Il appartient à cette catégorie de livres que l’on qualifie de ’’Révolutionnaire’’ ou de ’’Séisme’’par le ton de son auteur et surtout par le sujet abordé. Un livre qui sonne comme une bombe dans le monde dominant de la pensée unique, prenant le contre-pied de ces ”vérités” martelées et imposées à coups de propagande. A ce propos, John Stuart Mill affirme : “Les vérités, lorsqu’elles ne sont pas soumises à une réévaluation permanente, finissent par cesser d’avoir un effet de vérité par leur exagération qui les transforme en mensonges“.
’’L’Excision, aux Sources d’une Longue Tradition et Coutume Eurasiatique’’ premier livre de Amouna NGOUONIMBA, s’inscrit dans cette logique de réévaluation de ces “vérités là” et l’auteur, convaincu que l’histoire ne trouvera son équilibre que, lorsque les lions seront également capables de raconter les scènes de chasse, entend rétablir certains ’’oublis’’ et remettre à l’endroit les faits savamment occultés par les tenants de cette pensée unique.
Évidemment, on trouvera qu’il exagère dans son propos, mais Albert Memmi ne prévenait-il pas déjà contre cette accusation ? “ On dit toujours que quelqu’un exagère quand il décrit une injustice à des gens qui ne veulent pas en entendre parler“.
Nous avons rencontré l’auteur et lui avons posé quelques questions….
Grâce au Média Social FB, je prends connaissance de votre livre. Pouvez-vous vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Bonjour. Mon nom est Amouna Ngouonimba. Je suis auteur et éditeur. Je fais également partie de Kheperu n Kemet qui se définit comme le centre de conception du devenir de notre Continent, Kemeta, et qui est un observatoire des armes de domination mentale.
Vous venez donc de publier :’’L’excision, aux sources d’une longue tradition et
coutume eurasiatique’’. Est-ce votre premier livre ?
Oui. En effet, c’est le premier à ce jour édité.
Qu´est-ce qui a inspiré sa rédaction ?
La rédaction de l’ouvrage répond à l’un des objectifs de Kheperu n Kemet qui consiste à réhabiliter la Femme Kamit dans tous ses droits ancestraux d’avant son islamisation et sa christianisation. Aussi, parmi tant d’autres maux actuels, l’excision sous toutes ses formes est un fléau qui tue sur notre Continent, au même titre que les guerres. C’est donc un mal que nous avons décidé de résoudre en s’attaquant à sa racine en déblayant les vérités sur ses origines réelles et non fantasmées.
Quels sont les grandes lignes de ce livre que je découvre également ?
Comme il est indiqué dans la préface de l’ouvrage, nous entendons répondre à des questions dont l’absence de réponses concrètes menait notre Tradition plusieurs fois millénaires dans l’impasse. En ce sens, notre Tradition est taxée d’archaïque, de barbare, par les étrangers autant que par nous-mêmes qui sommes pour la plupart, aujourd’hui, occidentalisés ou arabisés. Or la prétendue barbarie, en l’occurrence l’excision sous toutes ses formes, ne trouve pas ses fondements dans notre Tradition mais plutôt dans celle des Eurasiatiques. Raison pour laquelle nous commençons par traiter dans une première partie des sources sémites et indo-européennes de l’excision sous toutes ses formes actuellement reproduites chez nous. Ensuite, nous présentons dans une seconde partie la condition de la femme en Eurasie, ce qui va justifier son excision. Enfin, dans une troisième partie, nous démontrons l’inexistence de l’excision sous toutes ses formes dans la Tradition Kamit plusieurs fois millénaires.
Comment le qualifiez-vous donc votre livre sur l’excision ? Comme un rétablissement de la vérité historique ?
Les personnes et associations qui luttent sur le terrain contre les mutilations génitales féminines effectuent un travail infiniment louable et colossal. Notre ouvrage vient, dans un élan de solidarité et en toute modestie, leur apporter une arme fatale contre l’argument consistant à renvoyer aux Ancêtres et à la Tradition la paternité des mutilations génitales féminines. De ce fait, c’est en toute assurance que notre travail s’affirme comme un rétablissement de la vérité historique en dédouanant notre Tradition, scientifiquement et sans complaisance, de toute responsabilité à cet égard.
Nous constatons aussi chez la plupart des Africains l’expression d’un « universalisme débordant » qui veut que si un crime existe en Eurasie, on doit forcément le retrouver en Afrique, comme par une espèce de solidarité aveugle. L’Humain étant ce qu’il est, nous aussi nous avons commis des crimes ignobles, entend-on régulièrement chez nos frères et sœurs africains. Par exemple, si les Eurasiatiques ont fait l’ « esclavage », on dira que « nous (Africains) aussi nous avons vendu nos frères »… C’est ainsi qu’à la sortie de ce livre, nous avons constaté cette pathologie comportementale récurrente de cet universalisme débordant, dans notre communauté, à travers des questions similaires à la suivante : « pourquoi cherchez-vous systématiquement à mettre en opposition le monde eurasiatique au monde kamit ». Dans ce questionnement, il y a toujours en filigrane ce procès d’intention pathologique du « Nègre anti-Blanc », du « Nègre haineux et raciste ». C’est à croire que ceux qui le pensent ne sont pas en paix avec eux-mêmes et sont constamment tourmentés par les contradictions de cet universalisme débordant qui se meut en eux.
