on voulait, c’était accompagner au maximum les employés. Mais peut-être était-ce maladroit. – Vous aviez prévu des dépressions : c’est écrit dans les documents. Vous auriez pu prévoir que certains allaient craquer, non ? – Non. On ne l’a pas du tout imaginé.”

Un matin de 2007, Christian est convoqué place d’Alleray, à Paris, le siège du groupe. Sur le courrier recommandé, aucun détail sur le motif de la convocation. Une fois sur place, il cogne à la porte du DRH du groupe, Olivier Barberot, qu’il connaît et qu’il tutoie. Mais Barberot ne le reçoit pas comme d’habitude. Il le vouvoie :

“Monsieur, vous deviez vous présenter hier, vous ne l’avez pas fait. Cela nous contraint à engager une procédure disciplinaire. A moins que vous n’acceptiez de signer votre départ de l’entreprise.”

Christian écoute le DRH, accompagné d’un assistant, lui vanter l’intérêt d’un départ à l’amiable. Au bout de quelques phrases, Christian explose :

“Je n’imaginais pas que vous étiez capables d’une saloperie pareille ! Vous êtes des salauds mais vous avez gagné : je ne veux plus vous voir. Je ne veux plus travailler avec des gens comme vous.”

Puis, sur ces mots, Christian signe son départ, quitte l’immeuble en pleurant et prend le chemin d’une autre vie. Après la révélation, l’an dernier, du scandale des suicides en série, Olivier Barberot, qui gérait la carrière de 200 000 employés du groupe, a été déplacé au poste de pdg d’une filiale de sept-cent cinquante personnes. Nous n’avons pas réussi à le joindre pour entendre sa réponse au récit de Christian. Mais nous avons pu parler au téléphone à un communicant du groupe France Télécom Orange. Nous l’informons que Les Inrocks ont recueilli le témoignage d’un de leurs anciens directeurs régionaux, et que celui-ci, pour ne pas exposer sa nouvelle

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samedi 2 octobre 2010

Maroc: Expulsion de centaines de Subsahariens vers la frontière algérienne

Maroc: Expulsion de centaines de Subsahariens vers la frontière algérienne: "Volontaires de MSF avec des Subsahariens. Photo MSF

Dans un communiqué, MSF a affirmé qu’entre 600 et 700 personnes ont été arrêtées lors d’opérations policières dans plusieurs villes du Royaumme entre le 19 août et 10 septembre. Vivant à Al-Hoceima, Casablanca, Fès, Nador, Oujda, Rabat et Tanger, ces personnes ont ensuite été déportées à la frontière avec l’Algérie. MSF a précisé également que durant plusieurs raids, les policiers ont détruit des abris de fortune des immigrants clandestins avec des bulldozers. Abandonnés dans ce no man’s land, certains immigrants ont réussi à retourner à Oujda à pied, complètement démunis.

MSF a indiqué avoir pris en charge, 186 migrants dont 103 qui présentaient des blessures liées aux arrestations violentes. Selon son chef de mission au Maroc, Jorge Martín, son équipe a été témoin « des conséquences directes de ces expulsions sur l'état de santé physique et mentale des migrants ». Par ailleurs, MSF a précisé avoir observé une « augmentation alarmante » des cas de problèmes de santé liés à la violence.

L’ONG a appelé une fois de plus, le Maroc à respecter ses obligations en vertu du droit international, le Maroc étant signataire de la convention de l’ONU sur la protection des droits des travailleurs migrants et de leurs familles. De même, elle a invité le Maroc à « respecter la dignité et l'intégrité des migrants et éviter de les exposer à une situation d'une plus grande vulnérabilité et d'insécurité » dans sa mise en œuvre des mesures de contrôle des migrations clandestines.

Ce n’est pas la première fois que MSF met en cause le Maroc dans ce phénomène de déportation d’immigrants clandestins. En mars dernier, l’ONG a publié un rapport dans lequel elle a fait état des violences subies au Maroc par des migrants venant d’Afrique subsaharienne, notamment les femmes.

A la fin du mois d’août, l’AFP citant les autorités régionales du nord du Maroc, a fait part de l’expulsion de 72 migrants clandestins subsahariens vers l’Algérie. Pourtant, au début du même mois, le Maroc avait condamné l’abandon par les gardes côtes espagnoles de 8 Subsahariens en état critique au large de Melilla. Le Maroc gagnerait à être plus cohérent.

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Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement. - Des bassines et du zèle.

Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement. - Des bassines et du zèle.: "Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement.

Par emcee le lundi 6 septembre 2010, 00:45 - Dans l'enfer de l'Ultralibéralie - Lien permanent

