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jeudi 1 décembre 2011

HOMMAGE A FRANTZ FANON



 Le 6 Décembre 0961, disparaissait à New-York d’une longue maladie Frantz Fanon, l’un des hommes les plus brillants que le 20 siècle ait connu, pour la dimension de sa pensée politico-philosophique, au service de la dignité du Monde Noir, contre toutes les formes d’humiliation de colonialisme, et d’impérialisme que nos peuples ont connu, au profit des seuls intérêts de l’Occident.

En cette période du 50è anniversaire de la mort de FANON, je retiens de cet homme la logique de la pensée, et la logique d l’action.

Pour le 6 Décembre 2011 FANON ne bénéficiera pas de discours officiels, de dépôt de gerbes, autres tralala et flonflon, considéré comme un traitre, un renégat  dans certains milieux bien pensant, dont pour la petite histoire je rappelle qu’il a combattu sur les fronts aux cotéx  des alliés occidentaux, lors du conflit 1939-1945.

Il est à noter que même le gouvernement algérien n’aura pas suivi ma démarche d’internationaliser cette commémoration, mais si mes informations sont crédibles, la diplomatie souterraine a joué son rôle destructeur ( voir courrier joint) une problématique qu’il conviendra d’analyser en d’autres circonstances.  

Peu importe, ce n’est pas ce que pensent les autres, mais ce que nous les Nègres nous pensons, sachant que l’Histoire est souvent porteuse de subjectivité, rédigée par les vainqueurs du moment.

Alors si certains contemporains l’ont déjà banni, dans un contexte sectaire et partisan, que retiendra l’Histoire, celle objective de Frantz  Fanon /

-          le médecin psychiatre de formation, avec ses méthodes révolutionnaires de traitement des patients à Blida ( Algérie)

l’écrivain à succès qui dans Peau Noire et masques blancs à mis en évidence l’incohérence comportementale, et la dépersonnalisation des membres de nos communautés victimes de la pensée assimilationniste du système colonial

le militant politique indépendantiste, engagé auprès des combattants algériens en lutte armée pour la reconnaissance de la  souveraineté de leur pays.

Les internautes qui connaissent ma pensée politique depuis fort longtemps savent à l’évidence que je ne suis pas tombé dans le paragraphe 2.

Autrement je passerais du bon temps sur nos plages de la Martinique, entrepreneur zélé, placé sous la tutelle financière des békés de l’Ile ou fonctionnaire affidé, avec  40% de vie chère et tous les avantages colonialistes exorbitants.

Un drapeau qui coûte cher aux contribuables pour me bloquer dans le système, un bien triste parcours, un destin de misère…

Oui mais un autre destin qui me permet ce jour de faire connaître à toute la planète grâce à internet , ce héros, notre héros…Frantz Fanon…

Précisément en évoquant le destin je redis que l’homme ne naît pas…

     Nationaliste
     Indépendantiste
     Révolutionnaire
      Panafricaniste
     Anarchiste

J’ajoute en reprenant la pensée d’un éminent homme politique disparu, que la culture est ce qui reste quand on a tout oublié, en la complétant par… sauf l’essentiel.

Effectivement, l’appropriation, et l’installation dans l’un de ces concepts rappelés ci-dessus quelle qu’en soit la nature est le résultat de longues observations de recherches, d’études pointues ,qui autorise à toute personne avertie, de prendre position en se déterminant en toute connaissance de cause.

Ainsi donc pour conforter cette analyse le parcours de FANON est exemplaire, au regard duquel faut-il le rappeler l’homme a terminé le conflit 1939-1945, blessé, dans le camp des alliés occidentaux, il ne peut donc être taxé ni de déserteur, ni de collaboration avec l’ennemi nazi, il est originaire de la Caraïbe, et n’a pas chanté…Maréchal nous voilà, dont beaucoup d’autochtones de l’époque considérée ne peuvent revendiquer ce loyalisme… 

A ce stade de sa vie FANON a observé, pris des notes, relevé les incohérences du système, pour plus tard le combattre.

Par la suite après de brillantes études suivies à la Faculté de médecine de Lyon, l’une des meilleures d’Europe, il devient médecin psychiatre, une spécialité ô combien difficile et recherchée.

