Quand il intervient dans les medias, c'est généralement avec un message très pointu: le prince Turki Al-Fayçal, fils du feu roi Fayçal, ancien ambassadeur saoudien à Washington, et ancien chef, surtout, des services secrets saoudiens, publie ce dimanche dans le Washington Post une tribune sur le conflit israélo-palestinien qui comporte des menaces à peine voilées.
Selon le prince saoudien, l'administration Obama fait une faute grave si elle met son veto à la reconnaissance de l'Etat palestinien à l'ONU en septembre, comme l'a clairement fait comprendreBarack Obama dans son discours du 19 Mai en indiquant que Washington "s'opposera" aux efforts pour "délégitimiser" Israël.
- "There will be disastrous consequences for U.S.-Saudi relations if the United States vetoes U.N. recognition of a Palestinian state".
L'ex-ambassadeur réfute l'argument ressassé par les Américains selon lequel ce n'est pas l'ONU qui peut créer un Etat (mais la négociation). Il rappelle que la création de l'Etat d'Israël en 1947 a été avalisée par l'ONU.
- "Why should Palestinians not be granted the same rights the United Nations accorded to the state of Israel at its creation in 1947"?
Le prince annonce que le Royaume saoudien compte utiliser "sa considérable puissance diplomatique" (comprenez : money) pour soutenir la quête palestinienne de reconnaissance internationale à l'ONU.
Si les Américains pensent qu'Israël est un allié indispensable, ils vont bientôt s'apercevoir que d'autres acteurs dans la région ne sont pas moins indispensables, prévient-il. Au premier chef, "la rue arabe".
- "American leaders have long called Israel an “indispensable” ally. They will soon learn that there are other players in the region — not least the Arab street — who are as, if not more, “indispensable.”"
Réaction d'autodéfense d'un régime qui se sent menacé par le Printemps Arabe ? Qui s'est senti quelque peu visé par l'évolution de la diplomatie américaine même si Barack Obama n'a pas prononcé le nom de l'Arabie Saoudite dans son discours ?
Qui espère "sauver" sa légitimité en ralliant autour de lui les défenseurs de la cause palestinienne ?
Quoiqu'il en soit, on sent la colère dans le texte. Si l'administration Obama a accueilli fraichement l'initiative française d'une conférence internationale sur la Palestine, pour éviter le séisme de l'automne sur la reconnaissance, elle va peut-être réexaminer ses positions...
En 1967, poursuit le prince, les Arabes ont dit non à la paix. Et ils ont eu "ce qu'ils méritent".
Maintenant ce sont les Israéliens qui disent non, accuse-t-il. Avant d'ajouter: "Je préfèrerais ne pas être là quand ils auront ce qu'ils méritent'...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire