Le 15 décembre, Ghislaine Joachim-Arnaud, secrétaire générale de la CGT Martinique et dirigeante de l'organisation trotskyste antillaise Combat Ouvrier, est assignée devant le tribunal correctionnel de Fort-de-France pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence, à l'égard d'un groupe de personnes ». En l'occurrence, il s'agit des Békés, c'est-à-dire des descendants des propriétaires d'esclaves qui, aujourd'hui encore, dominent l'économie de l'île.
À l'origine de la plainte, on trouve Jean-François Hayot, membre d'une des plus puissantes familles de Békés qui ont la mainmise sur l'économie de l'île. Il reproche à Ghislaine Joachim-Arnaud d'avoir repris, dans une émission télévisée, le slogan de milliers de manifestants de la grève générale de février 2009, disant en créole : « La Martinique est à nous, la Martinique n'est pas à eux. Une bande de Békés, profiteurs, voleurs, on les foutra dehors ».
C'est le monde à l'envers. S'il y a bien une discrimination et une violence qui s'exercent aux Antilles, c'est celles du patronat dans son ensemble à l'égard de la population pauvre. C'est l'exploitation de toute une population, maintenue dans le chômage ou payée des salaires de misère par quelques familles qui effectivement contrôlent toute l'économie, depuis le commerce, la distribution, l'import-export jusqu'aux grandes exploitations agricoles.
Des milliers de manifestants ont crié leur colère contre les Békés, et par extension, contre l'ensemble des patrons. S'ils veulent les rejeter hors de l'économie, si la secrétaire de la CGT Martinique reprend ce slogan à son compte, quoi de plus normal ?
En fait, il s'agit d'un nouveau procès colonial intenté par le lobby possédant de la Martinique, doublé d'une vengeance à l'égard de la dirigeante du principal syndicat de la Martinique et de l'organisation Combat Ouvrier. C'est aussi un procès inique visant les milliers de grévistes du mouvement de 2009.
Pour revenir sur les véritables raisons de ce procès, le Comité de soutien à Ghislaine Joachim-Arnaud organise une conférence de presse à Paris, lundi 6 décembre. Lutte Ouvrière s'associe à cet appel, et invite tous les représentants de syndicats ou d'associations luttant aux côtés des travailleurs à y participer.
Lundi 6 décembre à 15 h 30
Salle Jean-Jaurès, à la Bourse du travail
3, rue du Château-Rouge - Mo République
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