C’est donc pour FANON, la voie royale, et la promesse d’une existence de rêve, sous le soleil de son beau pays, la Martinique.

Il est incontestable, que l’homme avait tout le profil pour diriger le Centre de psychiatrie de… l’unique sur le territoire, que les Martiniquais connaissent bien, et finir sa carrière professionnelle en qualité de directeur général dans un ministère au service de l’Etat.

Oui mais qu’a retenu FANON à l’occasion de ses observations/

    Des  Africains acheminés en Europe au titre de la deuxième guerre mondiale pour se battre au nom de la liberté, alors qu’ils sont des indigènes colonisés, privés de Liberté…

    Des caribéens et autres ressortissants de territoires dits outre mer, écrasés mentalement par l’assimilation, incapables d’assumer leur destin dans le cadre de pays souverains..

Bref, un Monde Noir mis sous tutelle… et de vous à moi, je subodore que si FANON, présent sur le territoire martiniquais avait tenté de mettre en pratique ses idées indépendantistes, il eût connu sans nul doute  le même sort tragique que le brillant et charismatique afro américain, MALCOM X, abattu par des négrillons de service pour un plat de lentilles…

 Alors toujours suivant le destin ,toujours lui, FANON a suivi sa logique politique en se mettant au service de la rébellion algérienne, un fantastique exemple de courage et d'abnégation 

Je me suis fait souvent fusillé sur la toile pour haute trahison, digne réincarnation de la glorieuse civilisation romaine, dont je dis que ROME fut grand, mais ROME sombra… chaque cochon a son Samedi…

Pour clore cet hommage je vais terminer par des propos virtuels que FANON aurait pu tenir  ou avoir du plaisir à entendre…en ma qualité de chef suprême de la rébellion victorieuse…

                 Soldats…

                  Hommes de troupe, sous- officiers, officiers, officiers supérieurs, officiers généraux…

                  Je vais devoir vous quitter en remettant le Pouvoir  aux autorités civiles incarnées par le Gouvernement provisoire de la république martiniquaise, en exil à Kyston (Jamaïque )

 Ce gouvernement m’avait confié la lourde mission de créer les conditions d’un soulèvement populaire politiquement et militairement encadré, qui devait conduire vers une guerre pour l’indépendance de ce pays, c’est chose faite…

  J’ai donc achevé  avec vous cette mission auréolée de panache, et n’ayant pas une conscience de dictateur, je dépose les armes et ce commandement qui m’a donné tant de joie au service de cette jeune nation.

 Nous laissons une Martinique, debout, indépendante, souveraine, en espérant que  ses dirigeants garderont pour nos enfants le cap du progrès, et de la responsabilité, dans l’exercice de leurs fonctions politiques…

                    Vive la Caraïbe…
                     Vive la République de la Martinique…


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Retrouvez l’affiche de AFCAM, pour Décembre 2011, un Rêve, et Prémonition dans chronique, et opération BEHANZIN, danspoint de vue.

Et le 6 Décembre 2011, la vidéo spéciale


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Léonce LEBRUN
Pt de l'Association "LE RELAIS DE GOREE"
BP 3163
69211 LYON CEDEX 03
site : www.afcam.org

lundi 20 juin 2011

Il est urgent d’être fidèle à l’humanité : Frantz Fanon, 50 ans après


Le 6 décembre 2011, 50 ans auront passé depuis la mort de Frantz Fanon. Partout dans le monde des gens se réunissent dans les universités, les bureaux des syndicats, les bidonvilles, les prisons, les salles paroissiales et autres endroits où les gens essaient de réfléchir ensembles pour se pencher sur le message d’un homme extraordinaire et sur les luttes que nous menons ici et maintenant.

