Après l’attaque du poste des Frci à Pékan-barrage, dans la région de Toulépleu, précisément à la frontière ivoiro-libérienne, lundi dernier, les forces armées pro-Ouattara se sont livrées à de violentes représailles. Selon des habitants, un couple, dont la femme est enceinte, originaire du village de Pahoubli, et deux jeunes gens du village de Sahoubli, ont été massacrés par les Frci, mardi dernier, dans la matinée. Ce même jour, aux environs de 14h, le commissaire de police, Bléoué Augustin, chef du service de la police frontière de Toulépleu, a été révoqué de ses fonctions par sa hiérarchie. Le village de Péhékanhouebli a été incendié par des éléments des Frci, lundi nuit. Comment en est-on arrivé à ces situations ? Selon des témoignages, après l’attaque du poste-frontière de Pékan-barrage qui a fait officiellement deux blessés graves du côté des Frci, l’alerte a été donnée à Toulépleu. Pour éviter d’être prises pour cibles, les populations Wê se sont réfugiées tantôt en brousse, tantôt au Libéria. Les éléments de la brigade de gendarmerie et les agents de police du commissariat de Toulépleu se sont positionnés autour de leurs locaux. C’est ainsi qu’arrivent en trombe le lieutenant Sangaré Abdramane, commandant des Frci, et ses hommes lesquels se rendent aussitôt à la brigade de gendarmerie et intiment l’ordre aux gendarmes à qui ils reprochent de ne pas être allés sur la ligne de front pour combattre, de remettre leurs armes. Refus des gendarmes. Il s’en suit une vive altercation au cours de laquelle des Frci tirent sur les gendarmes faisant un blessé. Les Frci saccagent la brigade et emportent de force des armes et un véhicule. Ils ouvrent le feu, peu après, sur le commissariat de police et emportent aussi un véhicule. Puis, ils se dirigent vers la frontière libérienne. Chemin faisant, les Frci font un tonneau avec le véhicule de la police qui est irrécupérable. Les nouvelles peu rassurantes en provenance de la frontière les conduisent à rebrousser chemin. Ils reviennent à Toulépleu. Où la panique fait fuir les populations locales. Les assaillants du poste frontière ont, après avoir emporté les armes et les munitions des Frci, repris le chemin du Libéria. C’est donc après le départ de ces inconnus que les hélicoptères de l’Onuci se sont mis à survoler l’espace frontalier et à rassurer les Frci qu’ils pouvaient se rendre à Pékan-barrage. Les éléments des Frci se sont mis à bastonner des villageois au motif qu’ils seraient de mèche avec les assaillants. Dans leur colère dévastatrice, les Frci et les dozos ont incendié les maisons à Péhékanhouébli. Le Sous-préfet de la localité de Bakoubli, voisine de Pékan-barrage, est envoyé d’urgence sur les lieux pour ramener le calme. Mais l’autorité administrative sera séquestrée par les Frci et les dozos qui lui arrachent même son véhicule de commandement. Elle n’a eu la vie sauve que grâce aux gendarmes venus à sa rescousse.Des boutiques et des maisons ont été pillées par les Frci et les dozos. Continuant sur leur lancée, ces forces armées pro-Ouattara ont interpellé, mardi matin, à 5 km du village de Pahoubli, un couple et ses enfants revenant de la brousse où ils s’étaient réfugiés. Quelque temps après, ils reviendront informer le village que le couple s’est échappé.Pour l’heure, l’homme et son épouse sont introuvables.On pense qu’ils ont été assassinés.Deux jeunes gens du village de Sahoubli, Péhé Richmond et Gadé Jonas, ont aussi été enlevés, le mardi matin, par des éléments des Frci et conduits au bord d’une rivière près de Pahoubli où ils ont été massacrés. C’est dans cette ambiance délétère qu’un message radio des autorités policières a annoncé, à 14h, le limogeage du commissaire de la police frontière de Toulépleu, Bléhoué Augustin. Il est remplacé à son poste par le commissaire Camara Gnelka, anciennement Lieutenant de police à Ferké en 2002 et passé dans la rébellion armée pro-Ouattara. Il a été promu par le régime Ouattara, commissaire sans passer le concours professionnel. Mercredi dernier, les dozos ont intimé l’ordre aux populations de Bakoubli de ne pas sortir de leurs maisons tandis que des jeunes Wê étaient appréhendés et conduits sous la torture à Toulépleu. La traque aux jeunes se poursuivait encore dans les villages et en ville, selon des habitants joints hier.
Didier Kéi in Notre Voie
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