Si sur le papier Convergences Caraïbes est un bien beau projet, sur site il ne fonctionne pas bien.
La 3ème édition de la manifestation se voudrait innovante, notamment en proposant aux artistes participants de travailler sur un thème de réflexion commun « où chaque artiste a la possibilité d’approfondir la singularité de sa démarche, d’engager et d’affirmer ce qui sous-tend sa pratique artistique. »
Ce thème : « L’atelier de l’artiste ». Novateur aussi dans la proposition de décentraliser la manifestation, en ouvrant simultanément l’événement sur 3 sites : la Galerie de la Véranda à l’Atrium, la Galerie ODIS7 au Marin et la Galerie Tout Koulè au Village de la Poterie des Trois-Îlets.
Sous ce nouveau format, ce projet aurait du être pour moi une autre façon de montrer la création, proposant aux artistes amateurs de travailler avec des artistes confirmés de la scène contemporaine martiniquaise, pour montrer que l’art est toujours en gestation dans l’île et qu’il y a encore des nouvelles choses à voir ou à découvrir…
Mais ce que j’ai pu voir sur le web m’a déçu, surtout à la Véranda de l’Atrium.
En mélangeant des artistes confirmés et émergents, professionnels et amateurs, le pari était de créer une sorte d’émulation qui devait bousculer le visiteur, les artistes eux mêmes… mais le thème de l’atelier apparemment n’a pas inspiré les artistes…. il n’y a pas de folie, pas de recherche non plus, on dirait plutôt une sorte de brocante. On aurait dit que tout ce monde s’est passé le mot : sortir toutes le vieilles toiles, sculptures de l’atelier … il y a bien quelques exceptions honorables… mais le ton général est donné.
Je pourrais dire que le projet est tiré vers le bas tellement c’est décevant.
Que faire pour amener les artistes à se dépasser ? Comment demander aux artistes émergents d’être professionnels si les soi-disant professionnels présentent toujours le même travail à chaque exposition ?
Le texte de Marie Gauthier est une belle lecture, on se régale à l’ avance à l’idée de pénétrer l’atelier, ce lieu de travail, ce « lieu privé de l’élaboration de l’œuvre, le laboratoire de ses idées et de ses tâtonnements, le lieu d’origine et de fabrication de ses objets qui seront choisis et transportés ensuite dans le lieu public » J’étais curieux de voir comment les artistes allaient « préciser et d’affirmer la cohérence de leurs engagements et de leur « essentiel » artistique », facilitant ainsi « l’accessibilité au public, de démarches artistiques contemporaines. »
Très beau thème donc, mais sur place on reste sur sa faim. Pas d’audace, pas de folie… il manque certes une scénographie, permettant au quidam de pénétrer le cœur du travail des artistes, mais encore faut-il que ce travail ait du cœur… déjà que dans l’île nous manquons de possibilités de vente, de grands projets en art, si les artistes restent sur leurs acquis comme c’est le cas ici , c’est la mort assurée. Pour moi ces formes de manifestations sont frappées du « syndrome du Marché d’art contemporain du Marin », la qualité en moins.
Quand j’ai crée le MAC Marin, on pouvait encore faire des activités en mélangeant les artistes amateurs et confirmés car il y avait une grande soif de monstration. Ce mélange ‘chaotique’ pour certains propulsait en réalité les jeunes créateurs, et ils pouvaient se dépasser avec une belle confrontation.
Cela permettait aussi de clouer le bec des institutions, démontrait que l’art n’était pas mort, que les artistes étaient en résistance et aussi que le public avait besoin d’être au contact de l’art et des artistes Mais actuellement cette recette ne fonctionne plus, car il y a un manque d’audace évident. Les artistes se sont endormis dans ce pays (si on veut dans ce lieu dit Martinique)
C’est pareil pour la Pool art fair , le concept fut novateur, mais après deux éditions nous devons prendre une meilleure direction dans la sélection, déjà l’année dernière j’avais exprimé ce besoin, beaucoup d’artistes ne jouent pas le jeu de l’innovation pour créer la surprise, et on voit toujours les mêmes choses à chaque exposition.
Ce qui nous interroge sur la qualité et le sens de l’objet d’art dans notre société.En Martinique ce manque de sélection ouvre la porte à tous ceux qui touchent un pinceau, une calebasse ou un crayon tirant l’art vers son plus bas niveau, et le retour est mauvais pour la profession car les institutions disent qu’il y a pas d’artistes ici, et les quelques uns qui apportent une valeur ajoutée à l’art contemporain en Martinique sont noyés dans la masse de la non-créativité. Je tire la sonnette d’alarme pour que l’art contemporain en Martinique ne meurt pas avant d’être né, nous devons nous structurer, mélanger cocos et z’abricots n’est plus d’actualité.
La Martinique a besoin de se positionner dans le monde international de l’art et pour pouvoir se créer une place il faudra changer de mentalité. On ne peut pas tout faire et tout être.
Je peux le dire car j’ai introduit cette forme de rencontre il y a a quelques années. Je soutiens qu’il y avait un sens au coté prolifique du MAC Marin, du Festival des sens,… mais depuis l’année 2009 la donne a changé.
Et il y a une forme de laxisme, de « jemenfoutisme » artistique qui s’est installé… les amateurs et les artistes du dimanche occupent les espaces d’expositions si rares, et les opportunités de découvertes, sont devenues sans intérêt. On doit lancer une onde de choc de créativité et de propositions culturelles pour permettre l’émergence d’une nouvelle forme d’économie à travers des belles manifestations artistiques capables d’attirer la curiosité de ceux de dehors. Attirer les regards, pour créer des rencontres qui seraient autant d’opportunités pour nos artistes, et pour l’île toute entière… art et tourisme font bon ménage, un tourisme culturel soutenu, ancré dans notre identité et atouts serait source de production de richesse.
