A Broudoujou-Kpenda, dans le département de Guitry, presque toutes les maisons du quartier Dida sont incendiées ou saccagées. Les impacts des coups de hache, pioche ou autres barres de fer et morceaux de bois sont encore visibles sur les murs. D’importants biens dont des objets en or pillés et emportés. De nombreuses populations Dida pourchassées ont gagné la brousse et les villages voisins. De nombreux blessés à l’arme blanche, dont Sasso Pierre, qui, au moment de notre passage hier dans la localité, luttait encore contre la mort. «Ils l’ont battu avec des morceaux de bois et des briques. Il saignait du nez quand il a été envoyé à l’hôpital. C’est vraiment un veinard. On a tous pensé qu'il mourrait de ses blessures», expliquent quelques personnes rencontrées, encore sous le choc.
Le quartier Dida ressemble à un champ de bataille.
Le lundi 23 janvier 2012 restera à jamais gravé dans la mémoire collective des populations Dida du village de B r o u d o u k o u -Kpenda, localité peuplée de 12.000 âmes et située à 65 km de la ville de Guitry. Selon des témoins, ce jour-là, les jeunes Maliens et Burkinabè, en furie et conduits par Traoré Téibou, Moussa Camara dit Adjoukroou, Adama Nébié, Sékou Traoré, Dakouo Jean-Pierre, Togola, Yacouba, Ouédraogo Nabila, Seydou Bobo, Dramane Traoré, Dramane Touré et Mamadou Sangaré (président de la jeunesse malienne), ont brûlé et saccagé presque tous les biens de leurs tuteurs Dida.
A l'origine, une affaire de salaire impayé par la défunte coopérative Cofrab (Coopérative fraternelle de Broudoukou-Kpanda) à Kra Yao Dénis, ancien chauffeur. Un litige vieux de 10 ans. «J’étais en déplacement à Guitry quand le responsable local des Frci, le Commandant Coulibaly, me demande de vite rentrer pour le jugement d’une importante affaire. Il était 15 h30 quand, à mon arrivée chez moi, le Commandant Coulibaly me demande de faire payer à un ancien employé de la coopérative du village, Kra Yao Dénis qui l’accompagnait, son salaire de 1 200 000 Fcfa que la coopérative lui doit. Je leur ai dit que l’affaire se trouve à la justice et que la Cofrab n’existant plus, il faut que Kra Yao Dénis relance la justice pour voir comment trouver une solution à son problème. Kra Yao n’est pas le seul dans ce cas. Il y a aussi Lakpa Bogui Samuel et Beugré Bolou Amos à qui la Cofrab doit aussi. Je n’ai pas manqué de rappeler au Comandant Coulibaly que ce n’est pas une affaire des Frci. Les Frci n’ont pas le droit de juger des affaires dans le village», explique Beugré Gnagbo Emmanuel, chef du village de Broudoukou-Kpenda.
C’est apparemment ce rappel à l’ordre du chef qui a irrité le Commandant des Frci. Puisque, peu de temps après, sur instruction de ce dernier, selon des témoins, des dozo enlèvent Topé Ekpo Henri, le Pca de la Cofrab, le battent à sang, avant de le jeter brutalement dans un magasin du marché qui sert de violon aux Frci du village. C’est la goutte d’eau qui va faire déborder le vase. L’affaire, comme une traînée de poudre, s’empare du village. Vers 17 h, des membres de la Cofrab, en représailles, décident d'extraire du magasin leur Pca agonisant. Une heure après, c'est-à-dire à 18 h, les jeunes Maliens et Burkinabé vivant dans le village, en furie, s'attaquent violemment à la population dida. Ils vont, en premier lieu, incendier et tout détruire chez Yanon Godé Michel, responsable local du Fpi et ancien vice-président du conseil général de Divo.
A 18 h30, c'est autour de Beugré Célestin, ex-Dlc de Gbagbo aux présidentielles de 2010, de voir tous ses biens détruits et pillés. A 19 h, les assaillants, visiblement bien organisés, selon des témoins, saccagent simultanément les domiciles du fédéral adjoint du Fpi Jacob Déplet Assoumblé, Jacques Dézet Ossiri, Emmanuel Godé, Dominique Godé, Daniel Djigo, Nathalie Dago et d'autres responsables politiques proches de Laurent Gbagbo, dont Jean Beugré Dago, Bilé de la Jfpi ont aussi été l'objet de la barbarie des jeunes Maliens et Burkinabé.
"Ils en ont profité pour s'attaquer aux militants du Fpi. Ils ont détruit ou volé tous nos biens. J’en suis encore à me demander ce qui nous arrive", s'indigne Michel Yanon Godé, totalement désabusé. Cette situation a provoqué un déplacement massif des populations autochtones dida vers la brousse voisine.
Source : Notre voie
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