* Amérique
* femmes
* luttes
* prison
* terrorisme

Seuls les pays 'non-démocratiques' (par opposition à ceux qui se proclament 'démocratiques') incarcèrent les opposants politiques. C'est bien connu. C'est d'ailleurs pour cela que la Chine, les pays du Moyen-Orient, ceux d'Afrique, le Venezuela, Cuba, la Colombie … euh non, pas la Colombie, et bien d'autres se font un peu tirer l'oreille pour leurs violations des droits des êtres humains quand ils sont 'amis' et châtier (parfois durement) quand ce sont des 'ennemis'.
Au Proche-Orient, une particularité: un seul pays 'démocratique' dans le secteur: Israël. Les autres sont tous des dictatures. Même la Palestine, qui a pourtant élu son gouvernement démocratiquement, mais qui n'est pas parvenue à décrocher le statut de démocratie aux yeux de l'Occident.
Allez savoir pourquoi.
Eh bien, ces distinctions valent pour les prisonniers et prisonnières politiques. L'Occident incarcère, voire exécute, comme aux Etats-Unis, des prisonniers de droit commun qui, en faisant accessoirement de la politique, ont commis des crimes de droit commun - à moins qu'ils n'aient été condamnés pour 'terrorisme' ou 'haute trahison' ou 'ultragauchisme' - alors que les méchants pays incarcèrent (et exécutent) des personnes pour avoir osé s'opposer au régime cruel de leur pays.
Cela, c'est la vision manichéenne qu'offrent les propagandistes occidentaux qui divisent la planète en deux catégories, selon leur propre conception du Bien et du Mal.
En fait, les prisonniers politiques existent bien aux Etats-Unis, même s'ils ne sont pas reconnus comme tels, et qu'ils bénéficient, au contraire, d'un régime très spécial: QHS, cellules d'isolement, tortures, très longues peines de prison, rejet de mise en liberté conditionnelle, refus de révision de procès, et autres traitement de faveur.
Nous avons vu précédemment plus particulièrement le traitement infligé aux hommes. Aujourd'hui, il s'agit de femmes, apparemment moins nombreuses, certes, mais qui ne subissent pas moins que les hommes des sévices et abus – dont certains spécifiques à leur genre infligés par une société patriarcale qui n'aime pas que les femmes outrepassent le rôle qu'elle leur a assigné.
Evidemment, ces prisonnières appartiennent toutes à la gauche radicale et se battent, ou se battaient, contre l'Empire, le racisme, le sexisme, la domination masculine et l'état répressif.
L'extrême-droite, elle, semble exemptée de ce genre d'écueils.
Dans cet article, 'Women 'Politicals' (Not) in the News', publié le 30 août 2010 dans Dissident Voice, Linda Ford évoque plus particulièrement le sort de quatre femmes qui se sont retrouvées ces temps-ci dans l'actualité pour diverses raisons.
Les détenues 'politiques' (ne) font (pas) la une de l'actualité

On entend rarement parler des détenus d'Abu Ghraib, de Bagram et de Guantanamo. Et ce qu'on nous en dit, en général, c'est rarement pour dénoncer la responsabilité des Etats-Unis concernant les atrocités que subissent les prisonniers US des guerres d'empire et d'occupation.
Et qu'en est-il des détenus politiques aux Etats-Unis? Les musulmans éternels suspects, les pacifistes, les altermondialistes et les écologistes – les militants des Black Panthers, du Weather Underground et du mouvement amérindien – dont certains ont été torturés, détenus dans des cellules d'isolement pendant des années. Combien d'entre nous connaissent la longue histoire des prisonniers politiques en Amérique, alors que nous ne sommes pas censés en avoir, nous qui sommes par définition, le Pays des Hommes Libres (Land of the Free)?
Parmi ces prisonniers politiques, beaucoup ont été et sont encore des femmes.
Le fait d'être des femmes ne les protège pas d'être considérées comme ennemies de la nation, des femmes 'contre-nature', en fait. Bien au contraire, peut-être.
Les femmes ont toujours été des militantes enthousiastes, et cela, depuis le tout début de la création de ce pays. Elles ont été incarcérées pour raisons politiques après avoir fait partie des mouvements anticapitalistes – militant en tant que syndicalistes, socialistes ou anarchistes, s'opposant au gouvernement et aux patrons; luttant contre le patriarcat d'une société militariste sexiste, et contre la suprématie des Blancs; elles ont participé aux mouvements pour les droits civiques, ont été révolutionnaires ou ont soutenu les luttes des Amérindiens ou des Portoricains; elles étaient contre l'empire américain et se sont battues contre les guerres, depuis la Seconde Guerre Mondiale jusqu'au Viet Nam, l'Iraq ou l'Afghanistan.
Un certain nombre de ces femmes 'contre nature' ont fait la une des journaux, du moins de la presse alternative, cet été.
Il s'agit de: Lolita Lebron, Marilyn Buck, Lynne Stewart, et Aafia Siddiqui. Les deux premières sont mortes récemment, quant aux deux autres, l'une a été rejugée (Stewart) et l'autre attend l'issue de son procès (Siddiqui). Elles représentent différentes périodes de luttes et de répression aux Etats-Unis.
Lolita Lebron et Marilyn Buck étaient des militantes qui avaient lutté contre la suprématie et l'impérialisme des Blancs entre les années 1950 et 1980.

PUERTO RICO VIEQUES NAVYLolita Lebron à Vieques

Lolita Lebron, nationaliste portoricaine, est décédée le 1ier août à l'âge de 90 ans. Depuis les années 60 jusqu'à la fin des années 80, dans une optique révolutionnaire, les femmes ont participé à des groupes qui préconisaient l'action radicale – même la résistance armée – contre, disaient-elles, un état répressif. Les Portoricain-e-s luttent contre la domination des Etats-Unis depuis leur prise de pouvoir en 1898. A la suite d'un soulèvement dans les années 1950, les Etats-Unis instauraient la loi martiale, et les indépendantistes portoricains importaient la lutte sur le sol des Etats-Unis.
En 1954, Lolita Lebron avait voulu faire savoir de façon spectaculaire au monde entier que Porto Rico était une 'colonie des Etats-Unis'. Scandant “ Viva Puerto Rico Libre!”, elle avait pris la tête d'un petit groupe qui ouvrait, alors, le feu dans la Chambre des Représentants, tirant 30 coups de feu qui avaient blessé cinq élus. Elle avait déclaré qu'elle n'avait pas eu l'intention de tuer qui que ce soit. Mais elle ne regrettait pas son 'geste de liberté pour son pays'.
Lebron, condamnée à la prison à vie, mais graciée par le président Carter en 1979, était retournée à Porto Rico, où elle avait poursuivi la lutte contre le colonialisme US.
A l'âge de 81 ans elle était arrêtée pour avoir manifesté sur l'île de Vieques contre le terrain d'essai de l'armée US.
D'autres femmes du mouvement nationaliste portoricain avaient été également lourdement condamnées.
Condamnée pour avoir participé à une attaque à main armée organisée par le mouvement dans le Connecticut en 1983, Alejandrina Torres était violée en prison, puis placée en cellule d'isolement à la prison de Lexington dans le Kentucky.

