En ce 14 juillet 2011, fête nationale, il nous revient à nous Domiens, de réfléchir à notre place au sein de la République française.
A la télévision publique de Guadeloupe, de Guyane ou de Martinique, on peut régulièrement voir des reportages sur de jeunes guadeloupéens, Guyanais ou Martiniquais, expatriés aux Etats-Unis, en Europe, ou en Asie. Ils sont cadres supérieurs, chefs d’entreprises ou professions libérales. Certains ont saisis des opportunités qui leur étaient offertes par des grandes entreprises françaises ou étrangères, d’autres sont partis en solitaire voir ailleurs ce qui s’y passe.
Ils ont compris qu’aujourd’hui, les hommes et les femmes, de quelques nationalités qu’ils fussent, étaient en réalité des « citoyens du monde ». Ils ont intégrés définitivement que la Guadeloupe devait son avenir, non à un renferment sur elle-même, mais à une ouverture sur le monde.
Il est plus que probable que, fort de cette expérience internationale, certains d’entre eux soient amenés à revenir au pays, pour prendre un jour les rênes du pouvoir local.
A l’inverse, une très petite minorité de Guadeloupéens, Martiniquais et Guyanais, ont fait le choix du renfermement sur eux-mêmes. Ils prônent la rupture avec la France et l’Europe et veulent donc que nos régions deviennent de petits pays indépendants. Mais comme ils n’ont jamais représenté plus de 1% à 2% de la population, ils savent très bien qu’ils n’arriveront jamais à leurs fins par les voies démocratiques.
Ils ont donc entamés une conquête du pouvoir par la rue, en s’appuyant sur les couches les plus malléables de la population, soit en jouant sur les cordes sensibles du racisme ou de la xénophobie, soit en falsifiant sans vergogne l’histoire pour servir leurs objectifs. A les en croire, l’esclavage serait né avec la traite négrière, et les populations afro-américaines et afro-caribéennes auraient été victimes de façon spécifique de ce phénomène.
Dans la même logique, ils n’attribuent le mérite historique et moral de l’abolition qu’aux luttes et révoltes des esclaves, incarnées uniquement par des héros de couleur (le nègre marron mythique, la mulâtresse SOLITUDE, le Soldat IGNACE, l’officier DELGRES…)
En bref, tout se résumerait à la lutte des esclaves ‘’noirs’’ contre les esclavagistes ‘’blancs’’, et cette lutte se poursuivrait aujourd’hui contre une France colonialiste ‘’blanches’’ exploitant et brimant les populations noires, et favorisant les « profitations » des patrons ’’blancs’’ contre les salariés ‘’noirs’’.
Cette vision réductrice et étriquée de l’histoire va être rabâchée, dans les universités, les écoles, les media, dans l’espoir quelle s’impose progressivement dans l’esprit du public.
Or ce sont surtout les politiques qui se laissent berner par ce lavage de cerveau, au point qu’ils se référent souvent à ces thèses univoques et falsificatrices de l’histoire.
En fait:
1°) On le sait, l’apparition de l’esclavage n’est pas liée à la traite négrière, loin s’en faut, puisque la traite commence au XVème-XVIème siècle, alors que l’esclavage existait déjà à l’époque antique et sans doute bien avant. En tout cas il est présent dans toutes les civilisations, sous une forme ou sous une autre ; les plus grands monuments d’Europe, d’Asie, de l’Orient ou d’Amérique du Sud qui font l’admiration de tous, et qui constituent aujourd’hui un motif de fierté et une importante source de revenu pour les peuples en question, doivent tous une part notable de leur réalisation aux esclaves de l’époque.
En Afrique, les être humains destinés à l’esclavage ne sont pas raflés dans leurs villages par des troupes européennes, comme on essaie de le faire croire aujourd’hui ; car les navigateurs européens n’avaient ni la connaissance du terrain ni la capacité militaire suffisantes à l’époque : ces hommes et ces femmes sont achetés en bonne et due forme à de puissants états africains pratiquant l’esclavage dans leur société depuis des siècles.
