mardi 28 juin 2011

GRACIA DELVA OU UN SIGNE CLAIR DE LA MORT DE LA CULTURE HAITIENNE


Où va le pays? Où va la culture du pays? Ne peut-on trouver un seul homme ou une seule femme de courage dans le pays pour dénoncer ce qui ne va pas dans une bonne direction? Quel crime Haïti a-t-il commis pour avoir de nos jours des hommes littéralement ignorants dans toutes les trois branches de son gouvernement? Je vais considérer simplement un cas dans la branche législative: le cas de Gracia Delva, le député de Marchand-Dessalines.

Comme il fallait s’y attendre, Gracia Delva a été nommé président de la commission culturelle et tourisme de la chambre basse. Qui pis est encore, il a trouvé Marie-Laurence Jocelyn Lassègue, une Haïtienne qui a une très bonne idée de la culture haïtienne, à l’applaudir, en dépit de son ignorance proverbiale. Je demeure certaine que, à part d’être chanteur de Mass Konpa, Gracia Delva ne connaît rien de la culture haïtienne. A part d’être chanteur (et quel chanteur, s’il vous plait !)  je suis sûre que Gracia Delva n’a aucune idée du mot culture. Je suis sûre que Gracia Delva n’a jamais lu un livre ni de Jean Price Mars, ni d’aucun autre champion de notre culture. C’est vraiment triste de voir un pays doté d’une si belle et riche culture se trouver à un si bas niveau.

Que vient chercher Gracia Delva dans une question de droit d’auteur? Quel est le niveau scolaire de Gracia Delva? On préfère se taire ou embrasser les ignorants afin de bénéficier d’un éventuel porte-feuille ministériel, car les marchandages vont bon train. Je suis certaine que Marie-Laurence Lassègue sait que Gracia Delva est un ignorant. Mais, elle doit faire preuve de prudence car elle aura besoin de Delva au cas d’une ratification pour un poste ministériel ou pour d’autres genres de services. Dans un tel contexte, personne n’est plus qualifié que Gracia Delva pour représenter notre culture au Parlement haïtien. Le chanteur de Mass Konpa n’aura alors aucun problème à proposer le maintien de Madame Lassègue à son poste, surtout que celle-ci, véritable "pakapala", a servi toutes les administrations depuis Aristide I (en 1991) jusqu’au naufrage récent de Préval. Donc, servir Sweet Micky sera facile pour Madame Lassègue (qui avait appuyé Madame Manigat) car elle peut facilement évoquer la formule si chère aux intellectuels opportunistes haïtiens: "Je sers mon pays et non un régime".

C’est vraiment triste d’entendre cette dame cultivée placer le "rap" comme faisant partie de notre culture et de notre musique. Peut-être que le "rap" dans le sens de le "dialogue question réponse" fait partie de la musique nègre en général, mais pas ce genre de musique qui a cause tant de violence dans le camp de la jeunesse haïtienne Madame Lassègue parle justement de "Gansta / Gangster Rap" qui loue la vie des voyous, ceux qu’on appelle "thugs" en anglais. C’est ce genre de musique, le "Gansta / Gangster Rap", que Wyclef Jean promeut dans le pays. C’est sans doute l’une des grandes contributions de Wyclef Jean à "la culture haïtienne", cette nouvelle forme de "culture" qui nous a donné des adolescents, des enfants de 12 ans qui s’amusent dans les rues de la capitale et dans celles d’autres villes de province à s’adonner à la drogue et au sexe dans les "Ti Sourit et Reggae Night", cela avec le silence complice des responsables de la "culture" en Haïti Quelle solution peut-on attendre de Gracia Delva pour résoudre cette pratique immorale alors que les intellectuels du pays, dont Madame Lassègue, n’ont jamais vu la nécessité d’en mettre fin?

Puisque de nos jours, n’importe quel chanteur ou musicien sans classe devient un connaisseur de la culture haïtienne, je m’attends à ce que le prochain ministre de la culture soit Shoubou, Cubano, Robert Martino ou l’un des autres amis qui avaient mené une campagne active pour leur Sweet Micky.

En fait, je suis venue dans ce monde trop tard, car Gracia Delva n’a pas de compétence pour être député dans aucun pays au monde. Cependant, de nos jours, qui ne peut pas devenir, en Haïti, député, sénateur, ministre et même président? Si Sweet Micky est président Haïti, il n’y a aucun doute que King Kino ou Black Alex peuvent occuper également cette fonction. Master Dji et Coupé Cloué, honorés de manière posthume par BHDA, pourraient facilement devenir président Haïti s’ils étaient encore vivants.