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Marilyn Buck

Purgeant sa peine de prison en même temps que Lebron, une autre femme, Marilyn Buck, devait également passer de longues années en prison. Elle vient de mourir à l'âge de 62 ans juste après sa libération, des suites d'un cancer, où le mal s'était aggravé à cause de son incarcération.
Marilyn Buck militait dans les années 60-70 dans un climat général très politisé, où elle participait à l'énorme mouvement de protestation contre le système étasunien: l'état capitaliste et la suprématie blanche.
Selon l'historien Dan Berger , ces militant-e-s contestataires utilisaient des termes que 'le gouvernement avait jugés trop virulents pour qu'il accepte une telle liberté d'expression'.
La répression brutale s'est alors abattue sur les Black Panthers et le Weather Underground, partisans de la lutte armée contre ce qu'ils estimaient être une puissance coloniale raciste.
Marilyn Buck avait manifesté contre la guerre du Viêt-Nam et contre le racisme; elle avait amené le mouvement de Libération des Femmes au SDS (Students for a Democratic Society), elle était pro-palestinienne, contre le Shah d'Iran, et soutenait les luttes des Indiens , des Mexicains-américains, et des Black Panthers.
En 1973, Buck était arrêtée, accusée d'avoir acheté deux boites de cartouches pour les Black Panthers et d'être en cheville avec eux. Elle était condamnée à dix ans de prison ferme. Ses demandes de liberté conditionnelle ayant été rejetées par trois fois, elle s'évadait de prison en 1977. Elle était à nouveau arrêtée en 1985, accusée d'avoir aidé Assata Shakurà s'évader de prison, et d'avoir collaboré au 'Resistance Conspiracy” ('complot de la résistance') du Weather Underground – soupçonné d'avoir projeté plusieurs attentats contre les institutions de l'état à l'est des Etats-Unis. A ce titre, elle était condamnée à 80 ans de prison en Californie, où elle a écrit des poèmes qui ont été primés et des articles analytiques sur la psychologie de la répression contre les femmes.
Elle explique que les femmes prisonnières politiques subissent des mauvais traitements qui leur sont propres dans la mesure où les femmes 'subissent déjà dès l'enfance une domination à la fois sociale et culturelle. Les femmes sont exposées à des humiliations et des privations encore plus cruelles'.
Classée comme 'terroriste', elle était placée en cellule d'isolement et tenue au secret après les attentats du 11 sept. Tenant des propos que Lebron n'aurait pas désavoués, Buck avait déclaré qu'elle ne voulait pas être une détenue oubliée mais 'une camarade de lutte dans le combat actuel contre l'impérialisme, l'oppression et l'exploitation'.

Lynne Stewart et Aafia Siddiqui, sans doute également des victimes de la suprématie blanche et de l'impérialisme, ont toutes deux subi les conséquences dramatiques de la période anti-“terroriste”/antimusulmans qui a débuté à la suite des attentats du 11/9.
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Lynne Stewart
L'affaire de Stewart est en réalité antérieure aux attentats de 2001 aux États-Unis — même si elle a été condamnée en vertu du Patriot Act (loi adoptée le 25 octobre 2001, NDT) dont certains disent qu'il n'aurait pas dû être appliqué pour son cas par le procureur général des États-Unis Ashcroft; quant à Siddiqui, elle figurait déjà aussi sur la liste de personnes sous surveillance du même Ashcroft.
La 'guerre hystérique contre le terrorisme' a engendré des changements profonds et rapides pour les droits politiques et civils du pays. Une des incidences immédiates a été la concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif, qui donnait au président le pouvoir de décider en matière de guerre, de paix, et de lois.
Bush, et maintenant Obama, se sont servis des lois d'un Ministère de la Justice politisé, s'appuyant sur des lois comme le Patriot Act pour faire arrêter des milliers de personnes innocentes sans chefs d'accusation ni représentant légal, mais également pour sanctionner les avocats qui représentent les personnes accusées de 'terrorisme'.
L'avocate Lynne Stewart, a récemment été rejugée et condamnée après une première inculpation basée sur le Patriot Act.
A la suite de l'hystérie collective sur le terrorisme, Stewart, 69 ans, était incarcérée pour des raisons politiques en juillet dernier, pour avoir tenté de défendre son client, le cheikh Abdel Rahman, condamné pour avoir organisé un complot terroriste en 1996 à New York. Officiellement, elle était accusée d'avoir fourni, lors d'une conférence de presse, une aide matérielle à son client concernant son 'complot terroriste'.
Il n'est pas normal qu'elle ait été jugée en vertu du Patriot Act adopté en 2001. Elle était en liberté surveillée depuis l'année 2000, et les conditions des 'mesures administratives spéciales' (Special Administrative Measures, SAM) qui interdisent aux accusés de communiquer avec le monde extérieur, ne sont pas théoriquement censées concerner les communications entre l'avocat et son client.
Radiée du barreau, déshonorée, et condamnée à une peine de prison de 28 mois bien que souffrant d'un cancer du sein, ses collègues disent qu'elle avait été en fait incarcérée pour avoir toujours soutenu les Black Panthers et le Weather Underground. Stewart pense qu'ils ont voulu faire un exemple pour dissuader les autres avocats et avocates de défendre des causes et des personnages controversés'.
Au cours de son nouveau procès, le 15 juillet dernier, cet état de fait était encore plus évident. Alors que se multiplient les lois limitant les libertés civiles, les avocats, en particulier ceux qui ont une sensibilité de gauche, figurent parmi les premiers touchés. Condamnée initialement à 28 mois de prison, Stewart était alors condamnée à une peine de dix ans de prison, pratiquement cinq fois plus.
Lors du second procès, le juge, John Koeltl, a expliqué qu'elle avait menti au tribunal, avait abusé de sa position d'avocate et n'avait exprimé 'aucun remords'.
Stewart a raconté comment la prison l'avait “diminuée” … et qu'elle 'perdait des pans de sa personnalité'. Et elle a ajouté: “l'état policier est arrivé'.
'État policier', cela pourrait paraître excessif, mais peut-être pas. La prisonnière politique Laura Whitehorn a expliqué que, si la torture n'était pas un phénomène nouveau aux Etats-Unis, même pour les femmes, elle faisait aujourd'hui partie intégrante de l'impérialisme US, la suprématie blanche en étant un élément fondamental”— avec la torture comme 'arme de domination.”

