L’absence d’un gouvernement en pleine capacité de prise de décision en Haïti est à l’origine de l’apparition des foyers d’insécurité observés notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon l’expert en sécurité publique Réginald Delva, interrogé par AlterPresse.
Le premier ministre désigné par le président Michel Martelly, Daniel Rouzier, n’a pas reçu la bénédiction de la Chambre des députés, ce qui a annihilé du coup les chances de l’homme d’affaires de pouvoir se présenter devant le Senat.
Martelly s’est dit récemment prêt à designer une autre personne, mais le vide gouvernemental risque de durer encore. Une situation qui selon Reginald Delva, expert en sécurité publique, profite aux criminels.
« Avec le flou qu’il y a depuis quelque temps, occasionné par le changement de président et un gouvernement qui liquide les affaires courantes, la tendance des réseaux de criminels à s’en prendre au peu de ressources qu’il nous reste se renforce », déclare Réginald Delva.
Ce flou est aussi généralement le symptôme de « conflit entre la justice et la police », indique t-il.
Il y a toujours des gens qui à un moment bien déterminé font augmenter le volume de l’insécurité ou le font descendre, soutiennent des personnalités qui souhaitent garder l’anonymat. Contexte politique fragile ou manipulation de certains secteurs, quoiqu’il en soit, depuis plusieurs semaines les actes criminels présentent une tendance à la hausse, notamment les assassinats et les braquages de rue.
« Tous les indicateurs sont au rouge », estime Réginald Delva, signalant une augmentation des blessures par armes à feu.
Près de 4 000 détenus se sont évadés de la prison principale du pays suite au séisme du 12 janvier 2010. La majorité sont encore dans la nature et continuent leurs activités criminelles.
En dépit de cette situation alarmante, les autorités en place affichent une grande inertie alors que la police bascule dans les dérives que des organisations de droits humains dénoncent : irrespect des droits de la personne, exécutions extrajudiciaires.
Par ailleurs, cette situation d’insécurité, fait rebondir à nouveau dans l’actualité la question de la reconstitution ou pas des Forces Armées d’Haïti. Martelly a toujours affiché son désir de créer une nouvelle force de sécurité nationale, sans toutefois préciser le statut de cette force.
En attendant, la police nationale avec 9 mille 500 agents est la seule force nationale pour tout le territoire.
« La situation est préoccupante et va avoir des répercussions sur les projets d’investissement dont parle le président Michel Martelly, et surtout la question d’attirer les investisseurs étrangers », indique Delva.
L’insécurité grandissante, risque de bloquer toute vision de changement ou de progrès de ce pays, prévient-il.
« Des mesures doivent être prises au plus haut niveau du gouvernement (…) qui permettraient de dépasser la question de liquider les affaires courantes », martèle Réginald Delva.
Martelly au moment de son investiture avait lancé des mises en garde aux bandits tout comme aux autorités judiciaires . Un mois plus tard, la fermeté annoncée, a, semble t-il, du mal à s’ajuster.
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