En mars 1961 à la Martinique, les ouvriers agricoles de la canne déclenchèrent une grève pour réclamer des augmentations de salaire et des améliorations de conditions de travail.
Le 24 mars, il y eut un rassemblement de grévistes au bourg du Lamentin, à l'époque un centre important de l'activité sucrière. Les grévistes allèrent d'habitation en habitation, selon la tradition de la grève marchante, pour convaincre leurs camarades de rallier le mouvement. Dans la matinée, les gendarmes appréhendèrent deux syndicalistes qui furent emmenés à Fort-de-France. Les travailleurs réclamèrent leur libération toute la journée.
Roger Aubéry, membre de la famille békée détentrice de la majeure partie des plantations de canne du Lamentin, vint en jeep provoquer les travailleurs rassemblés. Face à la colère des grévistes, Aubéry trouva refuge dans une maison voisine occupée par un Français de France. Les ouvriers se groupèrent devant la maison, dénonçant l'arrogance békée.
En début de soirée, les syndicalistes qui avaient été conduits à Fort-de-France furent libérés et attendus au Lamentin. Mais leur retour tarda et la tension commença à monter. Les gendarmes intervinrent alors pour dégager Aubéry. Le commissaire de police, Basse, fit tirer en pleine rue, près de l'église, sans sommation, sur la foule comprenant des personnes sortant de la prière du carême. On compta trois morts et plus de vingt blessés.
Et 50 ans après, ironie de l'histoire, une dirigeante syndicaliste martiniquaise, Ghislaine Joachim-Arnaud, est condamnée pour « racisme » pour s'en être prise à cette classe de possédants, dont la soldatesque coloniale défendait les intérêts jusqu'à faire couler le sang des ouvriers.
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