mercredi 23 octobre 2013

SALUT JEAN-CLAUDE !



Notre ami Jean-Claude Courbain est mort dans la nuit du mardi 22 octobre au mercredi 23 d’une crise cardiaque.

Il avait apporté une semaine plus tôt au centre Robert Loyson de la ville du Moule, assis tout à mes côtés, son témoignage brillant lors du Symposium sur le centenaire de Rosan Girard. Il y avait évoqué les années 67 et 68 en Guadeloupe où récent bachelier et étudiant en sciences économiques, il avait beaucoup espéré d’un possible rattachement de Rosan Girard, leader communiste, maire du Moule et ex député, au combat que la jeunesse guadeloupéenne menait contre le colonialisme.

Rosan n’avait pas franchi le pas ! Au même moment, les cellules contestataires du parti communiste guadeloupéen (P.C.G.) étaient exclues dont celle de Courbain à Pointe à Pitre. Il est vrai que Jean-Claude, dynamique, orateur brillant, entraîneur d’hommes et de femmes, avait la carrure d’un dirigeant. Il y eut donc la formation du CCEG (centre culturel des élèves et étudiants guadeloupéens), du groupe La Vérité autour de Victor Cécile, d’Yvan Leborgne, de Max Ganot, de Plumasseau. Il y eut surtout la polémique violente du PCG et du journal La Vérité mais aussi les élections de mars 67 et la candidature d’Yvon Leborgne, à défaut d’avoir la présence de Rosan face à Ibénée du PCG. Il y eut surtout le refus de désistement du groupe la Vérité au second tour des législatives. Girard condamna cette attitude du groupe la Vérité. Dans un contexte de fortes fraudes, le PCG fut battu alors qu’il était largement en tête au premier tour. Ce fut la rupture entre la jeunesse radicalisée et Rosan Girard qui jusque là avait été son idole.
Dans ce dur contexte, les émeutes de mars 67 à Basse-Terre, le massacre de mai 67 à Pointe à Pitre, les emprisonnements du GONG, le procès de Jean Claude Courbain, dirigeant de la jeunesse lycéenne et étudiante radicalisée, il y eut une situation de forte tension en Guadeloupe.

Vivant à l’époque en Guadeloupe comme militaire, j’étais membre du CCEG et ai participé à plusieurs réunions de cet organisme, ai assisté à plusieurs manifestations en civil bien entendu et ai vécu l’ambiance de la période de répression sanglante. Nous avions évoqué, publiquement dans le Symposium, encore une fois cette période, ces aventures et ces émois. Jean-Claude y étala son grand et franc rire, sa bonne humeur et son entrain. Plusieurs amis de l’époque étaient là dont Julien Mérion.

Les organisateurs du colloque, ayant tout enregistré des débats, nous espérons pouvoir encore avoir accès à ce témoignage.

Nous avons, plusieurs fois Jean-Claude et moi, eu à nous rencontrer lorsqu’il fut étudiant à Paris où son frère Christian, membre du G.R.S, le voyait souvent avec nous. Nous l’avons rencontré plus tard en Guadeloupe et ces dernières années en Guyane, dînant chez lui, avant sa retraite où il fut directeur de l’INSEE.

Au combattant irréductible, à l’ami, mon très fraternel salut.

Gilbert Pago

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