Quelques mots sur mon installation à la Galerie Odis 7. Je voulais montrer avec cette installation évolutive, qu’à chaque intervention, je recrée complètement l’oeuvre pour donner l’énergie du nouvel espace, comme à l’atelier où les modifications donnent à réfléchir, quelle œuvre pour quel lieu, comment le dialogue peut s’inscrire dans une continuité du départ….
Quelques mots sur l’artiste en résidence. Quand j’ai proposé à la Galerie Odis 7 et à l’organisatrice de Convergences Caraïbes de recevoir Chener LAFRANCE, dit Chéno, jeune artiste haïtien en résidence durant la manifestation, j’étais en totale cohérence avec l’idée « l’atelier d’artiste », le travail en atelier étant la nature même de la résidence. Cheno jeune peintre autodidacte dispose d’un atelier au port du Marin, il sera en contact avec des artistes martiniquais confirmés ou pas, et pourra exposer ses travaux, certains antérieurs à la résidence, autres produits sur place, grâce au soutien du port qui nous prête un espace pour travail/exposition. L’atelier de Cheno, en annexe à la Galerie Odis 7 sera donc ouvert au public le 26 avril.
Habdaphai Alerte
Convergences Caraïbes 2013
Cette troisième édition de Convergences Caraibes s'ouvre sur toute la Martinique.
Nous avons décidé de fédérer plusieurs projets pour en faire un grand projet d’art contemporain
dont le thème tournera autour de l’atelier des artistes :
« L’atelier de l’artiste » et « Les artistes en atelier »
Dans le premier projet, « L’atelier de l’artiste » les artistes présenteront au public un dispositif
plastique qui montrera leur démarche artistique personnelle sur le thème de l’atelier comme lieu
de création.
Trois lieux présenteront les dispositifs choisis des artistes, la galerie La Vèranda de l'Atrium à
Fort de France, la galerie ODIS'7 au Marin et la galerie Tout Koulè aux Trois-Ilets du 12 au 30
avril 2013.
Dans le deuxièmeavril.
La galerie la Véranda de l'Atrium à Fort de France
« L'atelier de l'artiste » du 12 au 30 avril 2013
Vernissage le vendredi 12 avril à 19H00
La galerie ODIS'7 au Marin
« L'atelier de l'artiste » du 12 au 30 avril 2013
Vernissage le samedi 13 avril à 19H00
La galerie Tout Koulè aux Trois-Ilets
« L'atelier de l'artiste » du 12 au 30 avril 2013
Vernissage le samedi 19 avril de 13H00 à 17H00
« L’atelier de l’artiste »
Une nouveauté en 2013, c’est la proposition d’un thème de réflexion où chacun a la possibilité
d’approfondir la singularité de sa démarche, d’engager et d’affirmer ce qui sous-tend sa pratique
artistique. Ce thème : « l’atelier de l’artiste ».
C’est un thème récurrent dans la tradition artistique, dans l’art moderne, ainsi que dans l’art
contemporain : Le Titien, Vermeer, Courbet, Picasso, Brancusi, Dali, Jasper Johns, Ilia Kabakov,
Miguel Barcelo, etc. Parfois « manifeste », parfois testament, face à l’histoire de l’art dans sa
continuité et ses ruptures, c’est l’occasion pour l’artiste de montrer ses méthodes de travail en
révélant quelques secrets de fabrication, les axes de sa démarche, la cohérence de ses partis pris
plastiques et idéologiques, ses liens intimes avec la création. Souvent autoportrait, il en est tout au
moins le miroir de l’artiste et de son oeuvre.
L’atelier de l’artiste est un lieu de travail, le lieu privé de l’élaboration de l’oeuvre, le laboratoire
de ses idées et de ses tâtonnements, le lieu d’origine et de fabrication de ses objets qui seront
choisis et transportés ensuite dans le lieu public.
En effet, de ce lieu d’expérience ne sortira que ce que l’artiste voudra bien en laisser sortir. A la
liberté de ses choix, se relie son entière responsabilité des réactions émotionnelles et
intellectuelles du public.
C’est un lieu au coeur de la création. Même si parfois il ressemble à un appartement, à un bureau,
à une usine, ou à un chantier, c’est un espace où se tissent l’art et la vie. L’atelier fait pénétrer le
spectateur dans l’univers secret de la création. En découvrant ces lieux, le public se glisse dans
l’intimité de l’artiste et de ses oeuvres. Certains artistes contemporains le thématisent et l’intègrent
à leur démarche ou posture artistique.
Ce thème proposé à votre réflexion permettra de préciser et d’affirmer la cohérence de vos
engagements et de votre « essentiel » artistique.
Liste provisoire des artistes
Adye, Clarisse Bagoe Dubosq, Martine Baker, Nicolas Derné, Marie Gauthier, Mathieu Guérard,
Cæcilia Guinot, Olivier Moreau, Luis Pannier, Martine Porry, Jean-Denis Retour, Marie-Christine
Toussaint.
« L'atelier de l'artiste »
La galerie la Véranda de l'Atrium à Fort de France
Vernissage le vendredi 12 avril à 19H00
La galerie ODIS'7 au Marin (Commission de 20% sur les ventes)
Vernissage le samedi 13 avril à 19H00
La galerie Tout Koulè aux Trois-Ilets (Commission de 20% sur les ventes)
Vernissage le samedi 19 avril à 19 heures
Texte-Commissaire Marie Gauthier
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