Non, on ne nous fera pas avaler un gombo de plus sur le lycée Schoelcher. Non, pas un de plus.
La vérité est à chercher ailleurs.....oui, la vérité est toute autre !
Souvenez de l'histoire de la dénomination de l'aéroport Aimé Césaire. La seule entité consultée qui avait émis un avis défavorable était la Région Martinique. Sous la plume du seul patriote à refuser d'honorer les grands hommes de son pays afin que jamais on ne lui fasse de l'ombre, Alfred Marie-Jeanne avait justifié son refus en expliquant qu'il réservait le nom du père de la Nation pour.....oui.....pour le Lycée Schoelcher. Le lycée serait donc débaptisé. Bien sur, à l'époque cette offensive n'avait pas trouve écho puisque c'est son grand ami, Nicolas Sarkozy qui s'était lui-même déplacé pour célébrer la dénomination de notre aéroport.
Mais Alfred Marie-Jeanne n'a jamais jeté l'éponge. L'homme est du genre teigneux. Un processus calculé, pensé, réfléchi s'était dès lors mis en œuvre. Le lycée sous sa responsabilité était carrément laissé à l'abandon. Pas le moindre lessivage des murs, pas le moindre coup de pinceau pendant des années et des années. Il fallait absolument faire croire à tout le monde qu'une ruine immonde menaçait la vie des usagers du lycée. Tout le monde devait avoir peur de ce qui avait pris l'allure d'une masure inquiétante.
Et on avance dans la démarche jusqu'à déposer en mairie de Fort-de-France un permis de construire qui ne reprend à son compte aucune des contraintes imposées par le Plan Local d'urbanisme de la ville où est édifié ce lycée. L'actuel lycée est en effet rayé de la carte dans la forme. Pas la moindre trace conservée d'une architecture remarquable, du fronton caractéristique de style moderniste. Il fallait tout effacer.
Le maire de Fort de France de l'époque, Serge Letchimy, s'oppose très légitimement au projet tel que présenté et demande que ce dernier soit revu en fonction des instructions du PLU.
En même temps, le désir de "rayer le Lycée Schoelcher" de toute mémoire, de notre mémoire collective va tellement loin qu'aucun lycée de transit n'est prévu, ni envisagé pour assurer le maintien d'une cohérence, d'une unité qu'il convient de pérenniser : celle d'un lycée, d'une communauté vieille de plus d'un siècle, d'une histoire qui a marqué tout un pays de son empreinte.
Le temps des travaux qui sera d'ailleurs très long, le long processus de démantèlement des mémoires commence.....de manière sournoise, lente, perverse.
L'histoire acceptant enfin un peu de bon sens, Serge Letchimy devient président de Région en 2010. Les cartes sont rebattues pour entamer une nouvelle partie de l'histoire de cette institution. La cohérence reprend le dessus. Oui, il y aura un lycée de transit pour assurer pendant le long temps de la démolition-reconstruction un lycée à part entière,....le LYCÉE SCHOELCHER. Oui, le lycée Schoelcher.
Une offre doublement opportune se présente : l'ex maternité dénommée Hôpital Victor Fouche. Un emplacement idéal. Plusieurs étages, des routes qui desservent le site à proximité, des conditions très correctes pour maintenir une unité éducative.
L'autre avantage : le CHU qui recherche des moyens importants pour la construction d'un plateau technique, outil structurant important pour la politique de santé en pays insulaire trouve dans cette acquisition par la Région, plusieurs dizaines de millions d'euros qui viendront compléter de manière heureuse un plan de financement difficile à boucler.
Le nouveau président de Région, au milieu d'une concertation désormais apaisée avec la communauté scolaire lance un vaste chantier de réhabilitation du site ex-maternité afin de pouvoir livrer dans des délais corrects, un accueil des plus dignes à une non moins digne institution martiniquaise. Chantiers de mise aux normes sismiques, de transformation, de réseaux modernes, etc.....vont bon train et la rentrée est annoncée au lycée de transit pour septembre 2016.
Le lycée SCHOELCHER sera maintenu dans son unité, sa cohérence. On préservera cette institution du péril populiste annoncé, d'une forme infâme de révisionnisme, d'un indigne dirigisme des consciences.
Mais voilà, de retour aux affaires du pays, le temps n'a rien pu faire pour apaiser les ardeurs du petit monsieur aux méthodes inavouables. Le lycée Schoelcher et Victor Schoelcher lui-même ont du lui faire passer 5 ans de nuits blanches, de cauchemars, de rages, d'obsessions. Le lycée redevient son sujet majeur de tourments et il met en œuvre sa "solution finale".....exterminer définitivement des consciences Schoelcher et tout héritage portant son nom.
Que l'on ne s'y méprenne surtout pas ! Le dossier du Lycée Schoelcher n'est pas une question de murs, de travaux, de réhabilitations, de mise aux normes. Les piètres prestations de cette équipe au pouvoir pendant 12 ans dans les affaires touchant au chantier des lycées sont là pour en attester. Yo pa an lè sa....diraient les jeunes dans leur langage. À peine un lycée avait un avis favorable des commissions de sécurité pendant ces 12 années.
Aucun chantier n'avait été engagé au lycée du Lorrain, au Marin, à Dillon, à Trinité qui avaient beaucoup souffert des dégâts du tremblement de terre, d'un manque d'attentions calculé, organisé. Il suffit tout simplement de voir la faiblesse des budgets dédiés à l'entretien de plus d'une vingtaine d'établissements pendant toutes ces années.
Pour ces revenants, Non, l'important c'était le lycée Schoelcher. Le nom qu'il porte dérange, démange, obsède, rend fou. Schoelcher est un blanc, un français bon teint et ça dérange.
Non, la longue lutte des abolitionnistes du siècle des lumières n'existe pas pour Marie-Jeanne et ses comparses. Les Abbé Grégoire, Schoelcher, Perrinon, les pétitionnistes des ouvriers de Paris etc....ne sont pas dignes de notre mémoire. L'abolition est une histoire de noirs, d'esclaves uniquement et rien d'autre. Que cela se sache et que cela s'entende. Non, le colon geôlier ne peut pas se muer en libérateur, c'est impossible. Et s'attaquer à ce symbole, le Lycée Schoelcher devient emblématique d'une démarche révisionniste, calculée, stratège, bien travestie, outrageusement maquillée. Aussi mesquine que la déclaration récente du revenant à l'Habitation Clément...."je ne suis pas venu ici planter un arbre" Point besoin de s'étendre, on peut se contenter d'un.....sans légende. Tout le monde aura compris.
24 février 2016 : et voilà, la nouvelle que l'on savait déjà tombe ! Le conducator l'a annoncé de sa voix chevrotante au micro de RCI : "il n'y aura pas de rentrée cette année 2016 dans une unité construite, maintenue et retrouvée du Lycée Schoelcher". Le lent pourrissement poursuit son œuvre maléfique, odieuse. La dissolution se perpétue dans une indifférence qui une fois de plus, sous nos cieux, laisse la préséance à la forme sur le fond.
À moi, et j'espère à beaucoup d'entre nous, on ne me fera pas avaler cette nouvelle production de gombos gluants et facilement digestes. Pas à moi en tous cas. Le lycée Schoelcher est tout......sauf une histoire de chantiers, de travaux et de murs. Que cela s'entende. Oui, la vérité est toute autre....
Catherine CONCONNE
Membre du Parti Progressiste Martiniquais
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