mardi 5 juillet 2011

Martelly part, le PM désigné volera de ses propres ailes



Haïti: Le président de la République Michel Martelly laissera le pays ce mercredi 6 juillet pour une tournée européenne de 10 jours qui le conduira, entre autres, en Espagne, en France, en Belgique et en Grande-Bretagne, a annoncé lundi son service de communication.

Au cours de ce voyage de travail qui vise à promouvoir une nouvelle image du pays, le président de la République s'entretiendra avec des chefs d'Etats et de gouvernement de plusieurs pays ainsi que des potentiels investisseurs. L'objectif principal étant de trouver des débouchés économiques et financiers en faveur de la relance de l'économie nationale, le président entend motiver les investisseurs intéressés, rassurer les traditionnels bailleurs et inciter les touristes et potentiels consommateurs à avoir confiance dans le « brand » Haïti.

Ce voyage intervient alors que les négociations avec le Parlement n'arrivent pas à déboucher sur la désignation d'un nouveau Premier ministre après l'échec de Michel Martelly de faire ratifier Daniel Rouzier. Le pays ne dispose pas non plus d'ambassadeurs dans la majorité des pays avec lesquels Haïti entretient des relations diplomatiques.

Selon la note de la présidence ce voyage sera, non seulement l'occasion pour le président de refaire l'image, trop longtemps ternie, du pays à l'extérieur, mais également le temps de renforcer les relations bilatérales avec la plupart des pays d'Europe en vue d'en tirer le maximum.

" La relance de l'économie nationale passe nécessairement par la production, la création de marché pour Haïti, le renforcement des relations bilatérales et la promotion de l'image de marque d'Haïti à travers le monde. Le chef de l'Etat s'y applique avec toute son énergie et en appelle à l'appui de tous ", conclut la note parvenue à la rédaction du Nouvelliste.

Samedi lors d'une rencontre avec des directeurs de médias et des journalistes, le président a fait savoir qu'il a déjà fait parvenir aux Chambres la lettre qui désigne son prochain Premier ministre. Appelé par le président pour dévoiler le nom de l'heureux élu, le président de la Chambre des députés Sorel Jacinthe a refusé de jouer le jeu et a mis de l'eau dans l'enthousiasme du président.
"J'ai nommé un Premier ministre dont j'ignore le numéro de cellulaire", a précisé le président Martelly devant la presse samedi. Pressé de dire s'il s'agit de Bernard Gousse, le seul du lot des trois prétendants rescapés de la liste des dix personnalités soumis par le président aux parlementaires qui ne soit pas de ses amis, Michel Martelly n'a ni démenti ni confirmé que l'ancien ministre de la Justice de la transition soit celui sur qui son choix se soit fixé.
Selon une procédure qui n'avait pas été utilisée depuis l'exil du président Jean-Bertrand Aristide après le coup d'Etat de septembre 1991, le président de la République a soumis une liste de dix noms aux présidents des deux Chambres qui, après négociations avec un comité de quatre membres choisi par le président, a été réduite à trois personnes. Parmi ces trois, le président a désigné un Premier ministre.

En toute logique, le choix du président qui ne revient qu'à lui seul devrait être accepté par les parlementaires. Ce n'est pas le cas au constat des pourparlers qui se poursuivent encore lundi soir.

Le choix de Bernard Gousse, juriste, professeur d'Université, fils d'un ancien ministre de Jean-Claude Duvalier et réputé avoir été la main de fer du gouvernement de Gérard Latortue (2004-2006) ne fait pas l'unanimité ni dans la population, interrogée dans de nombreux micros trottoirs par les médias, ni dans la classe politique qui garde un souvenir mitigé du passage de Gousse aux affaires.

Cependant, Martelly a bien joué et personne ne peut lui enlever le droit constitutionnel de choisir en dernier ressort celui qui sera son Premier ministre.
En prenant l'avion mercredi alors que le processus de ratification va commencer, le président donne cependant le signal que son Premier ministre devra voler de ses propres ailes et savoir nager en eaux profondes pour convaincre députés et sénateurs.


Frantz Duval

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