Les anciens diplomates signataires de cette lettre, parmi lesquels certains eurent l'honneur de servir sous vos ordres, en vous exprimant tous leurs vœux pour la haute mission qui vous incombe à nouveau, souhaitent vous faire part de leurs préoccupations sur la conjoncture au Proche-Orient et la question palestinienne.
La France a toujours su, dans le passé, exprimer sur ces problèmes ce qui était juste et entraîner derrière elle ses partenaires européens. Or, l'impasse est plus manifeste que jamais dans le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. C'est pourquoi, nous avons l'année dernière adressé une lettre ouverte au président de la République lui suggérant de prendre une initiative aux Nations unies en vue de réaffirmer les bases sur lesquelles un règlement de paix devrait être fondé et de rechercher auprès du Conseil de sécurité les moyens de les imposer et de les garantir. Cette lettre a été publiée par Le Monde.fr, le 1er mars 2010.
Nous avons la conviction que le moment est venu de reconnaître un Etat palestinien. Ne présente-t-il pas déjà les caractères d'effectivité nécessaires : un peuple, un territoire, une autorité ? Les institutions financières internationales ont d'ailleurs reconnu la bonne gestion de l'Autorité palestinienne. La réconciliation des mouvements palestiniens satisfait le préalable d'un engagement unitaire national.
La politique intérieure d'Israël ne peut l'emporter sur le droit international. L'annexion ou l'occupation ne sauraient fonder un droit, y compris à Jérusalem. En énonçant de manière unilatérale des conditions injustifiables pour la reconnaissance d'un pseudo Etat palestinien, M. Netanyahu a jeté un défi à la communauté internationale et accroît les risques de conflits dans une zone du monde particulièrement vulnérable.
Il appartient, nous semble-t-il, à l'Europe et en particulier à la France et à la Grande-Bretagne qui ont exercé des responsabilités historiques dans la région, de faire prévaloir une solution équitable et conforme aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Désormais, toute négociation bilatérale apparaissant vaine, la reconnaissance de plein droit d'un Etat palestinien par les Nations unies à la prochaine session de l'Assemblée générale, selon la procédure même qui a permis la création de l'Etat d'Israël, ouvrira la voie à une paix durable assurant la pérennité et la sécurité d'Israël dans son environnement géographique et humain. Une telle décision rencontrera la volonté de justice exprimée tant par les mouvements arabes d'essence démocratique que par certains secteurs de l'opinion publique en Israël même et permettra l'établissement de la concertation méditerranéenne que la France souhaite intensément.
Nous ne sous-estimons pas, M. le ministre d'Etat, les obstacles auxquels se heurte cette démarche mais nous espérons que, comme elle l'a fait naguère dans la Déclaration du Conseil européen de Venise en vue de la reconnaissance des droits du peuple palestinien, la France affirmera son rôle traditionnel au service des valeurs dont dépendent la liberté et la dignité de tous les peuples.
René Ala, Jacques Andréani, Yves Aubin de La Messuzière, Denis Bauchard,Pierre-Louis Blanc, Louis Dauge, Alain Dejammet, Bernard Dorin, Bertrand Dufourcq, Christian Graeff, Stéphane Hessel, Pierre Hunt, Pierre Lafrance, Patrick Leclercq, Jean-Louis Lucet, Gabriel Robin, André Ross, Jacques-Alain de Sédouy,Henri Servant, Alfred Siefer-Gaillardin.
des anciens ambassadeurs
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