Or cela est un faux débat dans la mesure où, pour le cas de l’excision notamment, pour soigner un mal de façon définitive, il faut aller à la source du mal. Si la source était endogène, nous l’aurions dévoilée pour mieux l’exciser sans jeu de mots. Or en l’occurrence, notre recherche nous a dévoilés une origine exogène de l’excision, soit eurasiatique. Pourquoi alors se voiler la face pour des raisons émotionnelles ou de débordantes passions universalistes? Cela est la conséquence d’une éducation occidentalisée ou arabisée. Quand on croit être guéri de ce type d’éducation aliénante, souvent on en est pas tout à fait débarrassée au point que certains réflexes remontent à la surface. On observe systématiquement cette pathologie comportementale à toutes les fois où nous devons aborder les questions reliées aux crimes que nous avons subie des Eurasiatiques. À tous les coups il y a cette réflexion imparable du « nous aussi nous avons fait tel ou tel crime », « nous aussi nous sommes capables du pire », « nous aussi nous sommes ceci ou cela » et tant d’autres du genre.
C’est un comportement pathologique dont on doit se guérir impérativement dans notre communauté. Mais d’un autre côté, nous comprenons ce désordre comportementale car on ne sort pas psychologiquement indemne de 1400 ans d’agressions hyper violentes. Il y a donc des traces, des séquelles, de ses agressions qui se traduisent par plusieurs pathologies comportementales dont celle que nous venons de révéler.
Par contre lorsque les Eurasiatiques parlent actuellement de l’excision, ils ne s’inscrivent pas dans la pathologie comportementale de cet universalisme débordant puisqu’ils lui trouvent sans émotion une prétendue origine africaine. Et ceux qui nous taxeraient d’anti-Blanc, cautionnent pourtant ces affirmations d’une origine africaine purement fantasmées. Bon nombre de désordres comportementaux seraient guéris si nous nous affranchissons radicalement de notre éducation occidentalisée ou arabisée. Mais pour se faire, nous devons révolutionner notre système scolaire pour en avoir un qui insuffle aux élèves le réflexe d’avoir un esprit critique au lieu de réciter les cours comme c’est le cas actuellement. Celui qui a été conditionné à réciter à l’école, récitera également dans sa vie adulte sans esprit critique toute information reçue.
Rétablir une vérité c’est admettre qu’elle a été ou est biaisée. Pensez-vous que l’histoire africaine soit sujette à des interprétations erronées ? Qu’est ce qui motive donc la démarche de ses falsificateurs ?
Assurément, l’histoire de notre unique Nation est aujourd’hui sujette à des interprétations erronées dans la mesure où les Kamit eux-mêmes apprennent leur propre histoire non plus en puisant directement dans la Tradition Kamit, mais en s’instruisant dans les livres des envahisseurs d’hier. C’est la question des références qui fait que nous avons ainsi une lecture biaisée de notre Histoire, de notre Tradition. Nous nous voyons et nous nous comprenons à travers l’œil d’autrui qui est principalement l’envahisseur d’hier. Il se fait que ce dernier soit Eurasiatique. L’interprétation sera donc en faveur de celui qui nous a envahi. D’ailleurs, le contraire aurait été surprenant et illogique. Or tout Occupant n’a pour seule motivation que la falsification de l’histoire réelle de celui qu’il parvient à assujettir et ce dans l’unique but de mieux le dominer et l’aliéner. Le Kamit aujourd’hui regarde le monde avec les lunettes des Eurasiatiques ; ce qui fait qu’il en vient lui-même à falsifier sa propre histoire, à se suicider culturellement. Ainsi, le pire ennemi du Kamit de nos jours c’est le Kamit lui-même. Libéré de l’oppression physique d’hier, aujourd’hui il doit faire sa libération mentale afin de voir et comprendre le monde à travers son propre prisme en absence de toutes aliénations ou influences.
Pourquoi le choix de l’excision et pas un autre ?
Nous avons d’autres sujets en cours de traitement, et j’espère que nous aurons l’occasion de nous rencontrer à nouveau pour en parler. L’excision est un fléau qui anéanti la plus grande force des Kamit, à savoir la Femme, la Mère. Porter atteinte à la Mère dans la Tradition Kamit revient à anéantir notre société. La femme chez nous est le pilier de la société. S’attaquer à la femme veut dire non seulement lui ôter sa dignité mais également menacer directement la force vitale de notre société. Ce n’est donc pas pour rien que dans les guerres actuellement, on constate les crimes de viols car à travers ce geste abominable on essaye non seulement d’humilier au plus haut point la victime mais on essaye aussi de tuer rituellement toute la famille de celle qui est violé. Dans le cas où elles sont nombreuses, c’est toute la société qu’on tue. L’excision à nos yeux est un acte d’appropriation de l’humanité de la femme et de son assujettissement à des égregors étrangers. Par conséquent, il devenait urgent de se pencher en priorité sur ce problème afin que nos femmes redeviennent propriétaires de leurs corps.
Mais pourtant l’excision est une réalité présente encore en Afrique.
Elle l’est aujourd’hui au même titre que le christianisme et l’islam qui sont des apports de l’Occupant eurasiatique. Et pourtant combien parmi nous croient encore dur comme fer à une genèse endogène de l’islam ou du christianisme dans notre société, malgré les évidences qui prouvent le contraire. En fait, une chose peut être présente chez nous sans être notre conception. Raison pour laquelle nous dévoilons dans notre ouvrage la supercherie qui veut faire de nos mères des exciseuses “traditionnelles”.
Que voudriez-vous que l’on retienne de ce livre ?
La réponse à cette question est contenue dans le Testament que Lumumba nous a laissés et qui dit : « L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. »
Alors la balle est dans notre camp et à nous d’ECRIRE NOTRE PROPRE HISTOIRE. C’est ce que nous enseigne le présent travail sur l’excision. Qu’on ne se leurre pas, les Occupants d’hier n’écriront l’Histoire qu’à leur avantage. Ne soyons donc pas naïfs car Lumumba dans son testament nous invite, sans concession, à être responsables et maîtres de notre destin.
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