2°) plus de 10 ans avant l’épopée d’IGNACE, SOLITUDE, et DELGRES, d’autres voix s’étaient élevées pour condamner l’esclavage et en obtenir l’abolition, avec quelques succès…
- on ne peut oublier, entre autres, deux aristocrates de l’ancien régime, le baron de MONTESQUIEU, et le marquis de CONDORCET qui on consacré une par importante de leur influence et de leur immense talent à discréditer l’institution de l’esclavage, à une époque ou le sujet n’était pas nécessairement à la mode
- il faut évoquer aussi l’action des habitants de la petite et modeste commune française de Champagney, qui, le 19 mars 1789, furent parmi les premiers et les plus incisifs à condamner collectivement l’esclavage. En effet, dans leur Cahier de Doléance, réclamé à chaque commune en vu de la convocation des États Généraux de 1789, ils écrivent ceci à l’article 29 : « Les habitants et communauté de Champagney ne peuvent penser aux maux que souffrent les nègres dans les colonies, sans avoir le cœur pénétré de la plus vive douleur, en se représentant leurs semblables, unis encore à eux par le double lien de la religion, être traités plus durement que ne le sont les bêtes de somme. Ils ne peuvent se persuader qu'on puisse faire usage des productions des dites colonies si l'on faisait réflexion qu'elles ont été arrosées du sang de leurs semblables : ils craignent avec raison que les générations futures, plus éclairées et plus philosophes, n'accusent les Français de ce siècle d'avoir été anthropophages, ce qui contraste avec le nom de français et encore plus celui de chrétien. C'est pourquoi, leur religion leur dicte de supplier très humblement Sa Majesté de concerter les moyens pour en faire des sujets utiles au royaume et à la patrie. »
-Il ne faut pas oublier l’Abbé Grégoire, parmi d’autres ecclésiastiques, qui, dès le 15 août 1789 demandait à l’assemblée la plénitude des droits civils pour les Noirs et les Mulâtres affranchis, et obtenait en fin de compte l'entière abolition de l'esclavage le 4 février 1794 : c’est à cette première abolition que les homme de DELGRES devait pour l’essentiel leur liberté, et c’est pour continuer ainsi a « vivre libre ou mourir » selon ses propres mots, que ce colonel de couleur, fils de la république française dont il se réclame explicitement, se fait sauter à l'explosif, avec 300 de ses camarades de combat, le 28 mai 1802, dans leur refuge de l'Habitation Danglemont à Saint-Claude : ils échappaient ainsi, pour l’éternité, aux troupes bonapartistes chargé par le nouveau régime autoritaire de rétablir l’esclavage aux Antilles.
Que peut-on conclure de tout cela ?
-qu’il y a toujours eu dans le mondes des gens de tous type physiques, qui se sont crus autorisé à imposer leur volontés par la force brutale aux autres hommes, et ceci soit par manque d’humanité, soir par avidité, soit par cruauté, soit par inconscience;
-et qu’il y a toujours eu des hommes et des femmes de tous milieux, de toutes conditions, de toutes couleurs, et de toutes nationalités pour dénoncer inlassablement ces pratiques et se battre pour leur abolition.
On est donc loin du combat ’’blancs’’ contre ‘’noirs’’.
3°) Sous la pression des associations noiristes, le parlement français finira par voter le 21 mai 2001 la loi dite «loi Taubira»[2] sur l'esclavage, qui dispose en son Article 1er :
La République française reconnaît que la traite négrière transatlantique ainsi que la traite dans l'océan Indien d'une part, et l'esclavage d'autre part, perpétrés à partir duXVe siècle, aux Amériques et aux Caraïbes, dans l'océan Indien et en Europe contre les populations africaines, amérindiennes, malgaches et indiennes constituent un crime contre l'humanité.
