On peut comprendre que certains d’entre nous cherchent à élargir au maximum le rassemblement autour du RVN. L’entreprise, quant au fonds, est légitime et louable. Mais se pose aussitôt la question du sens que nous voulons donner à cet emblème.
Aussi, nous ne pouvons pas ne pas nous interroger quand nous entendons, ici ou là, que le RVN serait simplement un symbole « identitaire », une manière de marqueur régional. Et surtout pas un drapeau indépendantiste ! L’ambition de la Martinique consisterait donc, dans le cadre de la République, devenue récemment, par la grâce de Macron, « archipélagique », à disposer de son petit blason rouge, vert et noir, variante du 972 numérique. Un non sens !
Le colonialisme s’accommode avec grâce de ces arrangements insignifiants qui plongent pourtant dans un bonheur indicible un certain nombre de colonisés qui se nourrissent ainsi de l’illusion d’avoir remporté une immense bataille politique. Vous ne voulez plus de l’écusson aux serpents ? Qu’à cela ne tienne ! Vous aurez désormais de jolis morceaux de chiffon avec la yole, un peu de rouge-vert-noir, du bleu, du jaune...et un peu de blanc aussi.
Certes, on ne pleurera pas la mort des serpents ! Mais, en réalité, qu’est-ce qui aura vraiment changé ? Les mêmes épaules qui portaient les serpents arboreront une yole. Et après ? Rien. Les structures coloniales n’auront pas changé d’un iota. L’empire français est passé maître dans l’art du colifichet politique. Le plus triste, c’est qu’il trouve encore des adeptes.
Notre honneur sera de toujours dire la vérité à notre peuple. Le drapeau Rouge-Vert-Noir n’est pas le drapeau d’une région française. C’est un drapeau nationaliste. C’est le symbole de celles et de ceux qui reconnaissent qu’il y a un peuple martiniquais, une nation martiniquaise et que ce peuple et cette nation ont droit à la souveraineté. L’énoncer clairement n’est ni un dogmatisme, ni un sectarisme , ni un passéisme mais l’expression d’une volonté lucide de s’inscrire dans une histoire, dans un parcours et dans un engagement pour notre futur. C’est tenter de redonner sens à nos actions et à nos choix, singulièrement dans un contexte idéologique délétère qui voit s’accentuer l’émiettement mortifère de nos forces.
Seuls le développement de la conscience nationale, nos luttes multiformes (politiques, économiques, idéologiques, culturelles, écologiques), notre capacité à faire vraiment peuple créeront les conditions du triomphe de nos couleurs. Ce n’est pas qu’une affaire de déclarations.
Francis CAROLE
Vendredi 26 avril 2019
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