Fanon est né en Martinique dans les îles Caraïbes françaises en 1925. L’île avait été colonisée par les Français qui avaient exterminé la population indigène et amené des esclaves d’Afrique noire et des travailleurs sous contrat indiens pour cultiver la canne à sucre. La conscience politique de Fanon s’éveilla à l’âge de 14 ans quand en 1939 il eut l’incroyable chance d’avoir pour professeur au lycée le grand poète et intellectuel anti-colonial, Aimée Césaire. L’année suivante, 5 000 marins français loyalistes du régime pro-Nazi de Vichy, sont arrivés sur l’île et les Martiniquais noirs qui s’étaient souvent crus Français se sont soudain trouvés confrontés à un racisme agressif, grossier et souvent aviné. Fanon qui était adolescent, a étonné ses amis en se jetant dans l’action le jour où il a surpris des marins français en train de battre un de ses compatriotes et il les a encore plus étonnés quand, à l’âge de 17 ans, il a quitté l’île et a rejoint en cachette les forces libres françaises qui combattaient le fascisme. Un des professeurs de Fanon avait dit à ses élèves que la guerre entre les blancs ne les concernait pas. Fanon l’a traité de crétin et a dit à ses amis : "Je m’engagerai toujours et partout pour défendre la liberté si elle est menacée".
Mais les forces françaises libres ne se sont pas comportées de la même manière envers les soldats noirs. Fanon a reçu la Croix de guerre pour son héroïsme dans le combat mais les soldats noirs ont toujours été traités comme des soldats de deuxième classe et on a même nié leur rôle dans la victoire finale.

Après la guerre, Fanon a étudié la médecine en France et il s’est spécialisé dans la psychiatrie. Il a publié son premier livre "Peau noire, masques blancs" en 1952 à l’âge de 27 ans. Le livre traite de ce que c’est que d’être noir dans un monde anti-noir. Il passe en revue les questions du langage, du désir sexuel, de la présence corporelle au monde, de la psychologie et des politiques d’identification à la lumière du rapport social aux noirs dans une société raciste, d’abord en Martinique puis en France. C’est un livre extraordinaire, à la fois beau et subversif, qui témoigne d’une fidélité absolue à l’idée de la liberté comme essence de l’humanité. Fanon a soumis son texte à ses examinateurs à l’université. Mais les universitaires sont souvent plus enclins à abrutir les jeunes gens qu’à encourager le libre épanouissement de leur intelligence et son travail fut rejeté. Certaines de ses figures de style inquiétaient ses éditeurs, mais quand on le questionnait sur un point particulier il donnait sa fameuse réponse : "Je ne peux pas mieux expliquer cette phrase. J’essaie, en écrivant cela, de toucher les nerfs de mon lecteur. C’est à dire, irrationnellement, presque sensuellement". Il est désormais universellement reconnu dans le monde académique que le racisme est une constituante fondamentale du monde moderne et que "Peau noire, masques blancs" est un des plus grands livres du monde moderne.

En 1953, Fanon a obtenu un poste dans un hôpital psychiatrique de l’Algérie colonisée. Sa collègue, Alice Cherki, qui allait devenir sa collaboratrice et sa biographe rappelle que le racisme des blancs d’Algérie était "habituel ; il était imperturbable, manifeste et considéré comme entièrement naturel." de plus l’hôpital était dirigé davantage comme une prison que comme un endroit où on guérissait des gens. Fanon a tout de suite fait enlever les chaînes des patients et a essayé de faire de l’hôpital une communauté thérapeutique. En novembre 1954 une insurrection anticoloniale s’est déclenchée et Fanon s’est mis à travailler en secret avec le mouvement national de libération de l’Algérie le FNL au début de l’année suivante. Deux ans plus tard, il a écrit une lettre de démission à l’hôpital dans laquelle il disait en substance que la société coloniale était plus folle que ses patients. On lui a donné 48 heures pour quitter le pays et il s’est exilé à Tunis où il a édité le journal du FLN et a continué d’exercer la médecine. En 1959 il a écrit : "L’an V de la révolution algérienne " un livre qui étudiait la manière dont la lutte dynamise la culture. Le chapitre le plus connu de ce livre se penche sur l’instrumentalisation du voile et son rôle dans la résistance contre le colonialisme.

En 1960, Fanon a été nommé ambassadeur du FLN au Ghana et il a voyagé dans un grand nombre de pays nouvellement indépendants du sud du Sahara pour représenter le mouvement algérien. A la fin de cette année-là il a découvert qu’il avait une leucémie. Il a immédiatement décidé d’écrire un nouveau livre, son dernier livre. Ce volume "Les damnés de la terre" a été écrit en dix semaines. Il s’ouvre sur la description d’une ville coloniale "un monde divisé en deux", passe à l’étude de ce qu’il appelle les mutations de la conscience qui accompagnent la lutte contre le colonialisme, et enfin il examine la crise des états post-coloniaux dans lesquels les gens qui ont lutté pour l’avènement de nouveaux régimes sont chassés de la vie politique active par une nouvelle élite plus prédatrice que salvatrice qui instrumentalise les mouvements de libération pour contenir les aspirations populaires et légitimer leurs machinations.