Cette loi, est une loi ‘’mémorielle’’ visant fort justement à la reconnaissance des traites et des esclavages comme crimes contre l'humanité; malheureusement, elle pâtit du vice originel de toutes les lois mémorielles, dès lors qu’elles prétendent établir une vérité officielle : elle ne donne qu’une analyse rigide et partielle d’un phénomène historique, en lieu et place du débat légitime et de l’analyse en contexte : cette ‘’vérité officielle opposable ‘’ nuit en réalité à la cause morale qu’elle prétend servir.
A titre d’illustration, on doit noter:
a) Que cette loi ne traite que l’esclavage à partir du XVème siècle, comme s’il n’y avait pas eu d’esclavage avant cette date, ou que l’esclavage avant cette date ne fût pas un crime contre l’humanité.
b) qu’elle constitue (c’est également le point de vu de nombreux historiens), une relecture partielle et partiale de l’histoire qui ignore d’une part les pratiques esclavagistes immémoriales, et minimise d’autre part les traites arabes et intra-africaine, contemporaines de la traite maritime.
Bref c’est une manipulation de l’histoire.
Or, une société qui refuse les vérités historiques pour bâtir une ’’histoire’’ trafiquée, au gré des intérêts politiques des uns ou des autres, court à sa perte !
De fait, avec une telle stratégie et de telles méthodes, la Guadeloupe ne peut que continuer à s’enfoncer dans la crise ; les évènements de début 2009 sont une illustration de ce phénomène.
Bien sûr, les responsabilités sont largement partagées dans cette affaire, entre :
-le Gouvernement ’’de droite’’ (secrètement tenté de se débarrasser d’un Outre-mer qui lui paraît trop coûteux à gérer, à la faveur du mouvement subversif syndicalo-politique),
-nos élus locaux, surtout de ‘’gauche’’ (incapables de prendre clairement position contre un mouvement subversif, pourtant indéfendable)
-et l’UGTG-LKP (mouvement syndicalo-politico-indépendantiste-subversif n’hésitant pas à tuer les entreprises pour arriver à ses fins politiques).
A l’heure où nous parlons, ce mouvement syndicalo-politico-indépendantiste-subversif, après avoir provoqué l’effondrement d’un grand nombre d’entreprises privées, concentre ses efforts sur le secteur public ou parapublic. C’est ainsi que se développe une interminable grève à EDF-Guadeloupe où moins de 8% des employés-grévistes bloquent plus de 92% des salariés qui eux, voudraient bien qu’on les laisse travailler en paix. Le motif, on l’a dit, est que les grévistes voudraient que la prime de 25% de vie chère qui leur est accordée, soit portée à 40%. Peu importe que la France elle-même soit en grandes difficultés financières et qu’elle soit elle-même à l’avant-veille, si l’on n’y prend garde, d’une situation économique financière ‘’à la grecque’’.
La réalité des choses est, qu’à la tête de ces mouvements (et de l’UGTG-LKP en particulier) et dans les rangs de leurs militants, on trouve des salariés du secteur public ou parapublic (enseignements, hôpitaux publics, collectivités locales, etc..) dont l’emploi et les salaires (confortables) sont garantis ; pourquoi ces militants extrémistes se priveraient-il de multiplier les grèves dures et illégitimes pour parvenir à leurs fins ?
Leur rengaine est, que comme ils sont noirs, et donc descendants d’esclaves, la France et les patrons guadeloupéens les exploitent.
Il leur suffirait pourtant de jeter un coup d’œil, sur nos pays caribéens voisins, - comme Haïti, la Jamaïque, Cuba, pour ne citer que ceux-là – ou encore des pays plus lointains de l’Afrique noire ou du Maghreb, de comparer leur statut politique, leur degré de développement démocratique, ou encore leur niveau de vie, pour comprendre enfin que nous sommes, de fait, les enfants gâtés de la décolonisation.
Amédée ADELAIDE
Président de CSLR
le 10 juillet 2011
le 10 juillet 2011
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