mercredi 27 février 2013

Marcel Manville a combattu pour l'indépendance de la Martinique : A hauteur d'homme


Une belle » mort pour Marcel Manville. L'avocat nationaliste martiniquais est tombé, le 2 décembre 1998, dans un palais de justice à Paris. Il avait 76 ans. Ce jour là, il intentait un procès contre le sinistre Maurice Papon, auteur de la répression sanglante contre les nationalises algériens le 17 octobre 1961.

Dans « d'Homme à homme », un documentaire en compétition officielle au 23 ème Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou (Fespaco), section « cinéma de diaspora », la martiniquaise Véronique Kanor a rappelé le parcours riche de ce compagnon de Frantz Fanon. Elle s'est déplacé en Algérie pour faire parlé les prisonnières algériennes, dont Meriem Belmihoub Zerdani et Safia Bazi, de l'époque coloniale. Malgré les pressions, Marcel Manville était venu défendre les nationalistes algériens à partir de 1954 après les incarcérations d'autres avocats. Marcel Manville, qui fut l'avocat de l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP), avait mené une campagne internationale pour que l'esclavage soit reconnu « crime contre l'humanité ».
Il est membre fondateur, en France, du Mouvement contre le racisme et poiur l'amitité entre les peuples (MRAP). « J'ai appris qu'il était resté fidèle au communisme, à l'Algérie et à la pensée de Frantz Fanon. Il n'a rien lâché, rien concédé, rien oublié », a confie Véronique Kanor à la fin du documentaire. Marcel Manville s'était engagé aux côtés de l’indépendantiste martiniquais. Il a au sein du Cercle Frantz Fanon, particulièrement actif dans les années 1980, organisé des débats et rencontre sur la décolonisation. En 1984, il a été parmi les fondateurs du PKLS, Parti communiste pour l'indépendance et le socialisme.
Dans sa charte, le PKLS aspire à « libérer la Martinique du joug colonial Français et d’agir avec abnégation pour défendre les intérêts de notre peuple, l’avenir de notre patrie, son indépendance ». Selon Véronique Kanor, les revendications indépendantistees se sont affaiblies en Martinique. « Il y a une espèce de schizophrénie. Il y a encore une difficulté à s'affranchir de la mère-patrie, la France. Même si d'autres disent, je suis martiniquais», a-t-elle remarqué Lors du débat qui a suivi la projection du film, soulignant l'existence « d'une domination culturelle et administrative » françaiseElle a rappelé l'organisation d'un référendum à travers lequel les martiniquais avaient voté à 79 % contre l'autonomie. « Les gens ont peur de devenir pauvre et de perdre les acquis sociaux et économiques », a-t-elle noté. 
Véronique Kanor est revenue sur les difficultés qu'elle avait trouvées avant et pendant le tournage en Algérie. « A chaque fois, il faut avoir des autorisation. On ne laisse pas seul un étranger. Il faut à chaque fois se battre pour faire des images. C'était compliqué », s'est-elle souvenu. Véronique Kanor a réalisé également des fictions telles que « C'est qui l'homme » et « La noiraude »

Fayçal Métaoui
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