Fanon pensait que la promesse des luttes de libération nationale ne pouvait être tenue que si la conscience nationale laissait place à la conscience sociale. Il considérait comme essentielle la seconde lutte, la lutte pour atteindre ce qu’il appelait une perspective humaine. Dans son dernier livre comme dans son premier, il reste d’une fidélité absolue à la valeur de la liberté humaine. Le livre fut tout de suite interdit de publication et Fanon est mort dans les semaines suivantes. Il fut enterré au cours des dernières batailles de la guerre d’Algérie dans une forêt des montagnes qui séparent la Tunisie de l’Algérie.

L’oeuvre de Fanon a inspiré le mouvement de conscience noir de l’Afrique du Sud, les intellectuels emprisonnés aux USA et des gens du monde entier concernés par la question des luttes contre le racisme et le colonialisme ainsi que par la résistance contre les nouvelles élites qui avaient confisqué et détourné ces combats pour satisfaire leurs mesquines ambitions.

Fanon n’aurait certainement pas voulu être considéré comme une autorité canonique hors du contexte de sa lutte et de son témoignage écrit. Au contraire il a constamment souligné, de son premier livre au dernier, qu’une pensée vivante devait toujours être un engagement dans une situation donnée.

Mais 50 ans après sa mort, notre monde est à la fois étonnamment similaire et étonnamment différent du monde dans lequel Fanon vivait et luttait avec tant de passion brûlante. Ses remarques sur le pétrole de l’Irak qui a "supprimé tous les interdits et fait apparaître les vrais problèmes" et les Marines qui sont périodiquement envoyés à Haïti pour rétablir "l’ordre" sont toujours d’actualité. Sa description de la dégradation des luttes de libération nationale en pillage organisé est généralement considérée comme prophétique par ses nouveaux lecteurs d’Afrique du Sud.

Mais même si le printemps politique d’Afrique du nord et du Moyen Orient et avant lui quelques mouvements en Amérique Latine ont certainement troublé la tranquillité qui a prévalu dans le monde ces trente dernières années, on est loin de l’Afrique en révolution dans laquelle Fanon écrivait. On est loin de l’époque, semble-t-il, où des gens comme Fanon et Lumumba trouvaient parfaitement raisonnable de se considérer comme faisant partie d’un combat plus large pour l’avènement d’une nouvelle Afrique. Ici en Afrique du Sud, la génération des grands hommes est remplacée par un ramassis de bouffons sans scrupules qui dirigent un état de plus en plus violent et prédateur et de technocrates impassibles peut-être capables de se consacrer à une organisation politique mais certainement pas à la défense de la liberté.

Mais la résistance continue et 50 ans après Fanon nous exhorte toujours à ne pas abandonner la lutte dans cet espace social où les hommes et les femmes ordinaires peuvent encore remettre les choses en question et déployer la puissance et la sagesse d’un vrai projet politique.

Depuis la mort d’ Édouard Glissant en février de cette année, il semble juste de dire que Patrick Chamoiseau, ce romancier inventif, est probablement l’intellectuel martiniquais le plus éminent. Dans son livre le plus célèbre, Texaco, il parle d’un prolétariat sans usines ni ateliers, sans travail ni patrons, balloté de petits boulots en petits boulots, noyé dans la survie et dont l’existence ressemble à une route parsemée de charbons ardents. C’est sur ce chemin, un chemin sur lequel il marche littéralement sur des charbons ardents et à travers les balles, des balles tirées par l’état, et au milieu des sacs plastiques pleins de diarrhée que la fidélité de Fanon envers l’humanité, toute l’humanité, doit être réaffirmée de toute urgence par notre génération.


Richard Pithouse

Richard Pithouse enseigne les sciences politiques à l’université de Rhodes en Afrique du Sud.
Pour consulter l’original : http://www.counterpunch.org/pithous...

Traduction : Dominique Muselet