C’est avec regret que nous prenons connaissance de votre rapport relatif aux événements du 27 septembre dernier survenus sur l’axe de la route Le Prince à Conakry, République de Guinée. En effet, les conclusions de ce rapport, qui affirme de façon péremptoire que « le président Alpha Condé a recours aux mêmes méthodes brutales que ses prédécesseurs », sont injustes et infondées dans la mesure où elles s’appuient sur des informations totalement erronées.
Votre version des faits retient entre autres que :
1. Trois manifestants auraient été tués « … au cours d'affrontements entre la police et des manifestants lors d'un rassemblement de l'opposition »
2. « des manifestants qui se rendaient dans un stade ont été brutalement stoppés par des policiers qui ont utilisé des balles réelles »
3. « il semble que les forces de police n'aient reçu aucun ordre visant à limiter leur recours à la force »
S’agissant du point 1 :
Deux décès peuvent être formellement enregistrés comme étant liés à la manifestation du 27 septembre. Ces décès sont consécutifs à des blessures à l’arme blanche et l’une au moins des victimes a été tuée lors d’affrontements entre jeunes manifestants. Ces faits ont été rapportés par la famille même de ladite victime et le témoignage y relatif est vérifiable. Un troisième corps portant une blessure par balle a effectivement été déposé par des inconnus à la morgue de l’hôpital Donka le 27 septembre dans l’après-midi. L’expertise et les enquêtes en cours détermineront les circonstances du décès.
Il aurait suffit à votre ONG de s’adresser aux services hospitaliers compétents pour avoir ces informations.
Nous vous informons que le soir même des événements une information judiciaire a été ouverte pour ces décès.
Sur le point 2 :
Les seuls équipements dont étaient dotées les forces de Police et de Gendarmerie étaient ceux conventionnellement requis pour le maintien de l’ordre à l’exclusion de toute arme à feu. Il est donc totalement erroné d’affirmer que des policiers ont utilisé des balles réelles.
Comme vous le savez, tous les militaires étaient consignés au camp et il leur avait été interdit d’être en dehors de ces camps que ce soit en uniforme ou en civil.
C’est suite à l’érection des barricades pour empêcher la circulation puis aux jets de pierres sur les policiers, gendarmes et population riveraines que la Police et la Gendarmerie sont intervenues pour rétablir l’ordre.
Plusieurs missions diplomatiques occidentales qui avaient des agents présents sur le terrain ont eu à reconnaitre le professionnalisme des gendarmes et des policiers et ont constaté les dommages occasionnés.
Il est important de rappeler que bien que les formalités administratives relatives à l’organisation de cette marche n’aient pas été respectées, les autorités en charge du maintien de l’ordre ont pris toutes les dispositions pour éviter les débordements.
Il est d’ailleurs étonnant qu’Amnesty International déclare que les manifestants se rendaient « dans un stade » alors même que la lettre informative signée par un des organisateurs de la marche, n’en fait pas état. Lettre informative qui, par ailleurs, ne mentionne aucune des données requises par la réglementation en vigueur pour l’encadrement sécuritaire.
Sur le point 3 :
Il nous paraît surprenant pour une ONG de votre réputation d’insinuer que les autorités en charge du maintien de l’ordre aient pu favoriser un usage disproportionné de la force sans même avoir pris attache avec les services concernés.
Nous vous informons que, mis à part les décès, le bilan de cette manifestation est de :
- 24 gendarmes et 4 policiers blessés, dont plusieurs cas graves
- Une gendarmerie saccagée et des armes emportées
- Plusieurs véhicules et édifices endommagés
Malgré cette extrême violence préméditée des manifestants, les personnes interpellées y compris les mineurs, pour trouble à l’ordre public suivi de vandalisme, l’ont été dans les conditions définies par la Loi. Aucune de ces personnes n’a subi le moindre sévices.
Nous vous informons par ailleurs que tous les mineurs de 13 ans arrêtés ont été libérés et que ceux entre 15 et 17 ans ont également été libérés après avoir été prévenus qu’étant pleinement conscients de leurs actes, ils subiraient les rigueurs de la Loi en cas de récidive.
Enfin, nous avons noté avec consternation que votre rapport procède à un amalgame malsain entre les événements douloureux du 28 septembre 2009 et ceux qui viennent de survenir.
Vous comprendrez donc qu’il y a lieu de s’interroger sur votre narration et interprétation de ces événements.
Au moment où la communauté internationale associe ses efforts à ceux du gouvernement guinéen pour la consolidation de la Paix, le renforcement de la démocratie et de l’unité nationale, il serait souhaitable qu’Amnesty International prenne la pleine mesure de ses responsabilités dans cette phase de construction de la démocratie guinéenne.
Les autorités guinéennes ont beaucoup de respect pour Amnesty International. Nous souhaitons qu’à l’avenir, cette institution vérifie mieux les faits avant de faire des déclarations et l’invitons à venir sur place effectuer ses enquêtes.
Le Ministre de la Communication
Porte Parole du Gouvernement
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