L’épandage aérien de pesticides est une technique à la fois nocive pour l’environnement et pour la santé humaine, utilisée par dérogation dans différents départements français.
Ces dangers sont non seulement liés à la toxicité des produits déversés (comme la déltaméthrine et la cyperméthrine, dont des études scientifiques prouvent la dangerosité) mais également aux risques liés à la technique elle-même, étant donné que la pulvérisation ne permet pas de contrôle suffisant de la propagation des substances utilisées.
Celles-ci se retrouvent présentes sur les terres environnantes, les nappes phréatiques, dans les habitations proches, et peuvent entraîner des effets néfastes à long terme pour la faune et la flore. Une étude américaine démontre par exemple que des résidus de pesticides persistent dans les moquettes des habitations dans un rayon allant jusqu’à 1.250 mètres autour des zones d’épandage, et ce durant 730 jours!
C’est précisément du fait de ces dangers avérés et reconnus que l’épandage aérien de pesticides est interdit, en principe.
Il l’est à la fois par une directive européenne, la directive 2009/128/CE relative à une utilisation des pesticides compatible avec le développement durable et par la loi de Grenelle 2 au niveau français.
Ces législations permettent néanmoins des dérogations, mais dans des cas théoriquement très stricts.
Par exemple, la directive européenne exige, pour que les dérogations soient reconnues conformes au droit de l’UE, qu’aucune autre solution viable ne soit possible ou que la pulvérisation aérienne présente des avantages manifestes, du point de vue des incidences sur la santé humaine et l’environnement, par rapport à l’application terrestre des pesticides. La directive exige également que des mesures garantissant l’absence d’effets nocifs pour la santé des passants soient appliquées.
de la justice environnementale?
Catherine GREZE et Jean-Jacob BICEP dénoncent régulièrement ce chantage aux intérêts économiques particuliers et de court-terme. La banane en Guadeloupe ou en Martinique, la vigne et le maïs dans le Sud-ouest, quelques-uns de leurs producteurs et quelques entreprises de pesticides ne valent pas plus que le devoir de justice et de raison que les autorités publiques doivent appliquer.
Les députés européens ont à plusieurs reprises interpellé les préfectures, le gouvernement et la Commission européenne.
En ce début d’année 2013, le combat pour la sagesse et l’intelligence politique n’est pas perdu.
Le 10 décembre 2012, le tribunal administratif de Basse-Terre, en Guadeloupe, a rendu public son jugement annulant les arrêtés préfectoraux de juillet et octobre 2012, qui autorisaient des dérogations à l’interdiction de l’épandage aérien.
Considérant que « le préfet de Guadeloupe a insuffisamment évalué la situation et méconnu l’étendue des pouvoirs que lui confère le code rural dans l’intérêt de la santé publique et de la protection de l’environnement », le Tribunal administratif a ainsi tranché, sans ambigüité, en faveur du respect du droit.
Cette décision de justice, véritable sonnette d’alarme doit résonner dans les préfectures, les Etats-membres et jusqu’à Bruxelles, pour faire entendre la voix de la raison, celles que les responsables du scandale du chloredécone n’avaient pas entendue : les dérogations sont un piège au détriment de la santé humaine et de l’environnement et l’écologie est notre bien le plus précieux.
Jean-Jacob Bicep
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