La secrétaire générale du Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (RDNP), Mirlande Manigat, réagissant sur le projet de la nouvelle force nationale proposée par le président Michel Martelly, a affirmé que l'armée d'Haïti existe toujours sur le plan juridique et s'est dite favorable à la démarche visant à la remettre sur pied. « Mais elle doit être une force armée professionnalisée », a-t-elle précisé.
Haïti: « C'est un vieux dossier réchauffé de temps en temps, pour des raisons politiques et parfois il se réchauffe mal », a affirmé l'ex-candidate à la présidence dans les dernières élections, alors qu'elle participait au premier congrès de la Coalition des femmes leaders (COHFEL), qui se déroulait vendredi à l'hôtel Ritz Kinam.
Pour faire le point sur la situation actuelle, Mme Manigat a déclaré que sur le plan juridique, l'armée d'Haïti existe toujours. « Mais c'est vrai, il n'y a pas de caserne, pas de soldats, pas d'officiers, pas d'armes ni d'uniformes. Il n'y a rien », ajoute-t-elle.
Pour l'ex-première dame de la République, la question fondamentale à se poser par rapport à tout ce que l'on pourrait reprocher à l'armée serait : « Est-ce pour la sécurité de l'État, la sécurité du territoire ou la sécurité des citoyens qu'il nous faut une force militaire qui soit différente de la police? ». « Ce sont deux corps différents, poursuit-elle; on apprend à faire la guerre aux militaires, on les entraîne pour ça. Quant aux policiers, on leur apprend à maintenir l'ordre public, à porter secours et à avoir des contacts avec la population civile. Les militaires n'ont pas de contact avec la population civile ».
« Dans notre armée, par contre, les militaires remplissaient également des fonctions de police; donc tout ce qui leur a été reproché, parce qu'ils étaient policiers également, tous les mauvais actes se sont retournés sur l'armée en général », affirme Mme Manigat.
« La force armée dont nous avons besoin doit être une force spécialisée, pour la défense du territoire, pour la défense de l'État, ce qui veut dire les trois grands pouvoirs : le pouvoir législatif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir exécutif; dans les cas où il y aurait des troubles et que la police ne serait pas en mesure de rétablir l'ordre », indique-t-elle, faisant remarquer que l'armée qui existait, n'était pas bonne.
« C'est une chose que personnellement au RDNP nous avons toujours défendue, avant même que le président Jean-Bertrand Aristide ait dissout virtuellement l'armée. On ne peut pas avoir une armée contre la population, mais une armée qui soit là pour donner à la population confiance et sécurité », affirme-t-elle, indiquant qu'il faut des militaires professionnalisés qui soient au service du développement. « S'il y avait eu une armée, au moment du tremblement de terre, je crois que l'État aurait pu faire face de manière plus efficace à la situation », ajoute-elle.
« Il ne faut pas concevoir l'établissement de l'armée comme un mouvement anti-Minustah par exemple », Mme Manigat, estimant qu'effectivement la force onusienne doit quitter le pays. Elle ajoute toutefois que la Minustah ne peut pas partir brusquement du jour au lendemain. Selon elle, il faudra discuter d'un plan de retrait progressif. « Est-ce que Haïti dispose de suffisamment de moyens, de techniques pour appliquer ce qui serait l'idéal ? », se questionne-t-elle.
Par ailleurs, interrogée sur sa position par rapport à l'intention du président Michel Martelly de rencontrer les anciens présidents d'Haïti, dont Leslie Manigat, dans le cadre d'un dialogue pour la réconciliation nationale, l'épouse de l'ancien chef d'État, d'un ton ironique, se dit prête à recevoir le président Martelly si celui-ci le lui demande.
Elle souligne cependant n'avoir encore reçu aucune invitation. « Je ne l'ai appris que ce matin par le biais de la presse », dit-elle, affirmant qu'elle n'avait jamais eu de problème à parler au président Martelly et que de toute façon, c'est une tradition dans la vie politique haïtienne que les nouveaux chefs d'État rencontrent les anciens chefs d'État qui vivent dans le pays. « C'est peut être dans cette optique, dans cette idée-là qu'il le fait ».
Mme Manigat affirme n'avoir pas d'opinion sur cet appel à la réconciliation. « Cela signifierait qu'il y a des personnes fâchées; il connaît la situation, il sait dans quelle condition il est arrivé au pouvoir », indique-t-elle, estimant que l'appel à la réconciliation est une bonne formule. « Le problème, c'est la réconciliation avec qui et pourquoi faire », dit-t-elle.
John Smith Sanon
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