Aafia-Siddiqui-2.jpgAafia Siddiqui avant

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Et aujourd'hui

Et donc, l'histoire étrange et trouble d'Aafia Siddiqui, 37 ans, neurologue d'origine pakistanaise, qui a fait ses études aux Etats-Unis et y travaillait depuis des années, et a été accusée de tentative d'assassinat sur des officiers de l'armée et des agents du FBI, implique très probablement qu'elle a été torturée par ses ravisseurs américains.
Siddiqui, à l'issue d'un procès étrange et troublant à New York en janvier, a été déclarée coupable, et le verdict, après avoir été récemment reporté, doit être prononcé le 23 septembre prochain. Sous surveillance au début des années 2000, à cause de ses activités liées à l'islam, elle avait disparu au Pakistan en 2003, pour ne réapparaitre qu'en 2008 en Afghanistan, désorientée et ayant sur elle des plans pour faire sauter des édifices à New York.
Beaucoup pensent qu'elle a été kidnappée par les USaméricains en 2003, avec ses trois enfants; violée, torturée, un de ses enfants sur le point de mourir, un qui avait disparu et un qui vit actuellement avec sa sœur. La journaliste britannique, Yvonne Ridley, a écrit que Siddiqui et d'autres femmes ont été, et sont, incarcérées à Bagram et dans d'autres prisons qui pratiquent la torture pour le compte des Etats-Unis. Les déclarations des témoins selon lesquels elle aurait tiré sur des militaires avec un fusil d'assaut, laissé, on ne sait pourquoi, à portée de main, sont peu crédibles. Car, c'est la seule qui ait été atteinte par une balle, grièvement blessée à l'abdomen.
Lady Al-Qaeda' (comme l'avait baptisée le NY Daily News) a été condamnée en janvier dernier. Elle semblait divaguer. Elle avait été contrainte par le juge de se présenter au tribunal tous les jours, ce qui impliquait qu'elle devait subir des fouilles au corps quotidiennes, ce qui s'ajoutait à toutes les atrocités dont elle avait souffert.
Alors que les associations de défense des droits humains assurent que ce n'est pas une extrémiste, Siddiqui a déclaré à la cour qu'elle avait été détenue dans une prison secrète par les Américains. Siddiqui était censée être jugée pour agression, pas pour activités terroristes, mais, pendant tout le procès, le Ministère public n'a pas cessé d'utiliser le terme de terroriste en se référant à elle. Il n'y avait aucune preuve formelle attestant qu'elle avait tiré sur des militaires ou qu'elle s'était livrée à des activités terroristes. Au cours du procès, les témoins ont décrit Siddiqui comme 'une femme complètement brisée'.
Nous pouvons nous réjouir que les femmes aient obtenu le droit de vote et le droit au travail, mais nous ne devons pas oublier la partie cachée de l'engagement politique des femmes dans ce pays.
Pour les femmes qui s'engagent en politique, pour Lebron et Buck, pour Stewart et Siddiqui, la vie en prison peut être abominable pour des raisons propres aux femmes. L'historien Dylan Rodriguez parle d''humiliation genrée” subie par les prisonnières politiques, par le biais 'd'actes spécifiques et extrêmes dus à la domination masculine violente'.
Les femmes, censées être traditionnellement des épouses et des mères dociles et relativement peu politisées, doivent payer, non seulement parce qu'elles luttent contre l'impérialisme et la suprématie des Blancs, mais également parce qu'elles sont considérées comme 'des femmes contre-nature'.

Linda Ford est une historienne spécialisée dans l'histoire des Etats-Unis et des femmes. Elle a très récemment enseigné à Colgate University et a écrit: Iron-Jawed Angels: Suffrage Militancy of the National Women’s Party.

Quelques liens complémentaires

Comment le FBI a liquidé les Panthères noires

Le 'Black feminism' (fr)

États-Unis. Amnesty International assistera à titre d'observateur au procès d'Aafia Siddiqui
Note personnelle:

Voilà le sort qui est réservé aux femmes qui se rebellent contre une société blanche, sexiste et violente qui veut cantonner les femmes à leurs casseroles, à leur vernis à ongles, au rôle de mère et au repos du guerrier reproducteur.
A ce propos, je voudrais rappeler que les femmes auraient rarement obtenu d'avancées de la part des élus, essentiellement masculins, sans le courage et la ténacité de ces militantes actives et résolues. D'autre part, les acquis des luttes antérieures ne sont jamais définitifs quand il s'agit des femmes et sont constamment remis en cause par la caste revancharde politico-religieuse (voir les atteintes actuelles au droit à l'avortement).
Et je voudrais donc rendre hommage à ces militantes féministes au nom de toutes celles qui bénéficient aujourd'hui - largement, et sans s'en rendre compte, souvent - du fruit de leurs luttes qu'elles ont souvent payées chèrement, parfois même de leurs vies.
Ignorer leurs combats, mépriser leurs revendications ou les moyens de lutte qu'elles ont employés, c'est vouloir les faire tomber dans l'oubli comme cherche à le faire toute la société capitalo-machiste qu'on se glorifierait de combattre par ailleurs.

Rappelons certaines de ces luttes:

Droit de vote

En France, le droit de vote sera accordé aux femmes, après de longues luttes, le 21 avril 1944 par le Comité français de la Libération nationale. Les hommes, eux, l'avaient obtenu le … 23 juin 1793.