Les médias haïtiens sont les premiers responsables de la chute des valeurs du pays. Ils diffusent rarement des programmes ayant un véritable rapport avec la culture haïtienne A part le compas, aucun autre aspect de notre culture est offert à la jeunesse. Encore une fois, les intellectuels du pays sont restés bouche fermée. Pour ma part, je crois que l’intellectuel doit pouvoir guider le peuple. Sweet Micky est devenu président du pays parce que les intellectuels n’avaient pas rempli leurs devoirs. Gracia Delva est devenu député parce que les intellectuels du pays n’ont jamais appris au peuple et surtout à la jeunesse le rôle d’un député dans un pays. Je suis sure et certaine que dans cinq ans, un ignorant comme Wyclef Jean battra à plate couture n’importe quel intellectuel. Sweet Micky l’a dit et a prouvé que n’importe quel quidam peut occuper la fonction présidentielle dans le pays, en battant haut les mains d"une intellectuelle bien fracturée.

Dans ces temps de descente aux enfers, où se trouvent les hommes qui connaissent vraiment l’histoire de ce pays? Que dit Frankétienne, ancien ministre de la culture, dans cette affaire combien triste? Où se trouvent Rony Desroches, Jean Fouchard, le sociologue Laenec Hurbon, le poète Syto Cavé, les écrivains Yannick Lahens, Lionel Trouillot, Dany Laferrière, Mimi Barthelemy, Gary Victor, etc. Se contentent-t-ils simplement de recueillir de la gloire personnelle? Donc, que le pays se meurt, pourvu que je sois honoré!

Dans un pays où un soi disant président affirme dans "Livre en Folie" ne pas aimer lire (cela se voit sans lunettes), que peut-on attendre de sa jeunesse sinon que de continuer à "chat" 24 sur 24 sur internet et à grossir le rang des participants des "Ti Sourit et Reggae Night"? Je pense que l’un des rôles d’un président haïtien, c’est d’inspirer la jeunesse du pays. Donc, si le président ne lit pas, la jeunesse doit vraiment se réfugier dans les "Ti Sourit et Reggae Night". Je me demande si Sweet Micky a jamais lu dix livres dans sa vie. Je me demande si Sweet Micky voit la nécessité, l’importance d’une école de musique dans le pays. Je me demande si Gracia Delva a déjà entendu citer les noms de Jean Price Mars, de Lorimer Denis, de Lamartiniere Honorat, de Louis Mars, d’Antenor Firmin, d’Hannibal Price. Je me demande si Wiclef Jean peut écrire (en créole, en franchis ou même en anglais) une dissertation sur Gouverneur de la Rosée, sur Zoune chez sa nennenn, sur les œuvres de Jean Brierre, d’Emile Roumer ? Or ce sont ces ignorants qui dirigent la culture du pays! Ce sont ces ignorants qui sont devenus les modèles de nos jeunes.

Donc, Gracia Delva se classe d’emblée dans la même catégorie des Oswald Durand, Etzer Vilaire, Alphonse Henriquez, Emile saint Lot, Daniel Fignolé, Castel Demesmin, Charles Fombrun et d’autres grands hommes qui jadis avaient tant œuvré pour la culture haïtienne au parlement. Comment le pays a-t-il pu tomber dans cet état? J’attends la réponse des ignorants comme Gracia Delva qui viendront le défendre. Ils n’auront aucune honte à le faire, car si on a choisi un immoral et un ignorant comme Sweet Micky pour diriger le pays, on est capable de tout, sauf des bonnes choses pouvant relever la fierté de la nation. (Je connais déjà une partie des interventions de ces immoraux qui vont défendre Sweet Micky et Gracia Delva. Ils vont demander d’aider Sweet Micky au lieu de le critiquer. Voici ma réponse: Pourquoi en 1991 ces mêmes vendeurs de patrie, ces mêmes immoraux, n’avaient-ils pas demandé d’aider le président Aristide? Au contraire, bien avant sa prestation de serment, on lui a fait au début de janvier 1991 une tentative de coup d’état. Finalement, le 30 septembre 1991, les défenseurs de Sweet Micky ont donné le coup d’état le plus sanglant de notre histoire pour chasser au pouvoir le président Aristide.)


Elizabeth Sévère 
Fort-de-France 
24 juin 2011

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