Espérons que ce ne soit pas pour nous ! Tous les matins, sur les ondes, nous entendons que les peuples de Grèce, d’Espagne, d’Italie sont dans la rue pour réclamer de leur gouvernement respectif des mesures de survie. On en est presque à faire des spéculations, sinon des paris. A qui le tour ? Ce à quoi nous assistons aujourd’hui n’est pas un jeu ! Sous nos yeux, le Monde subit l’une des crises les plus graves de son histoire. Elle concerne tous les pays et tous les habitants de la planète. Quelque chose qui ressemblerait à un séisme de très forte magnitude et qui secouerait violemment la Terre entière. Certains pays, comme l’Allemagne, ou encore les pays émergeants semblent en meilleure situation pour y résister. Pas la France, qui ne sera pas épargnée, et pas l’Outre-mer français. Les signes sont là, bien palpables. Le chômage qui explose et la croissance qui chute. Les plans de restructuration, - et donc de licenciements par milliers, vont bon train. Les Agences de notation jouent au yoyo avec la note de la France. Le gouvernement intervient pour déjouer les velléités de licenciements massifs en France, et contrecarrer par des mesures de restriction budgétaire la dégradation de sa note. Mais rien n’y fait. Moins de deux mois plus tard le cycle infernal est relancé. Et on repart pour un tour. Alors se posent à nous, citoyens, trois questions : Comment en est-on arrivé là ? Comment s’explique aujourd’hui ce phénomène? Comment en sortir? Comment en est-on arrivé là ? Durant ces trente dernières années, nos gouvernements successifs n’ont cessé de privilégier les actions sociales au détriment des équilibres budgétaires, tout en alourdissant la charge des entreprises. A titre d’exemples non exhaustifs, mais représentatifs, la retraite à 60 ans, l’augmentation démesurée du nombre de fonctionnaires, la légalisation en masse des émigrés clandestins, le passage aux 39 heures avec la cinquième semaine de congés payés, et cerise sur le gâteau : les 35 heures et leurs RTT. Toutes mesures qui ont eu pour effets directs d’accroître le déficit public (Etat, Sécurité Sociale, collectivités locales) et de casser la dynamique entrepreneuriale. En fait comme on le verra tout à l’heure, tout le monde y a participé, mais si l’on excepte la période 2008 -2010 avec la terrible crise financière mondiale et l’emprunt de 35 milliards d’euros, destiné, lui, à financer des investissements d’avenir, ce sont surtout les gouvernements de gauche qui ont dérapé fortement; celui de Pierre Mauroy entre 1981 et 1982, celui de Lionel Jospin de 1997 à 2002. Tout s’est passé comme ci, la droite dans l’opposition, condamnant les mesures prises par la majorité de gauche, ne pouvait se résoudre à revenir en arrière quand elle revenait aux affaires. Qu’on en juge plutôt ! En 1981, Valéry Giscard D’Estaing et son Premier Ministre Raymond Barre transmettent le pouvoir à François Mitterrand en laissant pour l’année 1980 un déficit de 1,2 Mdeuros (soit 0,3% du PIB) et une dette cumulée de 92.2 Mdeuros soit 20,7% du PIB. (Mdeuros =Milliards d’euros) En 1986, François Mitterrand passent les rênes du Gouvernement à Jacques CHIRAC avec pour l’année 1985 un déficit de 22,9 Mdeuros (soit 3,1% du PIB) et une dette cumulée de 227,7 Mdeuros soit (30,6% du PIB) En 1988, Jacques CHIRAC quitte Matignon en laissant à François Mitterrand et son Premier Ministre Michel Rocard un déficit pour l’année 1987 de 17,9 Mdeuros (soit 3,3% du PIB) et une dette cumulée de 281.2 Mdeuros (soit 33,4% du PIB). En 1993, François Mitterrand reçoit comme Premier Ministre Edouard Balladur, à qui il lègue pour l’année 1992, un déficit de 51,0 Mdeuros (soit 4,6% du PIB) et une dette cumulée de 440,1 Mdeuros (soit 39,7% du PIB). En 1995, Edouard Balladur cède la place à Alain Juppé, nommé Premier Ministre par le nouveau Président de la République Jacques Chirac, en leur laissant pour l’année 1994 un déficit de 63,3 Mdeuros (soit 5,5% du PIB) et une dette cumulée de 570,0 Mdeuros (soit 49,2% du PIB). En 1997, Alain Juppé (toujours sous Jacques Chirac), passe le flambeau à Lionel Jospin, avec pour 1996 un déficit de 41,8 Mdeuros (soit 4% du PIB) et une dette de 712,7 Mdeuros (soit 58,1% du PIB) En 2002, Lionel Jospin remets les clés de Matignon à Jean-Pierre Raffarin, avec pour l’année 2001 un déficit de 24,6 Mdeuros (soit 1,6% du PIB) et une dette cumulée de 853,3 Mdeuros (soit 57,1% du PIB). EN 2007, Jacques Chirac et son Premier Ministre, Dominique de Villepin, passent le pouvoir à Nicolas Sarkozy nouveau Président de la République et son Premier Ministre François Fillon en leur laissant pour l’année 2006, un déficit de 41,9 Mdeuros (soit 2,3% du PIB) et une dette cumulée de 1 152,2 Mdeuros (soit 64,1% du PIB). Pour 2010, le déficit a été de 136,5 Mdeuros (soit 7,1% du PIB) et la dette cumulée de 1 591,2 Mdeuros (soit 82,3% du PIB). Alors, qu’avons-nous fait de