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Suffragette
En Grande Bretagne, les suffragettes qui militaient pour le droit vote des femmes pendant 15 longues années - entre 1903 et 1918 – ont subi une répression terrible.
De nombreuses femmes furent emprisonnées, condamnées. Quand elles déclenchèrent une grève de la faim, le gouvernement ordonna de les gaver de force. Leurs manifestations sont violemment réprimées et certaines perdront la vie dans cette lutte. Pour avoir manifesté pour le droit de vote des femmes en 1909 à Londres, Lady Constance Lytton restera paralysée à vie suite aux violences policières ... la suite ici .

Et puis, rappel, en vrac et non exhaustif, des avancées obtenues grâce aux luttes des femmes et qui semblent aller de soi aujourd'hui pour certain-e-s:

1945 : Disparition de la notion de travail féminin. La législation proclame « à travail égal, salaire égal ».

1966 : Les femmes peuvent exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.

1967 : La loi Neuwirth autorise la contraception sans lever l’interdiction de toute publicité en dehors des revues médicales. Il faut attendre 5 ans les décrets d'application.

1975 : Décret d'application de la loi autorisant l'avortement jusqu'à 12 semaines. Mais la loi de 1920, adoptée pour repeupler la France n'est pas abrogée, elle n'est que suspendue ! Toute propagande en matière de contraception et d'avortement reste interdite. L'avortement est toujours inscrit au Code Pénal.

1976 : Loi sur le divorce par consentement mutuel.

1979 : L’IVG est autorisée définitivement.

1980 : Loi précisant et élargissant la définition du viol.

1992 : Aggravation des peines pour les époux ou concubins coupables de violences familiales.

2001 : loi du 4 juillet sur l'avortement et la contraception : l'avortement est dépénalisé, le délai légal passe de 10 à 12 semaines, les femmes majeures n'ont plus d'obligation d'entretien social, suppression de l'obligation de l'autorisation parentale pour les mineures, possibilité d'avoir recours à un adulte référent, autorisation de stérilisation...

ET bien d'autres ici

Voir également ici les diverses luttes menées par les femmes depuis 1789.

Un peu d'histoire du 8 mars sur ce site.

– Envoyé à l'aide de la barre d'outils Google"

Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement. - Des bassines et du zèle.

Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement. - Des bassines et du zèle.: "Des prisonniers politiques aux Etats-Unis? Il n'y en a pas, bien sûr. Officiellement.

Par emcee le lundi 6 septembre 2010, 00:45 - Dans l'enfer de l'Ultralibéralie - Lien permanent

* Amérique
* femmes
* luttes
* prison
* terrorisme

Seuls les pays 'non-démocratiques' (par opposition à ceux qui se proclament 'démocratiques') incarcèrent les opposants politiques. C'est bien connu. C'est d'ailleurs pour cela que la Chine, les pays du Moyen-Orient, ceux d'Afrique, le Venezuela, Cuba, la Colombie … euh non, pas la Colombie, et bien d'autres se font un peu tirer l'oreille pour leurs violations des droits des êtres humains quand ils sont 'amis' et châtier (parfois durement) quand ce sont des 'ennemis'.
Au Proche-Orient, une particularité: un seul pays 'démocratique' dans le secteur: Israël. Les autres sont tous des dictatures. Même la Palestine, qui a pourtant élu son gouvernement démocratiquement, mais qui n'est pas parvenue à décrocher le statut de démocratie aux yeux de l'Occident.
Allez savoir pourquoi.
Eh bien, ces distinctions valent pour les prisonniers et prisonnières politiques. L'Occident incarcère, voire exécute, comme aux Etats-Unis, des prisonniers de droit commun qui, en faisant accessoirement de la politique, ont commis des crimes de droit commun - à moins qu'ils n'aient été condamnés pour 'terrorisme' ou 'haute trahison' ou 'ultragauchisme' - alors que les méchants pays incarcèrent (et exécutent) des personnes pour avoir osé s'opposer au régime cruel de leur pays.
Cela, c'est la vision manichéenne qu'offrent les propagandistes occidentaux qui divisent la planète en deux catégories, selon leur propre conception du Bien et du Mal.
En fait, les prisonniers politiques existent bien aux Etats-Unis, même s'ils ne sont pas reconnus comme tels, et qu'ils bénéficient, au contraire, d'un régime très spécial: QHS, cellules d'isolement, tortures, très longues peines de prison, rejet de mise en liberté conditionnelle, refus de révision de procès, et autres traitement de faveur.
Nous avons vu précédemment plus particulièrement le traitement infligé aux hommes. Aujourd'hui, il s'agit de femmes, apparemment moins nombreuses, certes, mais qui ne subissent pas moins que les hommes des sévices et abus – dont certains spécifiques à leur genre infligés par une société patriarcale qui n'aime pas que les femmes outrepassent le rôle qu'elle leur a assigné.
Evidemment, ces prisonnières appartiennent toutes à la gauche radicale et se battent, ou se battaient, contre l'Empire, le racisme, le sexisme, la domination masculine et l'état répressif.
L'extrême-droite, elle, semble exemptée de ce genre d'écueils.
Dans cet article, 'Women 'Politicals' (Not) in the News', publié le 30 août 2010 dans Dissident Voice, Linda Ford évoque plus particulièrement le sort de quatre femmes qui se sont retrouvées ces temps-ci dans l'actualité pour diverses raisons.
Les détenues 'politiques' (ne) font (pas) la une de l'actualité

