Bien que la classe moyenne des pays d’Amérique latine soit croissante et en phase de devenir un moteur de progrès économique, ce groupe reste économiquement vulnérable comparé aux pays de l'OCDE à revenu élevé, selon le rapport du Centre de développement de l'OCDE Perspectives économiques de l’Amérique latine 2011.
‘L’existence d’une classe moyenne croissante et conséquente est un signe positif pour les perspectives économiques de l’Amérique latine,’ a dit Ángel Gurría, Secrétaire général de l'OCDE. ‘Toutefois, la population latino-américaine qui dispose de revenus moyens est confrontée à de sérieux obstacles en matière de pouvoir d'achat, d'éducation et de sécurité de l'emploi. Cette couche de la population a encore du chemin à faire pour être entièrement comparable aux classes moyennes des économies plus avancées.’
Les gouvernements latino-américains doivent par conséquent agir pour que les classes moyennes ne tombent pas dans la précarité. L’emploi informel, très répandu dans ce secteur de la population, va de pair avec une couverture sociale restreinte, et moins de la moitié de ces travailleurs bénéficieront d'un filet de sécurité lorsqu’ils vieillissent ou perdent leurs emplois. Au Chili, 39% de la population de ce groupe ne contribue pas à une couverture retraite. Ce chiffre monte à 52% et 67% au Brésil et au Mexique respectivement, et atteint jusqu’à 95% en Bolivie.
Taille des couches moyennes en Amérique latine
(en proportion du total des ménages)
Source: Centre de développement de l’OCDE 2010
Bien que l'éducation soit le moyen le plus sûr de hisser les enfants à des niveaux socio-économiques plus élevés, la capacité des systèmes d'éducation à promouvoir la mobilité sociale reste très limitée en Amérique latine en comparaison d’autres pays. La qualité de l'éducation reçue est fortement liée au context socio-économique. Un Latino-américain dont les parents sont illettrés a 10 fois plus de probabilités d’être lui-même illettré, qu'il n’a de terminer des études universitaires.
Il existe, en principe, une corrélation directe entre une classe moyenne relativement grande et prospère et une croissance à long terme, davantage d’égalité et moins de pauvreté. Toutefois, ces avantages potentiels pourraient s’annuler en Amérique latine, en raison du taux élevé de travail informel, de la couverture restreinte des programmes de protection sociale et, de ressources fiscales limitées pour améliorer les services publics. Les politiques publiques doivent donc s’employer à réduire la vulnérabilité économique des Latino-américains qui ont atteint un niveau de revenu moyen et permettre à un plus grand nombre d’atteindre ce niveau.
Afin de parer à ces risques, le Centre de développement de l'OCDE recommande trois actions aux gouvernements : consolider la position des couches moyennes en étendant la protection sociale; encourager la mobilité sociale ascendante à travers l'éducation; et enfin renforcer le contrat social en améliorant la qualité de services publics tels que la santé et l'éducation.
Afin de protéger les individus les plus vulnérables au sein de ces couches moyennes, les décideurs politiques de la région devraient considérer les instruments concrets suivants : étendre les prestations solidaires (non liées aux contributions), une affiliation obligatoire (ou semi-obligatoire) pour les travailleurs indépendants les plus instruits, davantage de flexibilité concernant les contributions et les retraits, et une participation de l’Etat aux plans de retraite individuels.
Les instruments pour favoriser la mobilité ascendante par le biais d’une meilleure éducation pour tous comprennent : un investissement plus important dans le développement de la petite enfance; l’amélioration de la qualité de l'éducation publique à travers des mesures telles que la meilleure administration des écoles, un système moderne d'évaluation, un recrutement et une meilleure formation des professeurs, de même que des systèmes d'encouragements plus performants ; et, un financement de l'éducation tertiaire par des bourses et des prêts.
OCDE - Mar del Plata, Argentine, le 3 décembre 2010
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