cette dette, c’est-à-dire de tout cet argent emprunté ? Pour exemple, selon un rapport du Ministère des finances, les dépenses des administrations publiques consolidées pour l’année 2008, se composent pour 44,1 % de prestations sociales, pour 6,4 % d’investissements, pour 9,7 % de subventions diverses, pour 5,3 % des intérêts de la dette publique et pour 34,5 % en dépenses de fonctionnement (masse salariale publique et consommations intermédiaires). De ces chiffres nous pouvons déjà tirer deux conclusions : 1°) On remarquera ici le poids des prestations sociales (44,1%) et celui des dépenses de fonctionnement (34.5%) au regard de celui des investissements (6,4%). En clair, nous consommons 78,6% de nos dépenses dans nos besoins d’aujourd’hui, et seulement 6,4% à préparer l’avenir. 2°) le poids de la dette, (5,3% pour seulement payer les intérêts de la dette) est quasiment du même ordre que celui de nos investissements. Grâce aux emprunts, nous consommons ce que nous n’avons pas et nous préparons ainsi des jours sombres à venir. Comment s’explique la déstabilisation d’aujourd’hui? A ce stade, il est important d’avoir en mémoire deux éléments : - Cette dette, faut-il le rappeler, est financée par des emprunts. Avant l’euro, c’est-à-dire avant 2002, ces emprunts étaient essentiellement mobilisés auprès des épargnants français ou des banques françaises. Depuis l’euro, l’Etat français s'est progressivement tourné vers les marchés financiers internationaux. En 2010, la part des prêts détenus par des préteurs non-résidents français représente 71,1% de la dette. Et les 2/3 d’entre eux ne sont pas résidents européens. - En septembre 1992, la France a ratifié par référendum le traité de Maastricht qui prévoit, en l’occurrence, qu’à compter du 1er novembre 1993, les budgets des Etats ne pourront avoir un déficit excédant 3% du PIB et que la dette des Etats (cumul des déficits annuels) ne pourra excéder 60% du PIB. Or le déficit de la France pour 2010 est de 7,1% de son PIB et sa dette de 82,3% de son PIB. Et l’ensemble de la dette publique, au premier trimestre 2011 elle s’élevait à 1 646,1 milliards d’euros soit 84,4 % du Produit Intérieur Brut. On le voit, La France est très largement hors des clous ! Il y a vraiment de quoi inquiéter les prêteurs. Pour les rassurer, le gouvernement a donc entrepris de mettre en place dans l’urgence des mesures de rigueur budgétaire. Baisses des dépenses publiques le disputent à des coups de « rabots fiscaux » pour accroître les recettes. Dès 2011 le déficit devrait être ramené à 5,7%, et le budget 2012 a été élaboré sur des bases plus strictes et rigoureuses de manière à le rendre plus crédible. Ainsi pour 2012, la croissance du PIB est réévaluée à 1,75% puis à 1% au lieu de 2%, et le déficit ne devrait plus être que de 4,5%, pour être finalement ramené à 3% en 2013. Cela suffira-t-il à rassurer les prêteurs ? Telle est la vraie question. Pas sur, surtout que l’OCDE vient de réajuster ses prévisions de croissance pour la France à 0,3% du PIB. Et puis, il faut bien dire que : - D’une part nous n’en sommes pas, loin s’en faut, à la première promesse du gouvernement l’engageant à revenir dans les clous de Maastricht, - D’autre part, même en 2013, le deuxième critère d’une dette inférieure à 60% du PIB sera loin d’être tenu, car à la dette de 2010, à peine écornée par les remboursements intercurrents s’ajouteront les déficits de 2011, 2012 et 2013. Alors que risquons-nous ? Que les prêteurs ne fassent plus du tout confiance à la France et que nous nous retrouvions dans une situation à la grecque ; incapables de mobiliser des emprunts pour payer notre quotidien. Cela veut dire : Tout de suite, des « plans de rigueur » à répétition, des licenciements économiques massifs, des fermetures d’entreprises en cascades, un chômage en croissance exponentielle et dans quelques mois, des baisses de salaires, des baisses de pensions de retraites, la raréfaction de l’argent en circulation, une chute vertigineuse de l’immobilier, etc… Dans un tel contexte, la seule valeur sure, ce sera le travail, pour ceux qui en auront encore un. Ce scénario n’a rien d’imaginaire, et les économistes les plus fiables le prédisent pour avant les présidentielles de 2012. Amédée ADELAIDE Président de CSLR 28 novembre 2011 Prochaine parution : Pour qui sonne le glas ? 2ème partie : Comment sortir de cette situation ? P.S. voir ci-dessous : Tableau des transitions entre Gauche et Droite à la tête de l’Etat français
En 2010, le déficit a été de 136,5 milliards d’euros, soit 7,1% du PIB, et la dette cumulée de1591,2 milliards d’euros soit 82,3% du PIB, cette situation étant attribuable à la crise. |
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jeudi 1 décembre 2011
Pour qui sonne le glas ? 1ère partie : comprendre la situation de la France.
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