On entend rarement parler des détenus d'Abu Ghraib, de Bagram et de Guantanamo. Et ce qu'on nous en dit, en général, c'est rarement pour dénoncer la responsabilité des Etats-Unis concernant les atrocités que subissent les prisonniers US des guerres d'empire et d'occupation.
Et qu'en est-il des détenus politiques aux Etats-Unis? Les musulmans éternels suspects, les pacifistes, les altermondialistes et les écologistes – les militants des Black Panthers, du Weather Underground et du mouvement amérindien – dont certains ont été torturés, détenus dans des cellules d'isolement pendant des années. Combien d'entre nous connaissent la longue histoire des prisonniers politiques en Amérique, alors que nous ne sommes pas censés en avoir, nous qui sommes par définition, le Pays des Hommes Libres (Land of the Free)?
Parmi ces prisonniers politiques, beaucoup ont été et sont encore des femmes.
Le fait d'être des femmes ne les protège pas d'être considérées comme ennemies de la nation, des femmes 'contre-nature', en fait. Bien au contraire, peut-être.
Les femmes ont toujours été des militantes enthousiastes, et cela, depuis le tout début de la création de ce pays. Elles ont été incarcérées pour raisons politiques après avoir fait partie des mouvements anticapitalistes – militant en tant que syndicalistes, socialistes ou anarchistes, s'opposant au gouvernement et aux patrons; luttant contre le patriarcat d'une société militariste sexiste, et contre la suprématie des Blancs; elles ont participé aux mouvements pour les droits civiques, ont été révolutionnaires ou ont soutenu les luttes des Amérindiens ou des Portoricains; elles étaient contre l'empire américain et se sont battues contre les guerres, depuis la Seconde Guerre Mondiale jusqu'au Viet Nam, l'Iraq ou l'Afghanistan.
Un certain nombre de ces femmes 'contre nature' ont fait la une des journaux, du moins de la presse alternative, cet été.
Il s'agit de: Lolita Lebron, Marilyn Buck, Lynne Stewart, et Aafia Siddiqui. Les deux premières sont mortes récemment, quant aux deux autres, l'une a été rejugée (Stewart) et l'autre attend l'issue de son procès (Siddiqui). Elles représentent différentes périodes de luttes et de répression aux Etats-Unis.
Lolita Lebron et Marilyn Buck étaient des militantes qui avaient lutté contre la suprématie et l'impérialisme des Blancs entre les années 1950 et 1980.

PUERTO RICO VIEQUES NAVYLolita Lebron à Vieques

Lolita Lebron, nationaliste portoricaine, est décédée le 1ier août à l'âge de 90 ans. Depuis les années 60 jusqu'à la fin des années 80, dans une optique révolutionnaire, les femmes ont participé à des groupes qui préconisaient l'action radicale – même la résistance armée – contre, disaient-elles, un état répressif. Les Portoricain-e-s luttent contre la domination des Etats-Unis depuis leur prise de pouvoir en 1898. A la suite d'un soulèvement dans les années 1950, les Etats-Unis instauraient la loi martiale, et les indépendantistes portoricains importaient la lutte sur le sol des Etats-Unis.
En 1954, Lolita Lebron avait voulu faire savoir de façon spectaculaire au monde entier que Porto Rico était une 'colonie des Etats-Unis'. Scandant “ Viva Puerto Rico Libre!”, elle avait pris la tête d'un petit groupe qui ouvrait, alors, le feu dans la Chambre des Représentants, tirant 30 coups de feu qui avaient blessé cinq élus. Elle avait déclaré qu'elle n'avait pas eu l'intention de tuer qui que ce soit. Mais elle ne regrettait pas son 'geste de liberté pour son pays'.
Lebron, condamnée à la prison à vie, mais graciée par le président Carter en 1979, était retournée à Porto Rico, où elle avait poursuivi la lutte contre le colonialisme US.
A l'âge de 81 ans elle était arrêtée pour avoir manifesté sur l'île de Vieques contre le terrain d'essai de l'armée US.
D'autres femmes du mouvement nationaliste portoricain avaient été également lourdement condamnées.
Condamnée pour avoir participé à une attaque à main armée organisée par le mouvement dans le Connecticut en 1983, Alejandrina Torres était violée en prison, puis placée en cellule d'isolement à la prison de Lexington dans le Kentucky.

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Marilyn Buck

Purgeant sa peine de prison en même temps que Lebron, une autre femme, Marilyn Buck, devait également passer de longues années en prison. Elle vient de mourir à l'âge de 62 ans juste après sa libération, des suites d'un cancer, où le mal s'était aggravé à cause de son incarcération.
Marilyn Buck militait dans les années 60-70 dans un climat général très politisé, où elle participait à l'énorme mouvement de protestation contre le système étasunien: l'état capitaliste et la suprématie blanche.
Selon l'historien Dan Berger , ces militant-e-s contestataires utilisaient des termes que 'le gouvernement avait jugés trop virulents pour qu'il accepte une telle liberté d'expression'.
La répression brutale s'est alors abattue sur les Black Panthers et le Weather Underground, partisans de la lutte armée contre ce qu'ils estimaient être une puissance coloniale raciste.
Marilyn Buck avait manifesté contre la guerre du Viêt-Nam et contre le racisme; elle avait amené le mouvement de Libération des Femmes au SDS (Students for a Democratic Society), elle était pro-palestinienne, contre le Shah d'Iran, et soutenait les luttes des Indiens , des Mexicains-américains, et des Black Panthers.
En 1973, Buck était arrêtée, accusée d'avoir acheté deux boites de cartouches pour les Black Panthers et d'être en cheville avec eux. Elle était condamnée à dix ans de prison ferme. Ses demandes de liberté conditionnelle ayant été rejetées par trois fois, elle s'évadait de prison en 1977. Elle était à nouveau arrêtée en 1985, accusée d'avoir aidé Assata Shakurà s'évader de prison, et d'avoir collaboré au 'Resistance Conspiracy” ('complot de la résistance') du Weather Underground – soupçonné d'avoir projeté plusieurs attentats contre les institutions de l'état à l'est des Etats-Unis. A ce titre, elle était condamnée à 80 ans de prison en Californie, où elle a écrit des poèmes qui ont été primés et des articles analytiques sur la psychologie de la répression contre les femmes.
Elle explique que les femmes prisonnières politiques subissent des mauvais traitements qui leur sont propres dans la mesure où les femmes 'subissent déjà dès l'enfance une domination à la fois sociale et culturelle. Les femmes sont exposées à des humiliations et des privations encore plus cruelles'.
Classée comme 'terroriste', elle était placée en cellule d'isolement et tenue au secret après les attentats du 11 sept. Tenant des propos que Lebron n'aurait pas désavoués, Buck avait déclaré qu'elle ne voulait pas être une détenue oubliée mais 'une camarade de lutte dans le combat actuel contre l'impérialisme, l'oppression et l'exploitation'.

