Il est inacceptable d’affirmer, que «les hommes politiques sénégalais restent inertes», face à la situation troublante des communautés arabo-berbères et noires de la Mauritanie. L’histoire du Sénégal avant, pendant et après Blaise Diagne et Senghor, est marquée par des combats menés par Mame El hadji Malick, Mame Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Oumar Foutiyou, Mame Limamoulaye et tant d’autres religieux qui auront toujours été, de couver tout le secteur environnant des frontières sénégalaises et au-delà. Ce faisant, l’existence de l’éphémère Fédération du Mali, le congrès de Saint- Louis du Sénégal à la mesure de la naissance de la Confédération générale des travailleurs d’Afrique (Cgta) comme d’ailleurs, la Fédération des cheminots d’Afrique occidentale française (AOF) sont des preuves éloquentes d’une forte solidarité africaine. Alors qu’en est-il du Fleuve Sénégal ? Une frontière artificielle ? Quel a été le rôle des intellectuels mauritaniens noirs, à l’aune des indépendances africaines ?
Sous ce rapport, de 1944 à 1964 des actes forts ont été posés tout au long du cheminement entre le Sénégal et la Mauritanie. L’exemple des cours de formation en législation du travail par le renforcement de la capacité des contrôleurs africains du travail, dispensés par les inspecteurs en service à l’inspection générale du travail et des lois sociales de l’ex-AOF et à l’inspection territoriale du Sénégal et de la Mauritanie du 21 août au 24 octobre 1957 en est une illustration, de plus.
Fondamentalement donc, il faut le dire sans risque de se tromper, qu’avant même la fin de la colonisation de la France dans les territoires d’Afrique occidentale française, le Sénégal a été à l’initiative des ruptures sur les lois sociales, et entre autres, l’interdiction du travail forcé. Alors, le Président de l’Initiative pour la résurgence abolitionniste (IRA) ne doit-il pas davantage, s’ancrer pour une bonne stratégie de communication et de sensibilisation de son association ? Ladite association ne doit-elle pas mobiliser encore plus, les énergies et l’ardeur de ses propres militants, afin de s’impliquer sur le terrain (au plan national et international) afin de pouvoir gagner la bataille de l’action effective ?
Cette amorce nécessite de l’engagement, de la détermination, de la conviction d’abord, pour ceux qui sont sous domination tyrannique et sous dépendance étroite de leurs bourreaux. Certes il est vrai, qu’entre la Conférence de Brazzaville (30 avril au 8 février 1944) et la loi portant abolition du travail forcé (11 avril 1946), la Mauritanie était sous éteignoir. Et pourtant, beaucoup de choses (des complicités de complices) s’y accomplissaient par des actes graves, tout au long des frontières poreuses sénégalo-maliennes.
Plus encore, il y a le système social et économique fondé sur l’esclavage par la communauté arabo-berbère musulmane. Aussi, est-ce un secret de polichinelle que les frontières s’étalaient bien loin, au-delà du fleuve Sénégal ? Ceci, pour dire que les hommes de dialogue et de paix qu’étaient Lamine Guèye et Léopold Sédar Senghor, ont véritablement marqué la civilisation mondiale. Evidemment, le dialogue des cultures n’aura pas été un vain mot pour ces derniers et le Sénégal.
De ce point de vue, l’Uni Sénégal (regroupement de 14 syndicats professionnels nationaux) affiliés à la Globale internationale, n’a jamais cessé de dénoncer le bellicisme du Pouvoir mauritanien dans nos instances… et plus particulièrement, lors de la Conférence internationale de Tunis en 2009, organisée par l’Uni Africa.
En élevant la voix sur les pratiques syndicales du Maghreb arabe, l’Uni Sénégal vigoureusement, mais d’une manière intelligente, a tenté d’attirer l’attention de la direction générale du syndicat international, sur l’exclusion des communautés noires mauritaniennes, facilitant paradoxalement, la propulsion des maures blancs au sein de la région MENA. Tout un programme stratégique, vers une rupture totale entre la Mauritanie et l’Afrique noire. Dans ces conditions comment l’Afrique noire peut-elle réagir, si l’on tient compte de la souveraineté de la république de Mauritanie ?
Cependant et nous en sommes conscients, et faisons nôtre, le cri de cœur de Biram Dah Abeid je cite : «Nous voulons qu’elle [la classe politique sénégalaise] se mette par devoir de solidarité derrière [avec nous dans] notre lutte pour la liberté, parce que nous ne pouvons pas concevoir qu’à plus de 500 kilomètres de Gorée, berceau de l’esclavage, que des noirs se fassent tuer». Subséquemment, il est évident que le Pouvoir mauritanien cherche d’une manière maladroite, l’extermination et l’exclusion des communautés noires dans leur projet de société nouvelle avec le monde arabophone.
Ibrahima Khalil MENDY Président de l’Uni Sénégal & Secrétaire général du SYNTIPS-CNTS 7, avenue Lamine Guèye DAKAR
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