C’est avec beaucoup d’amertume que le chef d’un village de la circonscription de Duékoué, dont nous taisons volontairement l’identité et le nom de la localité pour des raisons évidentes de sécurité, nous a relaté au cours de notre récent passage dans sa bourgade, un an après la crise poste électorale, des atrocités qu’il a vécues par le fait d’éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI).
Le témoignage de l’autorité traditionnelle remonte au 5 avril 2011. C’est ce jour, a-t-il révélé, que sont rentrés dans sa localité, les combattants des FRCI (Forces pro-ouattara). Ce qui, selon lui, a poussé les populations de cette sous-préfecture à fuir et à se réfugier dans les campements environnants. Il a indiqué que les populations de son village et lui-même ont regagné leur domicile seulement après la capture de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo.
A en croire le chef, ce retour n’aurait pas été apprécié par les éléments des FRCI, qui l’ont simplement mis aux arrêts. « C’est en ce moment que j’ai compris que les chefs étaient visés par les éléments FRCI, puisqu’il faut le dire, sur 52 chefs que nous étions dans le département de Duékoué, 12 sont en ce moment vivants. Nos autres collègues ont tous été tués », a-t-il révélé. En ce qui le concerne, indique le chef, les éléments FRCI lui reprochent d’avoir abandonné sa population pendant que celle-ci était en danger. « Tu es le chef et tu fuis. Si on tue ta population, c’est qui tu vas commander ? », sont entre autres propos des soldats, rapportés par notre interlocuteur.
En outre, l’autorité traditionnelle a affirmé qu’on lui reprochait d’être proche de l’ancien régime et d’avoir même contribué à la campagne électorale de La Majorité présidentielle (LMP). Sur cette question, le chef de village a fait les précisions suivantes. « Je reconnais avoir participé à la campagne de LMP, mais c’est en tant que chef. J’ai été sollicité par les partisans de l’ex-parti au pouvoir et j’étais présent lorsqu’ils sont arrivés dans mon village. Si le camp adverse, c'est-à-dire le RHDP, m’avait aussi contacté, je n’allais pas hésiter à être présent, mais personne ne m’a contacté », a-t-il laissé entendre.
Notre interlocuteur a ensuite ajouté avoir été torturé par les éléments FRCI venus l’arrêter, malgré toutes ses explications. « J’ai été ligoté et mis nu devant ma population par les FRCI , qui les ont obligées à me regarder, ainsi que mes deux épouses », s’est indigné l’autorité traditionnelle visiblement attristée par ces douloureux souvenirs. Toujours selon lui, après avoir passé 21 jours, sans nourriture, entre les mains de ces éléments, il a eu la vie sauve grâce à une personne anonyme qui a interpellé l’ONUCI basée à Duékoué, sur son cas.
Cette force est aussitôt intervenue pour le sortir ‘’des griffes’’ des ex-rebelles. Avant de quitter sa localité, nous avons pu constater que le domicile de notre interlocuteur a été vidé de tout son contenu, selon lui, par les éléments des FRCI qui avaient procédé à son arrestation.
Achille Kpan
(Région du Tonkpi)
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