Lynne Stewart et Aafia Siddiqui, sans doute également des victimes de la suprématie blanche et de l'impérialisme, ont toutes deux subi les conséquences dramatiques de la période anti-“terroriste”/antimusulmans qui a débuté à la suite des attentats du 11/9.
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Lynne Stewart
L'affaire de Stewart est en réalité antérieure aux attentats de 2001 aux États-Unis — même si elle a été condamnée en vertu du Patriot Act (loi adoptée le 25 octobre 2001, NDT) dont certains disent qu'il n'aurait pas dû être appliqué pour son cas par le procureur général des États-Unis Ashcroft; quant à Siddiqui, elle figurait déjà aussi sur la liste de personnes sous surveillance du même Ashcroft.
La 'guerre hystérique contre le terrorisme' a engendré des changements profonds et rapides pour les droits politiques et civils du pays. Une des incidences immédiates a été la concentration des pouvoirs entre les mains de l'exécutif, qui donnait au président le pouvoir de décider en matière de guerre, de paix, et de lois.
Bush, et maintenant Obama, se sont servis des lois d'un Ministère de la Justice politisé, s'appuyant sur des lois comme le Patriot Act pour faire arrêter des milliers de personnes innocentes sans chefs d'accusation ni représentant légal, mais également pour sanctionner les avocats qui représentent les personnes accusées de 'terrorisme'.
L'avocate Lynne Stewart, a récemment été rejugée et condamnée après une première inculpation basée sur le Patriot Act.
A la suite de l'hystérie collective sur le terrorisme, Stewart, 69 ans, était incarcérée pour des raisons politiques en juillet dernier, pour avoir tenté de défendre son client, le cheikh Abdel Rahman, condamné pour avoir organisé un complot terroriste en 1996 à New York. Officiellement, elle était accusée d'avoir fourni, lors d'une conférence de presse, une aide matérielle à son client concernant son 'complot terroriste'.
Il n'est pas normal qu'elle ait été jugée en vertu du Patriot Act adopté en 2001. Elle était en liberté surveillée depuis l'année 2000, et les conditions des 'mesures administratives spéciales' (Special Administrative Measures, SAM) qui interdisent aux accusés de communiquer avec le monde extérieur, ne sont pas théoriquement censées concerner les communications entre l'avocat et son client.
Radiée du barreau, déshonorée, et condamnée à une peine de prison de 28 mois bien que souffrant d'un cancer du sein, ses collègues disent qu'elle avait été en fait incarcérée pour avoir toujours soutenu les Black Panthers et le Weather Underground. Stewart pense qu'ils ont voulu faire un exemple pour dissuader les autres avocats et avocates de défendre des causes et des personnages controversés'.
Au cours de son nouveau procès, le 15 juillet dernier, cet état de fait était encore plus évident. Alors que se multiplient les lois limitant les libertés civiles, les avocats, en particulier ceux qui ont une sensibilité de gauche, figurent parmi les premiers touchés. Condamnée initialement à 28 mois de prison, Stewart était alors condamnée à une peine de dix ans de prison, pratiquement cinq fois plus.
Lors du second procès, le juge, John Koeltl, a expliqué qu'elle avait menti au tribunal, avait abusé de sa position d'avocate et n'avait exprimé 'aucun remords'.
Stewart a raconté comment la prison l'avait “diminuée” … et qu'elle 'perdait des pans de sa personnalité'. Et elle a ajouté: “l'état policier est arrivé'.
'État policier', cela pourrait paraître excessif, mais peut-être pas. La prisonnière politique Laura Whitehorn a expliqué que, si la torture n'était pas un phénomène nouveau aux Etats-Unis, même pour les femmes, elle faisait aujourd'hui partie intégrante de l'impérialisme US, la suprématie blanche en étant un élément fondamental”— avec la torture comme 'arme de domination.”

