Rien ne peut plus nous étonner. Et voilà nos insurgés du dimanche se réclamant de A. Césaire, de F. Fanon et de Koko René-Corail, qui se coulent dans le modèle anglo-saxon en vogue, le très controversé « woke attitude», traduire « rester éveillé » (de veille informatique). Le terme d’origine argotique afro-américain, popularisé il y a une dizaine d’années par la chanteuse Erykah Badu a été repris sur les campus des grandes universités états-uniennes. Son usage s’est étendu, parallèlement, dans les milieux mondains et marketing (woke-washing)”.
. L’Urban Dictionnary qui fait autorité pour les parlers argotiques le définit comme suit: « The act of being very pretentious about how much you care about a social issue » (comportement très prétentieux sur le fait que vous vous préoccupez d'un problème social).
Pour ses adeptes, le « woke » serait une attitude d’éveil face à toutes inégalités (de classe, de genre, de race…) et aux questions environnementales. Bon nombre d’observateurs soulignent toutefois une recherche effrénée de la visibilité. Elle est consubstantielle à la « woke attitude » et se traduit par l’hystérisation scénarisée de l’indignation; relayée en cela par les réseaux sociaux. Nous en avons eu in vivo une illustration ces derniers temps avec des séquences de destructions frénétiques de statues et l’inflation de vidéos qui s’en est suivie sur les réseaux sociaux. Un des autres traits observables de ce mode d’engagement c’est l’indifférence à toute solution. Ce qui a fait dire au Président Barack Obama lors du sommet annuel de la Fondation Obama à Chicago le 29 octobre 2019 : "Il y a parfois ce sentiment que la façon (de) changer les choses, c’est de juger autant que possible les autres, et ça suffit ». C’est que l’indignation est a elle même sa propre fin. Nul besoin donc de projet, de cohérence. Ces notions n’ont aucun sens dans cette logique narcissique. On peut ainsi passer sans transition dans un court laps de temps de l’environnement au mémoriel, au compassionnel; d’une sommation à la destruction à une invitation à la restauration puis se raviser et faire un appel à la distribution de repas pour les SDF; tout cela en moins de deux jours. Qu’importe, ce qui compte c’est la visibilité et pas tant ces injustices dont on se targue d’être les seuls et les premiers à combattre.
On saisi mieux l’incompréhension du Maire de Fort-de-France à la réception du deuxième ultimatum alors qu’il pensait avoir donné des gages d’ouverture au dialogue et de bonne volonté: « je ne comprends pas ce qu’ils veulent » avait-il avoué dépité… Ils ne veulent rien d’autre, Monsieur le Maire, que de faire un étalage tapageur de leur indignation de circonstance. A moins que l’égérie des « éveillés rouge, vert, noir » ne soit, comme certaines autres éveillées danoise, américaine ou française de grande notoriété, dans une logique marketing dont les « grands frères rouge, vert, noir, éveillés » pensent pouvoir tirer un profit politique.
Marie-Laurence DELOR
le 05/08/2020
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