Ni d’enterrement en grande pompe. Pourtant des gens bien comme il faut, portant cravate et tout, se sont jadis battus avec l’énergie dernière, afin qu’il siégeât en adulte auprès du Français qu’elle cannibalisa à sa convenance. Tout comme les Gaulois phagocytèrent le latin, langue de l’occupant romain. Or, les débats télévisés, quant au vote concernant l’Assemblée Unique, se déroulèrent en français. Pas un mot, en créole, même pas un petit clin d’œil !
Pire, ou mieux, désormais lorsque que l’un de nos agriculteurs ou l’une de nos agricultrices, jadis gardiens de la mémoire profonde prend la parole, ils s’expriment en français. Le fait est que la lutte de nos maquisards de l’époque ne reposa pas sur une langue née dans la nuit des temps et encore imprégnée de souvenirs d’origines mythologiques, comme c’est le cas pour le Français langue dominante ou pour les langues africaines, elles aussi d’origines mythologiques. Notre créole est donc façonné par l’histoire. Est alimenté par les joies et les souffrances générées dans les Habitations de l’époque de la nuit sombre. Or, dès les années quatre vingt, une élite de gauche tenta de lui offrir ses lettres de noblesse grâce à une orthographe spécifique et un vocabulaire châtié. Que s’est-il donc passé depuis Jean Bernabé et Raphael Confiant ?
Rien.
Rien d’autre que le silence des langues originales cannibalisées et asphyxiée par le vainqueur. Rien d’autre que la mort des langues non structurées et n’ayant pas trouvé survie dans un creux de notre mémoire comme le Latin, langue du colonisateur Romain. Rien d’autre que l’oubli des langues qui s’éteignent d’une génération à l’autre. En cela, la lutte des Martiniquais est semblable à celle des Irlandais qui depuis l’aube des choses luttèrent avec l’énergie dernière, drapeau claquant au vent, afin de bouter l’Anglais hors de son sol, hors de son moi interne. Si sa majesté la reine d’Angleterre estime la guerre terminée, il est encore des troubles ici et là.
Le créole né dans l’Habitation ne fut pas une langue de résistance ni du combat de l’esclave face au maitre. C’était bel et bien la langue de la servitude, du dialogue, permettant au maître d’être compris par l’esclave et réciproquement à l’esclave d’être compris par le maitre. L’esclavage fouet en main n’existe plus. Il est remplacé par le SIMIC esclavagiste sans visage, parlant couramment le français avec les points d’exclamation et d’interrogations à la bonne place. Pour l’heure, c’est le point final qui l’emporte ?
Tony DELSHAM
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