Aafia-Siddiqui-2.jpgAafia Siddiqui avant

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Et aujourd'hui

Et donc, l'histoire étrange et trouble d'Aafia Siddiqui, 37 ans, neurologue d'origine pakistanaise, qui a fait ses études aux Etats-Unis et y travaillait depuis des années, et a été accusée de tentative d'assassinat sur des officiers de l'armée et des agents du FBI, implique très probablement qu'elle a été torturée par ses ravisseurs américains.
Siddiqui, à l'issue d'un procès étrange et troublant à New York en janvier, a été déclarée coupable, et le verdict, après avoir été récemment reporté, doit être prononcé le 23 septembre prochain. Sous surveillance au début des années 2000, à cause de ses activités liées à l'islam, elle avait disparu au Pakistan en 2003, pour ne réapparaitre qu'en 2008 en Afghanistan, désorientée et ayant sur elle des plans pour faire sauter des édifices à New York.
Beaucoup pensent qu'elle a été kidnappée par les USaméricains en 2003, avec ses trois enfants; violée, torturée, un de ses enfants sur le point de mourir, un qui avait disparu et un qui vit actuellement avec sa sœur. La journaliste britannique, Yvonne Ridley, a écrit que Siddiqui et d'autres femmes ont été, et sont, incarcérées à Bagram et dans d'autres prisons qui pratiquent la torture pour le compte des Etats-Unis. Les déclarations des témoins selon lesquels elle aurait tiré sur des militaires avec un fusil d'assaut, laissé, on ne sait pourquoi, à portée de main, sont peu crédibles. Car, c'est la seule qui ait été atteinte par une balle, grièvement blessée à l'abdomen.
Lady Al-Qaeda' (comme l'avait baptisée le NY Daily News) a été condamnée en janvier dernier. Elle semblait divaguer. Elle avait été contrainte par le juge de se présenter au tribunal tous les jours, ce qui impliquait qu'elle devait subir des fouilles au corps quotidiennes, ce qui s'ajoutait à toutes les atrocités dont elle avait souffert.
Alors que les associations de défense des droits humains assurent que ce n'est pas une extrémiste, Siddiqui a déclaré à la cour qu'elle avait été détenue dans une prison secrète par les Américains. Siddiqui était censée être jugée pour agression, pas pour activités terroristes, mais, pendant tout le procès, le Ministère public n'a pas cessé d'utiliser le terme de terroriste en se référant à elle. Il n'y avait aucune preuve formelle attestant qu'elle avait tiré sur des militaires ou qu'elle s'était livrée à des activités terroristes. Au cours du procès, les témoins ont décrit Siddiqui comme 'une femme complètement brisée'.
Nous pouvons nous réjouir que les femmes aient obtenu le droit de vote et le droit au travail, mais nous ne devons pas oublier la partie cachée de l'engagement politique des femmes dans ce pays.
Pour les femmes qui s'engagent en politique, pour Lebron et Buck, pour Stewart et Siddiqui, la vie en prison peut être abominable pour des raisons propres aux femmes. L'historien Dylan Rodriguez parle d''humiliation genrée” subie par les prisonnières politiques, par le biais 'd'actes spécifiques et extrêmes dus à la domination masculine violente'.
Les femmes, censées être traditionnellement des épouses et des mères dociles et relativement peu politisées, doivent payer, non seulement parce qu'elles luttent contre l'impérialisme et la suprématie des Blancs, mais également parce qu'elles sont considérées comme 'des femmes contre-nature'.

Linda Ford est une historienne spécialisée dans l'histoire des Etats-Unis et des femmes. Elle a très récemment enseigné à Colgate University et a écrit: Iron-Jawed Angels: Suffrage Militancy of the National Women’s Party.

Quelques liens complémentaires

Comment le FBI a liquidé les Panthères noires

Le 'Black feminism' (fr)

États-Unis. Amnesty International assistera à titre d'observateur au procès d'Aafia Siddiqui
Note personnelle:

Voilà le sort qui est réservé aux femmes qui se rebellent contre une société blanche, sexiste et violente qui veut cantonner les femmes à leurs casseroles, à leur vernis à ongles, au rôle de mère et au repos du guerrier reproducteur.
A ce propos, je voudrais rappeler que les femmes auraient rarement obtenu d'avancées de la part des élus, essentiellement masculins, sans le courage et la ténacité de ces militantes actives et résolues. D'autre part, les acquis des luttes antérieures ne sont jamais définitifs quand il s'agit des femmes et sont constamment remis en cause par la caste revancharde politico-religieuse (voir les atteintes actuelles au droit à l'avortement).
Et je voudrais donc rendre hommage à ces militantes féministes au nom de toutes celles qui bénéficient aujourd'hui - largement, et sans s'en rendre compte, souvent - du fruit de leurs luttes qu'elles ont souvent payées chèrement, parfois même de leurs vies.
Ignorer leurs combats, mépriser leurs revendications ou les moyens de lutte qu'elles ont employés, c'est vouloir les faire tomber dans l'oubli comme cherche à le faire toute la société capitalo-machiste qu'on se glorifierait de combattre par ailleurs.

Rappelons certaines de ces luttes:

Droit de vote

En France, le droit de vote sera accordé aux femmes, après de longues luttes, le 21 avril 1944 par le Comité français de la Libération nationale. Les hommes, eux, l'avaient obtenu le … 23 juin 1793.

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Suffragette
En Grande Bretagne, les suffragettes qui militaient pour le droit vote des femmes pendant 15 longues années - entre 1903 et 1918 – ont subi une répression terrible.
De nombreuses femmes furent emprisonnées, condamnées. Quand elles déclenchèrent une grève de la faim, le gouvernement ordonna de les gaver de force. Leurs manifestations sont violemment réprimées et certaines perdront la vie dans cette lutte. Pour avoir manifesté pour le droit de vote des femmes en 1909 à Londres, Lady Constance Lytton restera paralysée à vie suite aux violences policières ... la suite ici .

Et puis, rappel, en vrac et non exhaustif, des avancées obtenues grâce aux luttes des femmes et qui semblent aller de soi aujourd'hui pour certain-e-s:

1945 : Disparition de la notion de travail féminin. La législation proclame « à travail égal, salaire égal ».

1966 : Les femmes peuvent exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari.

1967 : La loi Neuwirth autorise la contraception sans lever l’interdiction de toute publicité en dehors des revues médicales. Il faut attendre 5 ans les décrets d'application.

1975 : Décret d'application de la loi autorisant l'avortement jusqu'à 12 semaines. Mais la loi de 1920, adoptée pour repeupler la France n'est pas abrogée, elle n'est que suspendue ! Toute propagande en matière de contraception et d'avortement reste interdite. L'avortement est toujours inscrit au Code Pénal.

1976 : Loi sur le divorce par consentement mutuel.

1979 : L’IVG est autorisée définitivement.

1980 : Loi précisant et élargissant la définition du viol.

1992 : Aggravation des peines pour les époux ou concubins coupables de violences familiales.

2001 : loi du 4 juillet sur l'avortement et la contraception : l'avortement est dépénalisé, le délai légal passe de 10 à 12 semaines, les femmes majeures n'ont plus d'obligation d'entretien social, suppression de l'obligation de l'autorisation parentale pour les mineures, possibilité d'avoir recours à un adulte référent, autorisation de stérilisation...

ET bien d'autres ici

Voir également ici les diverses luttes menées par les femmes depuis 1789.

Un peu d'histoire du 8 mars sur ce site.

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